[Expatriation] La pollution à Shanghai

Voilà un sujet que je veux traiter depuis longtemps sur le blog, mais sur lequel j’ai tardé à écrire. Et pourtant, j’ai toujours beaucoup de questions sur ce sujet à chaque fois que j’en parle sur Instagram.

Alors voilà un petit résumé de ce que je peux vous dire sur la pollution à Shanghai au bout de près de cinq ans de vie ici.

Quand nous sommes arrivés en Chine, il y a près de cinq ans maintenant, la pollution était beaucoup plus importante qu’aujourd’hui. C’est un des sujets qui me posait d’ailleurs fortement question alors que nous étions sur le point de venir vivre ici. Nous avons d’ailleurs notamment vécu un pic de pollution à plus 500 durant près d’un mois l’hiver juste après notre arrivée. C’était au mois de décembre et janvier, et nous avions eu la chance de rentrer en France pour les fêtes de Noël. Nous ne gardons donc que peu de souvenirs de cet épisode, puisque nous avons eu la chance de ne vivre que les premiers et les derniers jours.

Depuis cette période nous n’avons plus eu d’épisode de pollution aussi haut et aussi long. Et il faut bien le dire, aujourd’hui, les taux de pollution ne sont plus les mêmes. Globalement, la pollution à Shanghai a largement baissé. Nous avons régulièrement des périodes où le curseur est dans le vert, donc l’indice de qualité de l’air est en-dessous de 50. C’est d’ailleurs régulier au printemps, en été et à l’automne, ce qui était tout de même assez rare quand nous sommes arrivés.

D’où vient la pollution? 

Les facteurs sont évidemment nombreux. Tout d’abord, Shanghai est une très grande ville de quelques 27 millions d’habitants officiels. La pollution est donc déja provoqué par la concentration de tout ce monde et du traffic que cela implique. A noter tout de même que ces dernières années les voitures hybrides ont été largement privilégiés et on en voit vraiment beaucoup ici. Le gouvernement à mis en place une plaque d’immatriculation « verte » gratuite pour ceux qui achètent et utilisent des voitures hybrides. Quand on sait qu’une plaque d’immatriculation à Shanghai coûte l’équivalent de 10 000 euros, on comprend vite pourquoi les voitures hybrides se sont multipliées aussi rapidement.

En hiver, on a également la pollution due au chauffage, même si globalement les Shanghaiens ne chauffent que très peu. Il faut savoir que par décision du gouvernement centarl, longtemps la Chine a été coupé en deux au niveau du fleuve Yangtse. Au Nord du Yangtse, tout le monde était autoriser à avoir un moyen de chauffage, mais pas de climatisation et au sud du Yangtse, tout le monde avait le droit d’avoir la climatisation, mais pas de chauffage. Shanghai est juste au Sud du Yangtse. Traditionnellement, les Shanghaiens n’ont donc pas pour habitude de se chauffer l’hiver, mais plutôt de multiplier les couches de vêtements.

Et toutes les usines qui sont autour de Shanghai participent évidement également à la pollution de la ville.

Une autre chose à prendre en compte durant ses mois d’hiver, est que les paysans dans les campagnes environnantes brûlent les branchages et autres résidus des récoltes passées – comme cela se faisait encore beaucoup en France également il y a quelques dizaines d’année -, et provoquent donc des fumées et également de la pollution.

La pollution se fait moins présente à partir du printemps et jusqu’au mois de novembre environ, même si on peut toujours avoir des pics, ils durent vraiment moins longtemps. Au mois de novembre environ, les vents tournent et à la place de venir de la mer et de nous apporter un air frais et sain, l’air vient alors des terres, des autres villes et des campagnes environnantes et est donc beaucoup plus chargé que durant les autres saisons.

Le gouvernement de Shanghai a les moyens de faire baisser la pollution. Ils n’hésitent pas durant les grandes expositions internationales, -comme c’était encore le cas en novembre-, à stopper toutes les usines autour de Shanghai et à interdire aux entreprises d’état et aux écoles de faire circuler leur bus et à inciter les gens à rester à la maison, pendant plusieurs jours. Résultat, le traffic diminue, la pollution des usines diminue et on se retrouve avec une ville sans aucune pollution. Des solutions sont donc ponctuellement trouvées pour montrer au niveau internationale qu’il est possible de faire diminuer la pollution. Cela leur permet également au gouvernement de faire des tests grandeur nature pour voir ce qui pourrait être fait à l’avenir.

Personnellement, je pense vraiment que le jour où il y aura eu une vraie prise de conscience du problème de la pollution, que ce soit parce qu’un problème aura directement impacté le gouvernement, soit parce qu’il y aura une vraie prise de conscience collective globale, tout ira très vite pour que la pollution diminue drastiquement. En règle générale en Chine, les solutions sont radicales et le jour même de l’application des décisions, tout le monde n’a d’autre choix que de suivre.

Qu’est ce qu’on a mis en place pour protéger notre famille de la pollution? 

Juste pour information, pour ceux qui ne serait pas familier du sujet, un indice de qualité de l’air (AQI) existe. C’est une mesure de la qualité de l’air, permettant de synthétiser différentes données sous la forme d’une valeur unique. Généralement, on utilise l’AQI des Etats Unis, mais la Chine a également son propre AQI qui diffère légèrement (il est toujours un peu moins alarmiste que son homologue américain).  Personnellement, je n’utilise que l’AQI US ou le taux de particules (qui diffèrent encore) qui est indiqué par mes purificateurs d’air.

A partir de 150 (AQI US), en Europe et aux Etats Unis, on dit que l’air n’est vraiment pas bon. Les enfants, les personnes âgés et les personnes à risque – notamment celles ayant des problèmes respiratoires – ne devraient pas sortir. Concrètement, nous avons eu trois semaines en ce mois de janvier où les journées où le taux de pollution a été inférieur à 150 ont été exceptionnelles.

Cela veut dire que durant ces trois semaines, nous n’aurions pas pu sortir de chez nous. Ce n’est évidement pas réalisable. Alors que faire pour se protéger? 

A l’intérieur de l’appartement, nous avons des purificateurs d’air dans chaque pièce: un dans la chambre des enfants, un dans la nôtre et trois dans la pièce à vivre. Ils fonctionnent 365 jours par an, 24h/24 en mode automatique. Et quand la pollution est trop haute, ils sont mis en marche forcée pour accélérer le filtrage de l’air.

Nous avons deux nouveaux purificateurs de la marque Mi que nous avons acheté l’hiver dernier et que nous pouvons régler. Dès que le taux de particules dépassent les 20, nos deux nouveaux purificateurs se mettent automatiquement en marche forcée. Evidement, la marche forcée fait du bruit puisqu’on a le bruit du ventilateur qui fait circuler l’air et au bout de la journée, quand l’air et vraiment mauvais, j’ai parfois l’impression d’avoir la tête qui bourdonne… Tant que la pollution ne dépasse pas les 150 (AQI US) à l’extérieur, c’est assez simple de conserver un air sain à l’intérieur, malheureusement, dès que l’on passe au-dessus de 180, ça devient très difficile de conserver un air correct, en-dessous de 50 (AQI US) dans l’appartement.

Nous avons également un « oeuf » de la marque Origins, qui est en fait un détecteur de pollution et qui permet de calculer en temps réel la concentration en particule de l’air et qui nous donne l’AQI US pour avoir une idée de la qualité de l’air dans la pièce où se situe l’oeuf. Comme il est autonome et facilement transportable, on peut vérifier différentes pièces ou même le placer à l’extérieur.

J’utilise également trois applications, l’une chinoise et deux autres qui sont des applications internationales, que vous pourrez également facilement utiliser. Il s’agit des applications Air Visual, qui a de bonnes prévisions à trois jours – même si les prévisions vont jusqu’à sept jours-, et Air Matters, où l’on trouve les détails sur les taux de particules mais également sur les autres polluants de l’air.

A l’intérieur de la maison, nous sommes donc relativement bien équipé. La question reste donc quand nous sortons de chez nous.

Globalement, j’évite de sortir jouer à l’extérieur avec les enfants si ce n’est pas absolument nécessaire quand la pollution est au-dessus de 150 (AQI US). Nous évitons au maximum de sortir de chez nous quand la pollution dépasse les 200 (AQI US) Je garde d’ailleurs les enfants à la maison dans ces cas-là. En dessous de 150, nous vivons absolument normalement.

L’hiver dernier, après un énième pic de pollution, nous avons acheté des purificateurs d’air portable aux enfants. Ce sont des petits appareils qu’ils peuvent porter autour du cou. Je n’étais pas convaincu, mais je me suis dit que ça serait toujours mieux que rien et force est de constater que ça fonctionne vraiment. Si on les mets à proximité de notre « oeuf », on voit rapidement le taux de particules baisser.  Il s’agit en fait de ionisateurs qui font tomber les particules autour des voies respiratoires et évitent ainsi de les respirer. Mais le ionisateur est efficace uniquement quand on est immobile, dans une position statique et c’est justement pour ça que nous le avons acheté, pour diminuer les particules ingérer par nos enfants dans les transports scolaires. Ils y passent chacun deux heures par jour et par expérience, je sais que les enfants ne gardent pas un masque sur leur nez aussi longtemps. Ils les portent autour du cou dans le bus dès que la pollution dépasse les 150 (AQI US)

Aussitôt que l’on marche ou que l’on court, le purificateur portable est inefficace. Ils ont donc chacun également des masques avec filtre à charbon. J’ai également mon masque de la marque Vogmask que je porte dès lors que la pollution dépasse les 180(AQI US) et que je dois sortir longtemps ou faire du vélo. Je sens personnellement assez rapidement la pollution:  je suis essoufflée, j’ai mal aux muscles des cuisses, je me sens lasse. Par contre, je déteste porter un masque et c’est bien pour cela aussi que j’ai acheté un purificateur d’air portable aux enfants.

Dès que les enfants arrivent à l’école, ils ont des purificateurs d’air dans toutes les salles de classe. Quand la pollution est supérieur à 180 (car c’est la norme en Chine) les enfants ne sortent plus. Il y a certaines écoles où ils y a des espaces intérieurs avec des purificateurs pour jouer et se défouler – comme c’est le cas dans l’école de Little Smiling Buddha-, dans d’autres écoles, les enfants restent juste sous le préau intérieur – comme c’est le cas dans l’école de Little Miss Sunshine.

En temps de fortes pollution, je vérifie une ou deux fois par jour le taux de pollution sur les applications pour suivre l’évolution et savoir si je peux sortir avec les enfants, mais aussitôt que le printemps est de retour, je vais très rarement vérifier, uniquement quand je le sens ou que je le vois (a l’aspect laiteux de l’air). Je ne veux pas non plus que la pollution vire à la paranoïa…

Nous avons vécu sept ans à Paris, dans le 19ème arrondissement, avec mon mari et Little Miss Sunshine y est née. Et j’y ai été beaucoup plus gênée par des soucis de santé liés à la pollution, que depuis que nous sommes à Shanghai, qui est pourtant réputé pour être une ville plutôt pollué. J’avais régulièrement le nez très sec, au point d’en avoir vraiment mal au nez, j’avais les yeux secs, des maux de gorge et j’étais d’ailleurs allé voir le médecin et la pharmacie à ce sujet, mais on m’avait rit au nez en me disant que ce n’est pas possible que ce soit la pollution, que j’avais simplement une allergie.

Avec le recul évidement que c’était la pollution. Le ciel était régulièrement laiteux à Paris, parfois il l’était tellement que nous ne voyions pas clairement le bâtiment en face du nôtre depuis notre fenêtre. Mais le pire, c’est qu’en France, on n’en parlait pas, qu’on n’avait aucun moyen de se protéger des particules fines. Il faut bien prendre conscience que la pollution est présente partout, y compris en France et notamment à Paris. 

J’ai également été malade à cause de la pollution à Shanghai, notamment des maux de tête quand la pollution monte au-delà de 200. A Paris, on n’arrive jamais à ses taux-là, et pourtant ma gêne était plus présente au quotidien.

A titre indicatif, voilà quelques symptômes provoqués par la pollution atmosphérique: essoufflement rapide dans l’effort limité -en montant un escalier, en faisant un trajet quotidien en vélo -, sécheresse des muqueuses – nez très sec et qui peut jusqu’à faire mal, yeux qui grattent, yeux secs – gorge sèche ou qui gratte, sécheresse de la peau inhabituelle – main, visage, jambe -, maux de tête, migraine, lassitude, fatigue extrême, … Ce sont des indices qui peuvent vous mener à vérifier d’une manière ou d’une autre la qualité de l’air que vous respirez, que vous habitez à la ville ou à la campagne, en France ou ailleurs dans le monde.

Je pense que malheureusement, la pollution n’est pas un problème qui touche uniquement la Chine. On est tous impacté par la pollution atmosphérique, on doit tout se poser des questions sur l’air que l’on respire, que l’on habitude à la ville ou à la campagne. J’ai eu de nombreux retours après avoir évoqué tout cela sur mon compte Instagram et force est de constater que vous étiez d’horizon très différents, en France ou ailleurs dans le monde, en ville ou à la campagne… Vous avez été plusieurs à prendre conscience du problème de la pollution atmosphérique là où vous vivez suite à mes stories sur le sujet.

Et vous, avez-vous déja vécu des épisodes de fortes pollutions atmosphériques? 

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