[Education bienveillante] Parler de la mort à un enfant de 2 ans

Je ne pensais pas avoir à le faire de si tôt, et pourtant, ça y est. Little Miss Sunshine vient de vivre son premier deuil.

Bien avant la naissance de Little Miss Sunshine, nous avons accueilli deux octodons mâles dans nos vies: Sen et Haku. Ce sont deux petits écureuils terrestres du Chili aussi appelés Dègues du Chili. Ce n’est pas notre première expérience avec ces petits animaux puisque nous avions déja été les heureux hôtes d’une petite femelle, Dolly, qui avait atteint le bel âge de quatre ans et demi.

Haku

Depuis quelques semaines, Haku avait beaucoup maigri. Je savais qu’il ne vivrait pas jusqu’à notre départ. Je m’étais préparée à devoir en parler à Little Miss Sunshine, mais je pensais qu’elle n’allait pas être trop touchée par cette mort parce qu’elle ne le comprendrait pas. Et j’ai eu tord.

Little Miss Sunshine a 26 mois et demi. Et elle est déja capable de comprendre des choses que mon inexpérience pensait impossible. J’avais réfléchit à la manière de la préparer à cette mort, à la manière de lui en parler au moment venu, mais je ne m’étais pas préparée à sa réaction.

Dès que j’ai compris qu’Haku ne vivrait pas jusqu’à notre départ, j’ai commencé à lui expliquer qu’il était très malade, qu’il n’arrivait plus à manger, qu’il fallait être douce avec lui. Ca a duré environ une semaine. Elle m’en a souvent parlé. Je n’ai pas insisté lui répétant juste que Haku était un très vieux Monsieur et qu’il était aujourd’hui très malade.

Dimanche, l’état d’Haku s’est aggravé. Nous avons choisi de le garder près de nous. Little Miss Sunshine lui a prêté un des paniers avec lesquels elle joue aux poupées. On l’a installé là avec de la nourriture, de l’eau et nous l’avons mis dans un bonnet pour qu’il ait bien chaud. Little Miss Sunshine est souvent allée le voir. Elle demandait de ses nouvelles. Elle voulait tenir son biberon pour lui donner à boire.

Et puis mardi soir, j’ai bien senti que c’était la fin. Alors j’ai pris Haku dans mes bras pour le réchauffer et le soutenir dans ses derniers instants. Little Miss Sunshine était à côté de moi. Elle a bien compris que quelque chose se passait. Je lui ai expliqué que ce soir, la priorité serait à Haku. Que Papa Lou allait prendre le relais pour le dîner et le coucher. Elle a tout de suite compris et a accepté relativement facilement de changer ses rituels.

Nous lui avons expliqué que Haku était très vieux et très malade, qu’il allait probablement nous quitter dans la nuit pour rejoindre le petit Jésus. Elle nous a dit qu’elle n’était pas d’accord, qu’elle voulait qu’il reste avec nous. Nous lui avons expliqué que ce n’était pas possible. Qu’il avait eu une belle vie avec Sen, avec nous. Qu’il fallait le laisser partir. Qu’il serait bien avec le petit Jésus, qu’il ne manquerait de rien.

J’avais réfléchi aux termes que j’utiliserai pour lui expliquer. Je ne voulais pas parler de « mort », ça me semblait trop difficile – trop difficile pour moi en tout cas. Je ne voulais pas lui parler de « partir au ciel ». Papa Lou prend régulièrement l’avion, nous allons reprendre l’avion sous peu, j’avais trop peur d’un amalgame dans sa petite tête d’enfant. Parler de « rejoindre le petit Jésus » m’a semblé une jolie manière de lui expliquer. Catholiques, nous avons beaucoup parlé de la naissance de Jésus à Little Miss Sunshine à Noël. C’est d’ailleurs ce que nous avons fêté. La naissance de Jésus. Point de Père Noël chez nous.

A l’heure du coucher, Haku était toujours dans mes bras. J’ai lu son histoire à Little Miss Sunshine. Je lui ai demandé si elle voulait faire un dernier bisou à Haku avant qu’il ne rejoigne le petit Jésus. Elle lui a fait un bisou, lui a dit qu’elle l’aimait et qu’elle ne voulait pas qu’il parte. Nous sommes sortis de la chambre. Quelques minutes plus tard, Haku nous avait quitté.

Mais Little Miss Sunshine avait compris. Elle nous a appelé. Elle est ressorti de sa chambre en disant « Maman souci! ». (Je lui rappelle tous les soirs que si elle a un souci durant la nuit, nous sommes juste à côté, qu’elle peut nous appeler ou venir nous rejoindre, ce qu’elle n’avait encore jamais fait). Elle a pleuré en appelant « Haku ». Elle ne voulait pas retourner dans son lit. Nous lui avons proposé de passer la nuit dans notre lit exceptionnellement. Elle s’est endormie blottie contre moi.

La nuit a été calme. Mais le matin venu, Little Miss Sunshine s’est réveillée en sanglotant et en marmonnant « Haku ». Une fois entièrement réveillée, ses premiers mots furent « Maman, Haku parti chez petit Jésus » suivi de « Veux pas ». Elle avait compris. Elle avait tout compris. Je l’ai écouté, je l’ai rassuré, je l’ai prise dans mes bras, je lui ai répété qu’il était bien là où il était et qu’il avait eu de la chance d’avoir une belle vie entourée de gens qui l’aimaient tant. Et puis, Little Miss Sunshine est passée à autre chose.

Je ne m’attendais pas à ce qu’elle comprenne aussi bien. Je m’attendais à avoir des centaines de « L’est où Haku? », mais pas de pleurs, pas d’anxiété aussi marqués. Je ne pensais pas qu’elle comprendrait vraiment le départ d’Haku. Encore une fois, elle m’a impressionnée. Depuis mercredi matin, je n’ai plus vraiment eu de questions de sa part sur le sujet. Mais je reste à l’affût et à l’écoute. Que ce soit de ses mots, de ses attitudes, de ses angoisses, de ses craintes. Au cas où le sujet n’était pas tout à fait clos pour elle…

Et vous, avez-vous déja eu à parler de la mort à vos tout-petit? Comment vous y êtes-vous pris? 

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