[Carnet d’expat] Marché couvert chinois

Au détour d’une rue commerçante, une ruelle couverte abritant un petit marché s’ouvre devant moi. Je ferme mon parapluie et m’y engouffre avec plaisir. L’heure du déjeuner approche et les douces odeurs de la cuisine shanghaïenne viennent me chatouiller les narines. Un marchand de fruits et légumes assis au milieu du chemin sur un petit tabouret de bois usé épluche un légume qui m’est inconnu. Les pelures tombent à même le sol, sur les petits carreaux jaunâtres usés par les milliers de Chinois passés par ici avant moi. Je jette un coup d’oeil à son étal. Des mandarines, donc une coupée en deux pour montrer son produit aux acheteurs, à moitié desséchée fait triste sur les petites boules oranges vifs. Des fraises. Certaines dans des barquettes sous film alimentaire, d’autres joliment empilées dans des bassines métalliques. Elles sont bien rouge et plutôt grosse. Il parait qu’autour de Shanghai, dans la campagne environnante les fraises poussent sous serre durant les mois d’hiver. Et puis d’autres fruits encore, dont je en connais pas le nom. Je les vois pourtant souvent et serai bien curieuse de les découvrir. Notamment une petite boule marron jaunâtre qui me fait envie. Elle est retenue par grappe avec ses copines, sur une petite branche. Il me semble que l’extérieur est plutôt dur, un peu comme un litchi dont il faudrait enlever cette partie très croquante. A côté, un poissonnier. Ou plutôt, une poissonnière. Elle me sourit et me montre ses crabes et ses tortues. Les crabes sont prisonniers, mais vivant dans de grands bacs en inox au fond percé. Des sortes de paniers en inox recouvert d’une plaque de verre pour laisser tout loisir à l’acheteur de vérifier la fraicheur de la marchandise avant l’achat. Certains sont déjà noué, et prêt à l’achat. Une cordelette grise et blanche les empêche de bouger. Ils sont ficelés, comme nous ficelons nos cadeaux à Noël. Ils me font mal au coeur. Et que dire des tortues à carapaces molles, prisonnières d’un filet en plastique rouge, qui trônent sur l’étal juste à côté des paniers de crabes. Je poursuis mon périple. Un peu plus loin, un boucher. Plusieurs personnes s’affairent, négocient, tâtent la viande devant l’étal. Une femme boucher découpe un morceau de porc avec une énorme hache. La client parle fort, gesticule. Les négociations se poursuivent. Le boucher fini par lui tendre sa facture et son sac en plastique transparent contenant tous ses achats. Mon regard est attiré par ses mains recouvertes de gants en tissus blanc couvert de sang et le bout de papier ensanglanté qu’il tient entre deux doigts. La viande est belle. Du porc. Uniquement du porc. Des morceaux qui ne me sont souvent inconnus. Contrairement aux apparences, la viande est fraîche et ne sent pas. Un autre boucher prépare des rognons pour une cliente. Je regarde ses mains agiles courir sur le couteau avant de séparer les abats en deux et d’en enlever certaines parties blanchâtres. Mes oreilles m’attirent vers un étal un peu plus loin. Un vendeur d’épices. Il y a beaucoup de choix. Je reconnais des baies de poivre noir et de poivre du Sichuan. Mais d’autres jolies baies rouges ou blanches ornent son étal dans de jolis petits sacs de jute. Le vendeur d’épices est en train de moudre un mélange pour deux clientes. Il s’y reprend à plusieurs fois avec son vieux mixeur en inox avant de montrer le résultat aux deux femmes. Il y a beaucoup de poissonniers dans ce petit marché couvert. La plupart possèdent des bacs en polystyrènes rempli d’eau où s’entassent des dizaines de poissons ou de creveetes vivants, mais incapable de bouger compte tenu de l’espace. D’autres, une minorité, présentent leurs poissons morts, parfois découpés, sur de la glace. La plupart ont accroché, au-dessus de leur tête des poissons salés qui sèchent. L’odeur est forte à ses endroits. Beaucoup de vendeurs proposent des plats préparés à la minute ou réchauffé à la vapeur ou au wok à emporter. Toutes ses odeurs me donnent faim. Il est déja l’heure de rentrer préparer le déjeuner. Juste en quittant le marché couvert, je passe devant l’étal d’une petite vendeuse de pelote de laine. Elle n’a que quelques pelotes de couleurs à vendre. De jolies pelotes vertes pommes me font de l’oeil. J’hésite, puis repars finalement sans rien acheter. Il sera toujours temps de revenir un jour prochain si l’envie m’en prend…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *