[Parentalité] Dormir avec ses enfants

Cododo. Ce mot comprend deux réalités proches et tout de même différentes. Deux définitions en quelque sorte. Le cododo ça peut aussi bien vouloir dire, dormir avec son bébé, dans le même lit. Mais aussi dormir avec son bébé, dans la même chambre.

Nous pratiquons le cododo avec Little Miss Sunshine et Little Smiling Buddha. Dans les deux sens du terme. Nous avons pratiquée le cododo avec Little Miss Sunshine et le pratiquons toujours. Nous avons pratiqué le cododo avec Little Smiling Buddha et le pratiquons toujours. Dans les deux sens du terme, pour les deux enfants.

A la naissance de Little Miss Sunshine, je n’avais aucune connaissance du cododo. Et puis la deuxième nuit à l’hôpital, pendant une tétée qui s’éternisait, alors que j’étais dans ma quatrième nuit sans fermer l’œil (les contractions, l’accouchement, un nouveau-né, tout ça…), je me suis légèrement assoupie avec bébé au sein. C’est ce moment qu’a choisi une infirmière (ou une sage-femme, ou une puéricultrice, je ne sais plus) pour faire irruption dans ma chambre (il devait être vers les 4h du matin, je ne comprend pas ce besoin de vérifier la tension et je ne sais quoi d’autres à cette heure! Mais c’est un autre sujet) et me hurler dessus qu’on ne dormait pas avec son bébé. Que c’est dangereux. Qu’est-ce que je cherchais? A l’étouffer? Il pouvait tomber du lit! Je pouvais l’écraser de tout mon poids! Est-ce que j’étais bien consciente du mal que je pouvais lui faire? Un bébé, ça dort dans son lit. Un point c’est tout. Et puis elle allait me fournir une plaquette pour m’expliquer! (Ça me rappelle qu’elle ne me l’a jamais donné sa plaquette et tant mieux) Entre temps, Little Miss Sunshine ne dormait plus. Et moi non plus d’ailleurs. Elle avait vraiment hurlé l’infirmière, je vous le disais. J’étais atteré. Je n’osais plus bouger. Je ne sais même plus si elle a pratiqué les examens qu’elle avait à faire. Je me vois encore figée, glacée par ses paroles. Morte de peur. Morte de culpabilité. Morte de honte.

Little Miss Sunshine a été, et est toujours, une très petite dormeuse. Oui. Ca existe les nouveaux-nés qui dorment 30mn par ci, 30mn par là, 1h ou 2h consécutive la nuit quand tout va bien… Le temps de lâcher prise pour moi. D’être sûre qu’elle dorme, pour qu’elle soit de nouveau réveillé… J’étais épuisée. Traumatisée par les paroles si violentes de cette infirmière en pleine nuit. De retour à la maison, la nuit, à chaque réveil de Little Miss Sunshine, chaque tétée, je me forçais à me lever. J’allais dans le salon. Je m’asseyais sur le canapé. J’allumais la télé pour être sûre de ne pas m’endormir pour fixer quelque chose, et ne pas m’endormir avec mon bébé au sein. Moi, la mauvaise mère qui avait failli écraser son bébé son deuxième jour de vie. Ses paroles résonnaient toujours en moi, nuit après nuit. Trois semaines. J’ai tenu trois semaines à ce rythme. Je n’étais plus que l’ombre de moi-même.

Une nuit, assise sur mon canapé, devant une énième émission hypnotisante, je me suis assoupie. Malgré tout mes efforts. Je me couvrais d’ailleurs un minimum -en plein hiver- pour être sûre d’avoir froid et de me tenir éveillée… Je me suis assoupie. Quelques secondes, quelques minutes, je n’en ai aucune idée. Et puis je me suis réveillée en sursaut. J’ai eu peur. Très peur. J’aurai pu lâcher mon bébé. Il aurait pu tomber du canapé. Je n’arrivais même pas à rester éveillé pour nourrir mon tout-petit! J’étais à bout! J’ai pleuré longuement.

Après une longue discussion avec Papa Lou, nous avons convenu qu’il était bien moins risqué d’allaiter Little Miss Sunshine couchée dans notre lit, avec son petit lit à barreaux contre le nôtre pour éviter qu’elle ne tombe et que si je m’assoupissait, ce ne serait que pour quelques minutes, et je la remettrais aussitôt dans son petit lit. Et que nous allions garder tout ça pour nous. Que ça ne regardait que nous. Et c’est ce que nous avons fait. Et de jours en jours, de semaines en semaines, de mois en mois, nous avons enfin pris confiance en nos capacités de parents. Nous avons compris qu’on n’écrase pas un enfant en dormant avec lui. Nous avons remarqué que nous étions tous les trois bien moins exténué, même les mauvaises nuits. Et Little Miss Sunshine passait une partie de la nuit dans son lit, et puis une autre partie dans le nôtre. Parfois plus dans l’un que dans l’autre. Parfois plusieurs fois dans l’un et plusieurs fois dans l’autre. Notre cohabitation a duré 16 mois. Jusqu’à ce qu’elle fasse ses nuits. Jusqu’à ce qu’elle n’ait plus besoin de moi la nuit par ce qu’elle ne se réveillait plus et s’endormait seule. Elle et son petit lit on alors intégré la pièce juste à côté de notre chambre, la porte toujours ouverte entre les deux pièces. Et nous n’avons jamais parlé à personne (ou si peu) de notre expérience de cododo. Ce n’est qu’à 2 ans et demi qu’elle a véritablement eu sa chambre. Elle y a dormi sans aucun soucis durant 5 mois. Elle s’y endormait. Ne se réveillait que rarement. Et venait rarement nous rejoindre avant le matin. Finalement, elle a eu 3 ans. Et puis elle a eu peur de la nuit. Et puis des monstres. Et puis des ombres. On a accompagné. On a expliqué. On a donné des astuces pour les combatte ces monstres. Pour se rassurer par elle-même. On a combattu avec elle. Rien n’y a fait. On s’est battu, un peu. On a perdu notre bienveillance, un peu. On a eu honte, beaucoup. On s’est excusé. On a négocié. Ca a duré une grosse semaine. Et puis on a lâché prise. On a installé un matelas d’appoint au sol dans notre chambre. On a tout de suite vu la différence. Les endormissement étaient plus doux et les réveils moins fréquents. On s’est de nouveau inquiété pour la naissance de Little Smiling Buddha. Comment allions-nous faire? Et puis elle est restée. Et tout c’est bien passé. Nous dormons tous les quatre. Elle a 4 ans (presque et demi) et elle dort toujours avec nous. Elle n’a plus peur de la nuit. Elle n’a plus peur des monstres (enfin, quand même un petit peu, parfois) mais elle n’est pas encore prête. Alors on lui fait confiance…

A la naissance de Little Smiling Buddha la question ne s’est même pas posé. Il allait dormir avec nous. J’allais le prendre dans le lit pour l’allaiter. Et puis il dormirait là où il dormirait. Dans son lit. Dans notre lit. Après tout, quelle importance? Il a dormi dans notre lit. Beaucoup. Il a dormi dans son petit lit, collé au nôtre. Un peu. Et puis il a fait ses nuits. Et puis il ne les a plus fait. Mais qu’importe. Il a gigoté beaucoup. Et puis je me suis rendue compte que je le gênais à dormir avec lui. Alors j’ai essayé de le remettre plus régulièrement dans son petit lit. Et puis il s’est cogné la tête dans les barreaux. Et puis on s’est dit qu’il serait temps de trouver une autre solution. Il avait 8 mois. On a installé un deuxième matelas au sol. A côté de celui de Little Miss Sunshine. Et la transition a été douce. Little Miss Sunshine et Little Smiling Buddha se cherchent instinctives  la nuit. Ils vont l’un vers l’autre dans leur sommeil. Et c’est beau à voir. Et émouvant.

Finalement, l’Homme n’est pas fait pour dormir seul. A l’époque des hommes de cro-magnons et compagnie, la nuit était pleine de dangers, on se regroupait. Aujourd’hui encore, je n’aime pas dormir seule quand Papa Lou est absent. Et c’est pareil pour lui. Je me vois mal imposer à mes enfants de dormir seul. C’est d’ailleurs une phrase de Little Miss Sunshine qui m’avait fait me remettre en question: « Mais pourquoi Papa et toi vous dormez ensemble et moi je suis TOUTE SEULE? » C’est elle qui m’a ouvert les yeux.

Aujourd’hui j’aime me réveiller la nuit et en un seul coup d’oeil savoir que toute la famille dort bien, est apaisée. J’aime entendre leurs respirations calmes et reposantes. J’aime cet esprit de « meute » que ce cododo implique.

Alors bien sûr ce n’est pas rose tous les jours. Il y a des jours où je donnerai tout pour que Little Miss Sunshine réintègre sa chambre. Il y a des jours où Papa Lou perd patience et insiste pour qu’elle regagne sa chambre. Il y a des jours où j’ai vraiment l’impression de faire du camping en continu. Il y a ses nuits où après un énième réveil, je grogne que j’aimerai dormir alors même que tout le monde dort autour de moi ou presque… Mais finalement, il y a toujours ces moments qui nous crient qu’on a fait le bon choix. Ces moments d’harmonie, le matin au réveil quand on voit leur sourire et qu’on se sent relativement reposé malgré plusieurs réveils nocturnes. Papa Lou et moi, et même Little Miss Sunshine, savons que ces moments sont précieux. Et qu’ils sont provisoires, à plus ou moins longues échelles. Je ne sais pas combien de temps nous allons encore dormir à quatre. 2 mois? 6 mois? 1 an? Plus? Moins? Seul l’avenir nous le dira. Mais j’ai confiance en mes enfants, quand ils seront prêt, ils sauront nous le dire. Et en attendant, je savoure les instants de bonheur familial que cela nous procure…

[Allaitement] Nouvelle histoire de lait

Je vous avais déja raconté l’histoire de mon allaitement avec Little Miss Sunshine. Laissez-moi vous raconter le début de l’histoire de mon allaitement avec Petit Poisson.

Tout a commencé quelques jours avant le solstice d’été de l’an 2015. Avec Papa Lou, nous étions plus que convaincu de la nécessité de l’allaitement. Je savais suite à mon expérience avec Little Miss Sunshine que tout pouvait ne pas se passer comme sur des roulettes. J’ai cherché et trouvé une consultante en lactation à contacter en cas de problèmes à Shanghai dès le début de ma grossesse. Cette fois-ci, nous ne nous sommes pas offert d’alternatives. Impossible de donner du lait maternisé à mon bébé à Shanghai. Il y a eu trop de scandale autour du lait et du lait infantile en Chine et il y a bien trop de contre-façon sur le marché pour que je puisse faire confiance. Il fallait que j’allaite. Ca peut paraître contradictoire, mais en même temps, je ne me suis pas mis la pression. Malgré tout, j’étais sereine. J’avais envie de croire en moi et en mon bébé.

Quelques jours avant le solstice d’été 2015, peu après midi, on m’a donc posé Petit Poisson dans les bras pour la première fois. Et puis la gynécologue, la sage-femme, les infirmières sont sortis et nous ont laissé seuls savourer ce moment à trois. Je n’avais pas vraiment idée du moment idéal pour proposer le sein pour la première fois à mon bébé. Devais-je attendre quelques minutes seulement, ou plutôt quelques heures? J’ai posé Petit Poisson sur mon ventre dans l’espoir qu’il m’indique lui-même le bon moment en tentant de grimper vers mon sein. Et puis ce moment est arrivé. Il a commencé à s’agiter, à chercher avec sa bouche. Je ne sais plus combien de temps cela à pris. Peut être une demi-heure, peut être plus.

Nos premières tentatives ont été hésitantes, maladroites. Nous étions tous les deux bien fatigués par l’accouchement. Et puis quelques minutes plus tard, comme par magie, j’ai senti que Petit Poisson avait réussi. Il tétait. Il avait réussi à téter tout seul. Et nous n’avions eu besoin de personne pour nous aider. Il a perdu très peu de poids. Il avait reprit son poids de naissance dès la fin du deuxième jour. J’ai eu ma montée de lait dans la foulée, dès le lendemain de sa naissance.

En Chine, les femmes allaitent plus volontiers qu’en France. Et quand elles allaitent, elles allaitent plus longtemps, en moyenne un an. Pourtant, elles reprennent également le travail environ trois mois après la naissance. Mais du temps leur est donné dans la plupart des entreprises pour tirer leur lait (une heure par jour). Par contre, elles ne donnent pas directement le sein. Elles tirent leur lait et, dès le début de la vie de bébé, c’est quelqu’un d’autre, souvent la maman ou la belle-maman de la jeune accouchée qui s’occupe du bébé. Il faut dire que la jeune maman a quasi-interdiction de sortir de son lit durant quarante jours. Elles en passent en moyenne dix à l’hôpital après la naissance – où les infirmières s’occupent totalement du bébé (couche, biberon de lait, bain,…) puis trente à la maison entourée de leur maman ou belle-maman pour s’occuper du bébé ainsi que d’une « gouvernante » pour faire tourner le ménage.

J’ai retrouvé avec beaucoup de plaisir cette petite sensation de picotement à chaque tétée. Je me suis souvenue de cette symbiose avec bébé: au moment même où je sens la montée de lait arriver, bébé se met à réclamer ou inversement. Je trouve que ça a quelque chose de magique. Avec Little Miss Sunshine, j’ai essayé tant bien que mal de pratiquer un allaitement à la demande qui n’a jamais été totalement abouti. Bizarrement, je n’arrivais pas à nous faire totalement confiance, je ne savais pas repérer les bons moments pour lui proposer le sein, j’étais obnubilé par « un rythme » qu’il me semblait elle devait adopté, j’étais parasité par les conseils contradictoires des médecins et du personnel de la PMI (« à son âge, elle n’a plus besoin de téter que toutes les quatre heures, sous peine de lui provoquer des problèmes de digestion » m’a-t-on assuré à ses trois mois, me déstabilisant encore un peu).

Cette fois-ci, j’ai demandé à la pédiatre de répéter ce qu’elle venait de dire quand elle m’a dit de surtout donner le sein à mon bébé à la demande. Je pensais avoir mal compris! Comme quoi, le personnel médical n’est vraiment pas formé de la même manière et aux mêmes choses suivant les pays. Et avec Petit Poisson, tout roule! Je suis sereine. Je nous fais confiance. Je repère facilement quand il a besoin de téter. Que ce soit deux fois dans la même heure ou une fois toutes les trois heures. Je lui donne. Je lui fait totalement confiance. Et contrairement à mon première allaitement, où j’ai mis beaucoup de temps à apprécier ces moments, je profite délicieusement de ces moments depuis le premier jour. Malgré les contractions que cela me provoque les premières semaines, malgré l’irritation des tétons et la douleur au moment où il commence à téter dans les premiers temps.

Ce nouvel allaitement débute donc complètement différemment du premier. La clef pour moi, c’est le lâcher-prise. La confiance en son bébé. Il sait ce dont il a besoin quand il en a besoin, il suffit de réussir à décoder et de se faire confiance.

Papa Lou et moi sommes dores et déja convaincu que nous nous orientons vers un allaitement long, très long…

Et vous, comment avez-vous vécu l’allaitement si vous l’avez pratiqué? 

[Promenade] Des lamas en Alsace

L’avant-dernier dimanche que nous avons passé en Alsace était particulièrement maussade. Un peu de soleil de temps à autre, mais surtout un vent froid et de la pluie régulière. Nous ne voulions pas allés trop loin, pour laisser dormir Little Miss Sunshine en début d’après midi.

Mes parents m’ont alors proposé d’aller visiter une ferme où sont élevé des lamas à une dizaine de minutes de chez eux. Je ne savais même pas qu’on élevait des lamas en Alsace!

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Ce n’est pas à proprement parlé une ferme à visiter comme nous avons pu le faire dans le Sundgau, il s’agit surtout d’un grand enclos avec un troupeau de lama. Mais la promenade a plu à Little Miss Sunshine, et c’est bien là l’essentiel. Quand les beaux jours arrivent par contre, j’ai vu sur leur site qu’ils proposent des visites commentées et que les enfants peuvent s’approcher des lamas et même les caresser. Une visite à refaire peut être quand Little Miss Sunshine sera un peu plus grande cet été!

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Little Miss Sunshine, très attachée à l’allaitement, même si elle s’est sevrée d’elle même à 16 mois et qu’elle n’a absolument plus voulu revenir au sein depuis, a été ravie de constater que les bébés lamas aussi tétaient le lait de leur maman. Nous avons d’ailleurs intégrer le terme de « mammifère » dans notre vocabulaire depuis la visite de ces deux fermes et Little Miss Sunshine semble l’avoir intégré, même si elle ne l’a pas encore utilisé d’elle même.

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Comme le soleil avait refait une courte apparition, nous en avons profité pour nous promener un peu aux alentours de la ferme. Nous avons ramassé plein de cailloux sur le chemin, qui nous permettront de faire de la peinture un de ses prochains après-midi pluvieux!

Et vous, avez-vous rencontré des animaux insolites ces derniers temps? 

Notre allaitement

Tout a commencé le dernier jour de l’an 2011. En fin de matinée, on me mettait Little Miss Sunshine au sein pour la première fois.

Ma décision était mûrement réfléchie, mais pas inébranlable. Nous avions fait le choix, Papa Lou et moi d’allaiter Little Miss Sunshine. Dans la mesure où ça marcherait. Je savais que la mise en place d’un allaitement pouvait ne pas être idillyque. Je ne voulais pas me forcer si ça ne me convenait pas.

Cette première tétée a été laborieuse. Très fatiguée par sa naissance, Little Miss Sunshine s’endormait instantanément et n’arrivait pas à garder la bouche ouverte pour téter. La sage-femme m’a rassurée.

Les tétées suivantes ont été toutes aussi épuisantes pour elle et pour moi. Elle n’arrivait pas à garder le sein en bouche. Elle s’endormait tout le temps. La première nuit a été particulièrement difficile. Little Miss Sunshine a passé sa nuit à hurler de faim et moi, impuissante, à appeler les infirmières pour me la mettre au sein. Peine perdue. Vers 4h du matin, une aide-soignante m’a dit d’essayer les bouts de sein, que ça pourrait m’aider dans un premier temps. Je n’y aurais jamais pensé. J’ai envoyé un message à Papa Lou pour qu’il m’en trouve avant de venir nous rejoindre à l’hôpital. A 7h, on m’apportait des biberons de compléments pour Little Miss Sunshine. C’est quand j’ai vu ses biberons sur la table de nuit à côté de moi que j’ai eu le déclic. J’ai été instantanément convaincu qu’il fallait que j’allaite. Il fallait qu’on y arrive toutes les deux et on allait se battre.

Vers 8h, Papa Lou est venu me rejoindre avec des bouts de sein en silicone. On a essayé et ça a tout de suite fonctionné. Little Miss Sunshine s’endormait toujours, mais elle arrivait enfin à garder mon sein en bouche plus d’une minute et à téter. Cette aide-soignante, sans le savoir, a sauvé mon allaitement. Je n’ai pas pu l’en remercier. La fatigue et le stress m’ont totalement fait oublier son visage. Mais je ne l’oublierai pas.

Little Miss Sunshine était un tout petit bébé. On ne m’a pas lâché avec l’allaitement à l’hôpital. Je devais noter les heures, les durées. Alors j’ai menti. J’ai rempli des lignes factices. J’ai répondu ce qu’on voulait entendre. J’ai décidé de nous faire confiance. Et tout c’est bien passé. Little miss Sunshine a repris son poids de naissance et à continuer à grandir à son rythme.

De mon séjour à l’hôpital, je n’en garde pas un très bon souvenir. Je me sentais seule, nulle et complètement déboussolée. Je n’avais qu’une hâte: sortir avec Little Miss Sunshine et retrouver notre chez-nous et Papa Lou. Je suis sortie au bout de trois jours qui m’ont semblé interminable.

Avec les bouts de sein, notre allaitement a été lancé. Une fois passée le questionnement du « quand faut-il que j’arrête les bouts de sein? » – encore une fois j’ai décidé de nous faire confiance -, tout s’est mieux passé. Ce n’est qu’au bout de deux mois que nous les avons arrêté. Quand Little Miss Sunshine a été prête.

Les trois premiers mois, je n’ai pas réussi à réellement apprécier ces moments. J’aimais l’avoir au sein et j’éprouvais une immense fierté de la nourrir moi-même mais la fatigue m’empêchait d’apprécier ces moments.

Le quatrième mois a été difficile. Elle se braquait et hurlait dès qu’elle était quelques minutes au sein. Je devais m’y reprendre à plusieurs fois. Les tétées s’éternisaient. Se rapprochaient dans le temps. Désespérée j’ai pris rendez-vous chez un pédiatre qui n’a rien trouvé de plus intelligent que de me dire que je devais passer au biberon, que mon bébé n’était pas assez gros pour son âge, que j’étais une mauvaise mère à m’obstiner. Je lui ai tenu tête, fièrement, je n’y ai plus jamais remis les pieds. Mais je suis rentré chez moi en pleurs et pleine de doutes. J’ai pris rendez-vous à la PMI le lendemain. Ils ont su me rassurer. Me dire de continuer d’allaiter. De ne pas me décourager. Little Miss Sunshine avait 4 mois et 2 semaines. Elles m’ont conseillé de tenter la diversification pour me rassurer. Little miss Sunshine était prête. Elle m’a épatée. On m’avait dit de commencer par une ou deux cuillères de purée de carottes. Elle en a mangé six pour son premier repas. Et m’en demandais plus. Je n’ai pas osé lui en donne plus. Mais la diversification était lancée. Jusqu’à ses un an j’ai toujours privilégié l’allaitement, en lui proposant le sein au début du repas.

Quand j’ai repris le travail, Little Miss Sunshine avait presque dix mois. L’allaitement était bien en place, j’ai décidé de ne pas tirer mon lait. Nous avons choisi Papa Lou et moi de passer à deux tétées par jour, matin et soir, sans compter celles de la nuit (une à deux jusqu’à ses un an). Nous avons remplacé les tétées par un laitage le midi et au goûter chez la nounou. Et le weekend c’était tétées à volonté.

Malheureusement, la fatigue du travail et des nuits entrecoupées m’ont épuisées. J’ai senti au tournant de ses un an que j’avais de moins en moins de lait. Je n’étais plus sûre que Little Miss Sunshine ait assez. D’un commun accord, nous avons décidé d’introduire un biberon de lait frais entier de vache, le soir après la tétée quand je sentais que c’était nécessaire. La tétée du matin restait suffisante. Nous avons poursuivi sur ce chemin plusieurs mois.

Quatre mois plus tard, lors de notre voyage au Japon, nous avons même eu un regain de tétées. La première nuit que nous avons dormi tous les trois dans le même lit, Little miss Sunshine en a profité. Elle n’a pas quitté mon sein. Et deux semaines plus tard, après une belle démonstration d’indépendance dans un restaurant où elle nous a fait un bisou à chacun avant de nous dire « Bye bye! » et de se diriger droit vers la porte, elle m’a fait comprendre qu’elle ne voulait plus le sein. Le lendemain s’était pareil. Je n’ai cessé de lui proposer durant des mois. Aujourd’hui encore, je lui en parle, lui propose, mais il faut que je me fasse une raison, elle a décidé que c’était fini. Notre allaitement s’est donc terminé au Japon après 15 mois d’allaitement.

Si j’en parle si tardivement, c’est que j’ai eu beaucoup de mal à accepté cette fin qui m’a semblé prématuré. J’ai toujours eu espoir qu’elle y revienne un jour. Neuf mois plus tard, il faut que je me fasse une raison…

C’est entre six et quinze mois que je me suis vraiment régalée avec l’allaitement. C’était du bonheur à toutes les tétées. C’était ma bouffée d’air frais, notre moment pour nous reconnecter après le travail, le moyen assuré de me vider la tête. L’aspect pratique a été un des points forts: le lait est toujours à température, rien à transporter, pas besoin de se réveiller la nuit, on attrape bébé et on le met au sein. Si j’avais du préparer un biberon à chaque fois que je l’ai mise au sein la nuit, je crois que je serai morte de fatigue. Le co-dodo nous a sauvé!

J’ai eu la chance de ne pas souffrir de crevasses comme d’autres mamans allaitantes. Je me demande si c’est le fait d’avoir utilisé des bouts de seins qui m’ont permis d’y échapper ou si ça n’a aucun rapport. Mais notre allaitement n’a de loin pas été idyllique. J’en garde pourtant de magnifiques souvenirs. L’allaitement m’a appris à faire confiance à mon bébé!

Pour le prochain c’est sûr, je l’allaiterais. Et je nous ferai confiance!