[Education bienveillante] Accueillir les émotions et gérer les pleurs

Très récemment, j’ai à nouveau pu mettre en oeuvre quelque chose que j’arrive plutôt bien à gérer depuis quelques temps, l’accueil des émotions et la gestion des pleurs de Little Miss Sunshine. Voir un enfant pleurer à chaudes larmes, surtout son enfant, c’est quelque chose qui m’était encore très difficile il n’y a pas si longtemps. Je n’avais qu’une hâte, que les pleurs cessent, que la joie de vivre apparaisse à nouveau sur son visage. A force de travail sur moi, depuis quelques mois, j’arrive à ne pas me sentir remise en question et trop directement touchée par ses pleurs. Je n’ai jamais nié ou amoindrit ses émotions, et je me suis toujours battu contre mon irrépressible envie de dire « Chut, mon ange! » ou « Ne pleure pas/Ne pleure plus, Maman est là!! », mais je lui ai certainement fait ressentir, malgré mes tentatives d’accueil de ses émotions que j’étais trop touchée par ses pleurs.

Un vendredi soir du mois de janvier, à l’heure de récupérer Little Miss Sunshine au bus, l’Ayi me tend un sac d’école qui n’est pas le sien. Je le remarque tout de suite – tous les enfants de l’école ont le même sac, mais j’ai mis le nom de Little Miss Sunshine à un endroit que je repère facilement – et là, ma petite fille souriante s’écroule en pleurant et en hurlant en comprenant qu’elle n’aura pas son sac ce soir, ni ce week-end d’ailleurs. Rien de catastrophique dans l’absolu puisqu’elle n’a pas un doudou qui lui est indispensable et inter-change ses tétines très facilement, mais c’est la première fois qu’on ne récupère pas son sac. Je crois que sous le coup de l’émotion, Little Miss Sunshine n’a pas compris ce qui se passait avec son sac. Elle avait perdu un de ses repères et en parallèle avait dû avoir une journée peut-être un peu plus difficile ou plus fatigante, et puis on était fin de semaine aussi.

J’ai juste pris Little Miss Sunshine dans mes bras, je l’ai embrassé et serré contre moi. Puis j’ai essayé de baragouiner quelques mots de Chinois qui devait signifier que je récupérerais lundi soir et dit « Au revoir! ». J’ai  tenu Little Miss Sunshine contre moi, toujours en pleurs, en lui disant de temps à autre « Pleure mon Coeur, ça fait du bien. » et nous sommes rentrées chez nous. Nous nous sommes installées l’une contre l’autre sur le canapé et j’ai attendu que ses pleurs passent. Ca a duré un bon moment. Un quart d’heure, peut être même vingt minutes. A intervalles réguliers, Little Miss Sunshine se levait du canapé et partait ouvrir la porte d’entrée et crier dans le couloir qu’elle voulait son sac. Je lui disais juste « Je comprends que tu sois triste. Ayi est désolée mais elle a oublié ton sac. Tu le retrouveras lundi matin à l’école. » J’avais droit à une crise de larmes à chaque fois lus intense. Puis nous nous blottissions à nouveau sur le canapé. Jusqu’à la prochaine escapade vers la porte…

Et d’un moment à l’autre, elle s’est calmée. Elle m’a demandé sa tétine. Je lui ai dit que nous allions en choisir une nouvelle pour ce week-end. Je pensais qu’elle allait se remettre à pleurer, mais non, elle m’a suivi. Elle a encore reniflé quelques fois et c’était fini. Cinq minutes plus tard, nous étions en pleine partie de domino, comme si rien ne s’était passé.

Little Miss Sunshine avait réussi à décharger son stress, son angoisse, ses frustrations de la journée, peut être même d’une partie de la semaine. J’ai accueilli ses émotions, et nous avons pu repartir sur de bonnes bases. Ce soir-là, elle m’a même consciencieusement aidé à préparer le repas du soir, ce qui n’était pas arrivée depuis près d’une semaine…

Ces « crises de larmes » me semblaient difficile à gérer il n’y a pas si longtemps. Aujourd’hui, je les vois vraiment comme un acte d’amour. Little Miss Sunshine a besoin de décharger son trop-plein d’émotions et c’est moi qu’elle choisit parce qu’elle se sent en totale sécurité et qu’elle sait que je l’aime de manière inconditionnelle. Une fois la « crise » passée, et elle ne dure jamais très longtemps – de 10 à 20 minutes environ – nous pouvons toutes les deux reprendre le cours de nos activités beaucoup plus sereinement… Et je dois bien avouer, que certains jours, quand je la sens tendue, nerveuse, j’attend impatiemment le moment de la crise pour qu’elle puisse se décharger et que tout aille de nouveau mieux…

Et vous, comment gérez-vous les décharges d’émotions de vos enfants? Arrivez-vous à ne pas vous sentir anéanti par leurs pleurs? 

Etre parent … n’est pas un jeu d’enfant!

Grâce aux Supers-parents, Camille et Olivier, une conférence inédite d’Isabelle Filliozat, intitulé « Etre parents… n’est pas un jeu d’enfant! » était disponible sur le site de Parentalité Consciente durant une grande partie du mois de janvier.

A titre indicatif, la conférence est à voir ou à télécharger gratuitement à cette adresse jusqu’à aujourd’hui inclus.

J’apprécie énormément les livres d’Isabelle Filliozat. D’ailleurs J’ai tout essayé! et Au coeur des émotions de l’enfant sont un peu devenu mes référents depuis que je les ai lu. J’aurai beaucoup aimé pouvoir participer à une des conférences de l’auteur, mais notre expatriation en Chine ne nous en a pas donné l’occasion. C’est donc avec un immense plaisir que j’ai visionné cette vidéo d’une heure quarante-cinq.

Je ne vais pas vous en faire un récit détaillé, mais j’aimerai noter ici quelques unes des principales idées que je veux retenir de cette conférence.

  • Il faut se concentrer sur les besoins de l’enfant et interpréter le comportement comme un message que l’enfant essaie de nous faire passer. Un comportement inapproprié est un besoin non assouvi ou une émotion refoulée.
  • Lorsque l’on donne un ordre à un enfant, par exemple « Vas chercher ton cartable! », le cerveau de l’enfant donne l’ordre à ses jambes de courir jusqu’à sa chambre, mais une fois dans sa chambre, comme il n’a pas fait fonctionner son cerveau pré-frontal, il lui est impossible de se souvenir ce qu’il est venu y faire. Il suffit de faire fonctionner son cerveau pré-frontal pour régler le problème, en lui demandant par exemple ce qu’il lui faut pour aller à l’école.
  • Il faut neuf mois à un petit humain pour s’attacher pleinement à sa figure d’attachement principale: c’est sa source de sécurité. Les enfants qui ont un très fort attachement avec leur figure principale d’attachement développent des compétences émotionnelles, sociales et intellectuelles supérieurs aux autres enfants. L’attachement est le besoin principal de l’être humain, il prime même sur le besoin de se nourrir.
  • L’enfant se nourrit de sa figure d’attachement. Si cette personne travaille ou est absente de la maison en journée, inconsciemment l’enfant aura besoin de s’hyper-nourrir quand sa figure d’attachement revient. C’est pour ça, par exemple que l’endormissement d’un enfant peut être problématique avec sa figure d’attachement: son réservoir n’est pas plein, l’enfant reste réveillé. Mais le cas inverse existe aussi, il s’endort spontanément avec sa figure d’attachement, mais avec aucune autre personne de son entourage, car il se sent en totale sécurité avec la première.
  • Un enfant ne confie ses difficultés qu’à sa figure d’attachement principale. Un mammifère a besoin de sécurité pour se laisser aller. Ce qui explique par exemple que lorsque l’on va chercher son tout-petit à la crèche, on nous dit qu’il a été sage comme un ange toute la journée et qu’à peine on quitte la crèche, le petit se met à hurler, à pleurnicher, à réclamer… Il décharge les émotions accumulées au cours de sa journée: c’est un geste d’amour!
  • En jouant simplement avec un enfant, on peut remplir son réservoir affectif, même si on n’est pas sa figure d’attachement principale. Par le jeu, on lui exprime qu’on est là pour lui. L’enfant se sent alors en confiance et les jeux peuvent se terminer dans les cris et les pleurs puisqu’il va alors pouvoir décharger son stress de la journée.
  • On se demande souvent s’il faut punir ou laisser faire comme s’il n’y avait que ses deux choix. Mais quand il y a blocage, le blocage vient des deux: de l’adulte et de l’enfant. Pour ne pas en arriver à une situation de blocage, il faut écouter les émotions et les besoins de l’enfant. Ce qui est compliqué, c’est que les enfants ne disent pas forcément ce qui se passent réellement. Par exemple, un enfant rentre de l’école et chaque soir, juste avant le repas, il réclame de faire du roller. La mère refuse car c’est l’heure de manger. Mais en fait, l’enfant a besoin de relâcher les tensions avant de passer à table, mais ne sait pas l’exprimer. Une solution alternative serait par exemple de lui proposer une séance sur le trampoline. Une demande exagérée, une émotion disproportionnée cache souvent un besoin non assouvi. Il faut trouver une solution ensemble.
  • Les émotions réprimées ne sont pas psychologiques, elles sont physiologiques. Elles se passent dans tout le corps. L’amygdale lâchent des hormones qui se propagent à travers tout le corps, c’est seulement après que notre cerveau va pouvoir se mettre en marche et tempérer les émotions, dans la mesure où il a la maturité nécessaire.
  • Trois réactions naturelles en cas de stress: l’attaque, la fuite et le figement. La plupart du temps, en cas de stress, les enfants se figent, comme une souris morte et gardent tout le stress en eux. Lorsqu’ils se défigent enfin, ils vont avoir besoin d’agresser pour se libérer du stress. Si la figure d’attachement est assez forte, c’est vers elle qu’il va déverser son agressivité: c’est une preuve d’amour! Si ce n’est pas le cas, il déversera alors son agressivité sur ses petits camarades, sa petite soeur, ses petits cousins…
  • La seule solution quand ça ne va pas, c’est le câlin. Faire un câlin permet de faire se propager de l’ocytocine dans le corps. L’amour n’est pas une récompense, c’est un carburant. 
  • Quand un parent n’a pas eu l’attachement dont il avait besoin dans son enfance, son amygdale est hypersensible dans son cerveau. Les capteurs d’ocytocine diminuent. Face à un enfant qui pleure, le cerveau de l’adulte va l’interpréter comme un danger et va libérer de l’adrénaline à la place de libérer de l’ocytocine. Ce parent aura besoin de guérir de son histoire et de beaucoup de câlins de la part de son entourage pour retrouver progressivement un niveau d’ocytocine correct.
  • On sait aujourd’hui que si un enfant est maltraité, cela provoque des mutations génétiques. La violence s’inscrit dans ses gênes pour trois générations!
  • Avec le besoin d’attachement, l’autre grand besoin est celui du libre arbitre. L’être humain a besoin de pouvoir faire par lui même. Il est par exemple vain de faire de grandes phrases d’explication à un adolescent. Un seul mot suffit, cela lui laisse le choix de la réflexion et du libre arbitre.

Voilà les points principaux que j’ai envie de retenir de cette conférence.

Et vous, avez-vous déja particpez ou aimeriez-vous participer à une telle conférence? 

[Éducation bienveillante] Le temps des monstres et l’angoisse de séparation #2

Voilà un peu plus d’une semaine que nous avons mis en place une première alternative, qui nous a semblé la plus bienveillante et la plus gagnant-gagnant pour tous les trois qui nous soit venu à l’esprit, en place. Elle n’est pas idéale, car basée sur un gros compromis, mais elle a déja eu le mérite d’apaiser nos soirées à tous les trois.

Comme je vous l’expliquais dans mon dernier billet à ce sujet, Little Miss Sunshine a intégré notre chambre avec un petit lit d’appoint et dort depuis dans notre chambre. Cela a permis d’apaiser les cris, les pleurs et les angoisses de Little Miss Sunshine. Le rituel du coucher est à nouveau en place et l’endormissement n’est plus trop long – 5 à 30 minutes après le dernier « Bonne nuit ». Little Miss Sunshine ne nous quitte pas et peu se remplir son réservoir affectif de notre présence à toute heure du jour ou de la nuit. Elle ne s’endort plus dans le noir. Nous retrouvons un semblant d’intimité dans notre lit. Et nous passons à nouveau des soirées plus agréables et moins stressantes pour tous. C’est déja un début…

Mais le fond du problème demeure. Little Miss Sunshine a toujours peur du noir ou plus exactement de la solitude – angoisse de séparation quand tu nous tiens!  La lumière principale de notre chambre doit rester allumer jusqu’à ce qu’elle s’endorme et la porte de la chambre ouverte. Cela ne lui permet clairement pas d’être dans de bonnes dispositions pour l’endormissement. En parallèle, elle n’a pas encore réussi à combattre sa peur par ses propres moyens – même si elle est active dans cette étape et propose elle-même des solutions.

Nous n’avons pas baissé les bras pour autant. Je continue de mon côté à chercher mille solutions sur Internet – au passage merci à toutes les mamans qui parlent de ce passage compliqué dans la vie des petits et de leurs solutions, bienveillantes ou pas, mais ça donne des idées et surtout on se sent moins seul! Mais aussi dans ma bibliothèque…

Little Miss Sunshine a elle-même trouvé une solution que nous avons rapidement mis en place. Elle a reçu deux jolies poupées « monstres » à colorier avec des feutres lavables à Noël de la part de Mamama et Papapa. Elle m’a un soir demandé de les colorier. Elle a choisi une couleur pour chacun et une seule. C’était important pour elle, bien que je n’ai pas compris pourquoi. Puis elle a voulu les poser sur le rebord de la fenêtre. Un dans sa chambre, l’autre dans la nôtre. Et elle m’a dit que ces deux poupées la protègeront des monstres et les empêcheront de rentrer. Un grand pas en avant! Si ce n’est qu’au moment du coucher, ça n’a malheureusement rien changé.

Bien évidement, nous continuons à essayer de rassurer Little Miss Sunshine sur la normalité de la peur du noir et des monstres. Nous continuons à lui expliquer que les monstres n’existent que dans les livres et les films. Nous continuons à chercher des solutions ensemble pour lui faire accepter une petite lumière ou une veilleuse seulement, pour la faire réintégrer sa chambre et son lit. Mais nous sommes déja plus serein. Nous avons déjà réglé certaines questions, c’est rassurant et nous prouve que ce n’est qu’une question de temps pour la suite…

J’ai encore quelques idées glanées ça et là lors de mes recherches sur Internet à mettre en place. Inspiré par la lecture ce billet sur ce blog que je ne connaissais pas et que je m’empresse d’ajouter à ma blog-roll (à droite), je pense introduire l’idée de la faire rassurer un de ses doudous pour la rendre active à ce moment-là et donc moins désemparée face à sa peur.

Je suis également tombée sur cette vidéo qui propose une méthode qui me convient tout à fait, puisque totalement dans le respect des émotions de l’enfant et dans l’aide à surmonter sa peur seul. Je ne sais pas encore exactement si je dois l’introduire avant ou après une tentative de réintégration de sa chambre, il faut que j’y réfléchisse plus sérieusement, mais ça me parait vraiment intéressant et efficace comme méthode.

En attendant, je suis toujours preneuse de vos idées et conseils, de vos trucs et astuces si vous en avez! Et je vous en reparle dès qu’il y a du neuf…

[Education bienveillante] Le temps des monstres et l’angoisse de séparation

Depuis une dizaine de jours, alors que nous étions encore en Alsace, Little Miss Sunshine s’est mise à refuser de dormir dans son lit. Impossible de la coucher vers 21h comme nous en avions l’habitude. Soit elle finissait par s’endormir sur le canapé et nous la couchions dans son lit ainsi endormie, soit elle finissait par dormir dans notre lit après une « bataille » aussi fatigante qu’inefficace à 23h.

Je n’ai pas eu les ressources nécessaires pour trouver une solution bienveillante entre la fatigue et la famille où chacun y va de son commentaire et de son conseil, impossible de réfléchir clairement et de prendre du recul sur la situation. J’avais le faible espoir que la situation s’arrangerait d’elle-même avec notre retour à Shanghai, ce qui a par le passé déja été le cas. Mais au fond de moi, je savais qu’on était passé dans une autre phase, que Little Miss Sunshine grandit et que de nouveaux défis se présentent à nous.

De retour à Shanghai, le problème ne s’est pas arrangé tout seul. Il a bien fallu que je me penche sérieusement sur la question. En prenant un minimum de recul sur la situation, j’ai bien compris que Little Miss Sunshine a vécu beaucoup de fortes émotions ces derniers temps. Sa première rentrée scolaire mi-octobre, prendre le bus seule depuis début décembre, le stress de voir régulièrement partir Papa Lou en déplacement, l’annonce de l’arrivée d’un petit frère, le retour en Alsace pour les fêtes de fin d’année, le changement de chambre et de lit réguliers en Alsace. Sans compter la difficulté de récupérer suite au décalage horaire…

Premièrement, j’ai essayé et réussi à nouer le dialogue avec Little Miss Sunshine. Elle m’a parlé d’un monstre qu’elle a vu dans sa chambre chez Papapa et Mamama – et dont elle m’avait parlé au moment même de l’événement. Un événement qui l’a plus marqué que ce que j’avais pensé au départ, même si j’avais tout de suite pris le problème au sérieux. Je n’ai malheureusement pas réussi à savoir s’il s’agissait d’un cauchemar ou de la peur d’une ombre dans la chambre. De manière plus générale, j’ai également essayé de la faire parler des moments importants qu’elle a passé ces derniers temps. Elle m’a parlé de ses grands-parents qui sont loin, de son futur petit frère, de Paris qui lui manque, …

Ensuite, nous avons choisi de lui proposer une petite lumière dans sa chambre, une veilleuse. Nous sommes allés ensemble acheter une petite veilleuse que Little Miss Sunshine a choisi elle-même. En parallèle, nous avons choisi une nouvelle tétine lumineuse pour la nuit et nous avons ressorti un petit éléphant lumineux que j’avais déja quand j’étais petite. Comme elle m’a parlé de la peur du noir, je pensais pouvoir la soulager un peu de cette manière.

Puis, nous avons décidé de dédramatiser la situation en créant une « chasse aux monstres ». Nous avons commencé par lui ré-expliqué que les monstres n’existent que dans les dessins animés et les histoires, que le monstre qu’elle avait cru voir n’était que le fruit de son imagination. Nous avons donc organisé une chasse aux monstres qui devait à l’origine se limiter à la chambre de Little Miss Sunshine, mais qui c’est finalement étendu à tout l’appartement à la demande de cette dernière. Je lui demandais simplement « Où te cacherais-tu si tu étais un monstre? » Et elle me nommait un endroit avant de courir vérifier qu’aucun monstre ne s’y trouvait. De temps à autre, j’ajoutais « Alors moi, si j’étais un monstre, je me cacherai ici ou là » et nous partions vérifier toutes les deux. Ce jeu a duré une bonne vingtaine de minutes, dans la joie et la bonne humeur. A la fin, nous avons conclu qu’il n’y avait effectivement pas de monstres dans la maison.

J’ai également ressorti les deux livres qui m’inspirent et m’aident le plus Au coeur des émotions de l’enfant et J’ai tout essayé d’Isabelle Filliozat. J’ai relu les parties traitant des peurs en général et de la peur des monstres en particulier. Ca m’a permis de relativiser, de me rappeler que tous les parents ou presque sont confrontés à cette peur des monstres.

Enfin, nous avons essayé de remettre en place un rituel du coucher qui avait été mis à mal depuis le début de ma grossesse et la fatigue intense que j’éprouvais tous les soirs. Notre rituel commence avec le repas du soir. Suit un premier moment calme durant lequel nous regardons un dessin animé court ou nous faisons un jeu. Puis nous mettons une couche, un pyjama et Little Miss Sunshine prend son lait sur le canapé. Enfin, nous prenons le chemin de sa chambre pour un second moment calme, elle choisit une ou deux histoires à lire, nous nous installons tous dans son lit et nous lisons les histoires. Après un dernier câlin et un dernier bisou, nous quittons la chambre et éteignons la lumière. Ce rituel a vraiment bien fonctionné jusqu’au mois d’octobre. Depuis, c’est Papa Lou qui a pris le relais seul – m’ôtant de fait du rituel parce que je dormais déja la plupart du temps – ou alors elle allait carrément se coucher seule parce que je dormais déja…Une petite fille très raisonnable en somme. Nous tentons donc de remettre ce rituel en place en y ajoutant l’allumage de la veilleuse et un dernier moment calme ou je me couche avec elle quelques minutes, le temps pour elle de se rassurer et de commencer à s’endormir, avant de quitter la pièce sur la pointe des pieds.

Little Miss Sunshine connait très bien nos limites en ce qui concerne le co-dodo. Chacun son lit, mais si elle a besoin de nous, si elle a un souci, elle sait qu’elle peut venir nous rejoindre à n’importe quel moment la nuit. Le souci est juste qu’elle est en pleine phase d’angoisse de séparation. Le bébé à venir, l’absence régulière de Papa Lou, le fait que nous nous soyons un peu effacé au profit des grands-parents durant ses quinze jours, on fait naître cette angoisse. En parallèle, Little Miss Sunshine est également en pleine recherche de nos limites.

Le premier soir a été difficile. Le début du rituel s’est très bien passé. Nous avons expliqué et ré-expliqué plusieurs fois au courant de la journée le déroulement de notre soirée et le rituel du coucher. Elle a approuvé à plusieurs reprises de dormir dans son lit suite à la chasse aux monstres et à l’allumage d’une veilleuse ce qui était déja une grande avancée en soi. Là où ça s’est compliqué, c’est au moment de mettre le pyjama et de prendre le lait. Refus catégorique. Elle nous a clairement dit que c’est parce qu’elle ne voulait pas se coucher seule dans son lit. Nous avons longuement négocié, nous l’avons laissé choisir le moment, elle a même fini par accepter de mettre son pyjama, prendre son lait et a choisi deux histoires. Mais il a été impossible de la faire entrer dans sa chambre. Les négociations, l’attente, rien n’y a fait. Finalement, Papa Lou l’a porté jusque dans son lit et c’est là que le bras de fer a commencé. Pleurs, cris, coups, hurlement, colère, elle nous a tout fait. Je n’ai pas réussi à gérer ses émotions. J’ai dû sortir de la pièce. Papa Lou a très bien réagi. Il s’est assis devant la porte fermée, dans la chambre avec elle et l’a laissé crier, hurler et tenter de le déloger en lui répétant qu’il l’aimait jusqu’à ce qu’elle finisse par se calmer. Ca a pris une bonne quinzaine de minutes. Elle a fini par se calmer. Elle m’a alors réclamé. Je lui ai demandé de se mettre au lit et lui ai promis de lui lire ses deux histoires dès qu’elle y serait. Et ça a marché! Nous avons lu les deux histoires, fait beaucoup de câlins, elle a accepté que l’on éteigne la lumière et que je reste quelques minutes à côté d’elle. Elle s’est endormie en un temps record. J’ai quitté la chambre sur la pointe des pieds… Rien n’était gagné, mais c’est un début. Elle est finalement venu nous rejoindre en pleurs dans notre lit 2h plus tard.

Le jour suivant, nous n’avons jamais réussi à la mettre dans son lit. Encore une fois, au moment de lire l’histoire tout s’est compliqué. Cris, hurlements, coups… Impossible de la faire entrer dans sa chambre. Je me suis finalement enfermée dans sa chambre avec elle, assise devant la porte pour la bloquer et j’ai essayé de lui parler. Elle semblait terrorisée. Elle a réellement peur du noir et des monstres. Elle a fini par s’apaiser dans mes bras, mais j’ai réussi à lui faire dire pas mal de choses. La veilleuse ne lui suffit pas. Elle m’a réclamé une lampe de poche – découverte chez GrandPapa – en me promettant de dormir dans son lit le jour où elle en aurait une. Je ne pense pas que ce sera une solution miracle, mais comme c’est elle qui l’apporte, je l’ai acheté dès le lendemain. Malheureusement, elle a encore passé la nuit dans notre lit…

Le troisième jour, elle a repris l’école. Elle est donc rentrée bien fatigué de sa journée. Je lui a tout de suite montré sa nouvelle lampe de poche qu’elle s’est empressée d’essayer. Nous avons joué toutes les deux. J’ai essayé de mettre en scène une situation équivalente à la nôtre chaque soir alors qu’elle jouait à Papa et Maman avec ses peluches. Je lui ai demandé où dort son bébé, si il reste tout le temps avec elle et le Papa dans le lit, comment ils font quand ils ont envie d’être juste tous les deux, si son bébé accepte de dormir dans son lit… Elle a très bien répondu à chacune des questions. Pour la dernière, elle m’a dit que le bébé avait un peu peur du noir, qu’il venait souvent les rejoindre et que c’est le Papa qui lui explique qu’il faut dormir dans son lit car elle est trop fatiguée… Mais encore une fois, après son lait, il a été impossible de la mettre dans son lit. En désespoir de cause, j’ai tenté une nouvelle alternative. Une alternative qui nous permet d’être seul Papa Lou et moi dans notre lit, mais pas dans notre chambre. Nous avons installé un lit de fortune avec des matelas à même le sol à Little Miss Sunshine. Elle a été ravie. Mais au moment d’éteindre la lumière vers 21h30, elle ne voulait toujours pas rester seule dans la chambre. Même avec la lampe de chevet allumée, la porte ouverte et sa lampe de poche. Elle a veillé jusqu’à 23h. Mais a fini par rester dans la chambre après une dizaine d’aller-retour vers le salon. Inutile de vous dire la difficulté du réveil le lendemain à 7h…

Je dois bien avouer que je suis un peu désemparée face à cette situation. Je crois que j’ai essayé tout ce que je pouvais et que rien n’y fait. J’ai fini par croire qu’il faut que nous lâchions prise et que nous la laissions dormir avec nous quelques temps. Le temps qu’elle se rassure, qu’elle se sente à nouveau en sécurité. Mais j’ai peur que ça n’empire que les choses, qu’elle ne veuille plus du tout aller dans son lit et que le bébé arrive. J’ai peur aussi de ne pas lui rendre service en ne l’aidant pas à vaincre sa peur, en la surprotégeant. Et puis c’est clairement un besoin pour Papa Lou et moi de nous retrouver à deux dans notre lit, pour avoir un minimum d’intimité avant l’arrivée du nouveau bébé.

Si vous êtes passé par là, si vous avez des conseils, des idées, je suis preneuse…

[Bienveillance éducative] Les principes éducatifs à l’épreuve de l’expatriation

Je ne reviendrai pas dans cet article, sur ce qui se passe chez nous au quotidien, sur la manière dont nous avons mis en place bienveillance, écoute active et non-violence et sur la manière dont nous essayons au mieux de l’appliquer chaque jour. Mais confrontés à un contexte nouveau, face à notre expatriation, surtout dans les premiers temps, quand on est encore totalement face à l’inconnu, on est malheureusement obligé de faire des aménagements, de tâtonner, de faire des erreurs,  de se remettre en questions sur notre manière de réagir à l’extérieur. Laissez-moi vous conter un des principal questionnement qui m’a obnubilé durant plusieurs semaines suite à notre arrivée en Chine.

Je ne vous apprend certainement rien, mais en Chine, les blonds et les châtains clairs ne courent pas vraiment les rues. Alors quand on arrive en Chine avec une jolie blonde de deux ans et demi, d’un coup tous les regards se tournent vers nous. Tant que ce ne sont que les regards, ça passe encore. Mais très vite, ce sont les appareils photos et les mains de tous les passants aussi.

Moi qui ait éduqué Little Miss Sunshine dans le respect de son corps, ça m’a beaucoup pesé. Je vous explique. Depuis toute petite, elle sait que son corps lui appartient, que personne ne peut la toucher, l’embrasser, la prendre dans les bras si tel n’est pas son désir. Il est important qu’un enfant sache que son corps appartient à lui seul et que personne ne peut en disposer selon son bon vouloir. Cela implique par exemple que nous avons très tôt mis en place, le principe du « bisou de loin », avec la main, lorsque Little Miss Sunshine n’avait pas envie d’embrasser nos amis, ses grands-parents ou ses arrières-grands-parents. Pas toujours facile de le faire comprendre autour de nous, surtout dans la famille. Mais un enfant n’est pas un jouet. Et ce n’est pas parce qu’on aime la douceur de la peau des bébés qu’on doit s’autoriser à les toucher contre leur gré, sans leur avis. Autre exemple, je me suis longtemps battus avec les passants dans la rue à Paris, souvent des personnes âgés d’ailleurs, qui voulaient toucher les pieds, les mains, les joues de Little Miss Sunshine. Je trouvais ça tellement déplacé, sans compter du problème d’hygiène qui se pose également à chaque fois. De ce point de vue, le seul endroit où Little Miss Sunshine a toujours été en sécurité, c’est contre moi, sur le ventre, dans l’écharpe ou le porte-bébé physiologique.

A Shanghai, c’est différent. Déja il y a le problème de communication. Et puis le problème de culture – ça porte bonheur de toucher un/une blonde! Et puis, nous voilà à vouloir vivre dans un pays de culture totalement différente de la nôtre, et pour moi, c’est à nous de nous adapter aux moeurs chinoises et pas l’inverse. Little Miss Sunshine est vite devenue agressive face à tous ces Chinois qui voulaient la toucher et/ou la photographier. Mon pire souvenir est une promenade sur le Bund, où nous nous sommes retrouvées entouré de dix-neuf personnes avec des téléphones portables qui nous filmaient ou nous photographiaient tout en nous bloquant le passage pour qu’on ne puisse pas aller plus loin… Dans un premier temps, la seule alternative que j’ai pu offrir à Little Miss Sunshine était mes bras. Elle enfouissait alors la tête contre mes seins pour que les photos cessent, mais les gens venaient alors souvent vers nous pour la toucher et nous devions littéralement nous enfuir… J’ai été très étonnée que Little Miss Sunshine, qui ne connaît pas la violence, se soit mis à répondre par des tapes de la main ou du pied aux gens qui s’approchaient trop près d’elle. C’est là que j’ai compris qu’elle le vivait vraiment comme une agression. Et qu’elle avait raison…

Soucieuse de lui dire clairement ce qui se passait, je lui ai expliqué clairement que les Chinois aimaient voir sa peau claire et ses cheveux blonds parce que c’était rare en Chine, qu’ils étaient très maladroit dans leur manière faire, mais que nous ne pouvions pas comparer puisque nous n’avons pas la même culture, que j’étais là pour elle, qu’il ne fallait pas qu’elle se laisse faire et que mes bras étaient toujours ouverts. Grâce à la répétition de cette explication, nous avons réussi à combattre l’incompréhension, mais nous n’avons de loin pas réglé le problème.

Quelques semaines, après notre arrivée, une Maman m’a donné un bon conseil pour éviter les photos. L’enfant doit mettre sa main sur sa bouche et son nez, mais pas sur ses yeux – comme Little Miss Sunshine avait commencé spontanément à le faire pour se cacher – pour que ça n’entrave en rien sa liberté de mouvement. Et ça marche! Après de rapides explications, Little Miss Sunshine a tout de suite adopté ce geste simple. Et les Chinois comprennent. Pour ceux qui la touche, j’ai demandé à Little Miss Sunshine de prendre leur main et de l’enlever avant de venir se réfugier chez moi. Elle avait tendance à taper. Et ce simple geste – qu’elle a tout de même parfois du mal à pratiquer sans violence, mais je la comprend! – l’a beaucoup aidé. Les gens n’osent pas recommencer en général.

Et puis sa compréhension du Chinois a aussi quelque peu apaisé sa relation avec ces-derniers. Cette situation a été quelque peu stressante pour moi et pour Little Miss Sunshine. Elle aura duré quelques semaines, m’aura valu quelques réveils nocturnes et beaucoup de triturage de méninges, mais je suis ravie de la manière dont nos sorties se passent aujourd’hui. Nous avons trouvé des solutions simples et efficaces, en accord avec nos idéaux

[Livre] J’ai tout essayé!

Cet ouvrage d’Isabelle Filliozat est le second que je lis de l’auteur. J’avais eu une réelle révélation avec Au coeur des émotions de l’enfant. Et J’ai tout essayé! est devenu un vrai référent pour moi. Je l’ai lu d’un trait au courant du mois de janvier et depuis, je m’y réfère régulièrement, j’en relis des passages pour me le re-mémorer, pour dédramatiser une situation ou tout simplement me rassurer sur la « normalité » de certaines réactions de Little Miss Sunshine.

Je pense que c’est LE livre à lire en premier lorsque l’on commence à s’intéresser à l’éducation bienveillante. Il est simple, concis, très bien fait, bourré d’exemples et de bonnes idées à mettre en place. Il traite de la période de 1 à 5 ans, mais un ouvrage sorti il y a peu prend la relève avec la période de 6 à 11 ans.

IMG_5180

Le livre est divisé en douze parties. Une première partie plutôt généraliste, huit chapitres par âge et trois chapitres plus ciblés. Je trouve les exemples illustrés vraiment très parlant et ils illustrent vraiment bien le texte, les encarts amènent à réfléchir à sa manière de faire et donnent de nouvelles pistes.

La première partie est assez généraliste et remet les choses en place quand aux caprices, aux crises, au besoin d’amour, à la responsabilité des parents dans le comportement de l’enfant et au niveau de développement de son cerveau.

Les parties suivantes sont classées par âge de l’enfant: de 12 à 18 mois, de 18 à 24 mois, de 24 à 30 mois, de 2 ans et demi à 3 ans, 3 ans, 3 ans et demi à 4 ans, 4 ans, 4 ans et demi à 5 ans. Ils donnent à chaque fois les réactions relativement communes des enfants à l’âge défini et apporte des pistes de réactions et de réflexion pour chaque situation. Bien sûr, chaque enfant est unique et tous ne passent pas par toutes les étapes, les devancent un peu ou les précèdent, mais l’ouvrage est vraiment très bien fait.

Les trois derniers chapitres sont plus ciblés. Ils traitent de la manière de poser des limites efficacement dans la bienveillance, de la manière de réagir aux disputes d’enfants mais aussi des mensonges ou du rangement de la chambre.

L’idéal pour moi est de lire l’ouvrage d’une traite, qu’on soit concerné ou pas par la tranche d’âge traitée. Cela permet vraiment de voir l’évolution de l’enfant et d’avoir une vision globale. Ensuite, personnellement je suis souvent revenu sur les parties traitant de l’âge de Little Miss Sunshine – englobant l’âge qu’elle venait de passer et celui qu’elle n’a pas encore car comme je le disais plus haut, chaque enfant est unique et à son rythme propre.

Je vous conseille vraiment très vivement sa lecture si vous vous intéressez un minimum à l’éducation bienveillante ou si vous avez envie de découvrir une autre manière de penser l’éducation.

Et vous, des lectures coups de coeur concernant l’éducation bienveillante? 

J’ai tout essayé! Isabelle Filliozat, Marabout Poche, 5,99€.

[Préparer Bébé au Grand Départ] Le calendrier d’avant-départ

Je vous en avais déja parlé là-bas, un peu avant le départ de Papa Lou et à l’origine pour toute la durée de notre séjour en Alsace jusqu’à notre départ, j’avais confectionné un calendrier d’avant départ.

Nous pensions quitter la France environ un mois à six semaines après le départ de Papa Lou. J’avais donc confectionné un calendrier et des pochettes pour un mois environ, attendant d’avoir la date de notre départ pour le finaliser. Mais comme nous avons mis beaucoup plus de temps que prévu à partir, nous avons fini par le mettre de côté. Sans date de départ, il n’y avait plus vraiment de sens à notre calendrier.

Nous venons donc de le remettre au goût du jour, maintenant que nous connaissons notre date de départ. Little Miss Sunshine m’a aidé à coller les stickers représentant nos derniers aller-retour en voiture entre chez Mamama et Papapa et Nonna et GrandPapa, notre départ pour la Chine en avion et notre arrivée à Shanghai. Chaque soir, après le repas, nous cochons la journée qui vient de passer et nous comptons les jours qui restent jusqu’au Grand Départ.

IMG_6569

La seconde partie du calendrier consiste en une enveloppe par jour. Dans chaque enveloppe, j’ai glissé une ou plusieurs photos et une ou plusieurs gourmandises.

IMG_6602

Les photos représentent la ville de Shanghai sous différent aspect: la nuit, les parcs, les tours, les maisons typiques,… Mais aussi la gastronomie, les transports, le zoo, notre nouveau chez nous…

IMG_6570

Pour varier les plaisirs, j’ai eu l’idée de créer deux puzzles que j’ai glissé dans deux enveloppes: le premier représente une belle vue de Shanghai et le second un panda. Quant aux gourmandises, il s’agit de petits gâteaux en forme de panda et de carambars aux fruits.

IMG_6604

Je suis vraiment contente de ce calendrier. Chaque soir il nous permet de discuter, de rêver, de désamorcer des craintes sur notre nouvelle vie. Il nous permet aussi de mettre des mots sur l’absence de Papa Lou, de préparer nos retrouvailles, … Little Miss Sunshine l’a très vite intégré dans notre rituel du soir.

Et j’aime autant qu’elle compter les jours qui nous sépare encore de Papa Lou et découvrir ce que contient chaque enveloppe le soir venu… 

[Education bienveillante] La mémoire des tout-petits

Depuis que Little Miss Sunshine a assez de vocabulaire pour communiquer avec nous, je ne cesse d’être impressionné par sa mémoire. J’étais persuadé, parce que c’est ce qu’on entend le plus souvent, qu’un enfant ne pouvait pas retenir ou se souvenir de quelque chose, sauf bien sûr à lui répéter sans cesse. Et pourtant, Little Miss Sunshine a remis toutes ces affirmations en cause.

La première fois que je m’en suis vraiment rendu compte, c’est suite à notre roadtrip au Japon. Little Miss Sunshine avait de 14 mois et demi à 15 mois et une semaine. Beaucoup de personnes m’ont dit « Pourquoi vous gâcher le voyage en l’emmenant avec vous? De toute façon, elle ne se souviendra de rien! ». Je ne commenterai même pas la première partie de la phrase. Pour la seconde, j’étais déja persuadé que même si elle n’avait pas de souvenirs réels de ce voyage, il ferait parti de son expérience de vie. Elle allait déja vivre quelque chose d’exceptionnel avec nous. J’étais sûre qu’elle en garderait des odeurs, des goûts, des bruits et pourquoi pas des images.  A notre retour, nous en avons beaucoup parlé de ce voyage. Nous regardions régulièrement les photos que nous avons prise. Un an et quelques mois plus tard, si elle voit une émission à la télévision qui se situe au Japon, elle me le fait remarquer. Nous avons récemment trié les photos de notre voyage de noces (au Japon également) et Little Miss Sunshine a tout de suite reconnu les paysages. Elle a également gardé des goûts du Japon: le riz  et la sauce soja surtout. Et puis, les onigiri bien sûr.

Dans notre quotidien, aussi elle m’étonne régulièrement. Depuis qu’elle sait dire quelques mots, elle me rappelle systématiquement à chacune de nos sorties qu’il ne faut pas que j’oublie mes clefs, mon porte-feuille et mon téléphone. A force, c’est bien évidement devenu une habitude, une routine, mais au départ, c’était un bel effort de mémoire pour elle. Je ne cesse de lui parler à longueur de journée, il m’arrive donc régulièrement de lui dire « Rappelle-moi qu’il faut que nous achetions du pain avant de rentrer! ». La plupart du temps, je ne lui dit les choses qu’une fois ou deux et elle ne l’oublie pas. Récemment, je lui avais dit cela sur le chemin du retour vers chez nous après une journée à l’extérieur. Little Miss Sunshine s’est endormie dans le Boba. J’ai acheté mon pain pendant qu’elle dormait et je suis rentrée chez nous. Au moment où je l’ai posé sur le lit, elle s’est réveillée. Ses premiers mots ont été « Maman le pain! ». Je la trouve impressionnante parfois 😉

De la même manière, en février lors de notre retour à Paris, alors que nous passions devant la boutique de la retouche où j’avais emmené mon manteau pour réparer la manche au mois de novembre, Little Miss Sunshine m’a dit « Maman! Le Monsieur a réparé le manteau de Maman ». Plusieurs mois était passé et nous n’en avions jamais reparlé…

De manière générale, Little Miss Sunshine me parle souvent de choses passées: du Japon, de ses journées chez sa Nounou, de son séjour en Alsace cet hiver, de ses jeux avec Papa Lou, de notre visite de la Tour Eiffel, de nos visites au zoo,… Le plus souvent, il y a un élément déclencheur – photo, parole, image,… – que je me plais à rechercher, mais parfois c’est sans que je ne vois aucun lien avec le moment présent qu’elle me raconte des choses qui se sont passés des semaines ou des mois auparavant.

Je pensais qu’un petit enfant n’avait pas forcément une mémoire développée, et surtout qu’il ne retenait pas forcément les choses. En fait, à partir du moment où un petit enfant a compris  et intégré ce qu’il vivait, il le retient et le restitue très facilement. Et c’est pareil pour les consignes, à partir du moment où Little Miss Sunshine les comprend, elle ne les transgresse que très rarement. Au pire des cas, je lui pose une question qui lui permet de me redire ce qu’elle sait déja. Si elle se met debout sur une chaise, je lui dit juste: « C’est dangeureux! Comment peut-on se mettre sur une chaise? » et elle me répond systématiquement « Assis ou à genoux » et le fait très spontanément car c’est elle qui l’a dit et non pas moi.

Je suis de plus en plus persuadé qu’une des clefs est de faire participer les petits à tous les aspects de nos vies et de leur faire confiance pour nous épater!

[Education bienveillante] La coopération

Depuis son plus jeune âge, Little Miss Sunshine participe à la vie en communauté que nous avons instauré chez nous. Pour moi, il ne s’agit ni d’aide, ni d’obligation, mais plutôt d’une manière de faire tourner notre ménage et de participer et coopérer chacun à notre niveau. C’est également une jolie manière de valoriser les apprentissages de l’enfant et de lui permettre de se rendre utile à son échelle

A peine commençait-elle à se lever en se tenant à la table basse – elle devait avoir 7 mois environ – qu’elle a commencé à participer à l’élaboration des repas. C’est assis en tailleur au sol, sur la table basse, que nous préparions le repas pour être à son niveau. Elle a très vite commencé à prendre les légumes coupés pour les jeter dans un récipient ou une casserole par exemple ou à ramasser les épluchures pour les mettre dans un autre récipient. Plus tard, elle a commencé à nous chercher les ingrédients nécessaires à l’élaboration du repas. Papa dans le salon lui demandait de chercher telle ou telle épice qu’elle s’empressait de venir me demander dans la cuisine. Depuis quelques mois, elle ramenait également les plats et les bouteilles du salon à la cuisine ou inversement et partait même chercher seule certains ingrédients dans le réfrigérateur. La préparation du repas du soir a toujours été un grand moment de complicité entre Little Miss Sunshine et Papa Lou.

LMS coopération

A peine arrivait-elle à marcher qu‘elle m’aidait à ramener le linge sale dans la cuisine et à le mettre dans la machine à laver. C’était notre petit moment complice du matin pendant une longue période. On triait le linge par couleur, on le ramenait dans la cuisine avant de le mettre ensemble dans la machine à laver. Je lui montrais alors comment on met la lessive et comment on choisi le programme approprié et elle restait de longues minutes assise devant la machine à regarder le linge tourner à travers le hublot. Je garde de jolis souvenirs de ces doux moments.

Depuis quelques mois, Little Miss Sunshine aime laver la vaisselle. Comme nous avions deux bacs, je lui laissais régulièrement laver la partie incassable de la vaisselle tandis que je faisais la vaisselle dans le second bac. Elle aime également faire de la pâtisserie et je la laisse régulièrement gérer en quasi-autonomie la préparation de certaines pâtisseries. Elle passait aussi régulièrement l’aspirateur à main que nous avions à Paris ou la balayette  pour ramasser les miettes sous la table après le repas.

Actuellement, elle développe beaucoup sa motricité fine et est très demandeuse à ce niveau. Elle sait se servir seule avec une bouteille. Elle sait transvaser un liquide entre deux tasses ou verres. Elle a adoré écosser les petits pois sur le balcon dans la fraicheur du soir d’été chez Nonna et GrandPapa. Elle m’a bluffé en ôtant la coquille des oeufs durs avec une précision et une délicatesse que je ne lui connaissais pas. Et quelle fierté pour elle de le raconter à Papa Lou sur Facetime le lendemain! 

Coquilles d'oeuf

Je ne lui demande que rarement. En règle générale, c’est elle qui vient me demander: « Maman, je peux te t’aider? ». Et c’est avec un grand sourire que je lui répond. Il s’agit bien là de coopération et non d’obligation.  Certain jour quand je lui propose de m’aider, j’essuie un refus catégorique. Je n’insiste pas. Cinq minutes plus tard ou le lendemain, elle est à nouveau ravie de se rendre utile. Je valorise toujours ses initiatives. Je lui explique à quel point elle m’a aidé, que j’ai gagné du temps, que je n’ai pas eu besoin de me relever plusieurs fois, que grâce à elle nous allons terminer plus tôt et partir au parc plus vite…

Bien sûr, certain point demeure problématique. Notamment en ce qui concerne le rangement des jouets. La plupart du temps, soit j’essuie un refus catégorique de ranger, soit au mieux j’obtiens sa coopération quand je propose de ranger avec elle. Régulièrement je le fais seule. Et puis certains jours, on trouve d’autres manières, on joue à ranger. C’est à celui qui lance le plus de balles dans la corbeille, à celui qui met le plus grand nombre de bonhommes playmobil dans la boite, à celui trouve trouve le plus de jouets rouge à ranger dans le coffre,… Et ça marche… Bizarrement, elle est toujours de bonne volonté pour m’aider à ranger nos affaires et rarement d’accord pour ranger ses affaires. Mais la problématique sera bientôt différente puisqu’elle aura enfin sa propre chambre dans notre appartement shanghaien!

Et vous, faites vous participer vos enfants à la vie du ménage?

[Education bienveillante] Alimentation des tout-petits

Grâce à l’allaitement, je ne me suis jamais vraiment demandée quelles quantités de lait pouvait bien boire Little Miss Sunshine, et je pense que cela m’a vraiment conditionné dans ma manière d’appréhender l’alimentation de Little Miss Sunshine de manière très détendue.

Je l’ai toujours laissé décidé de ce qu’elle voulait manger, que ce soit en quantité – dès sa naissance avec l’allaitement à la demande – ou en sortes d’aliments – à partir de la diversification.

Bien sûr, j’essaie de limiter le sucre (chocolat, bonbons, gâteaux …) mais pour le reste c’est à volonté et quand elle le désire. J’ai trouvé une astuce qui fonctionne très bien avec Little Miss Sunshine en ce qui concerne le chocolat et les bonbons, dès qu’elle a commencé à en manger, je lui ai expliqué qu’on ne pouvait en manger qu’un par jour. Quand elle me réclame un chocolat par exemple, je lui demande combien de chocolat on peut manger par jour et spontanément elle me répond: « un par jour ». Suivant le moment de la journée, elle change elle-même d’avis suite à sa réponse et me dit par exemple: on prend un chocolat au goûter, OK?

Si elle me réclame à manger, un fruit, un gâteau ou un légume, je ne ne lui refuse jamais. Je pense que si elle le demande, elle en ressent le besoin et ça ne l’a jamais empêché de vider son assiette.

A table, j’essaie de lui servir des quantités raisonnables dans son assiette. Je la laisse se resservir si elle en ressent le besoin. Nous avons instauré une petite phrase clef, quand je trouve qu’elle mange peut être un peu trop: « Est-ce que tu as assez mangé? Qu’est-ce qu’il te dit ton petit ventre? » Et ca marche très bien. Elle s’écoute bien.

Little Miss Sunshine n’a jamais été difficile jusqu’à aujourd’hui. Elle mange de tout et régulièrement. Il y aura bien évidement des jours où elle va préféré les féculents, d’autres où elle mangera plus de sucré et puis finalement le troisième elle me fera une cure de fruits et légumes, alors je lui fais confiance. Depuis ces deux ans, au moment de préparer le repas, elle m’annonce souvent qu’elle n’a pas l’intention de manger quelque chose: « Maman, je veux pas les champignons! » Alors que le champignon reste son légume préféré. Mais ce jour-là impossible de lui en mettre dans l’assiette et je ne parle même pas de lui faire goûter. Alors je propose, et puis je laisse tomber. Elle a besoin de savoir qu’elle a le droit de faire des choix…

Depuis toute petite, elle participe à l’élaboration de quasiment tous les repas. Elle prend les aliments en main, les mets dans les différents plats, m’aident à jeter les épluchures à la poubelle, part me chercher une bouteille dans le frigo, m’aide à mélanger les ingrédients… Elle est très curieuse des ingrédients qui composent son repas. Sa participation permet également de lui offrir le choix de ce que nous préparons à manger chaque jour. Elle m’aide même à élaborer ma liste de courses en fonction de ses envies.

Les jours où pour une raison quelconque elle ne touche même pas à son assiette, c’est extrêmement rare, mais ça arrive, je lui propose de goûter plusieurs fois, j’essaie de changer de tactique (« Tu veux manger dans l’assiette de Maman? », « Tu veux manger avec une cuillère/fourchette/les mains? ») et puis si rien n’y fait je laisse tomber. Je ne lui propose jamais de changer de plat. Par principe. Si elle ne veut pas manger, je respecte son choix. Au sortir du repas, je lui propose un laitage comme à mon habitude, ce qu’elle s’empresse d’accepter. Au réveil de la sieste, je reste à son écoute au cas où elle ressentirait le besoin de manger quelque chose avant l’heure du goûter. Je lui propose alors un fruit ou une compote en règle générale.

Je ne me suis jamais inquiétée de la quantité de nourriture que Little Miss Sunshine avale. Il y a des jours où elle mange plus, d’autres moins, des périodes un peu plus difficile que d’autres, mais je ne veux surtout pas que le moment du repas devienne un moment de tension, alors je l’écoute et je respecte ses choix, tout en restant intransigeante sur mes propres choix (ne pas proposer un repas alternatif).

Et chez vous, ça se passe comment à l’heure du repas?