Nos voyages et week-end en 2019

La première partie de l’année 2019 aura encore été riche en voyages et en découvertes. La seconde partie de l’année aura été consacré à notre emménagement en France. Nous espérons donc très fort reprendre les voyages rapidement, parce que ça commence à nous manquer!

  • Nous sommes revenus d’Alsace vers Shanghai le 6 janvier

Nous avons donc bien profité des fêtes de fin d’année en Alsace avec nos proches, après une année sans retour à Noël l’année précédente.

Nous avons cette fois-ci découvert le Sud du pays (Kampot et Kep) et la capitale. Quel bonheur de retrouver ce pays que nous avions adoré deux ans auparavant, ainsi que la chaleur et le soleil au coeur de l’hiver!

Voici un voyage que nous repoussions depuis l’année précédente car nous pensions ne pas être en mesure de le faire sans les enfants. Finalement, avec un peu d’organisation et un séjour en solo pour chacun d’entre nous, nous avons passé quelques jours incroyables dans cette famille et avec les cueilleuses de thé. Une expérience inoubliable pour moi qui partait pour la première fois en solo et sans enfant. 

Voici un voyage en famille que nous avions prévu depuis un bon bout de temps. Nous savions désormais qu’il y avait de forts risques que nous ne restions pas plus longtemps en Chine et nous voulions absolument dire « aurevoir » à nos amis qui vivent au Japon, ne sachant pas quand nous auront l’occasion d’y revenir. C’est dans la région du Kansai que notre voyage s’est concentré, avec la découverte de la région de Wakayama que nous n’avions encore jamais visité.

  • Du 27 au 30 avril, Papa Lou est parti en solo dans la même famille de producteur de thé dans les HuangShan

Papa Lou a également vécu quelques jours dans la même famille de producteurs de thé que moi, mais en décalé de quelques jours. Une expérience extrèmement enrichissante pour lui également!

Une première expérience forte en émotions également pour Little Miss Sunshine cette année: son premier voyage sans les parents! Ce court séjour lui aura beaucoup apporté et nous aura prouvé qu’elle est très organisée et prête à voyager sans nous (pourquoi pas avec ses grands-parents ou pour un voyage linguistique)

Après l’annonce de notre départ de Chine et sans encore savoir où nous irions ensuite, nous avions besoin de profiter à fond, de savourer encore tout ce que la Chine avait à nous offrir. WuYiShan fait partie de nos coups de coeur et nous avions à coeur d’aller dire aurevoir à nos amis sur place. Les enfants nous ont notamment prouvé durant ce voyage qu’ils étaient désormais capable de marcher plus de 10km par jour en montagne sans aucun souci.

Ce fut notre dernière escapade en Chine. Et que de souvenirs incroyables! C’est un voyage que nous avions envie de faire depuis notre arrivée en Chine et finalement, nous n’avions jamais réussi à le caser dans des périodes propices, mais le timing de ce séjour a été juste parfait.

  • L’été en Alsace à partir du 14 juillet et jusqu’au 8 septembre avec quelques voyages en région parisienne pour trouver un logement.

Pas vraiment un voyage, mais une grosse réadaptation pour toute la famille. Le séjour alsacien dans la famille nous aura fait beaucoup de bien avant d’attaquer la rentrée et notre nouveau défi: le retour à la vie française.

  • Séjour en Alsace du 21 au 30 décembre pour les fêtes de Noël 

Un nouveau rythme à prendre avec le voyage en voiture, dont les enfants n’ont vraiment pas l’habitude. Ils ont pourtant été très coopératif. Mais la fatigue d’un voyage de 6h en voiture n’est décidément pas la même que celle d’un voyage en train ou en avion… Il va falloir nous y réhabituer.

Si je devais faire un bilan, je dirai que grâce à l’expatriation les voyages ont été nombreux. Le retour en France aura largement freiné nos escapades, même si ce n’est pas l’envie qui manque. Nous réfléchissons déja à nos prochaines vacances à cinq, l’été prochain. D’ici là, en dehors d’un week-end ou deux, je ne pense pas que nous voyagerons, le terme de ma grossesse approchant doucement.

2019 aura été l’année des voyages en solo. Le premier pour moi. Mais pas le dernier, je me le promets. La première expérience de voyage sans ses parents pour Little Miss Sunshine, 7 ans. Papa Lou également, mais de son côté il en a plus l’habitude.

En 2018, avec Papa Lou, nous nous étions promis un week-end par an en amoureux, suite à notre escapde d’un week-end en Suisse. Nous n’avons malheureusement pas pris le temps de réaliser cette promesse cette année, avec le stress de notre retour en France cet été. Et je ne pense pas que nous aurons l’occasion de la réaliser l’année prochaine avec un nourrisson à la maison. Mais nous verrons ce que nous réserve cette nouvelle année! 

Impatriation – L’impression d’une longue transition

Nous sommes de retour en France depuis la mi-juillet. Nous sommes installés dans notre nouveau chez nous depuis début septembre. Et pourtant, j’ai toujours encore l’impression d’être en transition. 

Je vous avais promis de faire un article sur mes propres impressions et ressentis face à cette impatriation, juste après avoir parlé des difficultés de Little Smiling Buddha face à ce challenge, nous y voilà.

J’ai mis du temps à rédiger cet article. A vrai dire, j’ai encore beaucoup de mal à prendre du recul sur la situation, à savoir ce qui tient de l’impatriation et ce qui tient de ma grossesse, mais comme finalement les deux sont liées, autant me lancer. Les informations et témoignages au sujet de l’impatriation sont assez rares encore sur Internet et en dehors de quelques groupes Facebook où finalement les témoignages sont assez noirs – venant surtout de personnes en difficultés suite à leur impatriation – j’ai décidé de partager mon propre témoignage.

Ce que je retiens de cette impatriation est que ce qui prime est l’état d’esprit dans lequel on quitte le pays où l’on a été expatrié. Si on est heureux de rentrer, tout se passera pour le mieux, malgré quelques difficultés passagères. Si on quitte son pays d’expatriation à contre coeur, ce sera évidement plus compliqué. Ca a été notre cas. Mais nous nous sommes préparé à ce retour non voulu.

Je me doutais fortement que le retour n’allait pas être facile pour nous. Nous avons donc essayé de nous préparer tant bien que mal. J’ai cherché des témoignages de personnes déja de retour en France. Et j’ai eu la chance de recevoir quelques témoignages très intéressant via mon compte Instagram.

Ce qui ressortait de tous les témoignages est qu’il vaut mieux s’attendre à ce que ce soit difficile et s’y préparer, plutôt que de se dire que tout ira bien puisqu’on rentre dans son pays et se prendre un « choc culturel » de plein fouet. Et c’est bien ce que nous avons fait.

Beaucoup d’expatriés connaissent une phase plus ou moins longue de nostalgie face à leur vie en expatriation. Nostalgie du pays, nostalgie d’un niveau de vie perdu, nostalgie de la culture perdue, nostalgie des amis et des cercles qu’on avait pu se créer là-bas… Dans notre cas, nous regrettons surtout le pays, la culture, le dépaysement à chaque coin de rue auquel nous nous étions habitué et qui était devenu notre quotidien.

Ce qui me manque personnellement le plus est de pouvoir me promener dans les petites rues de Shanghai, dans les vieux quartiers, découvrir encore cette culture qui me passionne, de communiquer facilement avec les gens malgré la différence de langue et de culture.

Une chose qui m’attriste pas mal ici en France: les gens ne communiquent pas beaucoup les uns avec les autres. Même à la sortie de l’école, ce n’est pas évident de parler avec d’autres parents. Les gens sont chacun dans leur téléphone ou dans leur stress quotidien et ne s’ouvrent que très peu aux autres. A chaque fois que je sortais en Chine, on venait me parler. Ici, j’ai beau sourire, dire bonjour, lancer quelques banalités, c’est rare que j’arrive à communiquer plus avec les voisins ou les parents de l’école…

Il faut dire aussi que je me sens en transition. Je suis dans l’attente de quelque chose. Mais je ne sais pas trop quoi. Un nouveau départ? Je ne sais pas, je me sens bien ici à redécouvrir les joies de vivre près de la nature et au rythme des saisons que j’ai connu toute mon enfance.  Une maison à nous? C’est un projet que nous réaliserons certainement dans les mois qui viennent, que ce soit pour y vivre ou pour en faire un investissement financier que nous pourrons utiliser même si nous repartons. Peut être est-ce simplement lié à l’état de transition dans lequel je suis effectivement: la grossesse. Mais je crois que c’est plus profond que ça. Je suis vraiment dans l’attente.

Alors j’ai l’impression de ne pas encore m’investir à fond dans cette nouvelle vie, de ne pas être sûre de nos choix parce que je ne sais pas où je veux qu’ils nous mènentNous essayons au maximum de vivre dans l’instant présent, de ne pas trop nous projeter. Mais dans la mesure où je ne sais pas encore dans quelle direction nous voulons aller, j’ai du mal.

Alors nous nous fixons des étapes. Et la prochaine, mais pas des moindres!, sera la naissance de notre troisième merveille. C’est déja tout un défi en soi. Ensuite, l’étape suivante sera certainement l’achat d’une maison. Que ce soit pour y vivre effectivement ou pour la mettre en location et repartir vivre dans un autre pays. Et au milieu de tout ça, mon projet professionnel, qui en l’état actuel de mon cerveau n’avance plus du tout… Je pense que ce sera mon objectif pour 2020: me décider et me lancer!

Dans les difficultés qu’il faut avoir en tête, il y a aussi l’administration française qui ne simplifie vraiment pas les démarches pour les impatriés. Il faut être motivé, savoir que ce sera long et essayé toujours d’avoir les gens au téléphone pour avancer doucement mais sûrement. Nous sommes actuellement trois sur quatre à être enregistré à la CPAM. C’est déja ça. Mais Little Smiling Buddha est toujours inexistant pour l’administration française… On est presque bon pour la CAF – sauf Little Smiling Buddha encore une fois – et la prochaine étape sera mon inscriprition à Pôle Emploi en espérant trouver une formation pour m’aider dans la création de mon entreprise.

En bref, près de trois mois après notre nouvelle installation, beaucoup de choses nous paraissent encore bien floues. Mais on avance. Progressivement. Je suis moi-même seulement entrain de prendre le nouveau rythme imposé par l’école. J’ai eu beaucoup de mal à m’y faire. Mais je crois avoir trouvé la solution. Je vous en parlerai certainement dans un autre article.

La clef est de continuer à voir les beaux moments, les réussites, les petits bonheurs du quotidien. Chaque jour, je m’efforce de noter mes trois petits bonheurs, les moments pour lesquels je suis pleine de gratitude. Je m’efforce de noter tous les moments où tout se déroule comme sur des roulettes, de le faire remarquer à toute la famille.

J’essaie de montrer la magie des saisons aux enfants, le bonheur d’avoir un jardin, de vivre près de la nature, la joie d’allumer un feu de bois quand le soir tombe,  la satisfaction de préparer un maximum de choses par soi-même avec ses mains.

Nous sommes heureux ici. Mais une partie de notre coeur est encore là-bas. Nous en parlons tous les jours. Nous continuons de communiquer avec Ayi au moins une fois par semaine. Nous voulons continuer de pratiquer notre chinois pour pouvoir retourner en Chine, au moins en vacances et communiquer avec les gens comme nous avions la chance de le faire ses dernières années. La Chine fait désormais partie de notre vie. Et nous ne l’oublierons pas.

Mon impression de transition vient beaucoup du fait que nous n’avons pas encore de projets à long terme bien définis, seulement des idées, des envies. Nous voulons nous laisser le temps de voir comment évoluent les choses ici avant de nous décider à rester ou repartir. Chaque chose en son temps…

Je vous donne rendez-vous dans quelques mois pour refaire un bilan de cette impatriation et voir comment nos idées, nos impressions ont évolué…

Ecole – Impatriation et difficultés d’adaptation en maternelle

Little Smiling Buddha a maintenant 4 ans et quelques mois. Et il a vécu ces derniers mois d’énormes changements dans sa vie: un déménagement à l’autre bout du monde dans son pays d’origine dans lequel il n’avait jamais vécu jusqu’alors, l’abandon de tous ses repères, de ses amis et de son école à la fin de l’année pour une nouvelle école dans un nouveau pays à la rentrée, l’annonce de la naissance prochaine d’un nouveau membre dans notre famille. Et ça fait beaucoup pour lui.

Malgré le fait qu’on l’ait préparé à notre départ de Chine, Little Smiling Buddha est celui qui manifeste le plus régulièrement son manque de la Chine depuis notre retour en France. Ses amis de l’école et son ancienne école sont ce qui lui manque le plus, avec Ayi. Il avait bien compris qu’il devait dire au revoir à ses amis, que l’on ne les reverrait pas de si tôt, mais entre le sacoir et le vivre, il y a encore une grande différence…

Little Smiling Buddha va à l’école depuis qu’il a à peine un peu plus de deux ans. J’ai eu l’opportunité d’être sa maîtresse en Toute Petite Section et même si son adaptation à mon départ à midi – ma collègue prenait le relais en Chinois l’après-midi avec la classe – tout s’est relativement bien passé. Son année de Petite Section s’est très bien passé, il n’a jamais rechigné à aller à l’école ou si peu. Jusqu’à ce qu’il nous montre qu’il avait appris à lire seul – ou plutôt par imitation de sa soeur! A partir de ce moment, il est devenu plus turbulent à l’école – il s’ennuyait! – et ne voulait pas trop y retourner – « Maman, on fait que des trucs de bébé! ». Après discussion avec ses maîtresses, qui ont pris en compte sa nouvelle acquisition, tout s’est à nouveau bien passé.

Il avait hâte de retourner à l’école en septembre. Et la rentrée en France, dans une nouvelle école, avec de nouveaux copains, s’est relativement bien passée. Mais passée la première semaine, il a réalisé qu’il ne reverrait plus ses copains de Shanghai. Je crois que c’est vraiment à ce moment qu’il a compris que nous ne retournerions pas vivre à Shanghai, que ce n’était pas temporaire. Au courant de la semaine, il est devenu de plus en plus difficile de le déposer à l’école deux fois par jour. Il éternisait les câlins et les bisous, ne voulait pas me lâcher sans pleurer. Le vendredi, alors que les câlins s’éternisaient depuis dix minutes, les maitresses ont fini par me l’arracher des bras et par l’emmener hurlant avant de refermer la porte.

Je me suis sentie horriblement mal. Pour lui, pour moi. Je n’avais pas réussi à réagir et je me suis jurée que ça n’arriverait plus. Je savais qu’il allait rapidement se calmer – par résignation -, mais je savais aussi que quelque chose pouvait casser et qu’il pouvait ne plus avoir confiance du tout en ses maîtresses et ne plus vouloir retourner à l’école du tout. J’ai cogité toute l’après-midi.

J’ai décidé de remettre en place ce que j’avais déja mis en place pour Little Miss Sunshine à l’époque: la journée joker. Une journée par mois qu’il peut choisir où il n’ira pas à l’école. Cela permet notamment à l’enfant d’avoir une marge de manoeuvre et de se sentir actif dans ce domaine également.

Et je lui ai offert son lundi. Nous avons pu parler à coeur ouvert tous les deux. Il m’a clairement expliqué que ses copains de Shanghai lui manquaient, que c’était difficile de se faire de nouveaux copains et qu’il n’en avait pas pour le moment. Je lui ai dit à quel point j’avais été choquée et triste vendredi midi quand la maîtresse l’a emmené dans la classe en pleurant, que j’étais désolée, que je n’avais pas su réagir. Mais il n’a pas eu l’air d’en avoir garder un traumatisme. Heureusement. Nous avons décidé ensemble d’aller voir la maîtresse le mardi pour lui parler. Nous avons aussi décidé pour ne plus revivre le déchirement de vendredi de se faire trois bisous et trois câlins et ensuite il ira en classe seul, lui-même après un dernier regard.

Le mardi, nous sommes retournés à l’école et j’ai demandé à parler à sa maîtresse. Elle a su me rassurer. Elle m’a dit que Little Smiling Buddha est un enfant qui sait jouer seul, qui n’a pas forcément besoin des autres enfants pour jouer et que ce n’est que lorsque lui le décide que les autres enfants jouent avec lui, mais qu’il a déja plusieurs copains de ce qu’elle a pu observer. J’ai pu lui expliquer que Little Smiling Buddha a besoin de défi – il a notamment été déçu de ne pas avoir à parler une deuxième langue à l’école! – et qu’il sait déja très bien déchiffrer. Elle m’a expliqué qu’elle avait mis en place un moment où Little Smiling Buddha leur partage des mots en Chinois chaque matin au moment du rassemblement. Elle m’a aussi dit qu’elle leur apprenait les signes associés à la parole de la Langue des Signes Française, notamment au travers de comptines et qu’il avait l’air d’adorer.

Elle m’a proposé de le changer de classe et de le mettre directement en Grande Section puisqu’il lit déja. J’ai refusé. Il a eu assez de chamboulements. Et je sais à quel point la maternelle est un moment béni où l’enfant à besoin de manipuler et jouer – même s’il sait déja lire ou écrire – pour acquérir les capacités suivantes. Lui ôter une année de développement de sa motricité fine ne serait pas forcément bon pour lui. Nous avons décidé de surveiller toutes les deux l’évolution et de se rencontrer dès que nécessaire.

Depuis, ça va mieux. Dans la rue, régulièrement, en passant on entend « Salut Little Smiling Buddha! ». Il en a donc pleins des copains. Je crois surtout avec le recul qu’il n’a pas fait le deuil de ses camarades de Shanghai. Il avait besoin de temps pour ouvrir son coeur aux nouveaux copains.

Progressivement, nous nous sommes tenus aux trois bisous, trois câlins et il est parti avec un pincement au coeur, mais sans pleurs et sans regrets vers sa classe. C’est encore fragile, je le sais bien. Mais il a repris confiance.

Les vacances de début novembre lui ont fait beaucoup de bien. Il est retourné à l’école avec plus d’entrain. C’est durant les vacances qu’il a vraiment commencé à me parler de ses nouveaux copains. Personne ne peut l’aider à faire le deuil de ses anciens camarades, c’est lui seul qui peut y arriver, mais nous sommes là pour l’entourer, le soutenir et on sent qu’il est vraiment sur la voie de la guérison

Cet article pour vous dire l’importance d’entourer et de soutenir ses enfants dans un retour d’expatriation, exactement comme au départ d’une expatriation. Ce n’est pas évident pour nous, mais ce n’est pas évident pour eux non plus. Little Smiling Buddha n’a aucun rattachement particulier avec la France, si ce n’est des souvenirs de vacances. Nous aurions pu arriver dans n’importe quel autre pays du monde, il l’aurait vécu de la même manière. C’est une nouvelle expatriation pour lui. Et la première. Puisqu’il est né en Chine.

Si vous avez des expériences similaires à partager en commentaire, n’hésitez pas! 

Expatriation – Être étranger en Chine

C’est une des questions que j’ai le plus régulièrement eu sur Instagram durant le temps où nous avons vécu en Chine: comment est-ce que nous vivions le fait d’être vraiment des étrangers dans le pays où l’on vit et est-ce que les Chinois sont accueillants ou plutôt racistes?

Ce qui est sûr, c’est que nous avions la tête de l’étranger. Clairement, en tant que caucasien, nous n’avons vraiment pas la même tête que les asiatiques, on est donc largement repérable au milieu de la foule. On ne passe pas inaperçu.

En fonction des périodes et de notre niveau de Chinois, nous avons eu différentes réactions. Dans un premier temps, on nous demandait beaucoup si nous étions / ou on nous désignait comme étant Américains ou Russes. Américains tout simplement parce que c’est le raccourci classique: étranger = américain (un peu comme chez nous: asiatique = chinois). Russes plutôt à partir du moment où Little Smiling Buddha a eu de belles boucles blondes et parce qu’il y a une grande communauté russe en Chine.

Plus tard, quand nous parlions bien Chinois, on nous demandait régulièrement si nous étions originaire du XinJiang – une des provinces chinoises du Nord où certains ouïghours ont un faciès beaucoup plus proche des caucasiens. C’était régulièrement le cas pour Papa Lou – surtout à partir du moment où il s’est laissé pousser la barbe – mais j’ai également eu la question plusieurs fois.

Quand on répondait que l’on est Français, les réactions étaient généralement toujours les mêmes: les Chinois voient la France comme un pays globalement agréable à vivre et  la plupart du temps, on nous parlait foot, marques de voitures françaises ou festival de Cannes. On nous demandait systématiquement si on venait de Paris. Paris = France. Un autre raccourci. 

Globalement, les Chinois parlent des étrangers en utilisant le terme de Laowai. Terme qui marque un certain respect à l’origine à cause de  lao « vieux ». Mais qui par certains aspects (notamment l’utilisation de ce terme par les médias pas toujours très sympa avec les Laowai) à aujourd’hui perdu ce côté et dans la bouche de certains est devenu plus péjoratif. En cinq ans, nous avons surtout vu un changement de terminologie, on en revient de plus en plus au terme classique de « WaiGuoRen« . En définitive, on sera donc toujours traité « d’étrangers » quel que soit le contexte que se soit dans un sens très amical, presque familier ou plus factuel, voir péjoratif. Que ce soit les enfants « Waiguo XiaoPengyou » ou les adultes.

Le plus difficile à vivre pour nous, à notre arrivée et encore régulièrement quand nous étions dans des lieux très touristiques est le fait d’être tout le temps photographié et touché. Surtout les enfants. Je me suis retrouvée, quelques semaines après être arrivée en Chine, entouré d’une vingtaine de Chinois sur le Bund à Shanghai qui nous matraquaient de photos Little Miss Sunshine et moi, et qui nous ont bloqué le passage pour toucher la petite, mais aussi mes cheveux. J’ai trouvé la situation très stressante. Jusqu’à la fin nous avons lutté contre les photos intempestives et jusqu’à la fin les enfants ont dû se battre pour ne pas être touché à longueur de temps. Avec le temps, et sa compréhension grandissante du Chinois, Little Miss Sunshine a pris l’habitude de se défendre elle-même. Mais ce comportement des Chinois est vraiment resté un traumatisme pour elle. Pour Little Smiling Buddha, ça a été complètement différent. Il est né dedans et il a rapidement appris à en jouer. Et en fonction de son humeur, il se laissait volontiers photographier par les jeunes filles qui lui demandaient.

Alors évidement, des photos nous en avons fait des centaines, des milliers certainement, de bon coeur, avec des gens qui nous ont gentiment demandé l’autorisation, qui nous ont rendu un service, qui nous ont invité, qui nous ont offert quelque chose, qui ont fait l’effort de faire la conversation avec nous avant de se jeter sur nous pour nous photographier et nous toucher. Mais parfois, les demandes pouvaient être vraiment nombreuses et insistantes.

Il y a plusieurs explications au fait que les Chinois aiment toucher les étrangers. Il y a le fait qu’ils en voient encore relativement rarement, surtout les gens de la campagne, et qu’on dit en Chine que de toucher un étranger au « cheveux d’or » porte bonheur. Il y a aussi le fait que les Chinois papouillent systématiquement les enfants en Chine, les leur comme les autres. Ils aiment toucher leurs visages ou leurs mains. C’est très culturel. Mais pour nous qui avons éduqué nos enfants à ne pas se laisser faire sans consentement, c’est quelque chose de très difficile à vivre. Particulièrement pour Little Miss Sunshine.

Il y a aussi tout un mythe autour de la beauté des étrangers. Les enfants chinois sont donc toujours amené par leurs parents à regarder combien les enfants étrangers sont beaux avec leur peau blanche, leur grand yeux, leur joli nez. C’est assez gênant pour moi, particulièrement parce que j’ai toujours l’impression qu’ils dénigrent leur propre enfant en leur disant cela. Je me sens toujours très mal à l’aise. Et souvent dans ce cas, j’essayais de glisser un mot en disant que l’enfant aussi est beau.

Evidemment, des réactions racistes nous en avons eu également. La première et la plus régulière était les taxis qui ralentissaient et puis reprenaient leur route quand ils voyaient que nous étions des étrangers. La plupart du temps, ça ne m’a pas dérangé. Mais quand j’étais enceinte de Little Smiling Buddha et que je devais me rendre très régulièrement à l’hôpital, je me suis souvent agacée de ces taxis qui s’arrêtaient devant moi, avant d’appuyer sur le champignon quand j’allais ouvrir la porte… C’est ainsi que mon moyen de transport préféré est devenu le bus et puis plus tard le vélo.

Une autre chose qui m’a régulièrement agacé est le fait que je parlais Mandarin avec les gens et qu’ils ne faisaient aucun effort pour me répondre en Mandarin. Certains Shanghaiens sont d’ailleurs champions pour ça. Ils s’estiment un peu au-dessus de tout le monde et n’hésitent pas à parler Shanghaiens aux étrangers et aux Waidi Ren (Chinois d’ailleurs en Chine). Je leur demandais donc expressément de me répondre en Mandarin, mais là encore, c’était souvent peine perdue. Ca m’agaçait particulièrement quand ça arrivait avec les gens du management de la résidence où nous habitons, car ils nous connaissaient et le faisaient donc exprès. Dans le même esprit, il y avait ceux qui ne me répondait pas directement quand je posais une questions en Chinois, mais qui répondaient à la personne chinoise à côté de moi, en parlant de moi à la troisième personne. Ca pouvait me rendre chèvre! Surtout avec les gens du management de la résidence. Evidement, ce n’était pas le cas avec tout le monde, seulement certaines personnes.

Nous avons été particulièrement mis à mal lors de la mésaventure de Papa Lou à vélo. Je vous invite à aller lire mon article, si vous ne l’avez pas lu. Avoir affaire à la police, à la justice dans son pays est déja une chose peu agréable, mais quand en plus on est dans un pays étranger, dont on ne connaît pas les usages, parfois les lois – même, si on est d’accord, on est censé les connaître – est vraiment très difficile. Quand en plus, il y a le problème de la langue et le fait que la police ne fait aucun effort pour communiquer avec les étrangers. C’était vraiment une expérience éprouvante.

Mais globalement, les Chinois sont particulièrement accueillant. Surtout quand on arrive à trouver un sujet de passion / d’intérêt commun(e.) Pour nous, c’était souvent la poterie ou le thé. Souvent les enfants aussi tout simplement. Notre vision de l’éducation. J’ai eu de belles conversations avec beaucoup de Chinois à ce sujet: les différences de vision, d’éducation, les contraintes de la société,…

Comme vous le savez certainement, malgré nos mésaventures, nous serions bien resté encore quelques années en Chine. C’est un pays, un peuple qui nous a finalement très bien accueilli et qui a su nous donner envie d’en découvrir toujours plus… 

[Expatriation] Quand rien ne va comme on espère…

Je vous ai récemment parlé de notre déception lorsqu’on nous a annoncé que nous ne pouvions pas rester en Chine quelques années de plus comme nous le souhaitions. Je vous invite d’ailleurs à aller lire cet article pour comprendre la suite, si vous étiez passé à côté de l’information…

Nous attendions depuis plus d’un mois une confirmation qui tardait à venir pour une nouvelle destination d’expatriation. Mon instinct me disait depuis un moment que les chances s’amenuisaient au fil du temps qui passait. Et puis un soir, Papa Lou est rentré en m’annonçant que nous allions avoir la proposition d’emploi détaillée pour cette nouvelle expatriation au courant de la soirée ou de la nuit (décalage horaire oblige). Nous étions tous emballé à cette idée puisque ne restait plus qu’à savoir de quoi était exactement faite cette proposition avant d’accepter. Notre attente allait prendre fin. Et en plus, dans le sens que nous espérions…

Sauf que le lendemain, Papa Lou m’a réveillé à l’aube. Il venait d’avoir un mail. Mais pas le mail que nous attendions. Un mail qui lui disait que finalement la proposition n’arriverait pas, car quelqu’un tout là en-haut dans sa boite avait finalement refusé pour des raisons de budget… Nous avons eu l’impression que tout s’écroulait autour de nous. Le jour d’avant encore, je n’y croyais presque plus, mais après l’annonce de la veille, ce revirement de situation était totalement incompréhensible pour nous. 

Le week-end a été difficile. Nous avons peu dormi. Nous avons eu l’impression d’être pris pour des pions que l’on peut avancer ou reculer au gré des envies de certains. Nous étions vraiment sous le choc. Nous n’avions plus aucune piste et personne n’avait pris soin de nous en fournir une avant de lancer cette bombe…

Nous n’avons rien dit aux enfants car nous ne savions même pas quoi leur dire: que nous savions où nous n’irions pas, mais toujours pas où nous irons effectivement? Nous leur avons juste expliqué que nous étions très angoissé face à la situation et que nous avions besoin d’un peu de calme et de sérénité pour tenir le coup jusqu’aux prochaines nouvelles. Dans un cas comme celui-ci, la situation est évidement difficile pour tout le monde. Et le stress et l’angoisse transparaissent pour tous. Evidemment les enfants ont été d’autant plus demandeurs qu’ils sentaient notre désarroi. Mais nous avons réussi à passer au travers. D’autres projets nous attendaient pour la semaine suivante et c’est donc à cela que nous nous sommes raccroché. 

Le lundi soir (merci le décalage horaire), Papa Lou a enfin réussi a contacter quelqu’un pour avoir des réponses à nos questions. Il ne nous restait qu’un choix possible: le retour à Paris. La pilule a eu du mal à passer. D’autant que nous attendons toujours les détails de cette offre de retour près de dix jours après l’annonce. 

Nous nous sommes laissés quelques jours pour digérer la nouvelle avant d’en parler. Rien ne sert de ruminer ou de se plaindre, maintenant la priorité est à la remise à jour de nos priorités face à la situation. Elles demeurent les mêmes: notre famille et le temps de qualité que l’on peut passer tous les quatre. 

Nous avons envie de croire que si cette nouvelle aventure ne s’est pas concrétisée, c’est que quelque chose nous attend ailleurs. Nous avons décidé de nous laisser une année pour trouver une solution pour repartir. C’est une période qui sera propice à une grosse remise en question, à de nouveaux projets, à de nouveaux choix de vie, à un recentrage sur nous, nos familles et nos amis. 

Nous avons informé les enfants de la nouvelle quand nous avons su que nous rentrions à Paris. Ils sont déçus eux aussi, mais ils ont décidé d’en retenir le meilleur: nous serons plus proche de la famille et ils veulent en profiter le plus possible. 

Pour les détails, nous n’en savons toujours pas plus. Quand partira notre déménagement? Quand quitterons-nous exactement la Chine? Combien de temps resterons-nous en Alsace avant de partir à la recherche d’un logement dans la région parisienne? Papa Lou aura-t-il des vacances? Quand sera la meilleure période pour chercher un nouveau logement dans la région parisienne? Et puis de tout ça dépend l’inscription des enfants dans une nouvelle école… Bref, les désillusions s’enchaînent. 

L’expatriation n’est pas un long fleuve tranquille. Et notre retour en France ne le sera certainement pas non plus. Nous nous attendons tous à vivre une période pas facile, mais nous sommes tous prêt à retirer tout le positif que ce passage en France nous permettra de prendre, avant un nouveau départ… 

Mais en attendant, nous vivons encore à fond nos dernières semaines en Chine… 

[Expatriation] Vers une nouvelle aventure?

En quittant la France pour la Chine, en 2014, nous partions  pour cinq ans.

En 2019, nous voilà au bout de ce contrat. Ceux qui nous suivent régulièrement le savent, mais nous avions très envie de prolonger cette aventure chinoise quelques années encore. L’idée était vraiment de permettre à Little Smiling Buddha de finir sa maternelle bilingue en Chine ou de clore l’aventure de l’école élémentaire et de la section internationale chinois pour Little Miss Sunshine.

Nous avions eu une première alerte l’été dernier, durant notre séjour en amoureux en Ecosse. De mauvaises nouvelles étaient tombés et en quelques heures, c’est toute notre vie en Chine qui a été remise en question. On avait même craint de devoir quitter la Chine quasiment sur le champ. Et puis finalement, on a eu de la chance, l’année est passée. Et on nous a même donné à espérer que les problèmes avaient été résolus et que nous pourrions rester.

Mais dans les premiers jours du mois de mars, Papa Lou est rentré du travail en nous annonçant qu’il y avait très peu de chance que nous puissions rester en Chine. Grosse déception! On a mis quelques jours à réaliser que l’aventure s’arrêtait là. Et puis Papa Lou est tombé très malade, il a été une semaine à la maison et nous avons dû attendre pour voir comment les choses allaient évoluer.

Une fois le choc passé, nous avons réussi à en discuter objectivement. Il était temps pour nous deux de remettre nos priorités et nos plans pour l’avenir à jour:

      • Nous ne sommes pas prêts pour rentrer en France. Pour tout un tas de raison, mais surtout parce que rentrer en France signifierait un retour à Paris et qu’il n’est actuellement pas envisageable pour nous retourner vivre dans cette ville stressante et stressée. Les mouvements pendulaires entre la grande banlieue et Paris ne nous font pas rêver non plus et nous y perdrions de notre idéal de vie de famille. Notre priorité absolue est et restera notre vie de famille.

C’est difficile de parler de ce genre de choses dans un tel contexte. On a un peu l’impression de chipoter, de se compliquer la vie. Mais c’est primordial et ça fait énormément de bien. Quel bonheur de se sentir à nouveau plus proche, plus en phase, plus sûr de soi, de son couple et de notre famille après une telle remise en question. A mon sens, fixer ses priorités et ses objectifs de vie est vraiment une étape importante de l’expatriation.

Une semaine après l’annonce et après en avoir clairement discuté ensemble, voilà dans l’ordre de nos préférences les options qu’il nous restait:

  1. Un dernier espoir de rester en Chine. Nous avons d’ailleurs confirmé l’inscription des enfants dans leurs écoles respectives à Shanghai 
  2. Une nouvelle expatriation dans le réseau de l’entreprise de Papa Lou. Mais nous avions peu d’espoir compte tenu des délais très courts.
  3. Un retour à Paris temporaire, le temps de trouver une nouvelle expatriation vers un autre pays.

En parallèle, Papa Lou a contacté les différentes personnes qui pouvaient l’aider dans le réseau de son entreprise pour lui trouver un nouveau poste. Une quinzaine de jours après, et suite à ses discussions, deux nouvelles portes se sont ouvertes. Nous étions vraiment heureux de ces nouvelles.

Mais depuis début avril, les choses avancent vraiment tout doucement. Une destination ressort. Mais l’attente est longue. Nous espérons une confirmation rapide. Nous craignons toujours la même nouvelle que nous avions déja eu aux portes de l’expatriation il y a 5 ans et demi maintenant… 

Tout ce que nous savons donc deux mois après l’annonce de la fin de notre expatriation en Chine est que nous quitterons effectivement la Chine dans 8 semaines environ. Nous n’avons toujours pas de confirmation qui nous dirait que nous quitterons la France pour une nouvelle expatriation dans un autre pays à la fin de l’été. Nous ne savons toujours pas comment va se passer l’été, ni où. Nous ne savons pas où envoyer notre conteneur.  Nous ne savons pas où nous devons inscrire les enfants pour la rentrée de septembre.

Vous pouvez l’imaginer, mais la situation n’est pas simple. Nous espérons fort que nos nouveaux projets d’expatriation se concrétisent. En attendant, nous vivons au jour le jour. Nous profitons de ce que la Chine a encore à nous offrir, sans penser au lendemain. Mais parfois, au détour d’une conversation anodine, le stress revient à la charge.

L’expatriation est loin d’être une situation facile, calme et reposante. Nous sommes constamment mis hors de notre zone de confort. Et c’est très enrichissant, même si c’est également fatiguant. Je me découvre plus calme et patiente que je ne l’aurai pensé. Moins stressé. Plus dans l’instant présent. Moi qui ai toujours eu besoin de tout prévoir, savoir, organiser…

Quant aux enfants, ils sont au courant de la situation depuis le début. Ils font partis de nos projets et ils ont le droit de savoir – même si nous n’entrons pas dans les détails. Ils savaient que nous avions de grands risques de quitter la Chine. Ils savent où nous avons des chances d’aller après la Chine. Ils savent que rien n’est joué et que les plans peuvent encore être modifié. Mais au quotidien, sauf si ils ont des questions, nous n’en parlons pas. Nous en parlons très peu devant eu. Nous essayons plutôt de nous contacter par téléphone en journée quand ils sont à l’école pour en parler quand quelque chose de nouveau survient. Et nous leur faisons part, à froid, des dernières avancées quand elles sont susceptible de leurs parler. Ces nouveaux projets à venir doivent rester une joie pour toute la famille, quel qu’ils soient finalement, et nous ne voulons pas qu’ils voient de trop près la partie stressante, même si c’est, en partie, inévitable.

Alors nous croisons très fort les doigts et nous espérons très rapidement avoir d’autres nouvelles à vous annoncer! 

Et vous, comment se sont passés les entre-deux expatriations? Des conseils? 

[Expatriation] La pollution à Shanghai

Voilà un sujet que je veux traiter depuis longtemps sur le blog, mais sur lequel j’ai tardé à écrire. Et pourtant, j’ai toujours beaucoup de questions sur ce sujet à chaque fois que j’en parle sur Instagram.

Alors voilà un petit résumé de ce que je peux vous dire sur la pollution à Shanghai au bout de près de cinq ans de vie ici.

Quand nous sommes arrivés en Chine, il y a près de cinq ans maintenant, la pollution était beaucoup plus importante qu’aujourd’hui. C’est un des sujets qui me posait d’ailleurs fortement question alors que nous étions sur le point de venir vivre ici. Nous avons d’ailleurs notamment vécu un pic de pollution à plus 500 durant près d’un mois l’hiver juste après notre arrivée. C’était au mois de décembre et janvier, et nous avions eu la chance de rentrer en France pour les fêtes de Noël. Nous ne gardons donc que peu de souvenirs de cet épisode, puisque nous avons eu la chance de ne vivre que les premiers et les derniers jours.

Depuis cette période nous n’avons plus eu d’épisode de pollution aussi haut et aussi long. Et il faut bien le dire, aujourd’hui, les taux de pollution ne sont plus les mêmes. Globalement, la pollution à Shanghai a largement baissé. Nous avons régulièrement des périodes où le curseur est dans le vert, donc l’indice de qualité de l’air est en-dessous de 50. C’est d’ailleurs régulier au printemps, en été et à l’automne, ce qui était tout de même assez rare quand nous sommes arrivés.

D’où vient la pollution? 

Les facteurs sont évidemment nombreux. Tout d’abord, Shanghai est une très grande ville de quelques 27 millions d’habitants officiels. La pollution est donc déja provoqué par la concentration de tout ce monde et du traffic que cela implique. A noter tout de même que ces dernières années les voitures hybrides ont été largement privilégiés et on en voit vraiment beaucoup ici. Le gouvernement à mis en place une plaque d’immatriculation « verte » gratuite pour ceux qui achètent et utilisent des voitures hybrides. Quand on sait qu’une plaque d’immatriculation à Shanghai coûte l’équivalent de 10 000 euros, on comprend vite pourquoi les voitures hybrides se sont multipliées aussi rapidement.

En hiver, on a également la pollution due au chauffage, même si globalement les Shanghaiens ne chauffent que très peu. Il faut savoir que par décision du gouvernement centarl, longtemps la Chine a été coupé en deux au niveau du fleuve Yangtse. Au Nord du Yangtse, tout le monde était autoriser à avoir un moyen de chauffage, mais pas de climatisation et au sud du Yangtse, tout le monde avait le droit d’avoir la climatisation, mais pas de chauffage. Shanghai est juste au Sud du Yangtse. Traditionnellement, les Shanghaiens n’ont donc pas pour habitude de se chauffer l’hiver, mais plutôt de multiplier les couches de vêtements.

Et toutes les usines qui sont autour de Shanghai participent évidement également à la pollution de la ville.

Une autre chose à prendre en compte durant ses mois d’hiver, est que les paysans dans les campagnes environnantes brûlent les branchages et autres résidus des récoltes passées – comme cela se faisait encore beaucoup en France également il y a quelques dizaines d’année -, et provoquent donc des fumées et également de la pollution.

La pollution se fait moins présente à partir du printemps et jusqu’au mois de novembre environ, même si on peut toujours avoir des pics, ils durent vraiment moins longtemps. Au mois de novembre environ, les vents tournent et à la place de venir de la mer et de nous apporter un air frais et sain, l’air vient alors des terres, des autres villes et des campagnes environnantes et est donc beaucoup plus chargé que durant les autres saisons.

Le gouvernement de Shanghai a les moyens de faire baisser la pollution. Ils n’hésitent pas durant les grandes expositions internationales, -comme c’était encore le cas en novembre-, à stopper toutes les usines autour de Shanghai et à interdire aux entreprises d’état et aux écoles de faire circuler leur bus et à inciter les gens à rester à la maison, pendant plusieurs jours. Résultat, le traffic diminue, la pollution des usines diminue et on se retrouve avec une ville sans aucune pollution. Des solutions sont donc ponctuellement trouvées pour montrer au niveau internationale qu’il est possible de faire diminuer la pollution. Cela leur permet également au gouvernement de faire des tests grandeur nature pour voir ce qui pourrait être fait à l’avenir.

Personnellement, je pense vraiment que le jour où il y aura eu une vraie prise de conscience du problème de la pollution, que ce soit parce qu’un problème aura directement impacté le gouvernement, soit parce qu’il y aura une vraie prise de conscience collective globale, tout ira très vite pour que la pollution diminue drastiquement. En règle générale en Chine, les solutions sont radicales et le jour même de l’application des décisions, tout le monde n’a d’autre choix que de suivre.

Qu’est ce qu’on a mis en place pour protéger notre famille de la pollution? 

Juste pour information, pour ceux qui ne serait pas familier du sujet, un indice de qualité de l’air (AQI) existe. C’est une mesure de la qualité de l’air, permettant de synthétiser différentes données sous la forme d’une valeur unique. Généralement, on utilise l’AQI des Etats Unis, mais la Chine a également son propre AQI qui diffère légèrement (il est toujours un peu moins alarmiste que son homologue américain).  Personnellement, je n’utilise que l’AQI US ou le taux de particules (qui diffèrent encore) qui est indiqué par mes purificateurs d’air.

A partir de 150 (AQI US), en Europe et aux Etats Unis, on dit que l’air n’est vraiment pas bon. Les enfants, les personnes âgés et les personnes à risque – notamment celles ayant des problèmes respiratoires – ne devraient pas sortir. Concrètement, nous avons eu trois semaines en ce mois de janvier où les journées où le taux de pollution a été inférieur à 150 ont été exceptionnelles.

Cela veut dire que durant ces trois semaines, nous n’aurions pas pu sortir de chez nous. Ce n’est évidement pas réalisable. Alors que faire pour se protéger? 

A l’intérieur de l’appartement, nous avons des purificateurs d’air dans chaque pièce: un dans la chambre des enfants, un dans la nôtre et trois dans la pièce à vivre. Ils fonctionnent 365 jours par an, 24h/24 en mode automatique. Et quand la pollution est trop haute, ils sont mis en marche forcée pour accélérer le filtrage de l’air.

Nous avons deux nouveaux purificateurs de la marque Mi que nous avons acheté l’hiver dernier et que nous pouvons régler. Dès que le taux de particules dépassent les 20, nos deux nouveaux purificateurs se mettent automatiquement en marche forcée. Evidement, la marche forcée fait du bruit puisqu’on a le bruit du ventilateur qui fait circuler l’air et au bout de la journée, quand l’air et vraiment mauvais, j’ai parfois l’impression d’avoir la tête qui bourdonne… Tant que la pollution ne dépasse pas les 150 (AQI US) à l’extérieur, c’est assez simple de conserver un air sain à l’intérieur, malheureusement, dès que l’on passe au-dessus de 180, ça devient très difficile de conserver un air correct, en-dessous de 50 (AQI US) dans l’appartement.

Nous avons également un « oeuf » de la marque Origins, qui est en fait un détecteur de pollution et qui permet de calculer en temps réel la concentration en particule de l’air et qui nous donne l’AQI US pour avoir une idée de la qualité de l’air dans la pièce où se situe l’oeuf. Comme il est autonome et facilement transportable, on peut vérifier différentes pièces ou même le placer à l’extérieur.

J’utilise également trois applications, l’une chinoise et deux autres qui sont des applications internationales, que vous pourrez également facilement utiliser. Il s’agit des applications Air Visual, qui a de bonnes prévisions à trois jours – même si les prévisions vont jusqu’à sept jours-, et Air Matters, où l’on trouve les détails sur les taux de particules mais également sur les autres polluants de l’air.

A l’intérieur de la maison, nous sommes donc relativement bien équipé. La question reste donc quand nous sortons de chez nous.

Globalement, j’évite de sortir jouer à l’extérieur avec les enfants si ce n’est pas absolument nécessaire quand la pollution est au-dessus de 150 (AQI US). Nous évitons au maximum de sortir de chez nous quand la pollution dépasse les 200 (AQI US) Je garde d’ailleurs les enfants à la maison dans ces cas-là. En dessous de 150, nous vivons absolument normalement.

L’hiver dernier, après un énième pic de pollution, nous avons acheté des purificateurs d’air portable aux enfants. Ce sont des petits appareils qu’ils peuvent porter autour du cou. Je n’étais pas convaincu, mais je me suis dit que ça serait toujours mieux que rien et force est de constater que ça fonctionne vraiment. Si on les mets à proximité de notre « oeuf », on voit rapidement le taux de particules baisser.  Il s’agit en fait de ionisateurs qui font tomber les particules autour des voies respiratoires et évitent ainsi de les respirer. Mais le ionisateur est efficace uniquement quand on est immobile, dans une position statique et c’est justement pour ça que nous le avons acheté, pour diminuer les particules ingérer par nos enfants dans les transports scolaires. Ils y passent chacun deux heures par jour et par expérience, je sais que les enfants ne gardent pas un masque sur leur nez aussi longtemps. Ils les portent autour du cou dans le bus dès que la pollution dépasse les 150 (AQI US)

Aussitôt que l’on marche ou que l’on court, le purificateur portable est inefficace. Ils ont donc chacun également des masques avec filtre à charbon. J’ai également mon masque de la marque Vogmask que je porte dès lors que la pollution dépasse les 180(AQI US) et que je dois sortir longtemps ou faire du vélo. Je sens personnellement assez rapidement la pollution:  je suis essoufflée, j’ai mal aux muscles des cuisses, je me sens lasse. Par contre, je déteste porter un masque et c’est bien pour cela aussi que j’ai acheté un purificateur d’air portable aux enfants.

Dès que les enfants arrivent à l’école, ils ont des purificateurs d’air dans toutes les salles de classe. Quand la pollution est supérieur à 180 (car c’est la norme en Chine) les enfants ne sortent plus. Il y a certaines écoles où ils y a des espaces intérieurs avec des purificateurs pour jouer et se défouler – comme c’est le cas dans l’école de Little Smiling Buddha-, dans d’autres écoles, les enfants restent juste sous le préau intérieur – comme c’est le cas dans l’école de Little Miss Sunshine.

En temps de fortes pollution, je vérifie une ou deux fois par jour le taux de pollution sur les applications pour suivre l’évolution et savoir si je peux sortir avec les enfants, mais aussitôt que le printemps est de retour, je vais très rarement vérifier, uniquement quand je le sens ou que je le vois (a l’aspect laiteux de l’air). Je ne veux pas non plus que la pollution vire à la paranoïa…

Nous avons vécu sept ans à Paris, dans le 19ème arrondissement, avec mon mari et Little Miss Sunshine y est née. Et j’y ai été beaucoup plus gênée par des soucis de santé liés à la pollution, que depuis que nous sommes à Shanghai, qui est pourtant réputé pour être une ville plutôt pollué. J’avais régulièrement le nez très sec, au point d’en avoir vraiment mal au nez, j’avais les yeux secs, des maux de gorge et j’étais d’ailleurs allé voir le médecin et la pharmacie à ce sujet, mais on m’avait rit au nez en me disant que ce n’est pas possible que ce soit la pollution, que j’avais simplement une allergie.

Avec le recul évidement que c’était la pollution. Le ciel était régulièrement laiteux à Paris, parfois il l’était tellement que nous ne voyions pas clairement le bâtiment en face du nôtre depuis notre fenêtre. Mais le pire, c’est qu’en France, on n’en parlait pas, qu’on n’avait aucun moyen de se protéger des particules fines. Il faut bien prendre conscience que la pollution est présente partout, y compris en France et notamment à Paris. 

J’ai également été malade à cause de la pollution à Shanghai, notamment des maux de tête quand la pollution monte au-delà de 200. A Paris, on n’arrive jamais à ses taux-là, et pourtant ma gêne était plus présente au quotidien.

A titre indicatif, voilà quelques symptômes provoqués par la pollution atmosphérique: essoufflement rapide dans l’effort limité -en montant un escalier, en faisant un trajet quotidien en vélo -, sécheresse des muqueuses – nez très sec et qui peut jusqu’à faire mal, yeux qui grattent, yeux secs – gorge sèche ou qui gratte, sécheresse de la peau inhabituelle – main, visage, jambe -, maux de tête, migraine, lassitude, fatigue extrême, … Ce sont des indices qui peuvent vous mener à vérifier d’une manière ou d’une autre la qualité de l’air que vous respirez, que vous habitez à la ville ou à la campagne, en France ou ailleurs dans le monde.

Je pense que malheureusement, la pollution n’est pas un problème qui touche uniquement la Chine. On est tous impacté par la pollution atmosphérique, on doit tout se poser des questions sur l’air que l’on respire, que l’on habitude à la ville ou à la campagne. J’ai eu de nombreux retours après avoir évoqué tout cela sur mon compte Instagram et force est de constater que vous étiez d’horizon très différents, en France ou ailleurs dans le monde, en ville ou à la campagne… Vous avez été plusieurs à prendre conscience du problème de la pollution atmosphérique là où vous vivez suite à mes stories sur le sujet.

Et vous, avez-vous déja vécu des épisodes de fortes pollutions atmosphériques? 

[Expatriation] Quatre ans à Shanghai

Cette année aura été bien particulière. Je l’avais prédit. Mais je la voyais comme une année pleine de nouvelles découvertes et en même temps moins zen que les précédentes grâce à / à cause de  mon nouvel emploi…

Finalement, cette année aura été l’année de nos premiers déboires en Chine. C’est l’année qui aura mis fin à la jolie lune de miel que nous vivions jusque là avec Shanghai. Et les mauvaises nouvelles ont continué à se cumuler depuis lors… 

En parallèle, la Chine est se referme sur elle-même. Elle cherche à se prémunir de l’arrivée de nouveaux expatriés en complexifiant drastiquement les conditions d’obtention d’un visa de travail, tout en essayant de surveiller plus et mieux ceux déjà sur place ou en les incitant à repartir… Ma dernière amie qui restait encore à Shanghai a quitté la ville en janvier dernier. Evidement, grâce à l’école de nouvelles amitiés se sont créés, mais un cycle s’est bel et bien refermé.

Rien de ce qui s’est passé au cours de cette année ne nous a fait remettre en cause notre vie ici dans ce pays, et pourtant, j’ai tendance à croire que les choses n’arrivent pas par hasard… Peut être serait-il temps de réfléchir à autre chose? Qui sait? Seul l’avenir nous le dira!

Mais cette année aura aussi été celle de:

Avec le recul, nous avons fait de belles choses durant cette année. Malheureusement, le choc émotionnel de la fin de l’année 2017 aura été un peu difficile à absorber.

Je nous souhaite beaucoup de douceur pour cette cinquième année d’expatriation à Shanghai. J’espère que nous arriverons à nouveau à prendre plus de vrais temps de qualité tous les quatre ensemble, maintenant que nous sommes moins absorbés par nos soucis.

Je le sais dores et déja, l’année scolaire va débuter de manière assez rude, entre le changement d’école de Little Miss Sunshine et le départ à l’école seul, sans sa maman ni sa soeur pour l’accompagner de Little Smiling Buddha. Mais comme je ne sais toujours pas si et comment je vais travailler, j’aurai tout le temps pour m’occuper d’eux et remplir autant que faire ce peut leur réservoir émotionnel le matin et le soir. J’ai envie également de reprendre du temps pour moi, de continuer sur notre lancée en nous octroyant régulièrement des moments de couple avec Papa Lou et de réorganiser notre appartement après notre déménagement avorté pour la ou les dernières années qu’ils nous restent à profiter de Shanghai. J’ai des projets plein la tête et j’espère bien trouver enfin la force de les concrétiser…

Une cinquième année qui débute pleine de doutes… mais qui nous offrira très certainement de très beaux moments!

Changements de plan

Ceux qui nous suivent régulièrement sur Instagram le savent déja, mais Little Miss Sunshine doit changer d’école pour son entrée au CE1. L’école maternelle internationale dans laquelle elle allait jusqu’à maintenant permet de faire le cursus de la maternelle au CP. Nous nous étions penché sur la question dès la rentrée dernière afin d’avoir une place dans l’école que nous souhaitions la voir intégrer. Il n’y a actuellement que deux écoles pour les enfants souhaitant apprendre le Français sur Shanghai, le Lycée français et une autre école située au sein d’une école chinoise et homologuée auprès de l’AEFE.

En effet, nous n’avions pas envie de la voir partir pour le Lycée français pour plusieurs raisons: 

  • Les campus du lycée français sont situés à au moins à 45 minutes de notre domicile et elle devrait continuer à prendre le bus quotidiennement.
  • Le lycée français ne propose que quelques heures de Chinois dans son cursus, alors que Little Miss Sunshine a fait l’équivalent du CP chinois et commence déja à lire et à écrire dans cette langue.
  • Le lycée français m’apparait comme une énorme machine administrative dont rien ne sort (et c’est le retour que nous en avons eu de beaucoup de parents à Shanghai) et Little Miss Sunshine m’apparait encore bien petite pour vivre sa propre vie à l’autre bout de la ville sur un énorme campus qui mélange aussi bien les CP que les Terminales, ou presque.

Nous avions donc choisi de la mettre dans l’autre école. Cette école française est ouverte depuis de nombreuses années au coeur même de la concession française. Nous l’avons choisi pour plusieurs raisons:

  • sa situation en plein centre de Shanghai.
  • la taille humaine de son campus, surtout de la partie française.
  • la possibilité pour Little Miss Sunshine d’avoir des heures de Chinois supplémentaires et notamment de continuer à pratiquer le Chinois dans certains cours (art, musique, voir mathématiques en fonction des sections) et de rester dans un univers mi-chinois/mi-français dans lequel elle évolue depuis son entrée en maternelle.

Le seul point négatif, cette école ne propose pas de service de bus et nous avions donc fait le choix de déménager, de nous rapprocher de cette nouvelle école. Little Smiling Buddha continuant dans l’école actuelle, il avait également l’assurance d’avoir un arrêt de bus à proximité. Et en janvier, nous avons eu la confirmation de son inscription dans cette école. Nous avons décidé d’attendre le début du mois d’avril pour entreprendre nos recherches d’appartement, pour déménager au plus tard à la fin juin.

Mais…

Début avril, nous avons reçu un message de la maman d’une de mes élèves dont la grande soeur était déja au CP dans cette école et qui savait que Little Miss Sunshine y était également inscrite, nous disant que cette école fermait. On a été un peu abassourdi par la nouvelle. On ne s’y attendait vraiment pas du tout. On a d’abord cru a une rumeur non fondée. On a cherché à se renseigner par divers moyens. Jusqu’au lendemain, quand la nouvelle est tombée officiellement, nous avons reçu le mail officiel. L’école allait encore restée ouverte pour une année scolaire, donc jusqu’en juin 2019, avant de fermer définitivement. Les enfants et les enseignants seraient alors absorbés par le nouveau campus du Lycée français.

Sauf que tous nos plans s’écroulaient. Si nous déménagions, ce ne serait que pour un an. Nous aimons énormément notre appartement et notre quartier actuel, donc c’est déja à contre-coeur que nous les quittions, mais savoir qu’un an plus tard on devrait certainement encore déménager ne nous arrangeait pas du tout. J’ai été très déçu par ce changement d’école. Ce n’est pas du tout ce que j’espérais pour Little Miss Sunshine, mais nous n’avons pas le choix. Une fois le coup encaissé, il a fallu penser à la suite.

Nous avons donc contacter le Lycée français, pour savoir si il leur restait de la place pour Little Miss Sunshine au CE1. Nous sommes allés visiter un des deux campus du lycée français, sachant que pour l’un des deux campus, nous avons un arrêt de bus en bas de notre résidence. Nous avons procédé à son inscription et attendu longtemps avant d’avoir la réponse et le campus sur lequel elle allait finalement être. La réponse est tombée il y a une quinzaine de jours: elle ira sur le campus le plus éloignée de la maison, dont nous ne connaissons pas encore les arrêts de bus. De plus, ce campus fermera en juin 2019 et tout le campus sera transféré dans un autre endroit, plus au nord de Shanghai. Encore une grosse déception.

En parallèle, nous avons eu confirmation que nous allions encore pouvoir rester à Shanghai au moins deux ans. Nous déménagerons donc peut être l’année prochaine pour nous rapprocher du nouveau campus du lycée français et de l’école de Little Smiling Buddha.

Malheureusement, ce n’en est pas fini des changements de programme… Un peu en parallèle de toutes ces histoires d’école, il a fallu discuter de mon renouvellement de contrat à l’école également. Et là encore, tout ne s’est pas passé comme je l’espérais. Dans ma tête, je me voyais bien continuer avec un petit groupe de TPS l’an prochain, toujours en mi-temps car je ne veux pas pas travailler plus, mon but premier étant d’avoir du temps pour mes enfants. Mais… les frais de scolarité augmentant d’année en année, les TPS sont de moins en moins nombreux inscrits et l’école ne pouvait pas se permettre d’ouvrir une classe pour 4 ou 5 élèves, ce que je comprends tout à fait. On m’a donc proposé de prendre une classe double, une classe de TPS/PS d’une quinzaine d’enfants. Le problème étant que cela me ferait travailler à temps complet de 8h à 17h environ tous les jours de la semaine. Ce qui n’est pas du tout mon but. Comme je le disais déja plus haut, ma priorité reste avant tout de profiter de mes enfants. J’ai donc refusé ce poste.

Refuser ce poste a été difficile pour moi. Même si je sais pourquoi je le refuse et que je suis sûre de mon choix. Maintenant que la fin de l’année approche, je sais que mes P’tits Loups vont me manquer. Et je suis vraiment triste de ne pas avoir une nouvelle classe à moi l’année prochaine. Mais encore une fois, il faut avancer. Alors j’espère que de nouvelles portes vont s’ouvrir. Cette année ou l’année suivante.

Un autre poste au sein de la même école est d’ailleurs en discussion. Un poste créé pour moi, sur mesure. Un poste qui me permettrait de ne faire qu’un mi-temps. Un poste qui me permettrait de continuer à travailler avec les enfants. Je pourrai aider les différentes classes sur des ateliers et activités particulières. Je pourrai aussi aider certaines classes à travailler en petit groupe en divisant la classe en deux le temps d’une activité spécifique. Mais rien n’est moins sûr. Rien n’est encore défini. Je n’aurai l’information qu’à la fin juin.

Et même si cette opportunité ne devait pas aboutir, j’ai d’autres projets en tête… 

Il n’empêche que nous rêvons d’un peu de calme dans nos vies, d’un peu de planification à quelques mois à l’avance, histoire de voir venir les choses. Ces derniers mois ont été éprouvant

Nos coups durs de fin d’année

Si vous nous suivez régulièrement sur Instagram, vous le savez déja, mais ces derniers temps, notamment depuis le mois d’octobre dernier, nous avons dû faire face à plusieurs coups durs qui ont mis fin à la lune de miel que nous vivions jusqu’à présent avec la Chine. Pas de quoi remettre en question notre vie ici, mais tout de même un gros coup au moral. J’ai mis du temp à rédiger cet article. J’ai mis du temps à digérer ces deux histoires. Mais j’ai envie de revenir dessus, pour me souvenir de l’essentiel de cette aventure dans quelques années, mais aussi pour vous prévenir, si vous voulez venir vivre en Chine, c’est un risque que vous courrez aussi et très peu d’expats sont protégés par une assurance civile internationale…

Tout a commencé la vieille du dernier jour du mois d’octobre. C’était un lundi. Je préparais alors la Fête de l’automne avec mes collègues. Nous étions resté tard ce soir-là pour tout préparer après le départ des enfants, afin qu’ils découvrent l’école complètement décorée le lendemain. Ayi devait rester plus tard, donner à manger aux enfants si nécessaire et Papa Lou devait rentrer aussi tôt que possible pour prendre son relai. Compte tenu de l’avancée des préparatifs, je pensais rentrer vers 20h-20h30.

Vers 19h, j’ai reçu un coup de fil de Papa Lou. Sans vraiment m’expliquer grand chose, il me dit qu’il a eu un accident de vélo, que la police l’emmène au commissariat et qu’il a besoin qu’on lui ramène son passeport aussi vite que possible. Sur le coup, j’étais plutôt paniquée, jusqu’à ce que je comprenne qu’il n’avait rien, qu’il allait bien, mais que quelqu’un devait venir le rejoindre avec ses papiers. Je préviens la directrice chinoise de l’école. Elle me donne son numéro de téléphone, au cas où nous avons besoin de quelqu’un pour traduire. Je la remercie et me dépêche de contacter Ayi pour la prévenir qu’elle doit rester plus tard, qu’elle doit faire manger les enfants et s’en occuper jusqu’à notre retour. Je me dépêche de rentrer chez moi en vélo pour récupérer le passport de Papa Lou. Quand je rentre, les enfants sont en pleurs, ils ne veulent pas que je reparte, ils ont bien compris que quelque chose ne va pas, mais Ayi ne leur à rien dit. Je leur explique que Papa a eu un accident, qu’il va bien mais que je dois le rejoindre au plus vite au commissariat pour l’aider. Little Miss Sunshine comprend. Little Smiling Buddha pleure toujours quand je repars.

Entre temps, Papa Lou m’a envoyé l’adresse du commissariat où il est retenu, je saute donc dans un taxi et essaie tant bien que mal de me faire comprendre, stressée comme je suis. J’arrive au commissariat une grosse heure et demi après le premier appel de Papa Lou. Je donne son passeport à l’officier en charge du dossier. Il s’étonne en Chinois que je sois étrangère, se demande à haute voix, sans s’adresser à moi, si je comprends le Chinois. Je lui réponds tac-o-tac que je comprends le Chinois. Papa Lou a l’air dépité et bien silencieux, assis sur une chaise dans un coin.

Entre ce que j’apprend de Papa Lou et de l’officier, il y a eu un accrochage entre Papa Lou en vélo et une vieille dame qui traversait la route et qui est brusquement revenu sur ses pas. Personne n’a demandé la version de Papa Lou. La vieille dame a été emmené à l’hôpital pour un examen plus complet, apparemment elle aurait le bras cassé. Nous devons attendre les résultats. Et puis il y a des papiers à signer, l’officier commence à nous parler dans son jargon, refuse de parler anglais et se plaint que nous, étrangers, ne parlons pas assez bien Chinois pour régler seuls ce problème. En fait, il cherche simplement un Chinois pour se porter garant de nous, quelqu’un sur qui taper si finalement tout se termine mal… Pour la petite histoire, on demandera toujours à un Chinois de se porter garant pour un étranger pour n’importe quelle démarche officielle.

Nous choisissons donc de jouer la carte de la sureté et de mettre un Chinois en face d’un Chinois pour faire avancer le problème. J’appelle ma directrice qui va faire office de traductrice pour la suite des négociations. Nous apprenons alors que la vieille dame à 90 ans, qu’elle s’est fracturée l’avant bras en tombant, qu’elle sera gardé une nuit à l’hôpital en observation. Les médecins préconisent d’attendre quelques jours, voir comment évolue la blessure, avant de l’opérer. C’est là que je panique vraiment. Opérer une dame de 90 ans? La mettre sous anesthésie générale? Pour nous accuser ensuite d’avoir provoquer sa mort alors qu’elle n’a qu’un bras cassé? Je trouve tout ça complètement dingue! On nous annonce que nous n’avons pas le droit de quitter la Chine tant qu’un accord financier n’a pas été trouvé avec la famille, mais qu’on nous laisse rentrer chez nous si Papa Lou revient le lendemain pour discuter le côté financier avec la famille en question au commissariat.

Nous rentrons totalement lessivé et angoissé. Nous n’avons pas beaucoup échangé ce soir-là. Nous sommes tous les deux sous le choc. Mais heureux de retrouver nos enfants et d’avoir pu rentrer chez nous.

Le lendemain, Papa Lou est retourné au commissariat avec une de ses RH qui a pris le relai sur le dossier. Son employeur lui a promis de l’aide, c’est compris dans notre « pack » d’expat puisque c’est arrivé sur le chemin entre le travail et la maison . Au commissariat, ils ont rencontré la famille. La vieille dame est rentrée chez elle. C’est un bon point pour nous. La famille explique qu’elle ne connaît pas encore le montant des soins et qu’ils veulent attendre la semaine suivante et le retour à l’hôpital pour un examen de contrôle que les médecins fixent la facture. Nous soufflons un peu.

Le même jour, c’est la fête de l’automne à l’école. Tous les enfants vont pouvoir en profiter. Nous accueillons également les parents de trois classes, les TPS et deux classes de TWO’s à cette occasion, lesquels vont participer aux différentes activités avec leurs enfants. J’accueille donc les parents des enfants de ma classe pour la matinée. Il y a des parents, des grands-parents et même des Ayis qui sont venus. A un moment de la matinée, nous allons préparé des cookies. Sans réfléchir, j’enlève mes bagues (fiançailles, alliance et bague reçue à la naissance de Little Miss Sunshine) avant de mettre les mains dans la pâte. C’est quelque chose que je fais toujours par réflexe à la maison. Je me souviens m’être dit que je n’avais pas de poche ce jour-là (c’est là que je les mettais quand je cuisinais à l’école) et j’ai donc accroché mes bagues en hauteur à une sorte de porte-manteau en me disant que je les récupérerais dans quelques minutes. Mais je ne me suis absolument pas rendu compte de ce que j’étais en train de faire.

Malheureusement, les minutes ont passé, nous sommes sortis de la cuisine et prise dans mes conversations avec les enfants et les parents, j’ai oublié mes bagues. Quelques trente minutes plus tard, alors que les parents ont quitté l’école, je me rends compte de mon oubli. Je suis retournée dans la cuisine en vitesse pour récupérer mes bagues. Elles n’étaient plus là. Je ne me suis pas inquiétée, je me suis dit que quelqu’un les avait trouvées et mises en sécurité. Je suis allée voir la directrice. Elle n’avait rien reçu. Et puis de fil en aiguille, nous avons fini par faire le tour de toute l’école à demander si quelqu’un les avait vu, à les chercher dans la cuisine, dans les poubelles, derrière les meubles…

Ce n’est qu’une bonne demi-heure plus tard que je me suis vraiment écroulée en comprenant ce qui venait d’arriver: je me suis fait voler toutes mes bagues. Ces bagues auxquelles je tenais tant, pour la valeur sentimentale que j’y attachais… J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Je m’en suis voulu, tellement. Quand j’ai fini par reprendre mon souffle, j’ai appelé Papa Lou en pleurant pour lui expliquer la situation.

Nous avons vérifié la vidéo-surveillance de l’école. Evidement, il n’y avait pas de vidéo surveillance dans la cuisine. Nous n’avons rien trouvé. Nous avons vérifié les photos réalisées au cours de la matinée. Il y en avait plusieurs où on voyait toujours les bagues. Il y en avait quelques unes plus suspectes qui ont été fournit à la police, mais qui ne voulaient peut être rien dire. On y voyait l’ayi d’une enfant d’une classe de TWO’s regarder dans la direction des bagues, se diriger vers l’endroit, puis se baisser vers son sac avant de sortir de la pièce. Nous avons pu la suivre sur les caméras de surveillance, elle a directement quitté l’école.

La police a été appelée, elle est venu sur place pour voir ce qui s’était passé. Ils ont voulu fermer l’école et vérifier tous les sacs de tout le personnel, mais je n’avais pas le coeur à accepter que l’on soupçonne mes collègues alors que nous avions un doute sur quelqu’un qui avait déja quitté l’établissement… J’ai décidé de porter plainte. J’ai dû insister, la police voulait que j’attende quelques jours au cas où on les retrouve par miracle. Après une nouvelle discussion téléphonique avec Papa Lou, il s’avère que nous avions assuré mes bagues avant notre départ de France. Il nous fallait donc un dépôt de plainte le jour même pour lancer les démarches auprès de l’assurance.

Je suis partie au commissariat, la deuxième fois en deux jours, avec ma directrice. On m’a demandé des photos de mes bagues, ce que je n’avais pas. Mais Papa Lou m’avait envoyé les factures des trois bagues sur mon téléphone, ainsi que leur descriptif et notamment les numéros des diamants présents sur la bagues de fiançailles. J’ai dû batailler pour qu’ils notent un descriptif des bagues sur le dépôt de plainte. Ils n’ont finalement pas voulu que je signe mon dépôt de plainte le jour même. Ils m’ont demandé de revenir le sur-lendemain.

Deuxième nuit sans sommeil. Et il y en a eu plusieurs encore jusqu’à ce que toutes ces histoires se règlent… J’ai aussi perdu ma voix pendant une semaine complète sous l’effet du choc émotionnel…

Finalement, ce n’est que le lundi suivant que j’ai été autorisé à venir signer mon dépôt de plainte. Et encore, j’ai dû m’énerver avec ma directrice pour qu’elle insiste et qu’ils ne changent pas encore une fois mon rendez-vous. J’ai demandé à ajouter certains détails sur le dépôt de plainte avant de le signer. Je parlais en Chinois à l’officier qui ne répondait qu’à ma directrice et jamais à moi, ou alors en riant – genre, mais qu’est-ce qu’elle me veut elle… Il a fini par conclure que de toute façon de l’or en Chine allait être immédiatement fondue et que seule la bague de fiançailles en platine pourrait un temps leur poser plus de problème à faire fondre… Je suis sortie lessivée de cette histoire. Je me suis sentie tellement insignifiante et idiote, prise de haut parce que j’étais étrangère et que c’était plus facile pour l’officier de rire de l’incompréhension culturelle qui avait lieu plutôt que d’essayer de comprendre et de me rassurer. Une étrangère dans un pays dans lequel je vis depuis près de quatre ans. Je me suis sentie tellement mal, tellement seule, tellement à l’autre bout du monde…

J’ai été vraiment écoeurée de la Chine pour un temps assez long. Je n’avais plus envie de sortir, plus envie de me confronter aux Chinois. Les trajets en vélo quotidien jusqu’à l’école ou pour rentrer sont devenus une grande source de stress et de colère. Stress qu’il ne m’arrive aussi quelque chose, stress qu’il arrive autre chose à Papa Lou (le nombre de fois que j’ai guette la montre quand il rentrait et que je suspectait quelques minutes de retard parce qu’en fait il était passé récupérer un colis…), colère quand je les voyais rouler n’importe comment, traverser la route sans se soucier qu’un vélo ou une voiture arrive… Le week-end, nous nous enfermions chez nous pour ne plus en sortir, rester dans notre cocon et nous requinquer en remplissant tant bien que mal nos réservoirs affectifs.

Je tiens quand même à souligner que j’ai toujours eu le soutien d’Ayi à la maison, qui m’a à plusieurs reprises pris dans ses bras pendant que je pleurais et prenais tant bien que mal des nouvelles de l’avancement du dossier, et des collègues Chinois à l’école qui sont venus aux nouvelles et n’ont pas non plus hésité à me prendre dans leur bras l’une ou l’autre fois ou à timidement me taper dans le dos (le contact physique étant vraiment limité en tant que tel en Chine). Et que j’en voulais plutôt à la terre entière, enfin à la Chine entière, et puis à moi aussi, plutôt qu’aux Chinois en particulier.

La même semaine, nous devions avoir des nouvelles de la famille de l’accrochage. Nous n’en avons pas eu. Nous avons dû les re-contacter la semaine suivante, avec le stress de savoir ce qui avait pu les empêcher de nous re-contacter. Ils ne savaient toujours pas pour le montant des frais, mais avait décidé d’embaucher une Ayi à plein temps pour s’occuper de la vieille dame, à nos frais. La fracture était résorbée en une semaine (c’est possible ça?!? à 90 ans?!?), pas d’opération à prévoir, nous avons été soulagé. Ils nous re-contacteraient dans trois semaines, parce qu’ils étaient quatre enfants et que l’un d’entre eux était en déplacement à l’étranger jusqu’à cette date, pour fixer enfin le montant qu’ils nous demandent. Ce qui nous menait à mi-décembre. De fait, nos vacances à l’étranger pour les fêtes de Noël tombaient à l’eau. Nous n’aurions certainement pas l’autorisation de  sortir du territoire pour Noël. Heureusement, nous n’avions pas prévu de rentrer en France pour les fêtes de fin d’année, je pense que nous nous serions totalement écroulés dans ce cas. Nous nous rattachions au fait que Nonna et GrandPapa devaient venir nous rendre visite et qu’ils viendraient quoiqu’il arrive.

Fin novembre, nous avons eu la confirmation de l’assurance, que nous allions être remboursé de la valeur d’achat des bagues. J’ai été soulagée, même si finalement ça ne changeait rien du tout à ma perte. Je n’avais plus envie de porter des bagues. Je n’en ai toujours pas envie. L’important étant que j’ai ceux que j’aime autour de moi, s’accrocher à du matériel ne sert à rien… J’ai mis du temps à faire mon deuil. A ne plus chercher mes bagues autour de mes doigts instinctivement dix fois par jour, avant que mon cerveau ne me ramène à la triste réalité…

Mi-décembre, la famille ne nous a pas re-contacter. Par hasard, Papa Lou a découvert qu’il travaillait dans le même bâtiment qu’une des belles-filles de la vieille dame. Il a réussi à parler avec elle, sans personne autour. Elle a été très gentille, lui a assuré qu’ils allaient nous re-contacter, que la vieille dame n’avait pas de séquelles, qu’elle comprenait notre situation (il lui a dit que nous avions deux enfants qui avaient très envie de rentrer en France pour la fête la plus importante de l’année voir leurs grands-parents) et ferait tout pour accélérer le processus. Nous étions rassuré. Mais c’est encore nous qui avons dû les re-contacter. Ils ont pris un rendez-vous un lundi pour fixer la somme. L’entreprise de mon mari avait entre-temps pris un avocat pour nous aider dans nos démarches. Quant à notre assurance civile, elle avait refusé de nous fournir une aide sur place, alors même que cela faisait parti de notre contrat. Enfin, nous avions contacté le consulat français dès le début pour avoir un soutien et ils nous ont conseillé de ne faire appel à eux que dans le cas où l’histoire dégénérait…  

Le fameux lundi 18 décembre, la famille nous a finalement demandé 200 000 RMB soit près de 30 000 euros, sans autre alternative. La somme était clairement exorbitante et non justifiée. Nous avons refusé, mais nous n’avions d’autres choix que de trouver un accord financier avec eux si nous voulions pouvoir ressortir de Chine un jour. Ca a été une terrible douche froide. Je m’attendais à 5 000 / 6 000 euros, je m’étais psychologiquement préparé à 10 000 euros dans le pire des cas… Mais là! J’ai commencé à paniquer, à me dire que jamais nous ne pourrions rentrer en France pour le mois d’avril, que je louperai le mariage de mon frère à cause de cette histoire… Et puis nous avons repris le dessus sur la panique, la colère et l’incompréhension. Il fallait trouver une solution! 

Après réflexion, calculs, multiples mails et coups de téléphone à notre assurance et à celle de l’entreprise de Papa Lou, nous avons décidé de proposer 150 000 RMB soit près de 25 000 euros, la valeur maximale que notre assurance pouvait nous rembourser, avec l’assurance que l’assurance de l’entreprise de Papa Lou couvrirait l’excédent si nécessaire. Restait à rassembler cet argent en cash. Papa Lou avait passé une grande partie du mois à rapatrier notre argent de nos comptes en banque français à nos comptes chinois (avec les frais qui vont avec…), pour couvrir un maximum. Mais ce n’était pas suffisant. L’entreprise a décidé de nous aider en avançant l’argent à Papa Lou puis en échelonnant notre remboursement directement sur son salaire jusqu’en juin 2018.

Le lendemain, Papa Lou a donc repris contact avec eux, puis rendez-vous au commissariat pour signer les papiers. Nous n’y croyions pas. Il allait falloir qu’ils acceptent 50 000 RMB en moins que ce qu’ils demandaient… Il allait falloir que les quatre enfants signent ces papiers et acceptent. Clairement, il y en a un dans le lot qui nous a pris pour des pigeons et qui voulait s’acheter une nouvelle voiture sur le dos de sa mère…

Mais ils ont accepté, ils ont signé les papiers et l’officier de police a annoncé à Papa Lou que dès le lendemain notre interdiction de sortir du territoire serait levé. Nous étions le 20 décembre au soir. Nonna et GrandPapa venaient d’arriver à Shanghai pour fêter avec nous les fêtes de fin d’année. Papa Lou est rentré en disant qu’il allait sur le champ nous organiser une petite semaine de vacances au Japon, que cette sortie du territoire chinois était vitale pour nous…

Mais l’histoire n’était pas terminé. Début janvier, il a fallu se battre avec l’assurance pour avoir un remboursement complet. Comme ils étaient en tord, puisqu’ils nous avait refusé une aide sur le terrain alors que cela faisait parti de notre contrat, nous avons finalement eu de la chance et le remboursement a eu lieu début février. Le remboursement a eu lieu sur nos comptes français. Papa Lou a donc continué à rembourser son entreprise sur son compte chinois jusqu’à réussir à re-négocier ses remboursements après une prime. Finalement nous avons terminé les remboursements au mois d’avril. Nous avons donc eu six mois plein de soucis et de stress pour cet incident.

Je voulais vous raconter cette histoire, car après en avoir parlé autour de moi, nous sommes les seuls expats qui avaient pris une assurance civile internationale. Si nous n’en avions pas eu, nous aurions vraiment été en difficulté. Ca n’arrive pas qu’aux autres! J’avais évidement entendu ce genre d’histoires, de on-dit, de connaissance de connaissance, d’expats à qui le même genre de chose étaient arrivées. On m’avait dit: « Ne t’approches jamais d’un accident, au pire enfuis-toi si tu n’es pas coupable, au mieux appelle la police sans laisser de contact ». On m’avait dit: « Je connais quelqu’un qui a passé son permis à Shanghai et qui a vu un homme se jeter sous ses roues quelques jours à peine après avoir eu sa voiture, parce que c’était un étranger et qu’il pouvait payer ». On m’a raconté l’histoire d’une famille de cinq enfants qui venait d’arriver à Shanghai et qui quelques jours après leur arrivée se sont vu pris à parti dans le métro sous prétexte qu’un de leur enfant avait poussé quelqu’un, ils ont été retenu toute la nuit au commissariat et on dû débourser quelques 2 000 euros dans le vide.

Si vous choisissez de partir vivre en expat, pensez à votre assurance civile, à celle de vos enfants, à l’assurance de vos biens (qui ne vous appartiennent que tant que la douane le veux bien et qui ne sont à l’abri de rien…) et je ne parle même pas d’assurance santé! 

Cette histoire a été un vrai choc pour nous. Nous avons eu du mal à nous en remettre, émotionnellement parlant. Nous sommes encore fragile, et deux autres déconvenues, qui ont eu lieu ces derniers mois, ne nous ont pas aidé. Mais c’est une autre histoire…