Nos voyages et week-end en 2019

La première partie de l’année 2019 aura encore été riche en voyages et en découvertes. La seconde partie de l’année aura été consacré à notre emménagement en France. Nous espérons donc très fort reprendre les voyages rapidement, parce que ça commence à nous manquer!

  • Nous sommes revenus d’Alsace vers Shanghai le 6 janvier

Nous avons donc bien profité des fêtes de fin d’année en Alsace avec nos proches, après une année sans retour à Noël l’année précédente.

Nous avons cette fois-ci découvert le Sud du pays (Kampot et Kep) et la capitale. Quel bonheur de retrouver ce pays que nous avions adoré deux ans auparavant, ainsi que la chaleur et le soleil au coeur de l’hiver!

Voici un voyage que nous repoussions depuis l’année précédente car nous pensions ne pas être en mesure de le faire sans les enfants. Finalement, avec un peu d’organisation et un séjour en solo pour chacun d’entre nous, nous avons passé quelques jours incroyables dans cette famille et avec les cueilleuses de thé. Une expérience inoubliable pour moi qui partait pour la première fois en solo et sans enfant. 

Voici un voyage en famille que nous avions prévu depuis un bon bout de temps. Nous savions désormais qu’il y avait de forts risques que nous ne restions pas plus longtemps en Chine et nous voulions absolument dire « aurevoir » à nos amis qui vivent au Japon, ne sachant pas quand nous auront l’occasion d’y revenir. C’est dans la région du Kansai que notre voyage s’est concentré, avec la découverte de la région de Wakayama que nous n’avions encore jamais visité.

  • Du 27 au 30 avril, Papa Lou est parti en solo dans la même famille de producteur de thé dans les HuangShan

Papa Lou a également vécu quelques jours dans la même famille de producteurs de thé que moi, mais en décalé de quelques jours. Une expérience extrèmement enrichissante pour lui également!

Une première expérience forte en émotions également pour Little Miss Sunshine cette année: son premier voyage sans les parents! Ce court séjour lui aura beaucoup apporté et nous aura prouvé qu’elle est très organisée et prête à voyager sans nous (pourquoi pas avec ses grands-parents ou pour un voyage linguistique)

Après l’annonce de notre départ de Chine et sans encore savoir où nous irions ensuite, nous avions besoin de profiter à fond, de savourer encore tout ce que la Chine avait à nous offrir. WuYiShan fait partie de nos coups de coeur et nous avions à coeur d’aller dire aurevoir à nos amis sur place. Les enfants nous ont notamment prouvé durant ce voyage qu’ils étaient désormais capable de marcher plus de 10km par jour en montagne sans aucun souci.

Ce fut notre dernière escapade en Chine. Et que de souvenirs incroyables! C’est un voyage que nous avions envie de faire depuis notre arrivée en Chine et finalement, nous n’avions jamais réussi à le caser dans des périodes propices, mais le timing de ce séjour a été juste parfait.

  • L’été en Alsace à partir du 14 juillet et jusqu’au 8 septembre avec quelques voyages en région parisienne pour trouver un logement.

Pas vraiment un voyage, mais une grosse réadaptation pour toute la famille. Le séjour alsacien dans la famille nous aura fait beaucoup de bien avant d’attaquer la rentrée et notre nouveau défi: le retour à la vie française.

  • Séjour en Alsace du 21 au 30 décembre pour les fêtes de Noël 

Un nouveau rythme à prendre avec le voyage en voiture, dont les enfants n’ont vraiment pas l’habitude. Ils ont pourtant été très coopératif. Mais la fatigue d’un voyage de 6h en voiture n’est décidément pas la même que celle d’un voyage en train ou en avion… Il va falloir nous y réhabituer.

Si je devais faire un bilan, je dirai que grâce à l’expatriation les voyages ont été nombreux. Le retour en France aura largement freiné nos escapades, même si ce n’est pas l’envie qui manque. Nous réfléchissons déja à nos prochaines vacances à cinq, l’été prochain. D’ici là, en dehors d’un week-end ou deux, je ne pense pas que nous voyagerons, le terme de ma grossesse approchant doucement.

2019 aura été l’année des voyages en solo. Le premier pour moi. Mais pas le dernier, je me le promets. La première expérience de voyage sans ses parents pour Little Miss Sunshine, 7 ans. Papa Lou également, mais de son côté il en a plus l’habitude.

En 2018, avec Papa Lou, nous nous étions promis un week-end par an en amoureux, suite à notre escapde d’un week-end en Suisse. Nous n’avons malheureusement pas pris le temps de réaliser cette promesse cette année, avec le stress de notre retour en France cet été. Et je ne pense pas que nous aurons l’occasion de la réaliser l’année prochaine avec un nourrisson à la maison. Mais nous verrons ce que nous réserve cette nouvelle année! 

Impatriation – L’impression d’une longue transition

Nous sommes de retour en France depuis la mi-juillet. Nous sommes installés dans notre nouveau chez nous depuis début septembre. Et pourtant, j’ai toujours encore l’impression d’être en transition. 

Je vous avais promis de faire un article sur mes propres impressions et ressentis face à cette impatriation, juste après avoir parlé des difficultés de Little Smiling Buddha face à ce challenge, nous y voilà.

J’ai mis du temps à rédiger cet article. A vrai dire, j’ai encore beaucoup de mal à prendre du recul sur la situation, à savoir ce qui tient de l’impatriation et ce qui tient de ma grossesse, mais comme finalement les deux sont liées, autant me lancer. Les informations et témoignages au sujet de l’impatriation sont assez rares encore sur Internet et en dehors de quelques groupes Facebook où finalement les témoignages sont assez noirs – venant surtout de personnes en difficultés suite à leur impatriation – j’ai décidé de partager mon propre témoignage.

Ce que je retiens de cette impatriation est que ce qui prime est l’état d’esprit dans lequel on quitte le pays où l’on a été expatrié. Si on est heureux de rentrer, tout se passera pour le mieux, malgré quelques difficultés passagères. Si on quitte son pays d’expatriation à contre coeur, ce sera évidement plus compliqué. Ca a été notre cas. Mais nous nous sommes préparé à ce retour non voulu.

Je me doutais fortement que le retour n’allait pas être facile pour nous. Nous avons donc essayé de nous préparer tant bien que mal. J’ai cherché des témoignages de personnes déja de retour en France. Et j’ai eu la chance de recevoir quelques témoignages très intéressant via mon compte Instagram.

Ce qui ressortait de tous les témoignages est qu’il vaut mieux s’attendre à ce que ce soit difficile et s’y préparer, plutôt que de se dire que tout ira bien puisqu’on rentre dans son pays et se prendre un « choc culturel » de plein fouet. Et c’est bien ce que nous avons fait.

Beaucoup d’expatriés connaissent une phase plus ou moins longue de nostalgie face à leur vie en expatriation. Nostalgie du pays, nostalgie d’un niveau de vie perdu, nostalgie de la culture perdue, nostalgie des amis et des cercles qu’on avait pu se créer là-bas… Dans notre cas, nous regrettons surtout le pays, la culture, le dépaysement à chaque coin de rue auquel nous nous étions habitué et qui était devenu notre quotidien.

Ce qui me manque personnellement le plus est de pouvoir me promener dans les petites rues de Shanghai, dans les vieux quartiers, découvrir encore cette culture qui me passionne, de communiquer facilement avec les gens malgré la différence de langue et de culture.

Une chose qui m’attriste pas mal ici en France: les gens ne communiquent pas beaucoup les uns avec les autres. Même à la sortie de l’école, ce n’est pas évident de parler avec d’autres parents. Les gens sont chacun dans leur téléphone ou dans leur stress quotidien et ne s’ouvrent que très peu aux autres. A chaque fois que je sortais en Chine, on venait me parler. Ici, j’ai beau sourire, dire bonjour, lancer quelques banalités, c’est rare que j’arrive à communiquer plus avec les voisins ou les parents de l’école…

Il faut dire aussi que je me sens en transition. Je suis dans l’attente de quelque chose. Mais je ne sais pas trop quoi. Un nouveau départ? Je ne sais pas, je me sens bien ici à redécouvrir les joies de vivre près de la nature et au rythme des saisons que j’ai connu toute mon enfance.  Une maison à nous? C’est un projet que nous réaliserons certainement dans les mois qui viennent, que ce soit pour y vivre ou pour en faire un investissement financier que nous pourrons utiliser même si nous repartons. Peut être est-ce simplement lié à l’état de transition dans lequel je suis effectivement: la grossesse. Mais je crois que c’est plus profond que ça. Je suis vraiment dans l’attente.

Alors j’ai l’impression de ne pas encore m’investir à fond dans cette nouvelle vie, de ne pas être sûre de nos choix parce que je ne sais pas où je veux qu’ils nous mènentNous essayons au maximum de vivre dans l’instant présent, de ne pas trop nous projeter. Mais dans la mesure où je ne sais pas encore dans quelle direction nous voulons aller, j’ai du mal.

Alors nous nous fixons des étapes. Et la prochaine, mais pas des moindres!, sera la naissance de notre troisième merveille. C’est déja tout un défi en soi. Ensuite, l’étape suivante sera certainement l’achat d’une maison. Que ce soit pour y vivre effectivement ou pour la mettre en location et repartir vivre dans un autre pays. Et au milieu de tout ça, mon projet professionnel, qui en l’état actuel de mon cerveau n’avance plus du tout… Je pense que ce sera mon objectif pour 2020: me décider et me lancer!

Dans les difficultés qu’il faut avoir en tête, il y a aussi l’administration française qui ne simplifie vraiment pas les démarches pour les impatriés. Il faut être motivé, savoir que ce sera long et essayé toujours d’avoir les gens au téléphone pour avancer doucement mais sûrement. Nous sommes actuellement trois sur quatre à être enregistré à la CPAM. C’est déja ça. Mais Little Smiling Buddha est toujours inexistant pour l’administration française… On est presque bon pour la CAF – sauf Little Smiling Buddha encore une fois – et la prochaine étape sera mon inscriprition à Pôle Emploi en espérant trouver une formation pour m’aider dans la création de mon entreprise.

En bref, près de trois mois après notre nouvelle installation, beaucoup de choses nous paraissent encore bien floues. Mais on avance. Progressivement. Je suis moi-même seulement entrain de prendre le nouveau rythme imposé par l’école. J’ai eu beaucoup de mal à m’y faire. Mais je crois avoir trouvé la solution. Je vous en parlerai certainement dans un autre article.

La clef est de continuer à voir les beaux moments, les réussites, les petits bonheurs du quotidien. Chaque jour, je m’efforce de noter mes trois petits bonheurs, les moments pour lesquels je suis pleine de gratitude. Je m’efforce de noter tous les moments où tout se déroule comme sur des roulettes, de le faire remarquer à toute la famille.

J’essaie de montrer la magie des saisons aux enfants, le bonheur d’avoir un jardin, de vivre près de la nature, la joie d’allumer un feu de bois quand le soir tombe,  la satisfaction de préparer un maximum de choses par soi-même avec ses mains.

Nous sommes heureux ici. Mais une partie de notre coeur est encore là-bas. Nous en parlons tous les jours. Nous continuons de communiquer avec Ayi au moins une fois par semaine. Nous voulons continuer de pratiquer notre chinois pour pouvoir retourner en Chine, au moins en vacances et communiquer avec les gens comme nous avions la chance de le faire ses dernières années. La Chine fait désormais partie de notre vie. Et nous ne l’oublierons pas.

Mon impression de transition vient beaucoup du fait que nous n’avons pas encore de projets à long terme bien définis, seulement des idées, des envies. Nous voulons nous laisser le temps de voir comment évoluent les choses ici avant de nous décider à rester ou repartir. Chaque chose en son temps…

Je vous donne rendez-vous dans quelques mois pour refaire un bilan de cette impatriation et voir comment nos idées, nos impressions ont évolué…

Ecole – Impatriation et difficultés d’adaptation en maternelle

Little Smiling Buddha a maintenant 4 ans et quelques mois. Et il a vécu ces derniers mois d’énormes changements dans sa vie: un déménagement à l’autre bout du monde dans son pays d’origine dans lequel il n’avait jamais vécu jusqu’alors, l’abandon de tous ses repères, de ses amis et de son école à la fin de l’année pour une nouvelle école dans un nouveau pays à la rentrée, l’annonce de la naissance prochaine d’un nouveau membre dans notre famille. Et ça fait beaucoup pour lui.

Malgré le fait qu’on l’ait préparé à notre départ de Chine, Little Smiling Buddha est celui qui manifeste le plus régulièrement son manque de la Chine depuis notre retour en France. Ses amis de l’école et son ancienne école sont ce qui lui manque le plus, avec Ayi. Il avait bien compris qu’il devait dire au revoir à ses amis, que l’on ne les reverrait pas de si tôt, mais entre le sacoir et le vivre, il y a encore une grande différence…

Little Smiling Buddha va à l’école depuis qu’il a à peine un peu plus de deux ans. J’ai eu l’opportunité d’être sa maîtresse en Toute Petite Section et même si son adaptation à mon départ à midi – ma collègue prenait le relais en Chinois l’après-midi avec la classe – tout s’est relativement bien passé. Son année de Petite Section s’est très bien passé, il n’a jamais rechigné à aller à l’école ou si peu. Jusqu’à ce qu’il nous montre qu’il avait appris à lire seul – ou plutôt par imitation de sa soeur! A partir de ce moment, il est devenu plus turbulent à l’école – il s’ennuyait! – et ne voulait pas trop y retourner – « Maman, on fait que des trucs de bébé! ». Après discussion avec ses maîtresses, qui ont pris en compte sa nouvelle acquisition, tout s’est à nouveau bien passé.

Il avait hâte de retourner à l’école en septembre. Et la rentrée en France, dans une nouvelle école, avec de nouveaux copains, s’est relativement bien passée. Mais passée la première semaine, il a réalisé qu’il ne reverrait plus ses copains de Shanghai. Je crois que c’est vraiment à ce moment qu’il a compris que nous ne retournerions pas vivre à Shanghai, que ce n’était pas temporaire. Au courant de la semaine, il est devenu de plus en plus difficile de le déposer à l’école deux fois par jour. Il éternisait les câlins et les bisous, ne voulait pas me lâcher sans pleurer. Le vendredi, alors que les câlins s’éternisaient depuis dix minutes, les maitresses ont fini par me l’arracher des bras et par l’emmener hurlant avant de refermer la porte.

Je me suis sentie horriblement mal. Pour lui, pour moi. Je n’avais pas réussi à réagir et je me suis jurée que ça n’arriverait plus. Je savais qu’il allait rapidement se calmer – par résignation -, mais je savais aussi que quelque chose pouvait casser et qu’il pouvait ne plus avoir confiance du tout en ses maîtresses et ne plus vouloir retourner à l’école du tout. J’ai cogité toute l’après-midi.

J’ai décidé de remettre en place ce que j’avais déja mis en place pour Little Miss Sunshine à l’époque: la journée joker. Une journée par mois qu’il peut choisir où il n’ira pas à l’école. Cela permet notamment à l’enfant d’avoir une marge de manoeuvre et de se sentir actif dans ce domaine également.

Et je lui ai offert son lundi. Nous avons pu parler à coeur ouvert tous les deux. Il m’a clairement expliqué que ses copains de Shanghai lui manquaient, que c’était difficile de se faire de nouveaux copains et qu’il n’en avait pas pour le moment. Je lui ai dit à quel point j’avais été choquée et triste vendredi midi quand la maîtresse l’a emmené dans la classe en pleurant, que j’étais désolée, que je n’avais pas su réagir. Mais il n’a pas eu l’air d’en avoir garder un traumatisme. Heureusement. Nous avons décidé ensemble d’aller voir la maîtresse le mardi pour lui parler. Nous avons aussi décidé pour ne plus revivre le déchirement de vendredi de se faire trois bisous et trois câlins et ensuite il ira en classe seul, lui-même après un dernier regard.

Le mardi, nous sommes retournés à l’école et j’ai demandé à parler à sa maîtresse. Elle a su me rassurer. Elle m’a dit que Little Smiling Buddha est un enfant qui sait jouer seul, qui n’a pas forcément besoin des autres enfants pour jouer et que ce n’est que lorsque lui le décide que les autres enfants jouent avec lui, mais qu’il a déja plusieurs copains de ce qu’elle a pu observer. J’ai pu lui expliquer que Little Smiling Buddha a besoin de défi – il a notamment été déçu de ne pas avoir à parler une deuxième langue à l’école! – et qu’il sait déja très bien déchiffrer. Elle m’a expliqué qu’elle avait mis en place un moment où Little Smiling Buddha leur partage des mots en Chinois chaque matin au moment du rassemblement. Elle m’a aussi dit qu’elle leur apprenait les signes associés à la parole de la Langue des Signes Française, notamment au travers de comptines et qu’il avait l’air d’adorer.

Elle m’a proposé de le changer de classe et de le mettre directement en Grande Section puisqu’il lit déja. J’ai refusé. Il a eu assez de chamboulements. Et je sais à quel point la maternelle est un moment béni où l’enfant à besoin de manipuler et jouer – même s’il sait déja lire ou écrire – pour acquérir les capacités suivantes. Lui ôter une année de développement de sa motricité fine ne serait pas forcément bon pour lui. Nous avons décidé de surveiller toutes les deux l’évolution et de se rencontrer dès que nécessaire.

Depuis, ça va mieux. Dans la rue, régulièrement, en passant on entend « Salut Little Smiling Buddha! ». Il en a donc pleins des copains. Je crois surtout avec le recul qu’il n’a pas fait le deuil de ses camarades de Shanghai. Il avait besoin de temps pour ouvrir son coeur aux nouveaux copains.

Progressivement, nous nous sommes tenus aux trois bisous, trois câlins et il est parti avec un pincement au coeur, mais sans pleurs et sans regrets vers sa classe. C’est encore fragile, je le sais bien. Mais il a repris confiance.

Les vacances de début novembre lui ont fait beaucoup de bien. Il est retourné à l’école avec plus d’entrain. C’est durant les vacances qu’il a vraiment commencé à me parler de ses nouveaux copains. Personne ne peut l’aider à faire le deuil de ses anciens camarades, c’est lui seul qui peut y arriver, mais nous sommes là pour l’entourer, le soutenir et on sent qu’il est vraiment sur la voie de la guérison

Cet article pour vous dire l’importance d’entourer et de soutenir ses enfants dans un retour d’expatriation, exactement comme au départ d’une expatriation. Ce n’est pas évident pour nous, mais ce n’est pas évident pour eux non plus. Little Smiling Buddha n’a aucun rattachement particulier avec la France, si ce n’est des souvenirs de vacances. Nous aurions pu arriver dans n’importe quel autre pays du monde, il l’aurait vécu de la même manière. C’est une nouvelle expatriation pour lui. Et la première. Puisqu’il est né en Chine.

Si vous avez des expériences similaires à partager en commentaire, n’hésitez pas! 

Expatriation – Être étranger en Chine

C’est une des questions que j’ai le plus régulièrement eu sur Instagram durant le temps où nous avons vécu en Chine: comment est-ce que nous vivions le fait d’être vraiment des étrangers dans le pays où l’on vit et est-ce que les Chinois sont accueillants ou plutôt racistes?

Ce qui est sûr, c’est que nous avions la tête de l’étranger. Clairement, en tant que caucasien, nous n’avons vraiment pas la même tête que les asiatiques, on est donc largement repérable au milieu de la foule. On ne passe pas inaperçu.

En fonction des périodes et de notre niveau de Chinois, nous avons eu différentes réactions. Dans un premier temps, on nous demandait beaucoup si nous étions / ou on nous désignait comme étant Américains ou Russes. Américains tout simplement parce que c’est le raccourci classique: étranger = américain (un peu comme chez nous: asiatique = chinois). Russes plutôt à partir du moment où Little Smiling Buddha a eu de belles boucles blondes et parce qu’il y a une grande communauté russe en Chine.

Plus tard, quand nous parlions bien Chinois, on nous demandait régulièrement si nous étions originaire du XinJiang – une des provinces chinoises du Nord où certains ouïghours ont un faciès beaucoup plus proche des caucasiens. C’était régulièrement le cas pour Papa Lou – surtout à partir du moment où il s’est laissé pousser la barbe – mais j’ai également eu la question plusieurs fois.

Quand on répondait que l’on est Français, les réactions étaient généralement toujours les mêmes: les Chinois voient la France comme un pays globalement agréable à vivre et  la plupart du temps, on nous parlait foot, marques de voitures françaises ou festival de Cannes. On nous demandait systématiquement si on venait de Paris. Paris = France. Un autre raccourci. 

Globalement, les Chinois parlent des étrangers en utilisant le terme de Laowai. Terme qui marque un certain respect à l’origine à cause de  lao « vieux ». Mais qui par certains aspects (notamment l’utilisation de ce terme par les médias pas toujours très sympa avec les Laowai) à aujourd’hui perdu ce côté et dans la bouche de certains est devenu plus péjoratif. En cinq ans, nous avons surtout vu un changement de terminologie, on en revient de plus en plus au terme classique de « WaiGuoRen« . En définitive, on sera donc toujours traité « d’étrangers » quel que soit le contexte que se soit dans un sens très amical, presque familier ou plus factuel, voir péjoratif. Que ce soit les enfants « Waiguo XiaoPengyou » ou les adultes.

Le plus difficile à vivre pour nous, à notre arrivée et encore régulièrement quand nous étions dans des lieux très touristiques est le fait d’être tout le temps photographié et touché. Surtout les enfants. Je me suis retrouvée, quelques semaines après être arrivée en Chine, entouré d’une vingtaine de Chinois sur le Bund à Shanghai qui nous matraquaient de photos Little Miss Sunshine et moi, et qui nous ont bloqué le passage pour toucher la petite, mais aussi mes cheveux. J’ai trouvé la situation très stressante. Jusqu’à la fin nous avons lutté contre les photos intempestives et jusqu’à la fin les enfants ont dû se battre pour ne pas être touché à longueur de temps. Avec le temps, et sa compréhension grandissante du Chinois, Little Miss Sunshine a pris l’habitude de se défendre elle-même. Mais ce comportement des Chinois est vraiment resté un traumatisme pour elle. Pour Little Smiling Buddha, ça a été complètement différent. Il est né dedans et il a rapidement appris à en jouer. Et en fonction de son humeur, il se laissait volontiers photographier par les jeunes filles qui lui demandaient.

Alors évidement, des photos nous en avons fait des centaines, des milliers certainement, de bon coeur, avec des gens qui nous ont gentiment demandé l’autorisation, qui nous ont rendu un service, qui nous ont invité, qui nous ont offert quelque chose, qui ont fait l’effort de faire la conversation avec nous avant de se jeter sur nous pour nous photographier et nous toucher. Mais parfois, les demandes pouvaient être vraiment nombreuses et insistantes.

Il y a plusieurs explications au fait que les Chinois aiment toucher les étrangers. Il y a le fait qu’ils en voient encore relativement rarement, surtout les gens de la campagne, et qu’on dit en Chine que de toucher un étranger au « cheveux d’or » porte bonheur. Il y a aussi le fait que les Chinois papouillent systématiquement les enfants en Chine, les leur comme les autres. Ils aiment toucher leurs visages ou leurs mains. C’est très culturel. Mais pour nous qui avons éduqué nos enfants à ne pas se laisser faire sans consentement, c’est quelque chose de très difficile à vivre. Particulièrement pour Little Miss Sunshine.

Il y a aussi tout un mythe autour de la beauté des étrangers. Les enfants chinois sont donc toujours amené par leurs parents à regarder combien les enfants étrangers sont beaux avec leur peau blanche, leur grand yeux, leur joli nez. C’est assez gênant pour moi, particulièrement parce que j’ai toujours l’impression qu’ils dénigrent leur propre enfant en leur disant cela. Je me sens toujours très mal à l’aise. Et souvent dans ce cas, j’essayais de glisser un mot en disant que l’enfant aussi est beau.

Evidemment, des réactions racistes nous en avons eu également. La première et la plus régulière était les taxis qui ralentissaient et puis reprenaient leur route quand ils voyaient que nous étions des étrangers. La plupart du temps, ça ne m’a pas dérangé. Mais quand j’étais enceinte de Little Smiling Buddha et que je devais me rendre très régulièrement à l’hôpital, je me suis souvent agacée de ces taxis qui s’arrêtaient devant moi, avant d’appuyer sur le champignon quand j’allais ouvrir la porte… C’est ainsi que mon moyen de transport préféré est devenu le bus et puis plus tard le vélo.

Une autre chose qui m’a régulièrement agacé est le fait que je parlais Mandarin avec les gens et qu’ils ne faisaient aucun effort pour me répondre en Mandarin. Certains Shanghaiens sont d’ailleurs champions pour ça. Ils s’estiment un peu au-dessus de tout le monde et n’hésitent pas à parler Shanghaiens aux étrangers et aux Waidi Ren (Chinois d’ailleurs en Chine). Je leur demandais donc expressément de me répondre en Mandarin, mais là encore, c’était souvent peine perdue. Ca m’agaçait particulièrement quand ça arrivait avec les gens du management de la résidence où nous habitons, car ils nous connaissaient et le faisaient donc exprès. Dans le même esprit, il y avait ceux qui ne me répondait pas directement quand je posais une questions en Chinois, mais qui répondaient à la personne chinoise à côté de moi, en parlant de moi à la troisième personne. Ca pouvait me rendre chèvre! Surtout avec les gens du management de la résidence. Evidement, ce n’était pas le cas avec tout le monde, seulement certaines personnes.

Nous avons été particulièrement mis à mal lors de la mésaventure de Papa Lou à vélo. Je vous invite à aller lire mon article, si vous ne l’avez pas lu. Avoir affaire à la police, à la justice dans son pays est déja une chose peu agréable, mais quand en plus on est dans un pays étranger, dont on ne connaît pas les usages, parfois les lois – même, si on est d’accord, on est censé les connaître – est vraiment très difficile. Quand en plus, il y a le problème de la langue et le fait que la police ne fait aucun effort pour communiquer avec les étrangers. C’était vraiment une expérience éprouvante.

Mais globalement, les Chinois sont particulièrement accueillant. Surtout quand on arrive à trouver un sujet de passion / d’intérêt commun(e.) Pour nous, c’était souvent la poterie ou le thé. Souvent les enfants aussi tout simplement. Notre vision de l’éducation. J’ai eu de belles conversations avec beaucoup de Chinois à ce sujet: les différences de vision, d’éducation, les contraintes de la société,…

Comme vous le savez certainement, malgré nos mésaventures, nous serions bien resté encore quelques années en Chine. C’est un pays, un peuple qui nous a finalement très bien accueilli et qui a su nous donner envie d’en découvrir toujours plus… 

[Expatriation] Notre retour en France

Nous sommes de retour en France depuis près de deux semaines et je prends enfin le temps de vous parler un peu de ce retour.

Vous l’avez tous compris, ce retour n’était pas un choix de notre part. Mais nous avons eu beaucoup de chance dans ce non-choix puisque nous rentrons pour le temps des vacances. Et il est évident que c’est beaucoup plus simple de se ré-adapter sous le soleil et pendant les vacances scolaires, alors même que nous pouvons largement profiter des grands-parents. Deuxième chance que nous avons eu: Papa Lou peut profiter de près de deux mois de vacances avec nous avant de reprendre le travail. Ces deux bonnes nouvelles ont beaucoup participé à créer un enthousiasme autour de ce retour. 

Pour compléter cet enthousiasme, nous avons décidé de nous fixer une série d’objectifs à réaliser sur le court et moyen terme. L’objectif principal étant d’expérimenter, de tester, de continuer à créer et faire un maximum de choses par nous-même. Deux semaines après notre retour, nous avons déja préparé du savon maison, de la bière maison et du tofu maison. Et on a encore beaucoup d’idées en tête. Un autre objectif, plus personnel, est de créer enfin mon entreprise, comme j’en rêve depuis un bon bout de temps.

En ce qui concerne la suite, nous avons décidé de nous laisser un an pour voir comment vont évoluer les choses. Aurons-nous une nouvelle proposition d’expatriation? Comment se passera effectivement notre réadaptation en France? Aurons-nous toujours envie de quitter la France? Ce sont des questions que nous allons laissé de côté pour un temps. Nous y reviendrons dans une bonne année…

Sur le blog, je vous parlerai encore pas mal de la Chine. J’ai encore beaucoup de choses à partager: nos derniers voyages, la censure en Chine et la manière dont elle est vécu par les Chinois et les expatriés, que faire en deux/trois jours à Shanghai, … Je vous partagerai également nos différentes expériences de fait-maison, en commençant évidement par nos recettes de savons et de tofu. Comme je vous ai partagé notre expatriation, je vous parlerai de notre impatriation: de nos ressentis face à ce retour en France, de nos chocs d’impatriation, des difficultés ou des bonheurs que l’on vivra au fur et à mesure de notre réintégration. Et puis je continuerai à vous parler des activités que nous faisons avec les enfants, de nos voyages, de nos lectures, de thés, de tout ce qui nous passionne et qui fait ce blog depuis ces débuts. Vous trouverez les mêmes éléments sur le compte Instagram du blog qui a changé de nom, comme le blog, pour l’occasion: La famille Kangourou le retour.

Concernant notre retour en particulier, tout s’est bien passé. L’entreprise de déménagement est venue terminer d’empaqueter nos affaires, démonter nos meubles et remplir le conteneurs le 8 juillet.

Nous avons quitté notre appartement le soir-même. Ca a été des moments particulièrement émouvant. Nous avons pris le temps de remercier à notre manière, de dire notre gratitude pour cette belle période de notre vie que nous avons passé en Chine.

Nous avons vécu dans un appart’hôtel pour une semaine encore. Nous devions attendre de récupérer nos passeports, pour le dédouanement du conteneur, avant de quitter le territoire chinois. Nous en avons profité pour aller visiter le musée d’histoire de Shanghai sous la Perle d’Orient que nous n’avions pas encore vu, nous avons grimpé tout en haut de la deuxième tour la plus haute du monde, nous sommes retournés à l’aquarium de Shanghai à la demande des enfants, et nous avons encore dîné deux fois avec Ayi avant de la quitter… Les aurevoir ont été difficile. Mais nous gardons le contact. Nous espérons la revoir lors d’un prochain voyage en Chine.

Nous avons voyagé dans la nuit du 14 juillet. Nous sommes arrivés le 15 juillet au matin à l’aéroport de Bâle-Mulhouse où nos parents nous attendaient impatients. Nous allons passer près de deux mois ici en Alsace, avant d’emménager dans notre nouveau chez nous, théoriquement vers la mi-septembre. Mais je vous en dirai plus, dès que nous en saurons plus!

En attenant, nous profitons de l’été en France, de nos familles et de nos amis…

[Promenade] Xinchang, ville d’eau méconnue

Par une belle matinée du mois de mai, je suis partie visiter la jolie ville d’eau encore largement préservée du tourisme de masse, Xinchang. Elle se situe à une heure du centre de Shanghai, est très facilement accessible grâce au métro et au bus et vaut vraiment le détour pour son authenticité. J’aime les villes d’eau chinoises. J’apprécie d’ailleurs tout particulièrement celle de Nanxiang qui se situe également à une heure du centre de Shanghai, mais je trouve Xinchang encore beaucoup plus authentique. Je me rends d’ailleurs compte que je n’ai jamais fait d’article sur Nanxiang, alors que j’y ai été de nombreuses fois, il va falloir que j’y remédie!

Mais pour commencer, parlons de cette belle journée à Xinchang. J’ai pris le métro jusqu’à l’arrêt du nom de la ville Xinchang, sur la ligne 16. En arrivant de Shanghai, il faut prendre la sortie du métro qui est du même côté que le quai du métro. En descendant l’escalier qui est à gauche, on se retrouve à côté d’un parking et droit devant nous se trouve une autre route (pas celle sous le métro). C’est sur cette route que ce situe l’arrêt du bus. Trois bus s’arrêtent à cet arrêt. Deux avec des noms uniquement chinois et l’un avec le numéro, c’est celui-ci qu’il faut prendre pour trois stations. On descend du bus très proche de la vieille ville. Il suffit de traverser la route, de revenir en arrière jusqu’au bout de la rue, de continuer à gauche sur le trottoir jusqu’à croiser la première ruelle. Elle longe un grand parking. C’est dans cette ruelle, en continuant tout droit que vous tomberez tout d’abord sur la salle d’exposition d’un artiste chinois travaillant les racines d’arbre.

C’est un art très chinois et assez particulier, mais les pièces sont absolument impressionnantes. L’artiste imagine la pièce à partir d’une racine d’arbre qu’il sélectionne lui-même et utilise ensuite tous les détails de cette racine pour faire ressortir sa pièce finale. La sculpture n’est faite que d’un seul bloc, une seule racine, sans aucun ajout.

Certaines racines peuvent avoir des blocs de pierre incrustés à l’intérieur que l’artiste va conserver et utiliser dans sa figure finale, comme ce dragon…

L’artiste avec qui nous avons un peu pu discuter en Chinois était très fier de certains prix obtenus du gouvernement chinois, mais aussi d’avoir vendu une de ses pièces à l’actrice et chanteuse Fan BingBing.

Nous avons d’ailleurs pris quelques minutes pour discuter entre nous du sort de cette actrice internationale qui au milieu de l’année dernière avait été retenue prisonnière par le gouvernement chinois dans une de ses maisons en Chine, après confiscation de son passeport pendant plusieurs mois car elle était accusé de fraudes fiscales. Retenue chez elle, sans aucun contact possible avec l’extérieur et sa famille, elle a fini par faire des excuses officielles où elle expliquait quelle mauvaise fille et quel mauvais exemple elle était pour ses fans et par payer les milliers de yuans qu’elle devait aux impôts. En Chine, dès qu’un problème quelconque survient,  la personne est interdite de sortie du territoire et on se retrouve ainsi complètement bloqué dans le pays, sans être forcément assigné à résidence. Il n’y a même pas besoin de retenir le passeport de la personne, juste de la ficher à l’immigration. Nous avons vécu la même chose il y a quelques mois et je vous invite fortement à aller lire mon article à ce sujet si vous avez l’intention de venir vivre ou voyager en Chine.

Et puis nous avons repris notre promenade, pour entrer vraiment dans les jolis quartiers traditionnels de cette ville d’eau. J’ai été vraiment séduite par cette petite ville, sans prétention, où les touristes chinois n’affluaient pas de tout côté.

J’ai aimé observer tous ces petits détails qui font que j’aime tant la Chine: les gens assis dans la rue à observer les passants, les couleurs sur les étals, les poteries et le bois partout, … Et cette petite ville en est encore très riche.

Comme dans tous les endroits touristiques en Chine, on trouve des spécialités à manger un peu partout. Les étals sont colorés et les odeurs qui se mêlent plus ou moins alléchantes…

La spécialité du coin, c’est le poulet ou la pomme de terre cuits en croute d’argile. Mais on y trouve aussi le fameux tofu puant, spécialité de Shanghai… C’était d’ailleurs une torture quand j’étais enceinte! Mais évidement on trouve de nombreux autres mets: des nouilles de farine de patates douces, de la viande séchée,  des fruits et des légumes au sucre, au sel ou au vinaigre, du porc confit dans la sauce brune, des zongzi (puisque nous y étions juste avant la fête des bateaux dragons), du sucre brun aromatisé ou non,…

La promenade à travers cette jolie ville d’eau est vraiment agréable…

Nous avons pu voir un des lieux du tournage du film Lust Caution d’Ang Lee, que nous avions d’ailleurs vu à sa sortie en 2008. C’est ainsi que j’ai appris que l’actrice chinoise qui joue le rôle principal dans ce film, Tang Wei a vu son nom rayé de l’affiche à sa sortie en Chine car le gouvernement a estimé que son rôle de traitresse envers son pays avait été trop réaliste… Elle est d’ailleurs complètement mise à l’écart de la scène en Chine suite à ce film et doit obtenir la nationalité hongkongaise pour poursuivre sa carrière. J’ai très envie de revoir ce film avec un regard neuf, maintenant que je connais certains détails historiques et que j’ai certains lieux en tête.

Puis nous sommes ensuite allés visiter le musée de la ville. La ville de Xinchang a été fondée vers 1130. Ce sont les marais salants, à l’époque situés juste au Nord de la ville qui ont fait sa réputation et le sel a largement fait sa richesse. La ville est traversée par quatre cours d’eau et il existait à l’époque quelque 70 ponts – il en reste aujourd’hui une quinzaine – d’où son statut de ville d’eau.

Une carte du musée a beaucoup retenu mon attention. On y voit Shanghai à l’époque de la fondation de XinChang. Et c’est impressionnant de voir à quel point le limon déposé par la mer à fait avancer la terre. Moins d’un siècle plus tard, XinChang n’est plus du tout au bord de la mer!

En ressortant du musée, nous avons continué notre promenade dans cette agréable petite ville. En plus, nous avons pu profiter d’un magnifique beau temps, et d’une température tout à fait agréable – contrairement aux températures étouffantes qu’on trouve habituellement à cette période de l’année. Il faut dire que cette année, le climat à Shanghai est bien plus frais qu’à l’habitude…

Voici une porte, construite à l’époque pour honorer les familles des mandarins, à savoir ceux qui avaient passé avec succès les examens les plus hauts de Chine. Toutes ses portes, partout en Chine, ont été détruites durant la Révolution culturelle – puisque signe d’un régime passé – et elles sont reconstruites à l’identique depuis une quinzaine d’années un peu partout en Chine…

Et puis toujours ses petits détails typiquement chinois et ses couleurs…

Et nous avons terminé notre promenade au bord de l’eau… Le long des nombreux canaux de la ville.

Et puis, nous sommes retournés dans les rues commerçantes…

Et nous avons croisé un vieux monsieur qui broyait encore des perles pour en faire de la poudre pour blanchir le visage.

Nous avons terminé par un déjeuner dans un restaurant chinois dont la spécialité était le mouton, avant de rentrer chacun de notre côté à Shanghai…

Une belle journée, et une belle découverte que je suis ravie d’avoir faite juste avant notre départ! 

[Week-end] À WuYiShan -Jour 1: la rivière aux neufs coudes

C’est la troisième fois que nous allons dans les montagnes WuYi depuis notre arrivée en Chine. Papa Lou y a également passé un week-end seul durant un des étés, alors que moi et les enfants étions en France. C’est un lieu que nous aimons beaucoup. Tout d’abord parce qu’il y a de magnifiques paysages, qu’il est facilement accessible depuis Shanghai, mais aussi parce qu’au fil du temps nous y avons fait de belles rencontres, dont certaines sont devenus des amis.

Nous sommes partis un peu sur un coup de tête. Nous avions besoin de profiter encore de la Chine et de nous vider l’esprit de toutes les questions qui nous taraudent actuellement. Nous n’avions pas organisé grand chose, ou plutôt nous n’avions pas vraiment eu le temps de nous organiser, puisque nous avons acheté les billets de train pour y aller le week-end juste avant. Papa Lou avait tout de même contacté une amie, qui s’avère être la responsable des guides touristiques de WuYiShan et qui nous a notamment trouvé un hôtel à la dernière minute pour nos trois nuits sur place. Nous avions également prévu de la rencontrer pour lui dire au revoir. Enfin, Papa Lou a contacté un producteur de thé que nous avions rencontré lors de notre précédent séjour, complètement par hasard, puisqu’il nous avait dépanné en nous ramenant en voiture au centre ville alors qu’il pleuvait à verse en sortant du parc national. Nous avions rendez-vous avec lui le lundi. Nous aurions eu encore d’autres personnes à passer voir, mais le temps nous manquait et tous n’étaient pas forcément disponible.

Nous avions donc pris des billets de train pour aller à WuYiShan. Nous sommes partis un peu sur les chapeaux de roues le vendredi après-midi. J’avais dû aller récupérer Little Smiling Buddha en avance à l’école, j’avais préparé les bagages la veille puisque le matin même je l’avais passé à faire de la poterie, le temps de réchauffer les pizzas préparées la veille également pour le repas du soir dans le train et nous sommes partis un peu en stress à peine une heure avant le départ de notre train. Heureusement nous avons eu un taxi rapidement et il n’y avait pas de bouchons. Nous sommes arrivés à la gare juste avant le départ du train. Et il avait quelques minutes de retard…

Nous sommes arrivés vers 21h30 à l’hôtel à WuYiShan. Fatigués, mais heureux de cette parenthèse.

Nous nous sommes réveillés le lendemain matin vers 7h30, ce qui nous a permis de faire une grasse matinée par rapport à d’habitude! Nous sommes allés petit-déjeuner à l’hôtel, mais ce n’était vraiment pas bon. Nous avons donc décidé de manger à l’extérieur dès le lendemain. Nous avions rendez-vous à 9h avec Jenny, notre amie, qui n’avait plus vu les enfants depuis qu’ils avaient 4 ans et 8 mois. Elle a été ravie de les revoir et de constater qu’ils parlaient tous les deux très bien le Chinois, et nous aussi d’ailleurs. Elle nous a conduit à l’entrée sud du parc national de WuYiShan pour nous aider à acheter les billets d’entrée pour trois jours, ainsi que les billets d’entrée pour la surprise que nous réservions l’après-midi même aux enfants. Elle nous a dit de passer la voir à son bureau le soir-même en sortant du parc pour boire du thé ensemble.

Il faisait un temps magnifique et nous sommes allés prendre le petit train qui mène à la zone principale du parc naturel. Nous avions dans l’idée d’y faire une petite promenade et puis de revenir sur nos pas et de prendre un minibus pour nous rendre au site que nous devions joindre à 12h45 pour la surprise des enfants.

Et puis finalement, nous avons changé nos plans car les enfants ont super bien marchés. Ils se sont amusés à compter les papillons et les oiseaux que nous croisions et ils avançaient la plupart du temps bien plus vite que nous. Alors quand il a été temps de prendre les petits chemins, nous nous sommes dit que nous allions continuer à pied à la place de faire demi-tour et que nous allions essayer de faire les 6 km qui nous séparaient de notre destination suivante à pied.

Les enfants ont été adorables. Ils ont marché tout du long de la promenade le long de la rivière aux neufs coudes. Il n’y avait absolument personne sur ce chemin – nous avons croisé quatre personnes sur les 6km – alors qu’il y avait pas mal de monde dans le parc national.

La promenade était vraiment très agréable, pas difficile du tout pour les enfants, les vues sur la rivière aux neufs coudes splendides, nous avons croisés beaucoup d’insectes et d’oiseaux, nous nous sommes régalés. Un vrai moment de bonheur! 

Nous avons vraiment senti que nous avions tous besoin de ce moment au grand air pour déconnecter des événements des dernières semaines. Ca nous à tous fait le plus grand bien!

Vers 11h, nous avons fait une petite pause au milieu de la forêt, des théiers et du chant électrique des cigales chinoises pour prendre un goûter: quelques fruits frais (pêches et litchis) et de l’eau ont été les bienvenus. Il faisait tout de même 30°C et l’humidité était assez importante.

Et puis nous sommes repartis à travers ses superbes paysages. Et nous avons entre autre croisé de magnifiques faisans sauvages blancs et argentés, deux mâles et une femelles, qui étaient dans la forêt, à quelques pas de nous et qui se sont laissé observer un bon moment. Les enfants avaient des étoiles plein les yeux de cette rencontre impromptue.

Nous avons croisé beaucoup de théiers, la plupart étaient des arbres sauvages, plus grands que nous, et également, comme souvent à côté des théiers, des bananiers.

Sur la toute fin de la promenade, Little Smiling Buddha a commencé à donner quelques signes de fatigue. Papa Lou l’a pris sur les épaules pour les derniers 500 mètres, mais surtout car nous étions pressé d’arriver et de manger avant le début de la surprise que nous voulions faire aux enfants, si nous avions eu une demi-heure de plus devant nous, je pense qu’il aurait fait seul toute la promenade.

Après cette grande promenade, nous avons été ravis de pouvoir déjeuner de bons champignons sauvages et de quelques plantes à feuilles vertes de la montagne – oui les Chinois mangent vraiment toutes les plantes vertes et souvent ces plantes n’ont même pas de nom en français! C’est directement dans les réfrigérateurs que l’on choisi les ingrédients bruts et que l’on va demander à la patronne de nous préparer ce qui nous fait envie. Moins de cinq minutes plus tard, les premiers plats sont servis à table!

Et puis après le repas, nous avons essayé de faire deviner aux enfants ce qui les attendait… C’est en entrant dans la bâtiement qu’ils ont compris que nous allions faire du bamboo rafting. Nous l’avions déja fait la première fois que nous étions venus à WuYi Shan, trois ans plus tôt, mais les enfants étaient encore jeunes et ne s’en rappelaient pas vraiment, ils ont donc été ravis de redécouvrir le bamboo rafting.

Avec la chaleur, la promenade sur l’eau a été vraiment très agréable. Comme toujours, toute la famille était en Birckenstock et donc pas la peine de surveiller qui aurait les pieds mouillés. Au contraire, on a tous mis les pieds dans l’eau bien fraîche et c’était bien rafraichissant!

Little Smiling Buddha a été très impressionné par cette descente en bamboo rafting. On ne l’a pas entendu de l’heure et demi qu’a duré la promenade, il était concentré sur l’eau, sur les poissons, sur les deux hommes qui maniaient notre bamboo raft. Et il nous en a beaucoup reparlé par la suite.

En sortant du bamboo raft, nous nous sommes encore un peu promener dans la rue Song – qui est en fait le seul endroit sur tout le site où l’on trouve quelques boutiques et ce n’est pas plus mal… Nous avons offert un vêtement chinois à chacun des enfants et nous avons repris le chemin de la ville pour aller revoir Jenny.

Finalement, il était encore un peu tôt en arrivant, et nous sommes allés nous promener dans les rues piétonnes de WuYiShan et déguster du thé…

Dans la première boutique, le thé n’était vraiment pas exceptionnel. Mais il n’empêche que nous avons passé un agréable moment en attendant de rejoindre Jenny.

Ensuite, Jenny nous a invité dans son bureau pour déguster plusieurs thés. Nous y avons passé un long moment à discuter de nos cinq ans en Chine, de notre prochain départ pour la France, de notre passion toujours grandissante pour le thé et la culture chinoise.

En la quittant, il était presque 19h. L’heure parfaite pour aller dîner. Nous nous sommes rendus dans un petit restaurant que nous connaissons et qui fait toujours de très bons plats. Et nous nous sommes régalés!

Entre temps, les enfants étaient partis jouer avec d’autres enfants. C’est beau à voir comme ils sont dorénavant à l’aise dans un univers totalement chinois…

Des connaissances, qui possèdent une petite maison de thé, nous avaient reconnus dans la rue quand nous sommes passés juste avant d’aller dîner, ils nous ont invité à venir prendre le thé chez eux en sortant du restaurant, ce que nous avons donc fait!

Comme devant beaucoup de boutiques à cette période à WuYiShan, le mari était en train de séparer les tiges et les feuilles d’un LaoCong ShuiXian. D’autres boutiques faisaient la même chose avec les tiges et les feuilles roulées d’un Anxi TieGuanYin. Encore deux découvertes pour moi! Pour l’Anxi TieGuanYin, je ne savais pas qu’ils cueillaient de grandes tiges avec de grandes feuilles et que ce n’est qu’à la toute fin du processus , alors que les feuilles sont déja vendues à des revendeurs qu’elles sont séparées des tiges… De même pour les ShuiXian, les feuilles et les tiges sont séparés avant d’être grillées.

Et puis nous avons dégusté de délicieux YanCha… Et nous avons passé une belle soirée à papoter avec nos amis.

Nous sommes rentrés à l’hôtel après 21h. Et nous avons passé une bonne nuit de sommeil…

Week-end Dans les montagnes WuYi

Au moment où ces quelques lignes se publieront, nous nous réveillerons au pied des montagnes WuYi. Comme je l’expliquais hier, nous avons bien l’intention de profiter jusqu’au bout et de savourer les derniers moments que nous passons en Chine.

WuYiShan est un endroit que nous aimons beaucoup et qui en plus n’est pas très loin de Shanghai. Nous y avons voyagé plusieurs fois durant ces cinq ans en Chine, que ce soit en famille ou Papa Lou seul. Vous pouvez en avoir un aperçu: là-bas, là-bas, là-bas, là-bas ou encore là-bas. Et nous avons donc décidé sur un coup de tête d’y retourner une dernière fois avant de partir.

Nous avons donc quitté Shanghai hier après-midi en train. Je suis d’ailleurs allée récupérer Little Smiling Buddha à l’école plus tôt pour pouvoir prendre tranquillement notre train.  Nous sommes arrivés tard dans la soirée et nous sommes directement allés à notre hôtel. Nous allons pouvoir profiter de trois journées complètes dans les montagnes. Nous rendrons également visite à quelques producteurs de thé que nous connaissons là-bas pour leur dire aurevoir… Et puis nous rentrons à Shanghai lundi soir en avion.

Mardi matin, le réveil à 5h40 sera dur pour tout le monde, mais nous aurons eu du temps pour nous, du temps à quatre pour profiter, pour explorer encore un peu cette Chine que nous aimons tant… 

[Expatriation] Quand rien ne va comme on espère…

Je vous ai récemment parlé de notre déception lorsqu’on nous a annoncé que nous ne pouvions pas rester en Chine quelques années de plus comme nous le souhaitions. Je vous invite d’ailleurs à aller lire cet article pour comprendre la suite, si vous étiez passé à côté de l’information…

Nous attendions depuis plus d’un mois une confirmation qui tardait à venir pour une nouvelle destination d’expatriation. Mon instinct me disait depuis un moment que les chances s’amenuisaient au fil du temps qui passait. Et puis un soir, Papa Lou est rentré en m’annonçant que nous allions avoir la proposition d’emploi détaillée pour cette nouvelle expatriation au courant de la soirée ou de la nuit (décalage horaire oblige). Nous étions tous emballé à cette idée puisque ne restait plus qu’à savoir de quoi était exactement faite cette proposition avant d’accepter. Notre attente allait prendre fin. Et en plus, dans le sens que nous espérions…

Sauf que le lendemain, Papa Lou m’a réveillé à l’aube. Il venait d’avoir un mail. Mais pas le mail que nous attendions. Un mail qui lui disait que finalement la proposition n’arriverait pas, car quelqu’un tout là en-haut dans sa boite avait finalement refusé pour des raisons de budget… Nous avons eu l’impression que tout s’écroulait autour de nous. Le jour d’avant encore, je n’y croyais presque plus, mais après l’annonce de la veille, ce revirement de situation était totalement incompréhensible pour nous. 

Le week-end a été difficile. Nous avons peu dormi. Nous avons eu l’impression d’être pris pour des pions que l’on peut avancer ou reculer au gré des envies de certains. Nous étions vraiment sous le choc. Nous n’avions plus aucune piste et personne n’avait pris soin de nous en fournir une avant de lancer cette bombe…

Nous n’avons rien dit aux enfants car nous ne savions même pas quoi leur dire: que nous savions où nous n’irions pas, mais toujours pas où nous irons effectivement? Nous leur avons juste expliqué que nous étions très angoissé face à la situation et que nous avions besoin d’un peu de calme et de sérénité pour tenir le coup jusqu’aux prochaines nouvelles. Dans un cas comme celui-ci, la situation est évidement difficile pour tout le monde. Et le stress et l’angoisse transparaissent pour tous. Evidemment les enfants ont été d’autant plus demandeurs qu’ils sentaient notre désarroi. Mais nous avons réussi à passer au travers. D’autres projets nous attendaient pour la semaine suivante et c’est donc à cela que nous nous sommes raccroché. 

Le lundi soir (merci le décalage horaire), Papa Lou a enfin réussi a contacter quelqu’un pour avoir des réponses à nos questions. Il ne nous restait qu’un choix possible: le retour à Paris. La pilule a eu du mal à passer. D’autant que nous attendons toujours les détails de cette offre de retour près de dix jours après l’annonce. 

Nous nous sommes laissés quelques jours pour digérer la nouvelle avant d’en parler. Rien ne sert de ruminer ou de se plaindre, maintenant la priorité est à la remise à jour de nos priorités face à la situation. Elles demeurent les mêmes: notre famille et le temps de qualité que l’on peut passer tous les quatre. 

Nous avons envie de croire que si cette nouvelle aventure ne s’est pas concrétisée, c’est que quelque chose nous attend ailleurs. Nous avons décidé de nous laisser une année pour trouver une solution pour repartir. C’est une période qui sera propice à une grosse remise en question, à de nouveaux projets, à de nouveaux choix de vie, à un recentrage sur nous, nos familles et nos amis. 

Nous avons informé les enfants de la nouvelle quand nous avons su que nous rentrions à Paris. Ils sont déçus eux aussi, mais ils ont décidé d’en retenir le meilleur: nous serons plus proche de la famille et ils veulent en profiter le plus possible. 

Pour les détails, nous n’en savons toujours pas plus. Quand partira notre déménagement? Quand quitterons-nous exactement la Chine? Combien de temps resterons-nous en Alsace avant de partir à la recherche d’un logement dans la région parisienne? Papa Lou aura-t-il des vacances? Quand sera la meilleure période pour chercher un nouveau logement dans la région parisienne? Et puis de tout ça dépend l’inscription des enfants dans une nouvelle école… Bref, les désillusions s’enchaînent. 

L’expatriation n’est pas un long fleuve tranquille. Et notre retour en France ne le sera certainement pas non plus. Nous nous attendons tous à vivre une période pas facile, mais nous sommes tous prêt à retirer tout le positif que ce passage en France nous permettra de prendre, avant un nouveau départ… 

Mais en attendant, nous vivons encore à fond nos dernières semaines en Chine… 

[Voyage] Être cueilleuse de thé en Chine

J’ai eu envie de faire cet article suite à mon incroyable expérience au coeur d’un village de producteur de thé au fin fond des montagnes jaunes pour remettre en place certaines images que l’on peut avoir de la production et de la cueillette de thé. J’ai moi-même été très agréablement surprise par beaucoup de chose que j’ai vécu et je pense que c’est important que je le partage ici.

Mais pour commencer, je voudrais amener quelques précisions sur ce qui va suivre dans l’article. Je vais parler des cueilleuses en Chine, et plus précisément des cueilleuses qui cueillent des feuilles de thé destinées à des thés de belles qualités. J’ai essentiellement vécu le rythme de vie des cueilleuses lorsque le façonnage du thé demande une partie importante du travail. Mais j’ai vu de mes propres yeux, les rythmes dans d’autres familles du village quand les cueillettes étaient plus basiques et le façonnage moins chronophage, et mon mari l’a vécu lui aussi sur la fin de la récolte. Je ne parle donc pas des cueilleuses en Inde, ni des cueilleuses qui travaillent pour de grandes exploitations – ce qui est tout de même très minoritaire en Chine. Pour rappel, j’ai moi-même partagé le travail et le rythme des cueilleuses pendant trois jours.

Pour la plupart des thés, – mais pas tous -,  la période de la cueillette dure environ un mois au printemps. La période s’ouvre aux alentours de la fête de QingMing – la fête des morts qui a lieu vers le 4 ou 5 avril chaque année. C’est durant ce mois que tout le revenu de la famille du producteur de thé va se jouer. Des cueilleuses sont donc recrutés pour aider au travail. Les cueilleuses sont généralement des femmes entre 30 et 60 ans. Elles reviennent d’une année sur l’autre au même endroit quand elles apprécient le patron, mais elles peuvent aussi changer de patron. Et il semblerait que ce ne soit pas si facile pour les producteurs de thé de trouver des cueilleuses qui leur restent fidèles.

Les cueilleuses, qui viennent souvent d’une autre ville, voire d’une autre région de Chine, sont logées et nourries sur place. Les maisons chinoises comportent souvent deux étages, le deuxième étage est le plus souvent réservées aux cueilleuses ou aux invités.

Chaque matin, le réveil a lieu vers 5h. Les cueilleuses se préparent en faisant une rapide toilette sur le balcon du haut avec des bassines d’eau. Puis elles descendent prendre le petit-déjeuner préparé par la maîtresse de maison. A 6h dernier délai, les cueilleuses partent vers les champs de théiers. Elles prennent une hotte et un chapeau pour se protéger du soleil. Elles sont le plus souvent précédées par le patron qui les mène dans les bons champs, là où il a repéré les bourgeons prêts à être cueilli.

La cueillette dure plus ou moins longtemps, mais au plus tard à 11h du matin, les cueilleuses redescendent avec leur récolte. Entre temps, le patron est redescendu avec les premières hottes pleines et a allumé les feux qui vont lui permettre de chauffer et sécher les feuilles de thé plus tard.

La cueillette n’est pas un travail particulièrement fatiguant ou difficile en soi.

Mais il faut tout de même prendre en compte la chaleur – on est au printemps donc dans les montagnes l’air est encore frais le matin, mais la température peut vite atteindre une trentaine de degrés vers 9h30 ou 10h du matin -, l’inclinaison des champs qui rend l’avancée ou le passage d’une ligne de théiers à l’autre difficile et la position pour attraper les bourgeons qui parfois peut fatiguer le dos. Le plus souvent, elles ont leur hotte sur le dos, mais elles peuvent également la poser dans un endroit sûr – là où le terrain lui permet de tenir sans tomber!

Quand les cueilleuses redescendent de la cueillette, les feuilles sont pesées – pour avoir une idée de la quantité globale cueillie et donc à traiter dans la journée. On les dépose sur des claies en attendant de les façonner. Le patron était d’ailleurs très fier de m’expliquer que c’est lui qui avait fabriqué les étagères et les claies de ses propres mains.

Il est alors temps de se mettre au façonnage des feuilles de thé. Les cueilleuses prennent quelques minutes pour elles, le temps de se laver les mains, passer aux toilettes, ou remplir leur gourde d’eau chaude et s’installent devant la machine qui va les aider à rouler toutes les feuilles de thé pour façonner le TaiPingHouKui.

Tout au long de la journée, quand les cueilleuses ont besoin d’une pause – pour boire, aller aux toilettes, se laver les mains,… -, elles peuvent évidemment la prendre. 

A midi, la maîtresse de maison vient chercher tout le monde pour le déjeuner. On termine une panière de feuilles et on arrête la machine. On nettoie tous les tapis avec une éponge et de l’eau et on laisse sécher le temps du repas.

Chaque cueilleuse prend un bol de riz et se sert sur la table commune dans les différents plats préparés par la maîtresse de maison. Pour une douzaine de personnes, il y a environ six plats sur la table. Toujours une soupe, et un plat de viande. Souvent des oeufs et du tofu. Et puis au moins deux légumes.

Environ trente minutes plus tard, le travail reprend. Le façonnage va ainsi durer jusqu’à épuisement de toutes les feuilles de thé récoltées dans la journée. A 16h, la maîtresse de maison apporte un goûter aux cueilleuses – des douceurs sucrées chinoises industrielles achetées ou reçues durant la période du Nouvel An Chinois – qu’elles mangent tout en travaillant. A 18h – 18h30, le travail s’arrête le temps de dîner.

C’est le même rituel qu’à midi et des plats plus ou moins équivalent. Une trentaine de minutes plus tard, le travail reprend, c’est la troisième partie de la journée. Journée qui se terminera plus ou moins tard en fonction de la quantité de feuilles récoltées. Au plus tôt, le travail se termine vers 21h, mais la plupart du temps il se termine vers 23h. Les jours de grosses récoltes vers 2h du matin. Après le travail, les cueilleuses nettoient encore la machine et font une rapide toilette avec des bassines d’eau sur le balcon du deuxième étage avant de s’endormir rapidement pour se réveiller le lendemain vers 5h pour une nouvelle journée.

Le façonnage est un travail minutieux et fatiguant. Il s’agit sans discontinuer, de chauffer légèrement les feuilles de thé fraîches dans une espèce de wok à hélices: c’est le travail du patron.

Puis chaque feuilles est passée dans le trou d’une machine qui va l’enrouler et la faire ressortir de l’autre côté. Le rythme est donc donné par la machine. Mais le patron va l’accélérer ou la ralentir en fonction du moment de la journée, quand les cueilleuses sont plus ou moins efficaces.

Là, il faut les déposer une à une sur une plaque grillagée. Ces deux étapes sont réalisées par les cueilleuses.

Ensuite les plaques sont passées sous une masse, une sorte de rouleau à pâtisserie en pierre très lourd, avant d’être mis à sécher toujours sur les plaques dans une sorte de four où des braises maintiennent une chaleur proche de 100°C. C’est le travail de l’ouvrier. A chaque fois qu’il met une plaque à sécher, il en ressort une pour sortir les feuilles sèches délicatement et les rassembler sur une autre plaque.

Plus tard, la patronne vient les récupérer pour les mettre en boite.

C’est un travail intense, répétitif, fatiguant de part la position que l’on doit adopter au-dessus de la machine, mais qui n’est pas particulièrement pénible. C’est également un travail très long puisqu’en dehors de la cueillette – qui dure de 3 à 5h -, ils vont passer environ 10h à façonner les feuilles de thé.

Les jours de pluie, sauf si la taille des bourgeons rend la cueillette urgente, les cueilleuses ne travaillent pas. Elles se retrouvent alors à ne rien faire de la journée – ou plutôt à dormir, laver leur vêtement et leurs cheveux.

Quand le façonnage est moins chronophage, la cueillette est plus longue. Mais les cueilleuses redescendent tout de même des champs vers 11h-11h30. La plupart du temps, elles y remontent l’après-midi – et là je trouve que c’est le moment le plus difficile car le soleil est haut dans le ciel, chaud et l’ombre rare – de 13h à 16h au moins, parfois jusqu’à 18h en fonction de l’urgence de la cueillette. Leur journée se termine alors à ce moment-là.

Lorsque le façonnage demande moins de soin ou est plus mécanisé, une seule personne ou deux maximum, suffisent souvent à façonner les feuilles. Cette personne est la plupart du temps le patron ou un membre de sa famille. C’est donc à lui que va incomber le travail de façonnage jusqu’à épuisement des feuilles de la journée.

Les cueilleuses ne sont pas payées à la quantité de feuilles qu’elles récoltent. Elles sont payées un certain montant par jour de travail. Ensuite, des heures supplémentaires sont appliquées pour le travail tard dans la soirée ou la nuit. Elles ont chacune un jour de repos dans la semaine, qu’elles passent le plus souvent à dormir, laver leur linge et leurs cheveux. Pour leur travail, les cueilleuses sont payées environ 300RMB par jour. Parfois un peu moins dans les endroits de Chine où il y a plus de monde pour cueillir. Si on ramène ce salaire à notre vie en France, les cueilleuses seraient payés SMIC+25%, sans compter qu’elles sont nourries et logées durant toute la période. C’est donc correct pour un travail qui ne demande aucune qualification, mais qui ne compte tout de même pas ses heures.

J’aimerai pour clore cet article souligner l’importance de la qualité de thé que vous allez acheter, pour le travail et le savoir-faire que vous allez encourager, mais aussi pour le goût du thé tout simplement. L’industrie du sachet exploite les terres, les humains et les théiers jusqu’à la trame pour nous vendre de la poussière à prix d’or (réfléchissons au prix d’un sachet par rapport à la quantité de thé contenu, sans parler même de sa qualité gustative et sanitaire) Aller dans une maison de thé pour acheter du thé en feuilles est déja un plus. Acheter des thés qui ne sont pas vendus en masse – comme peuvent l’être les thés parfumés des grandes maisons de thé ou les thés en sachet – sera une garantie d’une certaine qualité, mais aussi d’un certain respect pour ceux qui le produisent

Et vous, avez-vous l’habitude de consommer du thé? Comment imaginiez-vous le travail des cueilleuses?