DIY – Savon au lait maternel

Lorsque j’ai parlé de notre réalisation de savon au lait maternel sur Instagram, vous avez été nombreux à me demander notre recette. Je vais donc vous parlez de la réalisation de savons maison dans cet article.
Ce n’est vraiment pas compliqué de réaliser son propre savon, mais comme il s’agit tout de même d’une réaction chimique avec la soude, qui peut être dangereuse si elle n’est pas maîtrisé, je vous conseille de bien vous renseigner sur le sujet auparavant et de bien vous protéger (gants, protection pour les yeux, matériel qui touche la soude à usage uniquement de la préparation de savon) au moment où vous le réalisez. Je ne donnerai ici aucune recette exacte, car il me semble important que vous prépariez votre propre recette parce que nous n’avons pas tous le même type de peau, mais également parce que je n’ai rien d’une experte en la matière, car les dosages sont vraiment importants et que vous trouverez tous les détails sur des sites de calculs spécifiques pour faire du savon.
Pour les ingrédients, il vous faudra:
  • de la soude caustique
  • de l’eau 
  • du lait maternel (à titre indicatif, une quinzaine de centilitres suffisent pour un pain de savon de 900g environ)
  • des huiles en fonction de vos envies et de vos besoins 
Pour commencer, c’est l’étape la plus délicate: celle du mélange de la soude et de l’eau. Une réaction chimique est créé qui provoque beaucoup de chaleur et qui peut vous brûler. Personnellement, nous mettons un glaçon pour refroidir l’eau et éviter ainsi que la température ne s’envole. On arrive ainsi à éviter de dépasser les 70 degrés. Surveiller la température de l’eau avec une sonde (qui ne sera utilisée que pour faire du savon puisqu’elle est en contacte avec la soude). Si vous ajoutez du lait maternel, il faut mettre cette même quantité d’eau en moins (dans notre cas, 15cl d’eau en moins) et quand la réaction entre l’eau et la soude a refroidi un peu, y ajouter le lait maternel.
Ensuite, on prépare le mélange d’huiles que l’on a choisi en fonction de ce dont on a besoin: savon surgras, savon très dur… et on les fait légèrement chauffer (<30 degrés) pour faire fondre les huiles qui sont la plupart du temps solides. Personnellement, nous avons utilisé notamment du beurre de cacao, de l’huile d’olive, de l’huile de coco,… 
Enfin, on verse la soude + eau + lait maternel dans les huiles et on mélange vivement. On peut utiliser un vieux mixeur-plongeur que l’on gardera uniquement pour cet usage, pour vraiment bien mélanger et aller plus vite, jusqu’à ce que la trace apparaisse. La trace, c’est simplement le fait de bien voir apparaître la trace du mixeur ou de la cuillère en bois dans le mélange.
À ce moment là -l’apparition de la trace -, c’est le moment d’ajouter des huiles essentielles ou du colorant ou encore des fleurs séchées ou de l’argile si vous en avez envie. Personnellement, nous ne l’avons jamais fait.
Enfin, il faut verser le savon dans un moule. On peut acheter des moules spécifiques pour le savon, mais on peut aussi utiliser un vieux moule à gâteau ou des petits moules à mini-muffins qu’on destinera à cet usage, par exemple. Les moules en silicone fonctionnent très bien, car on peut bien en sortir le savon. Il ne reste plus qu’à mettre le moule à sécher dans un endroit frais et sec pour deux jours.  
Au bout de deux jours, le savon est déja sec mais pas complètement. C’est le moment de le couper en pain à la taille souhaitée ou de démouler les mini-savons.
C’est aussi le moment de graver un message sur les savons, si vous en avez envie.
Pour finir, le savon doit sécher sur une planche en bois pendant un mois dans un endroit frais et sec. Le mieux pour les premières fois est d’acheter des languettes pour tester le PH de vos savons, ça vous permettra de vous rassurer et d’être sûr que toute la soude a bien disparu au moment de l’utiliser.
Afin de vous aider dans le choix de vos huiles, je vous conseille de trouver un site qui décrit bien les spécificités de chaque huile.
Pour le grammage exact, je vous conseille le site soapcalc.net. Il est très précis et vous donnera les quantités exactes pour chaque ingrédients – chaque huile choisie, la soude, l’eau – en fonction de la recette que vous aurez créé.
N’hésitez pas à me laisser un commentaire si vous testez les savons maison! 

Nos cadeaux de Noël minimalistes

Depuis quelques années, nous essayons de réduire au maximum le nombre de jouets / de cadeaux reçus par les enfants et offerts à Noël (et aux autres fêtes d’ailleurs également). Nous n’avons aucune envie d’entrer dans la surconsommation de cette période et d’apprendre ce gâchis à nos enfants et nous voulons plutôt qu’ils gardent en tête la magie de faire et d’offrir et les beaux moments en famille.

Tout a commencé avec la naissance de Little Miss Sunshine. Nous vivions alors dans 39m2 à trois, avec une seule chambre et une pièce à vivre. Autant dire que nous sommes restés minimalistes dans nos achats en puériculture et jouets pour bébé et que nous avons demandé à nos familles de respecter ce choix, sous peine de ne plus pouvoir nous retourner dans notre appartement. Même si avec le recul, nous avions trop de choses…

Et puis nous sommes partis vivre en Chine, à Shanghai. Dans un appartement d’un peu plus de 150m2, nous n’avions pas le même problème, mais nous n’avons emmené que quelques affaires auxquelles nous tenions particulièrement et quelques habits (un conteneur par avion de moins de 150kg pour trois personnes) et nous avons apprécié ce minimalisme auquel nous avons réussi à nous tenir durant plusieurs années. Nous avons évidement dû acheter quelques meubles pour ce nouvel appartement, mais il était en grande partie déja meublé. A Noël, nous emmenions une valise vide en France que nous remplissions avec les cadeaux de Noël des enfants pour le retour à Shanghai, mais pas plus. 

Et puis il y a quatre ans environ, nous avons commencé à faire de plus en plus régulièrement nos cadeaux de Noël nous-même pour les offrir à la famille. Nous trouvons que le geste est d’autant plus fort que c’est quelque chose qui est vraiment fait / créé pour quelqu’un en particulier, il ne s’agit pas juste de rentrer dans un magasin et de prendre la première carte cadeau, ou la première paire de gants que l’on trouve en se sentant soulagé d’avoir trouvé quelque chose (oui, c’est comme ça que je le ressens, comme une obligation stressante)

Cette année, nous avons été fiers de réaliser tous nos cadeaux pour la famille nous-même, dans une logique zéro déchet et de participation familiale.

Il faut avouer que Papa Lou a réalisé la grande partie des cadeaux, avec mon aide et celle des enfants. Il a préparé de la bière de Noël maison et de la bière avec du houblon récolté dans le jardin de Papapa. Il a également préparé une liqueur de prunelles. Il est d’ailleurs allé récolter les prunelles sur les bords de l’Oise avec les enfants.

Nous avons également préparé des savons maison au miel et à la cire d’abeilles, en pain et en petits kougelhopfs « pour les invités ».

A l’école, les enfants ont fait un dessin qui a été reporté sur un torchon en coton bio, et nous les avons acheté au marché de Noël de notre petite commune pour les offrir également aux grands-parents.

Pour ma part, j’ai réalisé du sucre vanillé, parce que dans la famille tout le monde aime faire de la pâtisserie et que c’est très simple à faire et à entretenir. J’ai fait le mien il y a un peu plus de cinq ans maintenant et je l’utilise toujours.

Enfin, seul cadeau vraiment non zéro déchet, notre traditionnel calendrier de l’année avec des photos de nous et des enfants. C’est quelque chose que nous faisons depuis la naissance de Little Miss Sunshine et que nous apprécions tous beaucoup. Il trône d’ailleurs chaque année dans les cuisines de tous les membres de la famille.

Les enfants ont réalisé des étiquettes avec la peinture et des tampons naturels (feuille de lierre, badiane, …) et Little Miss Sunshine a écrit sur les étiquettes.

Nous avons choisi de présenter le tout dans un petit cageot récupéré au magasin bio lors de nos courses hebdomadaires. Donc aucun emballage cadeau n’a été nécessaire.

Pour notre part, nous avons choisi de nous offrir un cadeau dématérialisé familial: une place pour chacun d’entre nous au spectacle Shen Yun qui aura lieu à Paris au mois de mai. Il s’agit d’artistes chinois qui viennent faire une tournée en France et nous nous sommes dit que ça nous rappellerait de beaux souvenirs. C’est un cadeau que nous offrons d’ailleurs également à Petit Panda, qui sera déja parmi nous depuis quelques semaines à cette date.

Et un cadeau nécessaire et utile pour chacun d’entre nous. Quelque chose dont nous avons besoin, que nous achèterions de toute façon ET qui nous fait vraiment plaisir.

Little Miss Sunshine a choisi une paire de bottes El Naturalista. C’est une marque éco-responsable que nous achetons depuis plus d’une dizaine d’années. A l’époque j’avais craqué sur leur style, et depuis que je connais leur éthique, je ne porte plus que cette marque (et des Birkenstock pour l’été, j’avoue) .

Little Smiling Buddha avait besoin de pantalons. Il ne supporte pas les pantalons que l’on trouve dans les grandes enseignes en France, trop étroits à son goût. Nous les achetions jusqu’à présent uniquement en Chine. Nous avons testé autre chose, qu’il semble également apprécier: les sarouels. J’ai craqué sur deux très jolis sarouels de la boutique instagram Les petites menottes . Avec les très jolis motifs, et les belles finissions, il a été aux anges en les voyant.

Petit Panda a également reçu un cadeau. C’est une tradition pour chacun de nos enfants, Papa Lou leur offre une bola vers le 4/5ème mois de grossesse. Cette fois-ci, nous avons découvert les superbes bola en bois de Nativee et nous avons craqué.

J’ai offert trois paires de chaussettes à Papa Lou qui aime par-dessus tout les chaussettes de la marque Mes chaussettes rouges

Et j’ai reçu de Papa Lou un agenda My365 pour l’année 2020. C’est la troisième année que je l’utilise et je les aime beaucoup. Je ne pensais pas en avoir besoin cette année, et je ne l’ai donc pas acheté en septembre comme je le fais habituellement, mais force est de constater qu’enceinte ma mémoire me fait défaut. C’est donc avec plaisir qu’il m’a offert cet agenda 100% made in France et écologique.

Nous avons glissé chacun de nos cadeaux dans de jolis hottes en lin achetées cette année. Chacun à la sienne et nous les ressortirons dorénavant chaque année pour ne plus utiliser de papiers cadeaux. Et c’est Little Smiling Buddha qui a réalisé les étiquettes avec le nom de chacun.

Ce sont des petits pas. Mais je ne suis pas peu fière de les avoir réalisé. On a vraiment été en accord avec nos principes, on est allé au bout de nos idées et ça, ça fait du bien!

Evidemment on peut toujours faire mieux, plus minimaliste, plus zéro déchet. Mais je suis vraiment fière de ses efforts de la part de toute la famille, y compris des enfants. Suite à notre discussion sur la surconsommation de Noël, les enfants n’ont d’ailleurs demandé aucun jouet à la famille (ils ont privilégié des cadeaux immatériels: abonnement à La Petite Salamandre, abonnement à Epopia, atelier de confection d’un parfum… même s’il y a eu des Légos et un déguisement pour Little Smiling Buddha notamment) et Little Miss Sunshine, qui est née le 31 décembre, m’a spontanément réclamé un cadeau d’anniversaire fait main – une maison en carton pour ses Sylvanian Family.

Et vous, les cadeaux de Noël, vous en êtes où? Vous essayez de limiter ou pas? 

DIY – Le calendrier de l’Avent 2019

L’année dernière déja, je n’avais fait qu’un calendrier de l’Avent pour mes deux enfants. Ils sont en effet à un âge – bientôt 8 ans pour Little Miss Sunshine et 4,5 ans pour Little Smiling Buddha – où ils peuvent beaucoup plus partager les activités. Comme déja plusieurs années, c’est un calendrier centré sur des activités de Noël à réaliser en famille. Une manière de passer du bon temps ensemble. 100% immatériel et 100% réalisé à partir de choses que j’avais déja à la maison ou de récup’.

Pour réaliser mon calendrier, j’ai eu besoin:

  • de 24 rouleaux de papier toilettes (dans la réalité, je n’en avais que 20, j’ai donc utilisé deux boites à oeufs pour compléter).
  • du masking tape au couleur qui rappelle Noël
  • 5 bouchons en liège 
  • un stylo à bille noir 
  • un ciseaux
  • 24 morceaux de ficelle
  • 24 activités à réaliser à glisser à l’intérieur des pochons réalisés
  • 48 bonbons en chocolat (ils sont deux!) – offerts par Mamama, mais les enfants n’en mangeant que très peu, c’est un peu une manière de m’en débarrasser avant Pâques…

J’ai commencé par replier le fond de chaque rouleau de papier toilette. Ensuite, j’y ai glissé deux bonbons en chocolat et une activité à réaliser ensemble.

Puis j’ai refermé le rouleau en repliant le haut. J’ai décoré simplement avec du masking tape, en alternant les couleurs.

J’ai coupé les bouchons de liège en 5 tranches avec un grand couteau de cuisine. J’ai écrit les chiffres de 1 à 24 sur  les tranches de liège avec un stylo à bille noir.

J’ai collé le chiffre en liège sur le pochon à l’aide de mon pistolet à colle.

J’ai coupé un bout de ficelle de taille aléatoire que j’ai collé avec du masking tape et un peu de colle derrière mon pochon. 

J’ai accroché la ficelle et donc mon pochon sur un cintre en bois. 

J’ai recommencé l’opération 24 fois.

Pour ceux qui aimerait avoir plus de détail sur les activités à réaliser dans notre calendrier cette année: 

  • Une sortie en famille 
  • Un bon pour faire l’école buissonnière et aller visiter le Muséum d’Histoire Naturelle à Paris – ce qu’ils attendent depuis des semaines!
  • Faire griller des marshmallow dans la cheminée 
  • Préparer des petits gâteaux de Noël 
  • Préparer un jus de pomme chaud aux épices 
  • Organiser une fête pour la Saint Nicolas 
  • Créer des pommes d’ambre 
  • Aller visiter le marché de Noël de notre village
  • Préparer un chocolat chaud au marshmallow 
  • Regarder un film de Noël en famille
  • Aller déjeuner avec Papa Lou à La Défense et y visiter le marché de Noël 
  • Préparer des truffes au chocolat 
  • Aller voir la Reine des Neiges 2 au cinéma
  • Dormir dans le salon devant le sapin de Noël et la cheminée 
  • Préparer un christmas bark 
  • Faire griller des marrons dans la cheminée 
  • Réaliser un parfum d’ambiance de Noël 
  • Fabriquer une maison en pain d’épices en carton 
  • Préparer des mangeoires pour les oiseaux 
  • Fêter notre dernier Noël à 4 et le premier dans notre maison en France dignement 
  • Faire une liste des 3 choses que l’on aime le plus chez chaque membre de la famille et lui offrir pour Noël 
  • Visiter un marché de Noël en Alsace 
  • Installer le sapin de Noël et la crèche avec les grands-parents 
  • Participer à la préparation du dîner de la veille de Noël 

Ce sont des activités simples, facile à mettre en place ou déja prévues sur le calendrier. J’ai réservé nos places à l’avance pour les sorties et j’ai réalisé une liste des petites choses qu’il me faudra pour mener à bien les activités semaine par semaine pour ne pas me laisser avoir par le temps. Je note toujours l’activité du jour sur le calendrier de mon téléphone pour m’y savoir ce que me réserve le lendemain et m’organiser en conséquence. Mais il n’y a vraiment rien de compliqué à mettre en place!

Ce temps de l’Avent est un temps que nous chérissons particulièrement dans la famille Kangourou. Et le calendrier de l’Avent nous aide chaque année à en faire un temps particulier… 


Et pour les curieux:

[Expatriation] Dernière escapade chinoise

Ce week-end en Chine, c’était la fête des bateaux-dragons. Vendredi était donc un jour férié dans toute la Chine et nous en avons profité pour nous offrir une dernière escapade avant notre retour en France.

Cette escapade dans les montagnes du Phénix – FengHuangShan -, nous voulions la faire depuis longtemps. Mais comme toujours, nous avons repoussé, nous avons choisi d’autres destinations auparavant. Alors quand nous avons su que nous devions quitter la Chine, c’est LE séjour que nous avons décidé de faire sans attendre.

Et le timing a été parfait. Ce week-end a été juste incroyable! Nous avons passé quatre jours d’une incroyable richesse et remplit de belles surprises. Un dernier séjour en Chine que nous ne sommes pas près d’oublier! 

Nous avons quitté Shanghai vendredi matin tôt pour prendre l’avion direction le Guangdong et l’aéroport international de Jieyang. Arrivés vers 13h, nous avons pris un taxi pour nous rendre jusqu’à Chaozhou où nous avions réservé une chambre dans un petit hôtel traditionnel. Nous avons passé l’après-midi à découvrir cette jolie ville, pour laquelle nous avons vraiment eu un coup de coeur. 

Samedi et dimanche, nous avons loué les services d’un chauffeur pour nous emmener dans les montagnes FengHuang. Et enfin, lundi nous sommes allés visiter le temple Kaiyuan et l’un des plus anciens ponts au monde, le pont GuangJi. Début d’après-midi, nous sommes retournés à l’aéroport et nous sommes rentrés à Shanghai dans la soirée.

Les enfants ont encore loupé une journée d’école, mais je pense personnellement que les voyages apprennent bien plus de choses que l’école. Tout ce qui est appris à l’école sera tôt où tard intégré si l’enfant en a réellement besoin, quant à ce qui s’apprend sur les routes, c’est d’une richesse tout autre: c’est l’émerveillement, l’apprentissage de la différence, la patience et l’ennui, l’ouverture d’esprit, les remises en question, la découverte du monde… Mais ceci pourrait faire l’objet d’un autre article.

Je suis  juste pleine de gratitude pour tous ces formidables moments que nous avons vécu au cours de ce magnifique week-end. Et je reviens vite vous détailler cet incroyable séjour!

En attendant, vous pouvez aller voir les photos sur Instagram dans le fil d’actualité (je n’ai pas encore fini de tout poster d’ailleurs) ou dans les stories ancrées (sous  WE FengHuangShan et FengHuangShan 2)

[Week-end] À WuYiShan -Jour 1: la rivière aux neufs coudes

C’est la troisième fois que nous allons dans les montagnes WuYi depuis notre arrivée en Chine. Papa Lou y a également passé un week-end seul durant un des étés, alors que moi et les enfants étions en France. C’est un lieu que nous aimons beaucoup. Tout d’abord parce qu’il y a de magnifiques paysages, qu’il est facilement accessible depuis Shanghai, mais aussi parce qu’au fil du temps nous y avons fait de belles rencontres, dont certaines sont devenus des amis.

Nous sommes partis un peu sur un coup de tête. Nous avions besoin de profiter encore de la Chine et de nous vider l’esprit de toutes les questions qui nous taraudent actuellement. Nous n’avions pas organisé grand chose, ou plutôt nous n’avions pas vraiment eu le temps de nous organiser, puisque nous avons acheté les billets de train pour y aller le week-end juste avant. Papa Lou avait tout de même contacté une amie, qui s’avère être la responsable des guides touristiques de WuYiShan et qui nous a notamment trouvé un hôtel à la dernière minute pour nos trois nuits sur place. Nous avions également prévu de la rencontrer pour lui dire au revoir. Enfin, Papa Lou a contacté un producteur de thé que nous avions rencontré lors de notre précédent séjour, complètement par hasard, puisqu’il nous avait dépanné en nous ramenant en voiture au centre ville alors qu’il pleuvait à verse en sortant du parc national. Nous avions rendez-vous avec lui le lundi. Nous aurions eu encore d’autres personnes à passer voir, mais le temps nous manquait et tous n’étaient pas forcément disponible.

Nous avions donc pris des billets de train pour aller à WuYiShan. Nous sommes partis un peu sur les chapeaux de roues le vendredi après-midi. J’avais dû aller récupérer Little Smiling Buddha en avance à l’école, j’avais préparé les bagages la veille puisque le matin même je l’avais passé à faire de la poterie, le temps de réchauffer les pizzas préparées la veille également pour le repas du soir dans le train et nous sommes partis un peu en stress à peine une heure avant le départ de notre train. Heureusement nous avons eu un taxi rapidement et il n’y avait pas de bouchons. Nous sommes arrivés à la gare juste avant le départ du train. Et il avait quelques minutes de retard…

Nous sommes arrivés vers 21h30 à l’hôtel à WuYiShan. Fatigués, mais heureux de cette parenthèse.

Nous nous sommes réveillés le lendemain matin vers 7h30, ce qui nous a permis de faire une grasse matinée par rapport à d’habitude! Nous sommes allés petit-déjeuner à l’hôtel, mais ce n’était vraiment pas bon. Nous avons donc décidé de manger à l’extérieur dès le lendemain. Nous avions rendez-vous à 9h avec Jenny, notre amie, qui n’avait plus vu les enfants depuis qu’ils avaient 4 ans et 8 mois. Elle a été ravie de les revoir et de constater qu’ils parlaient tous les deux très bien le Chinois, et nous aussi d’ailleurs. Elle nous a conduit à l’entrée sud du parc national de WuYiShan pour nous aider à acheter les billets d’entrée pour trois jours, ainsi que les billets d’entrée pour la surprise que nous réservions l’après-midi même aux enfants. Elle nous a dit de passer la voir à son bureau le soir-même en sortant du parc pour boire du thé ensemble.

Il faisait un temps magnifique et nous sommes allés prendre le petit train qui mène à la zone principale du parc naturel. Nous avions dans l’idée d’y faire une petite promenade et puis de revenir sur nos pas et de prendre un minibus pour nous rendre au site que nous devions joindre à 12h45 pour la surprise des enfants.

Et puis finalement, nous avons changé nos plans car les enfants ont super bien marchés. Ils se sont amusés à compter les papillons et les oiseaux que nous croisions et ils avançaient la plupart du temps bien plus vite que nous. Alors quand il a été temps de prendre les petits chemins, nous nous sommes dit que nous allions continuer à pied à la place de faire demi-tour et que nous allions essayer de faire les 6 km qui nous séparaient de notre destination suivante à pied.

Les enfants ont été adorables. Ils ont marché tout du long de la promenade le long de la rivière aux neufs coudes. Il n’y avait absolument personne sur ce chemin – nous avons croisé quatre personnes sur les 6km – alors qu’il y avait pas mal de monde dans le parc national.

La promenade était vraiment très agréable, pas difficile du tout pour les enfants, les vues sur la rivière aux neufs coudes splendides, nous avons croisés beaucoup d’insectes et d’oiseaux, nous nous sommes régalés. Un vrai moment de bonheur! 

Nous avons vraiment senti que nous avions tous besoin de ce moment au grand air pour déconnecter des événements des dernières semaines. Ca nous à tous fait le plus grand bien!

Vers 11h, nous avons fait une petite pause au milieu de la forêt, des théiers et du chant électrique des cigales chinoises pour prendre un goûter: quelques fruits frais (pêches et litchis) et de l’eau ont été les bienvenus. Il faisait tout de même 30°C et l’humidité était assez importante.

Et puis nous sommes repartis à travers ses superbes paysages. Et nous avons entre autre croisé de magnifiques faisans sauvages blancs et argentés, deux mâles et une femelles, qui étaient dans la forêt, à quelques pas de nous et qui se sont laissé observer un bon moment. Les enfants avaient des étoiles plein les yeux de cette rencontre impromptue.

Nous avons croisé beaucoup de théiers, la plupart étaient des arbres sauvages, plus grands que nous, et également, comme souvent à côté des théiers, des bananiers.

Sur la toute fin de la promenade, Little Smiling Buddha a commencé à donner quelques signes de fatigue. Papa Lou l’a pris sur les épaules pour les derniers 500 mètres, mais surtout car nous étions pressé d’arriver et de manger avant le début de la surprise que nous voulions faire aux enfants, si nous avions eu une demi-heure de plus devant nous, je pense qu’il aurait fait seul toute la promenade.

Après cette grande promenade, nous avons été ravis de pouvoir déjeuner de bons champignons sauvages et de quelques plantes à feuilles vertes de la montagne – oui les Chinois mangent vraiment toutes les plantes vertes et souvent ces plantes n’ont même pas de nom en français! C’est directement dans les réfrigérateurs que l’on choisi les ingrédients bruts et que l’on va demander à la patronne de nous préparer ce qui nous fait envie. Moins de cinq minutes plus tard, les premiers plats sont servis à table!

Et puis après le repas, nous avons essayé de faire deviner aux enfants ce qui les attendait… C’est en entrant dans la bâtiement qu’ils ont compris que nous allions faire du bamboo rafting. Nous l’avions déja fait la première fois que nous étions venus à WuYi Shan, trois ans plus tôt, mais les enfants étaient encore jeunes et ne s’en rappelaient pas vraiment, ils ont donc été ravis de redécouvrir le bamboo rafting.

Avec la chaleur, la promenade sur l’eau a été vraiment très agréable. Comme toujours, toute la famille était en Birckenstock et donc pas la peine de surveiller qui aurait les pieds mouillés. Au contraire, on a tous mis les pieds dans l’eau bien fraîche et c’était bien rafraichissant!

Little Smiling Buddha a été très impressionné par cette descente en bamboo rafting. On ne l’a pas entendu de l’heure et demi qu’a duré la promenade, il était concentré sur l’eau, sur les poissons, sur les deux hommes qui maniaient notre bamboo raft. Et il nous en a beaucoup reparlé par la suite.

En sortant du bamboo raft, nous nous sommes encore un peu promener dans la rue Song – qui est en fait le seul endroit sur tout le site où l’on trouve quelques boutiques et ce n’est pas plus mal… Nous avons offert un vêtement chinois à chacun des enfants et nous avons repris le chemin de la ville pour aller revoir Jenny.

Finalement, il était encore un peu tôt en arrivant, et nous sommes allés nous promener dans les rues piétonnes de WuYiShan et déguster du thé…

Dans la première boutique, le thé n’était vraiment pas exceptionnel. Mais il n’empêche que nous avons passé un agréable moment en attendant de rejoindre Jenny.

Ensuite, Jenny nous a invité dans son bureau pour déguster plusieurs thés. Nous y avons passé un long moment à discuter de nos cinq ans en Chine, de notre prochain départ pour la France, de notre passion toujours grandissante pour le thé et la culture chinoise.

En la quittant, il était presque 19h. L’heure parfaite pour aller dîner. Nous nous sommes rendus dans un petit restaurant que nous connaissons et qui fait toujours de très bons plats. Et nous nous sommes régalés!

Entre temps, les enfants étaient partis jouer avec d’autres enfants. C’est beau à voir comme ils sont dorénavant à l’aise dans un univers totalement chinois…

Des connaissances, qui possèdent une petite maison de thé, nous avaient reconnus dans la rue quand nous sommes passés juste avant d’aller dîner, ils nous ont invité à venir prendre le thé chez eux en sortant du restaurant, ce que nous avons donc fait!

Comme devant beaucoup de boutiques à cette période à WuYiShan, le mari était en train de séparer les tiges et les feuilles d’un LaoCong ShuiXian. D’autres boutiques faisaient la même chose avec les tiges et les feuilles roulées d’un Anxi TieGuanYin. Encore deux découvertes pour moi! Pour l’Anxi TieGuanYin, je ne savais pas qu’ils cueillaient de grandes tiges avec de grandes feuilles et que ce n’est qu’à la toute fin du processus , alors que les feuilles sont déja vendues à des revendeurs qu’elles sont séparées des tiges… De même pour les ShuiXian, les feuilles et les tiges sont séparés avant d’être grillées.

Et puis nous avons dégusté de délicieux YanCha… Et nous avons passé une belle soirée à papoter avec nos amis.

Nous sommes rentrés à l’hôtel après 21h. Et nous avons passé une bonne nuit de sommeil…

[Recette] Thé glacé

Depuis de longues années, chaque été, c’est le même rituel: je prépare du thé glacé chaque matin ou presque – parfois je prépare plutôt des eaux de fruits – pour nous rafraichir tout au long de la journée.

Vivre en Chine et sous sa chaleur humide dès le mois de mai et jusqu’en novembre à encore accentué cette habitude. Ca m’a aussi permis de tester d’autres recettes, d’autres manière d’infuser en observant la manière de faire des Chinois. Bon, le thé glacé n’est pas une de leur habitude ancestrale, la médecine traditionnelle a plutôt tendance à se méfier de tout ce qui est glacé. Mais il n’empêche qu’ils ont une certaine habitude de faire du thé glacé.

Je vous livre donc, après des années de tâtonnements et d’hésitations entre plusieurs types d’infusion, la manière que je préfère pour préparer mon thé glacé.

Pour le matériel, j’ai trouvé la carafe idéale chez Ikea il y a quelques années. Elle est d’ailleurs toujours en vente sur leur site, c’est la carafe d’un litre avec bouchon en liège Ikea +365. J’en ai deux pour ne jamais être à cours, mais je pense qu’à terme nous en achèterons une troisième. Ensuite, il faut un filtre. J’utilise un filtre chinois pour le thé fabriqué à partir d’une courge spécifique séchée.

Pour le thé, vous pouvez utiliser ce dont vous avez envie. Un thé vert, un thé noir ou un Pu Er, un wulong ou un thé blanc… L’astuce vient de son infusion. Pour obtenir un thé vraiment très doux, ni amer, ni astringent et que l’on peut boire toute la journée, il va falloir pratiquer une infusion à froid. 

Ingrédients:

  • 10g de feuilles de thé
  • 1 litre d’eau fraîche 
  • un fruit coupé en morceaux (facultatif)
  • une herbe ou une fleur (facultatif)

On va donc mettre les feuilles de thé dans la carafe avant de verser dessus l’eau fraîche.

Si vous voulez ajouter une herbe ou une fleur à votre thé glacé, c’est le moment de le faire. On peut y ajouter de la menthe, des pétales de rose, de la lavande, de la verveine ou de la sauge.

Ensuite, on place sa bouteille au réfrigérateur pour au moins deux heures, mais on peut également le laisser toute la nuit et il aura d’autant plus de goût. On peut goûter l’infusion à différent stade pour qu’elle colle exactement à son goût.

Quand on estime que l’infusion est prête, on va filtrer le thé vers la seconde carafe.

On va pouvoir déguster l’infusion telle quelle ou y ajouter un fruit. Dans un thé noir, nous aimons beaucoup mettre quelques tranches de citron, de citron vert ou quelques calamansi coupés en deux. Nul besoin de presser le jus des agrumes, il suffit d’y déposer les tranches de fruits et en quelques heures, le mélange est parfait. On peut également y mettre des morceaux de pêches, de melon ou de pastèque. On peut également y mettre des fruits séchés comme des baies de goji ou des morceaux d’ananas ou de mangue séchés sans sucre. Ca va particulièrement bien avec un thé vert. Ca donnera un thé délicieusement et naturellement fruité. 

Pour ne rien gâcher, on remet les feuilles de thé dans la première carafe, on y ajoute 5g de feuilles de thé, un litre d’eau fraîche et c’est reparti pour un tour dans le réfrigérateur. Quand l’infusion sera prête, on filtre à nouveau dans la seconde carafe dans laquelle on peut laisser les fruits. On peut conserver les fruits pour deux infusions (et donc deux jours) si le thé est resté au réfrigérateur. On a ainsi du thé glacé en continu…

On en consomme aussi bien au petit-déjeuner qu’au goûter ou à l’apéro. C’est frais et désaltérant. Idéal à l’époque des grosses chaleurs.

Pourquoi privilégier une infusion à froid? Tout simplement parce que c’est l’infusion la plus douce qui soit. Le thé ne développera ni amertume, ni astringence et il n’y aura nul besoin d’y ajouter un sucre quelconque.

Et vous, avez-vous l’habitude de préparer vos boissons vous-même? Quelles sont vos recettes chouchous? 

[Voyage] Être cueilleuse de thé en Chine

J’ai eu envie de faire cet article suite à mon incroyable expérience au coeur d’un village de producteur de thé au fin fond des montagnes jaunes pour remettre en place certaines images que l’on peut avoir de la production et de la cueillette de thé. J’ai moi-même été très agréablement surprise par beaucoup de chose que j’ai vécu et je pense que c’est important que je le partage ici.

Mais pour commencer, je voudrais amener quelques précisions sur ce qui va suivre dans l’article. Je vais parler des cueilleuses en Chine, et plus précisément des cueilleuses qui cueillent des feuilles de thé destinées à des thés de belles qualités. J’ai essentiellement vécu le rythme de vie des cueilleuses lorsque le façonnage du thé demande une partie importante du travail. Mais j’ai vu de mes propres yeux, les rythmes dans d’autres familles du village quand les cueillettes étaient plus basiques et le façonnage moins chronophage, et mon mari l’a vécu lui aussi sur la fin de la récolte. Je ne parle donc pas des cueilleuses en Inde, ni des cueilleuses qui travaillent pour de grandes exploitations – ce qui est tout de même très minoritaire en Chine. Pour rappel, j’ai moi-même partagé le travail et le rythme des cueilleuses pendant trois jours.

Pour la plupart des thés, – mais pas tous -,  la période de la cueillette dure environ un mois au printemps. La période s’ouvre aux alentours de la fête de QingMing – la fête des morts qui a lieu vers le 4 ou 5 avril chaque année. C’est durant ce mois que tout le revenu de la famille du producteur de thé va se jouer. Des cueilleuses sont donc recrutés pour aider au travail. Les cueilleuses sont généralement des femmes entre 30 et 60 ans. Elles reviennent d’une année sur l’autre au même endroit quand elles apprécient le patron, mais elles peuvent aussi changer de patron. Et il semblerait que ce ne soit pas si facile pour les producteurs de thé de trouver des cueilleuses qui leur restent fidèles.

Les cueilleuses, qui viennent souvent d’une autre ville, voire d’une autre région de Chine, sont logées et nourries sur place. Les maisons chinoises comportent souvent deux étages, le deuxième étage est le plus souvent réservées aux cueilleuses ou aux invités.

Chaque matin, le réveil a lieu vers 5h. Les cueilleuses se préparent en faisant une rapide toilette sur le balcon du haut avec des bassines d’eau. Puis elles descendent prendre le petit-déjeuner préparé par la maîtresse de maison. A 6h dernier délai, les cueilleuses partent vers les champs de théiers. Elles prennent une hotte et un chapeau pour se protéger du soleil. Elles sont le plus souvent précédées par le patron qui les mène dans les bons champs, là où il a repéré les bourgeons prêts à être cueilli.

La cueillette dure plus ou moins longtemps, mais au plus tard à 11h du matin, les cueilleuses redescendent avec leur récolte. Entre temps, le patron est redescendu avec les premières hottes pleines et a allumé les feux qui vont lui permettre de chauffer et sécher les feuilles de thé plus tard.

La cueillette n’est pas un travail particulièrement fatiguant ou difficile en soi.

Mais il faut tout de même prendre en compte la chaleur – on est au printemps donc dans les montagnes l’air est encore frais le matin, mais la température peut vite atteindre une trentaine de degrés vers 9h30 ou 10h du matin -, l’inclinaison des champs qui rend l’avancée ou le passage d’une ligne de théiers à l’autre difficile et la position pour attraper les bourgeons qui parfois peut fatiguer le dos. Le plus souvent, elles ont leur hotte sur le dos, mais elles peuvent également la poser dans un endroit sûr – là où le terrain lui permet de tenir sans tomber!

Quand les cueilleuses redescendent de la cueillette, les feuilles sont pesées – pour avoir une idée de la quantité globale cueillie et donc à traiter dans la journée. On les dépose sur des claies en attendant de les façonner. Le patron était d’ailleurs très fier de m’expliquer que c’est lui qui avait fabriqué les étagères et les claies de ses propres mains.

Il est alors temps de se mettre au façonnage des feuilles de thé. Les cueilleuses prennent quelques minutes pour elles, le temps de se laver les mains, passer aux toilettes, ou remplir leur gourde d’eau chaude et s’installent devant la machine qui va les aider à rouler toutes les feuilles de thé pour façonner le TaiPingHouKui.

Tout au long de la journée, quand les cueilleuses ont besoin d’une pause – pour boire, aller aux toilettes, se laver les mains,… -, elles peuvent évidemment la prendre. 

A midi, la maîtresse de maison vient chercher tout le monde pour le déjeuner. On termine une panière de feuilles et on arrête la machine. On nettoie tous les tapis avec une éponge et de l’eau et on laisse sécher le temps du repas.

Chaque cueilleuse prend un bol de riz et se sert sur la table commune dans les différents plats préparés par la maîtresse de maison. Pour une douzaine de personnes, il y a environ six plats sur la table. Toujours une soupe, et un plat de viande. Souvent des oeufs et du tofu. Et puis au moins deux légumes.

Environ trente minutes plus tard, le travail reprend. Le façonnage va ainsi durer jusqu’à épuisement de toutes les feuilles de thé récoltées dans la journée. A 16h, la maîtresse de maison apporte un goûter aux cueilleuses – des douceurs sucrées chinoises industrielles achetées ou reçues durant la période du Nouvel An Chinois – qu’elles mangent tout en travaillant. A 18h – 18h30, le travail s’arrête le temps de dîner.

C’est le même rituel qu’à midi et des plats plus ou moins équivalent. Une trentaine de minutes plus tard, le travail reprend, c’est la troisième partie de la journée. Journée qui se terminera plus ou moins tard en fonction de la quantité de feuilles récoltées. Au plus tôt, le travail se termine vers 21h, mais la plupart du temps il se termine vers 23h. Les jours de grosses récoltes vers 2h du matin. Après le travail, les cueilleuses nettoient encore la machine et font une rapide toilette avec des bassines d’eau sur le balcon du deuxième étage avant de s’endormir rapidement pour se réveiller le lendemain vers 5h pour une nouvelle journée.

Le façonnage est un travail minutieux et fatiguant. Il s’agit sans discontinuer, de chauffer légèrement les feuilles de thé fraîches dans une espèce de wok à hélices: c’est le travail du patron.

Puis chaque feuilles est passée dans le trou d’une machine qui va l’enrouler et la faire ressortir de l’autre côté. Le rythme est donc donné par la machine. Mais le patron va l’accélérer ou la ralentir en fonction du moment de la journée, quand les cueilleuses sont plus ou moins efficaces.

Là, il faut les déposer une à une sur une plaque grillagée. Ces deux étapes sont réalisées par les cueilleuses.

Ensuite les plaques sont passées sous une masse, une sorte de rouleau à pâtisserie en pierre très lourd, avant d’être mis à sécher toujours sur les plaques dans une sorte de four où des braises maintiennent une chaleur proche de 100°C. C’est le travail de l’ouvrier. A chaque fois qu’il met une plaque à sécher, il en ressort une pour sortir les feuilles sèches délicatement et les rassembler sur une autre plaque.

Plus tard, la patronne vient les récupérer pour les mettre en boite.

C’est un travail intense, répétitif, fatiguant de part la position que l’on doit adopter au-dessus de la machine, mais qui n’est pas particulièrement pénible. C’est également un travail très long puisqu’en dehors de la cueillette – qui dure de 3 à 5h -, ils vont passer environ 10h à façonner les feuilles de thé.

Les jours de pluie, sauf si la taille des bourgeons rend la cueillette urgente, les cueilleuses ne travaillent pas. Elles se retrouvent alors à ne rien faire de la journée – ou plutôt à dormir, laver leur vêtement et leurs cheveux.

Quand le façonnage est moins chronophage, la cueillette est plus longue. Mais les cueilleuses redescendent tout de même des champs vers 11h-11h30. La plupart du temps, elles y remontent l’après-midi – et là je trouve que c’est le moment le plus difficile car le soleil est haut dans le ciel, chaud et l’ombre rare – de 13h à 16h au moins, parfois jusqu’à 18h en fonction de l’urgence de la cueillette. Leur journée se termine alors à ce moment-là.

Lorsque le façonnage demande moins de soin ou est plus mécanisé, une seule personne ou deux maximum, suffisent souvent à façonner les feuilles. Cette personne est la plupart du temps le patron ou un membre de sa famille. C’est donc à lui que va incomber le travail de façonnage jusqu’à épuisement des feuilles de la journée.

Les cueilleuses ne sont pas payées à la quantité de feuilles qu’elles récoltent. Elles sont payées un certain montant par jour de travail. Ensuite, des heures supplémentaires sont appliquées pour le travail tard dans la soirée ou la nuit. Elles ont chacune un jour de repos dans la semaine, qu’elles passent le plus souvent à dormir, laver leur linge et leurs cheveux. Pour leur travail, les cueilleuses sont payées environ 300RMB par jour. Parfois un peu moins dans les endroits de Chine où il y a plus de monde pour cueillir. Si on ramène ce salaire à notre vie en France, les cueilleuses seraient payés SMIC+25%, sans compter qu’elles sont nourries et logées durant toute la période. C’est donc correct pour un travail qui ne demande aucune qualification, mais qui ne compte tout de même pas ses heures.

J’aimerai pour clore cet article souligner l’importance de la qualité de thé que vous allez acheter, pour le travail et le savoir-faire que vous allez encourager, mais aussi pour le goût du thé tout simplement. L’industrie du sachet exploite les terres, les humains et les théiers jusqu’à la trame pour nous vendre de la poussière à prix d’or (réfléchissons au prix d’un sachet par rapport à la quantité de thé contenu, sans parler même de sa qualité gustative et sanitaire) Aller dans une maison de thé pour acheter du thé en feuilles est déja un plus. Acheter des thés qui ne sont pas vendus en masse – comme peuvent l’être les thés parfumés des grandes maisons de thé ou les thés en sachet – sera une garantie d’une certaine qualité, mais aussi d’un certain respect pour ceux qui le produisent

Et vous, avez-vous l’habitude de consommer du thé? Comment imaginiez-vous le travail des cueilleuses? 

[Voyage] Trois jours dans un village de producteurs de thé au cœur des montagnes jaunes

Quand Papa Lou m’a dit il y a un peu plus d’un an, qu’un de ces amis des HuangShan – les montagnes jaunes -, Laolu, à qui il achète régulièrement du thé, nous invitait chez lui pour venir voir les plantations et la fabrication du thé, j’ai été enchanté.

Mais la réalité est qu’avec les enfants, c’est bien compliqué à organiser. Nous avons tourné le problème de diverses manières, mais je ne me voyais pas laisser les enfants plusieurs jours à Ayi – même s’ils l’adorent et que je lui fais confiance, je sais que ça aurait été trop difficile pour eux. Et impossible de passer une journée dans les champs de théiers, avec le risque qu’il y ait des serpents ou qu’ils tombent en montagne sans réelle surveillance. Nous avions donc mis cette proposition dans un coin de nos têtes.

Mais cette année, je me suis dit qu’il fallait qu’on trouve une solution. Cette année, vous l’aurez certainement compris, car j’en ai déjà parlé ici, j’ai fait le choix de réaliser mes rêves et d’arrêter d’attendre, surtout quand l’opportunité se présente ainsi. Alors on a décidé de faire différemment. Je partirai en semaine, quelques jours, et Papa Lou prendrait soin des enfants. Et puis Papa Lou partira un week-end de trois jours et c’est moi qui m’occuperais des enfants. Nous aurions aimé partager ce moment, mais c’est également une belle aventure que de le vivre seul et de partager ensuite avec l’autre.

J’ai donc quitté la maison et embrassé fort mes trois amours un dimanche d’avril en fin d’après-midi. C’est le première fois de ma vie que je voyageais totalement seule. Pas par peur de voyager seule, mais plutôt par manque d’opportunité. J’ai pris un taxi et je me suis rendue à la gare de Shanghai Hongqiao. Et puis j’ai pris le train pour HuangShan Nord. Trois heures plus tard, j’arrivais à la gare.

J’ai tout d’abord été surprise du temps que j’avais eu dans le train pour dîner tranquillement et lire – c’est ça de toujours voyager avec les enfants. J’ai aussi été agréablement surprise par mon calme, alors que je ne savais toujours pas vraiment qui allait venir me chercher à la gare. Laolu avait apriori tout organisé, mais ne m’avait donné aucun détail. Et si vous me connaissez un peu, vous savez à quel point j’aime être organisée et parer à toutes les éventualités.

Arrivée à la gare, j’ai eu un coup de téléphone d’un chauffeur qui était là pour me chercher et qui était persuadé que nous étions deux. Finalement, je suis montée dans la voiture où attendaient déjà trois autres personnes et nous sommes partis…

Un peu plus d’une heure plus tard, le chauffeur me déposait dans une rue sombre, avec ma valise, en me disant d’appeler Laolu. Je dois dire que je n’en menais pas large à ce moment-là, car j’aurai été bien incapable de lui dire où je me trouvais. Et que c’est à ce moment que j’ai commencé à stresser un peu. Heureusement, en lui disant juste que j’étais arrivée, il s’avérait que le chauffeur m’avait déposé juste en face de sa boutique…

Il m’a invité à prendre un thé, avant de m’accompagner à l’hôtel juste à côté. Là-bas, ils n’avaient jamais vu de passeport et ne pouvaient pas prendre d’étrangers –  il faut un système d’enregistrement à la police pour tous les étrangers, ce qui est loin d’être le cas de tous les hôtels en Chine, même dans les grandes villes et même dans les lieux touristiques. Mais avec un joli sourire, l’insistance de mon hôte et en déposant sa carte d’identité en assurance, j’ai reçu une chambre pour la nuit.

Comme souvent en Chine, les draps étaient lavés de frais, mais le reste de la chambre n’avait pas été nettoyé depuis un moment. Le lit était confortable et c’est tout ce qu’il me fallait. Laolu m’a dit qu’il m’appellerait le lendemain matin et qu’on monterait au village après avoir pris le petit-déjeuner ensemble. Je lui ai demandé des précisions sur l’heure, il m’a dit entre 7 et 8h.

J’ai encore lu un peu et je me suis rapidement endormie. Le lendemain, à 5h40, j’étais réveillé. J’ai parfois l’impression d’avoir un réveil dans la tête. Impossible de me rendormir. J’ai donc contacté Papa Lou et les enfants qui se préparaient à partir pour l’école.

Et puis vers 8h, Laolu m’a enfin contacté pour me dire de venir à la boutique, que nous allions prendre le petit-déjeuner ensemble. Je les ai rejoint à la boutique, une de ses filles, la plus grande, étant malade, elle a passé la journée avec nous. Il est allé acheter une soupe de wonton – sorte de ravioli chinois – que nous avons mangé dans un sachet plastique. En Chine, on s’embarrasse rarement de détail dans la nourriture à emporter: le sachet plastique convient à tout et pas sûr que ce soit du plastique alimentaire…

Après ce rapide petit-déjeuner, nous avons rempli nos tasses à emporter de thé, et nous avons pris la route.

Pour joindre le village, il nous aura fallu environ une heure trente, hors pause, sur des petites routes de montagnes pas plus larges que la voiture, et qui se terminent par une piste en terre. Rien que de joindre ce village, un peu au bout du monde, c’était déjà l’aventure.

Sur le chemin, on voit partout des champs de théiers, des petits villages reculés dont la seule occupation est le thé et la montagne, magnifique.

Nous avons fait une pause à mi-chemin pour saluer des cueilleuses qu’ils connaissaient et prendre quelques photos. Laolu et sa femme travaillent principalement sur les réseaux sociaux chinois pour vendre leur thé, même si ils ont également une boutique physique. Ils prennent donc régulièrement des photos et s’enquièrent régulièrement de l’avancée des récoltes.

Nous sommes là, dans la région de production du célèbre thé vert Tai Ping Hou Kui. Un thé à très grande feuille, large et marquée d’un fin dessin quadrillé, reconnaissable entre tous. Et voilà donc les bourgeons et jeunes pousses verts tendres qui sont récoltés.

Et puis nous avons repris la route vers le village. A la fin du trajet, on se retrouve pour deux kilomètres environ sur une simple piste de terre pour accéder au village. Difficile de croiser une autre voiture dans ces conditions.

Arrivés au village, on m’a présenté toute la famille. Le père et la mère, chez qui je vais loger. La grand-mère, toujours à rire et à essayer de me parler dans son patois du haut de ses 85 ans. Le frère qui habite dans une maison un peu plus haut. Mais également les cueilleuses et quelques voisins curieux de voir arriver une étrangère. Ce n’est pas la première fois, Papa Lou y est déja passé il y a deux ans au cours de l’été et mon amie Manuela y a également passé quelques heures par l’intermédiaire de Papa Lou l’année dernière. Ils accueillent ponctuellement des étrangers, mais surtout des Chinois, qui veulent voir comment leur thé est produit. Ils sont très fiers de leur savoir-faire et de la qualité du thé qu’ils proposent. Et ils ont bien raison. 

Le village est tout petit, il compte une quinzaine de maisons. Tous sont producteurs de thé, ici.

Arrivés en fin de matinée, les cueilleuses étaient déja de retour de la cueillette et étaient en plein façonnage des feuilles de thé. C’est donc avec grand plaisir que j’ai passé la journée à les observer, puis à participer aux différentes étapes du façonnage.

Les feuilles de thé ainsi obtenues sont juste parfaites et magnifiques. Un thé d’une qualité rare. 

Vers midi, nous avons déjeuné tous ensemble. Et puis quelques trente minutes plus tard, nous avons repris le façonnage des feuilles. C’est un travail minutieux. Pas particulièrement difficile, mais répétitif et fatiguant. 

Un peu avant de partir, Laolu et sa femme m’ont emmené dans les champs de théiers pour faire quelques photos pour les réseaux sociaux.

Vers 16h, ils sont repartis vers la ville, me laissant au village. Les cueilleuses et moi avons reçu un petit goûter à grignoter tout en continuant notre travail.

Vers 18h30, nous avons dîné tous ensemble. Et puis nous avons repris le façonnage des feuilles. Il faut que toutes les feuilles récoltées le jour-même soient traités dans la journée. Nous avons travaillé jusqu’à 23h. 

Et puis ça a été l’heure de se laver et d’aller se coucher. J’ai voulu aller aux toilettes -qui sont communes à tout le village et qui ne sont en fait qu’un trou -, et c’est là que j’ai remarqué que ni le village, ni les toilettes n’étaient éclairés. A mon retour, mes hôtes m’ont apporté un pot de chambre pour la nuit. J’avoue que j’ai été assez amusée par la situation, et surtout je me suis dit que j’espérais bien ne pas en avoir besoin. Ils ont insisté pour que je me lave en me proposant deux bassines, une pour le visage et une pour les pieds, m’a-t-on précisé. C’est donc au milieu de la cuisine que j’ai dû faire une rapide toilette. Et puis, je suis allée me coucher.

J’avais la chance d’avoir une chambre pour moi et un grand lit deux personnes pour moi toute seule. Les cueilleuses, logés également sur place, dormaient à deux dans un grand lit. Je demande à quelle heure elles se lèvent le lendemain et on me dit, départ à 6h. Je mets donc mon réveil à 5h30 – ça ne me change finalement pas de d’habitude – et je m’endors rapidement exténuée et heureuse de cette première journée.

Le lendemain, ce sont les voix des cueilleuses qui se préparaient qui m’ont réveillé un peu avant que mon réveil ne sonne. Je me suis rapidement préparée et je suis descendue. On m’a tendu un bol de soupe de nouilles au chou et des baguettes. Dehors, il pleuvait. Je me suis assise à l’entrée de la maison et j’ai regardé tomber la pluie en mangeant.

Une trentaine de minutes plus tard, alors que tout le monde était prêt à partir, le patron nous a annoncé que nous n’irons pas à la cueillette. Il pleuvait et les bourgeons pouvaient attendre. Il a proposé à tout le monde de retourner se coucher. J’ai décidé de m’installer dehors, à l’abri de la pluie et de lire un peu.

J’ai été assez surprise de constater qu’ils ne partaient pas à la cueillette à cause de la pluie. Je pensais qu’ils sortaient par tous les temps. Et je me demandais déja comment j’allais me protéger de cette pluie battante. Les cueilleuses sont repartis se coucher.

Vers 11h, le soleil était de retour. Mais il était trop tard pour partir à la cueillette. Je décidai donc de faire une promenade dans le village et dans les montagnes alentours. Il y avait de magnifiques oiseaux, des vols entiers de faisans gris bleu qui passaient au-dessus du village. Mais je n’ai pas réussi à les photographier, j’ai juste pu apprécier leur vol.

Les cueilleuses se sont levés pour déjeuner. Nous avons déjeuné tous ensemble et elles sont retournées se coucher. En effet, il n’y avait pas eu de cueillette le matin et donc pas de feuilles à façonner l’après-midi. Mon hôte m’a dit qu’il allait partir dans les champs de théiers pour vérifier la taille des bourgeons et voir quelle parcelle nous pourrons récolté le lendemain. Je lui ai demandé si je pouvais l’accompagner, il a été ravi.

Nous avons grimpé à flanc de montagnes, sur plusieurs parcelles. Nous avons croisé d’autres cueilleuses, qui étaient en pleine cueillette, et je me suis joint à elle pour un moment. Elles ont toutes fait l’effort de parler le Mandarin, tant bien que mal. Elles étaient ravis de pouvoir discuter avec moi et m’ont posé plein de questions. Elles étaient étonnés de me voir voyager seule. Elles m’ont trouvé courageuse.  Elles m’ont demandé si j’avais des enfants, et ont été encore plus étonnés de savoir que oui. Elles me donnaient tout juste 25 ans. Elles m’ont demandé où sont les enfants, si mes parents les gardaient. Je leur ai répondu que non, que mes parents étaient en France et que c’est mon mari qui s’occupent d’eux. Elles m’ont demandé qui leur fait à manger et elles ne voulaient pas croire que c’est mon mari qui s’en charge. J’ai eu ces quelques mêmes questions de la part de quasiment tout le monde durant ces quelques jours…

Puis j’ai rejoint mon hôte qui était dans un champ en face. Il m’a expliqué que ce champ n’était pas encore prêt à être récolté, mais que certaines pousses avaient déja la bonne taille, donc nous devions les récolter en avance. Nous avons passé une bonne heure dans ce champs à cueillir les jeunes pousses.

J’arrivais très bien à communiquer en Mandarin avec mon hôte. Mais parfois, il me manquait simplement le vocabulaire, alors il prenait un bâton et m’écrivait le caractère au sol, en le recopiant sur Pleco je trouvais sa signification exacte. Mes hôtes ont vraiment été adorables et aux petits soins pour moi. Au passage, cette application est un indispensable si vous venez en Chine et le meilleur dictionnaire de Chinois que je connaisse.

Quand nous sommes redescendu de la montagne, je suis repartie en vadrouille dans le village. Nous n’avions pas assez de feuilles pour lancer le façonnage, mon hôte m’a donc précisé que nous les traiterions le lendemain seulement. J’ai rencontré des voisins, certains qui n’ont que peu osé communiquer avec moi – certainement un peu par timidité et un peu par peur de l’étranger -, mais certains qui ont vraiment pris plaisir à me parler, à me poser des questions et à m’expliquer leur métier et leur savoir-faire. C’est un vrai bonheur d’en apprendre autant de la bouche même de ceux qui font le thé que nous buvons chaque jour.

C’est ainsi que j’ai pris connaissance des différents grades de Tai Ping Hou Kui que l’on trouve sur le marché, de la partie manuelle et de la partie mécanisée utilisés pour chaque grade et donc la qualité et le prix de chaque grade. C’était vraiment très intéressant.

A 16h, mon hôtesse est venue me chercher pour me donner une banane et une mandarine pour le goûter. Les cueilleuses dormaient toujours pour la plupart. Une d’entre elles en a profité pour laver son linge à la main. Une autre s’est levée peu après pour se laver les cheveux avec une bassine au milieu de la cuisine.

Et puis, j’ai fini ma journée chez des voisins qui traitaient encore du Tai Ping Hou Kui à la main, à les observer, à écouter leur conversation. Je suis vraiment pleine de gratitude pour ces moments qu’ils m’ont tous offert.

Vers 18h-18h30, une camionnette vendant des fruits, des légumes, de la viande, des oeufs et du tofu arrive dans le village à grand renfort de musique et de « Machia » – comprendre « mai cai » dans leur patois, à savoir vente d’alimentation. C’est ce moment que la plupart des producteurs choisissent pour terminer cette deuxième partie de la journée. Les cueilleuses stoppent leurs travaux. Tout le monde se rassemble autour de la camionnette pour acheter de quoi préparer le dîner et le petit-déjeuner du lendemain. Ils passent commande de choses spécifiques qu’ils aimeraient le lendemain. Ce vendeur, c’est leur seul lien avec la ville une grande partie de la semaine. Il vient tous les jours de l’année depuis huit ans. Et un autre venait certainement auparavant. Certains jours, une autre camionnette vient le matin, vers 11h. Mais ce n’est pas aussi régulier que celle de 18h. Enfin, les enfants partis vivre à la ville pour vendre le thé fabriqué au village viennent le week-end et ramènent d’autres produits que ceux disponibles au quotidien.

Nous avons dîner tous ensemble, nous avons un peu discuté et nous sommes tous allés nous coucher. Il n’y avait plus de pluie annoncé le lendemain, le patron nous a donc dit que nous partirions dès 6h du matin à la cueillette. Ce soir-là, pour me laver sommairement avec mes bassines, j’ai découvert qu’ils avaient une sorte de buanderie où je suis allée me réfugier.

Le lendemain, j’avais mis mon réveil à 5h30, mais j’ai été réveillé dès 5h par le bruit des cueilleuses qui se préparaient. Je suis descendue assez rapidement pour prendre le petit-déjeuner. Mon hôtesse avait préparé du Zhou – une sorte de soupe de riz que les Chinois adorent manger au petit-déjeuner et que je trouve absolument insipide – avec des pickles au piment et un pain vapeur pour chacun.

Un peu avant 6h, j’ai contacté Papa Lou et les enfants pour leur souhaiter une bonne journée avant qu’ils ne partent pour le travail et pour l’école. Et puis nous sommes partis. Nous nous sommes divisé en deux groupes. Un premier groupe de quatre cueilleuses est parti avec l’ouvrier. Je suis partie avec le patron et quatre autres cueilleuses.

Les paysages étaient magnifiques en montagne. La brume matinale s’accrochait encore au sommet des arbres, les oiseaux commençaient tout juste à pépier. Au fur et à mesure que le soleil se faisait plus chaud, les insectes ont commencé à nous tourner autour. Surtout des papillons de toutes les couleurs et des sortes de bourdons. Le paysage autour de la parcelle que nous avons récolté était vraiment splendide. Je me suis sentie vraiment bien à cet endroit, à cueillir les feuilles de thé. J’étais juste là, ici et maintenant. Concentré sur mon geste et les bruits de la nature, les rires et les conversations lointaines des autres cueilleuses. J’ai passé trois magnifiques heures dans ce champs.

Au bout de deux heures environ, le patron est redescendu au village, nous laissant avec quelques consignes, pour aller allumer les feux et tout préparer pour notre retour. Nous avons terminé notre cueillette et nous sommes aussi redescendu. Sur la descente, à plusieurs endroits, les cueilleuses m’ont montré des pousses de bambous qu’elles ont récolté pour que je les ramène à Shanghai et les fasse goûter à ma famille. Je suis donc revenu les bras chargé de pousses de bambou! Ayi s’est d’ailleurs fait un plaisir de nous les préparer le jour de mon retour: une soupe de poulet au bambou et du poulet à la sauce brune, au bambou et au piment.

Une fois redescendu, nous nous sommes mis au façonnage des feuilles de thé que j’avais récolté la veille avec le patron. C’est un travail minutieux et fatiguant, mais qui n’est pas particulièrement pénible.

Vers 11h, le deuxième groupe de cueilleuses est arrivé. Elles se sont assises avec nous pour se mettre au façonnage des feuilles de thé. A midi, la patronne est venue nous chercher pour déjeuner. Elle avait tout préparé, et nous avons juste eu à nous servir un bol de riz chacun. Trente minutes plus tard, nous reprenions le façonnage. A 16h, nous avons reçu un petit goûter à manger tout en travaillant. A 18h, le vendeur ambulant est arrivé: la deuxième partie de la journée prenait fin. Ca marquait aussi la fin de mon séjour à la montagne.

La patronne a invité le vendeur à dîner avec nous, en échange de quoi, il a accepté de me redescendre à la ville jusqu’à la boutique de nos amis. Nous avons dîné et puis vers 19h, j’ai dit merci et au revoir à tout le monde. Je venais de passer trois jours absolument magique, merveilleux, hors du temps et tellement riche. Je suis profondément reconnaissante à ces gens de m’avoir ainsi accueilli à bras ouverts, plein de bienveillance et avide de partager leur vie avec moi, une étrangère. Ils m’ont appris la signification profonde du mot « hospitalité ».

Pour ma part, je suis donc redescendue à la ville pour une dernière nuit à l’hôtel, avant de reprendre le train le lendemain pour Shanghai et retrouver mes trois amours qui m’ont beaucoup manqué. Le vendeur ambulant m’a fait quelques confessions sur le chemin du retour. Il n’aime pas rouler de nuit dans ses montagnes, sur ses chemins dangereux, et je le comprends. Les cueilleuses et mes hôtes ont repris leur travail après le dîner. Ils ont certainement travaillé jusque tard dans la nuit pour terminer de façonner toutes les feuilles récoltés.

C’est une aventure que je garderai toute ma vie gravée dans mon coeur. Une belle aventure humaine! 

A la cueillette des feuilles de thé

Ce soir, je quitte Shanghai pour trois jours dans les montagnes jaunes. Je suis vraiment très impatiente, car je vais réaliser un rêve! Je vais passer ces quelques jours dans une famille de producteurs de thé, des amis de Papa Lou, qui nous ont invité. Je vais participer à la cueillette des feuilles de thé avec les cueilleuses.

C’est un rêve qui se réalise et également un joli défi pour moi. C’est la première fois que je vais voyager seule, totalement seule. J’ai déja eu l’occasion de voyager seule, seule avec les enfants, mais là, c’est Papa Lou qui va prendre soin d’eux pendant quelques jours. Et je vais donc avoir trois jours et quatre nuits pour moi toute seule. Je sens que ça va me faire un bien fou. Laisser les enfants, voyager seule, aller passer ces quelques jours en totale immersion dans la langue chinoise, dans la campagne… 

Je vous embarque avec moi sur Instagram en direct si vous voulez m’y rejoindre et je ferai également un article sur le blog de cette fantastique expérience.

Je suis vraiment ravie et excitée comme un enfant à la veille de Noël.

[Atelier de poterie] Façonner une théière chinoise

Depuis de nombreuses années, j’ai un rêve: travailler la terre avec mes mains pour en faire de beaux objets. Ma passion pour le thé et sa culture n’ont fait qu’accentuer cette envie. Participer à un atelier de poterie, ce n’est pas bien compliqué, me direz-vous. Et pourtant, je n’ai jamais osé sauter le pas. 

Avec le recul, je comprends maintenant que je m’imaginais que cet atelier ne pouvait être qu’une récompense, un cadeau: j’aurai le droit de me le permettre seulement après avoir passé certaines étapes. Quelles sont ces étapes? Mon esprit n’est pas allé jusque là, c’est juste que j’imaginais ne pas en être digne. Le manque de confiance en soi peut vraiment nous pousser dans de drôles de situation. Et puis j’imagine que j’avais également plus que tout peur de l’échec, peur de ne pas savoir faire.

Et puis, ces derniers mois, quelque chose a changé. J’ai décidé que j’avais le droit de rêver et de réaliser mes rêves, que rien ne m’en empêchait. Quand pour mon anniversaire, Papa Lou m’a demandé si je souhaitais quelque chose en particulier, c’est sans réfléchir plus que j’ai répondu que je rêvais de faire un atelier de poterie. J’étais enfin prête à réaliser mon rêve.

Que s’est-il passé dans ma tête? Pourquoi maintenant et pas avant? Je ne sais pas. Au début de l’année, je me suis fixée comme objectif de travailler sur ma confiance en moi. Depuis, je fais plus attention à moi, je m’écoute d’avantage. Je suis mes intuitions et j’entre en action plutôt que d’attendre. J’ai le droit de réaliser mes rêves. Et voilà donc où mes réflexion de débuts d’année m’ont menées. A un atelier de poterie chez The pottery workshop à Shanghai. Mais ce n’est pas ma seule réalisation de ce début d’année, j’ai également enfin trouvé la force de prendre soin de moi et de mon dos qui me fait souffrir depuis des années – mais ça, je vous en parlerai une autre fois 😉

Nous avons découvert cet atelier de poterie lors de notre séjour à JingDeZhen, LA capitale mondiale de la céramique. Nous avions repéré qu’ils possédaient un atelier et deux magasins à Shanghai et nous avions gardé cette idée dans un coin de notre tête. Peu après mon anniversaire, je suis donc allée m’inscrire à un atelier de découverte de la poterie pour le mois de mars. Ainsi, je vais découvrir les bases de la poterie en quatre matinées. Et j’espère pouvoir continuer de pratiquer un peu par la suite. 

Pour la première matinée, après la visite de l’atelier et une courte présentation des différentes sortes d’argile que l’on peut utiliser, notre formatrice nous a dit que nous allions réaliser une théière. Et là, je dois bien vous dire que c’était un rêve encore plus grand, qui me semblait absolument irréalisable pour une débutante, qui était sur le point de se réaliser. 

Je pose donc ici la technique pour créer une magnifique théière en grès, parce que j’ai bien l’intention de renouveller l’expérience pour affiner mes gestes et créer d’autres théières. 

Pour commencer, il faut faire deux boules de grès de la taille du creux de sa main. Pour façonner la boule, on ne la roule pas dans la main, on met sa main en creux et on lance la boule dedans, on la récupère avec l’autre main, on tourner légèrement la boule et on réitère le lancer, jusqu’à ce que la boule soit parfaite. Les deux boules doivent être de même taille

Ensuite, on va joindre les mains en pointe vers le bas avec les quatre doigts qui se touchent, poser la boule à l’intérieur de cette pointe et à l’aide des deux pouces, appuyer doucement jusqu’à creuser un trou dans la boule. Attention, chaque boule est en fait une partie de la théière, il faut donc veiller à ne pas percer le fond. Ensuite, on prend la boule dans une main, et avec les quatre doigts à l’extérieur et le pouce à l’intérieur, on va doucement affiner les parois et creuser le trou en pinçant délicatement. Il faut veiller à ce que les bords ne s’ouvrent pas trop. Il faut faire la même chose avec les deux boules et veiller également à ce que les deux boules soient de taille et de forme identiques. Pour garder leurs belles formes poser vos réalisations sur les bords. 

Ensuite, il va falloir assembler les deux parties pour créer le corps de la théière. Pour cela, il va falloir inciser très légèrement les bords des deux demi-sphères avec une aiguille. Puis mouiller les deux côtés délicatement avec un doigt et enfin les assembler.

Une fois assembler, on va délicatement pousser l’excédent de terre d’un côté ou de l’autre pour donner une belle forme de patate au corps de notre théière et bien la refermer. On prend son temps, c’est une étape particulièrement minutieuse et importante. 

Puis on pause le corps de la théière au centre d’un tour manuel et on va mouiller légèrement une estèque métallique, bomber le côté rond de l’estèque à la force de ses doigts, faire tourner le tour manuel avec l’autre main et poser délicatement le bord de l’estèque à 15° sur le corps de la théière. On va venir ainsi adoucir la terre, la rendre lisse et brillante. C’est une autre étape importante et assez longue dans le processus. 

Ensuite, on va faire le bec de la théière. Pour cela, il faut prendre un peu de grès, de la taille d’une petite noix. On en fait une sorte de carotte: large en haut et fine en bas. Avec un pinceau, on enfonce le bout du pinceau bien au milieu dans la partie large de la carotte et on fait traverser le manche du pinceau. On veille a bien garder une forme fine à un bout et large à l’autre bout. Quand la forme est bien façonnée, on peu la rouler à l’aide du pinceau sur la table pour la lisser avant de la sortir délicatement du manche du pinceau. On obtient ainsi la forme du bec, on peut légèrement le courbé vers le côté le plus fin si on le désire. On pose le bec sur le tour manuel et on va préparer la anse. 

Pour créer la anse, il faut prendre un morceau de grès de la taille d’une noix. On en fait un boudin, puis on l’allonge pour en faire un long serpent assez fin. Pour bien rouler le boudin, puis le serpent, poser le bout de la pulpe des doigts sur le boudin puis dans un beau mouvement de vague, et sans appuyer, on redescend jusqu’au pied de la paume de la main et on recommence dans l’autre sens. Quand le serpent est assez fin, on le prend par les deux bouts et pour aplanir un des côtés, on lance le serpentin contre la table à trois reprises créant ainsi une anse plate d’un côté et ronde de l’autre. Puis on pause la anse de côté. 

Il est temps de revenir au corps de notre théière. On va maintenant ouvrir le couvercle de la théière. Dans une main on prend l’aiguille, de l’autre on fait tourner rapidement le tour manuel. On va commencer par dessiner le cercle d’ouverture du couvercle à l’aide de l’aiguille, sans appuyer. La main doit être bien stable et ne surtout pas bouger. Une fois le dessin exécuté, on peut ralentir le tour manuel et à l’aide de l’aiguille creuser le long du dessin et ôter le couvercle. On pose le couvercle délicatement sur la table. 

A l’aide de l’aiguille, sans ouvrir d’avantage la théière, on peut creuser un peu les bords intérieurs, avant de les lisser. Puis avec les quatre doigts à l’extérieur et le pouce à l’intérieur, on a faire la même chose que ce que l’on avait fait à l’extérieur pour créer une belle forme de patate et sceller les deux parties de la théière, on utilise l’excédent de terre que l’on pousse doucement avec le pouce pour lisser l’intérieur de la théière. C’est une étape importante pour bien sceller les deux parties de la théière. 

Maintenant, on va terminer le couvercle. On va commencer par lisser délicatement l’intérieur du couvercle avec le pouce. Puis on va lui créer un pommeau. Il peu avoir la forme que l’on veut, l’important étant qu’il soit plus large en haut et plus fin en bas. Ensuite, on incise délicatement le pied du pommeau et on le mouille pour le coller sur le couvercle. 

On prend un morceau de mouchoir en papier et on va poser le couvercle sur le mouchoir avant de refermer le couvercle pour s’assurer qu’il s’imbrique parfaitement dans la théière.

Il est alors temps de s’attaquer au bec de la théière. Pour que la théière verse correctement, il faut que le haut du bec soit au niveau de l’ouverture de la théière. Et le bas doit être le plus bas possible pour que la théière se vide correctement. Il faut couper le bec à la taille voulu, sans appuyer avec l’estèque, mais en sciant , comme pour couper un steak, doucement pour ne pas refermer le trou du bec. On peut couper le haut et le bas, en fonction des besoins. On pose délicatement le bec là où on veut le mettre sur la théière. Il fait que le bec, le pommeau et la anse soient sur la même ligne, bien centré. Avec l’aiguille, on va dessiner légèrement le contour du bec pour savoir où on va ouvrir le corps de la théière. On ôte le bec, et on va faire un trou dans le corps de la théière, en veillant bien à ne pas aller jusqu’à la trace que l’on vient de dessiner. 

Une fois le trou creusé, il va être temps de coller le bec. On incise légèrement à l’aide de l’aiguille autour du trou du corps et autour du trou du bec, on mouille et on colle. On va lisser pour bien coller le bec au corps de la théière. On peut ajouter un très fin boudin de grès au niveau de la soudure du bec si nécessaire, pour éviter que le bec ne craque à la cuisson. 

On termine par la anse. On coupe la anse à la taille voulue et puis on va la coller. On la pose délicatement sur le corps de la théière. On dessine le contour à l’aide de l’aiguille et on va inciser légèrement à l’intérieur du cercle obtenu ainsi que là où la anse touchera la théière. On mouille et on colle. Encore une fois, on peut ajouter un très fin boudin de grès pour consolider la soudure. 

On termine par bien lisser à l’estèque, au doigt et au pinceau si nécessaire toutes les imperfections de la théière. Il est alors temps de décrocher la théière du tour manuel en utilise le fil à découper que l’on va tendre très fort avant de passer rapidement sous la théière en veillant bien à ce que le fil reste le plus proche possible de la table du tour. C’est terminé: on va pouvoir laisser sécher la théière. 

Une fois bien sèche, il restera à pratiquer deux cuissons dans un four à potier. 

J’ai été très fière de voir ce que mes mains ont été capable de réaliser avec de la terre. Je n’aurai jamais espéré un résultat aussi sympathique. Evidement, en séchant, mais aussi à la cuisson, on n’est jamais à l’abri de craquelures ou de cassures dans l’objet créé. Je ne verrai le résultat final que dans plusieurs semaines, mais je suis déja ravie! 

Et vous, avez-vous déja testé la poterie?