Les vacances d’été se terminent

Comme chaque année depuis que nous sommes en expatriation et que nous rentrons en France, nous avons l’impression que l’été passe bien vite. Nous voilà déja entrain d’attendre notre premier avion qui nous emmènera jusqu’à Paris, avant de prendre celui qui nous fera traverser presque la moitié du monde pour rentrer chez nous, à Shanghai.

L’été pour les expatriés, c’est toujours une multitude d’émotions et de sentiments qui se bousculent. La joie de retrouver la famille après une longue séparation. Le bonheur de fouler à nouveau le sol du pays qui nous a vu naître ou grandir. L’émerveillement face aux paysages familiers qui nous ont manqué. Et en parallèle, c’est souvent seule avec les enfants alors que le mari travaille encore dans le pays d’expatriation que nous passons l’été. Et ça, c’est vraiment une des choses qui me pèse. Bien sûr, si Papa Lou rentrait plus longtemps, nous n’aurions plus de vacances pour profiter de l’Asie au courant de l’année. Alors le choix est difficile, mais finalement vite fait. Cette année, pour profiter à fond des dernières vacances avant que je ne reprenne le travail, nous avons donc choisi tous ensemble que je rentrerai deux mois complets avec les enfants.

Nous avons très largement profité de notre été. Surtout les enfants. Ils n’ont laissé que peu de répit aux grands-parents. Ils ont voulu tout faire, tout voir et surtout jouer, jouer sans cesse avec eux. De mon côté, j’ai passé près de six semaines à bosser pour la rentrée. Régulièrement. Au moins deux à trois jours par semaine. Papa Lou nous a manqué, beaucoup. Et puis quand il est enfin arrivé en France, au bout de près de sept semaines, il a encore dû travailler. Difficile à comprendre pour les enfants. Et j’avoue que même pour moi, ça n’est pas évident. Il aura donc été deux semaines en France, mais aura tout de même travaillé quatre jours.

En contre partie, nous allons pouvoir profiter à fond de l’Asie cette année, puisque nous avons déja prévu une semaine dans le XiShuangBanna en octobre, ainsi que deux week-ends durant ce même mois (les montagnes du Phénix et les rizières près de Shanghai), une semaine de roadtrip sur l’île de Kyushu au Japon en novembre, une semaine au Japon (lieu exact à définir) avec Nonna et GrandPapa à Noël, une semaine dans le XinJiang avec Papapa et Mamama pour le Nouvel An Chinois et deux semaines de vacances en France en avril à l’occasion du mariage de Parrain et Tata. Devraient encore s’ajouter quelques week-ends supplémentaires en fonction de nos disponibilités, de notre fatigue et de nos finances!

C’est donc le coeur heureux et léger, la tête plein de beaux souvenirs d’été, les valises pleines de livres et la tête déja à la rentrée et à nos prochaines vacances que nous reprenons ce matin l’avion vers Shanghai.

En route vers notre quatrième année d’expatriation! 

[Expatriation] Trois ans à Shanghai

Trois ans. Je me revois encore trépigner d’impatience de partir enfin rejoindre Papa Lou à Shanghai. Le temps passe finalement bien vite. Le premier contrat, de trois ans, de Papa Lou est déja terminé. Dorénavant c’est annuellement que son contrat sera renouvelé, ou non. Nous étions théoriquement parti pour 5 ans. Il devrait donc nous rester encore deux ans à Shanghai. Mais rien n’est moins sûr… Rentrerons-nous en France plus tôt que prévu? Resterons-nous finalement en Chine plus longtemps que ce que nous pensions au départ? Poursuivrons-nous cette expatriation en Chine par une autre dans un autre pays? Il n’y a pour l’instant que des questions qui se profilent devant nous. Et nous avons bien l’intention de profiter du moment présent et de nous laisser guider par les mois à venir…

Pour nous, rien à changer quant à notre plaisir de vivre à Shanghai en Chine. Nous sommes toujours dans cette phase de lune de miel, avec le plaisir en plus de comprendre la langue et parfois l’agacement face à certains comportements des Chinois qui nous dérangeaient déja il y a trois ans et qui n’on pas vraiment évolué! Si nous pouvions y rester encore plusieurs années, nous le ferions volontiers…

Cette troisième année aura été un peu particulière, j’ai presque envie de dire que je la vois comme une année de transition. Notamment en ce qui me concerne. Après trois ans à la maison, j’ai ressenti un vif besoin de reprendre une activité à l’extérieur qui me permette de continuer à m’épanouir auprès de mes enfants tout en nous laissant à tous un peu plus de « liberté ». Cette transition, c’est donc Ma transition entre la vie de maman au foyer que j’ai si fortement désirée et une vie un peu plus active. Ma reconversion professionnelle m’aura occupé une belle partie de l’année et m’aura largement convaincu que je prends la bonne voie…

Cette troisième année à Shanghai aura été marqué par:

Cette quatrième année s’annonce bien différente des précédentes. Je vais retravailler. Et les enfants iront tous les deux à l’école. Little Miss Sunshine rentre au CP. Avec toutes les contraintes que cela nous posent, notamment au niveau des vacances. Nous y avons déja bien réfléchi. Nous ne rentrerons pas en France à Noël, pour la première fois. Mais Nonna et GrandPapa viendront nous rejoindre et ensemble nous feront un voyage. Pour le Nouvel An Chinois, c’est Papapa et Mamama qui vont venir nous rendre visite et nous voyagerons alors avec eux. Au mois d’avril, nous rentrerons deux semaines en France, à l’occasion du mariage de Parrain et Tata. Nous allons donc passer quelque huit mois sans rentrer en France. Et nous avons dores et deja programmé toutes nos vacances et les différentes destinations pour cette année à venir.

Cette année s’annonce donc très riche et pleine de nouveautés. Et j’ai déja hâte de rentrer à Shanghai et de m’y lancer! 

[Sortie] Shanghai Wild Animal Park

Voilà un parc animalier, situé à une quarantaine de kilomètres de Shanghai, que nous avions envie de visiter il y a longtemps déjà avec les enfants. Le problème à Shanghai, c’est le temps et la température. Et je sais par expérience combien il est fatiguant pour toute la famille de se promener dans un parc, même ombragé, par 40 degrés. Nous avions donc prévu d’aller le visiter au printemps ou à l’automne, quand les températures sont encore clémentes et le temps au beau fixe. Finalement, entre nos week-ends et le temps, il aura fallu attendre un bon bout de temps! Mais c’est enfin chose faite!

Il y a deux zoos à Shanghai. Le premier est assez vieux, en partie rénové seulement, mais facilement accessible (30 minutes du centre-ville) près de l’aéroport de HonqQiao. Nous nous y sommes rendus très régulièrement depuis que nous sommes à Shanghai, parce qu’il est facile d’accès, que le tarif est très raisonnable (l’équivalent de 5€ pour un adulte et les enfants ne paient pas jusqu’à 1,20m). Le second – dont je vous parle aujourd’hui – est plus grand, plus neuf et les animaux plus nombreux, mais il est également plus loin de Shanghai (proche de l’aéroport de Pudong, il faut compter quasi 50 minutes de taxi à partir du centre-ville).  

Un samedi matin du début du mois de mai (oui vous remarquez comme je suis à jour dans mes articles!), nous avons donc pris le taxi en famille un peu avant 10h. Nous sommes arrivés au parc un peu avant 11h. Le temps d’acheter les billets (compter 130RMB par adulte – gratuit pour les enfants de moins de 1,30cm), de passer aux toilettes et de faire la queue pour entrer dans le parc, il était presque 11h30.

Le parc se divise en deux parties. Une première partie qui se visite à pied, comme tous les zoos. Et une sorte de safari qu’il faut visiter en bus. Avec le billet d’entrée, un bus de tourisme classique est compris dans le prix pour visiter cette partie du parc. Mais l’attente est longue! Il y en avait au moins pour une heure d’attente le jour où nous y étions et finalement assis dans un bus classique, on ne voit pas grand chose, puisque les animaux sont vraiment au bord de la route au pied du bus (et non au loin).

Après avoir visité une petite partie du zoo qui se visite à pied et avoir déjeuner d’un burger et de frites (pour faire plaisir aux enfants), nous avons choisi, mais un peu par hasard, il faut bien le dire, de payer un billet supplémentaire (20RMB par adulte) pour prendre le bus grillagé qui nourrit les animaux. Et c’était finalement un très bon choix car les enfants ont été émerveillé de voir les animaux juste à leur pied.

Bien installé devant les grilles, les enfants étaient aux premières loges pour observer les animaux. Régulièrement le bus s’arrêtait, le guide lançait quelques morceaux de nourriture au travers de trappes et on pouvait observer les animaux de très très près!

La partie safari est divisée en plusieurs zones. Dans la première, on rencontre entre autres, des paons, des chèvres ou des chameaux. Le bus fait un arrêt pour nourrir les animaux. Là ce sont les chèvres qui sont venus voir ce qu’il y avait à manger…

La seconde partie est la partie « savane », sans les carnivores. Les animaux sont clairement habitué à recevoir de la nourriture, ils attendent le bus le long de la route… Et puis il faut dire que les bus se succèdent et à quelques minutes d’écart à longueur de journée.

Mais c’est tout de même impressionnant de les voir de si près. On pourrait presque les toucher.

Ensuite on passe dans les espaces des grands animaux et des carnivores qui se succèdent les uns les autres: les lions, les ours, les tigres, les léopards… A chaque nouvel enclos, le bus s’arrête et lance de la nourriture aux animaux. Pour augmenter le côté « impressionnant », ils narguent parfois les animaux avec de la nourriture au bout d’une pique. Résultat un ours était accroché aux barreaux du bus pendant toute une partie de notre passage dans l’enclos des ours… Les enfants ont adoré!

Le bus fini par nous ramener à notre point de départ après avoir réaliser une sorte de boucle dans le parc.

Et puis nous avons poursuivi notre promenade à pied à travers le zoo. Les enclos sont beaux et grands. On recroise tous les animaux que l’on a vu durant notre safari. Je suppose que les soigneurs font tourner les animaux entre ceux qui sont dans les enclos à l’intérieur du zoo et ceux qui sont dans le safari.

A chaque enclos ou presque, pour quelques RMB, on peut entrer, toucher, nourrir et se photographier avec les animaux. Que ce soit les kangourous, les aras, les hippopotames ou les singes. Nous avons d’ailleurs essuyé une grosse crise de larmes et d’incompréhension de la part de Little Miss Sunshine quand nous lui avons expliqué que nous ne voulions pas qu’elle caresse les kangourous. Nous lui avons longtemps expliqué nos raisons, en la prenant en point de comparaison, elle, qui ne supporte plus que les Chinois la touchent systématiquement quand ils passent à côté d’elle. Mais il n’empêche que ça a été un moment difficile.

Ici, un soigneur accompagnait un touriste pour nourrir un hippopotame et faire des photos.

Son petit était installé à l’abri dans un plus petit enclos juste à côté de sa maman qui se faisait photographier.

 

Les animaux sont beaux, ils semblent vraiment bien soigné et les enclos sont plutôt bien conçu. 

Il n’empêche que j’ai été très mal à l’aise dans ce zoo durant toute ma visite. Le principe d’accepter qu’on touche les animaux contre rémunération me met particulièrement mal à l’aise. Peut être que si j’avais eu plus d’informations sur ce zoo avant d’y aller, je n’y aurai pas été. Surtout pas avec les enfants.

En Chine, dans les zoos, les Chinois  lancent tout et n’importe quoi à manger aux animaux: carottes, chips, gâteau, paquet plastique… malgré les interdictions. Ils tapent contre les vitres, hurlent ou font des flash avec leurs appareils juste pour réveiller les animaux. Ces comportements m’insupportent particulièrement. Je comprend tout à fait l’intérêt pour ce nouveau zoo d’offrir une solution intermédiaire. Nous n’avons vu personne lancer de la nourriture dans les cages. Les gens ont eu l’air de respecter le fait de ne les toucher, les nourrir que contre rémunération. Mais il n’empêche que ça me gêne.

  

En parallèle, les animaux sont aussi mis en scène avec des spectacles comme celui de la nourriture des fauves où l’on fait délibérément sauter un tigre sur les vitres pour assouvir les envies des spectateurs.

Ou alors on peut faire un tour sur les éléphants…

Et puis il y a un spectacle plusieurs fois par jour, avec de la musique très forte, où de nombreux animaux sont présentés sur scène, mais nous ne sommes pas allés le voir.

Vous comprendrez que je suis mitigée sur ce zoo et que nous n’y retournerons certainement pas. Même si nous avons passé une belle journée. Leurs principes sont trop contraire aux nôtres.

Reconversion professionnelle

Avec notre retour en Alsace pour les vacances d’été, mon stage à l’école s’est terminé. Et avec lui, le début de mon parcours de reconversion. Dès mi-août, c’est officiellement en tant que maîtresse que j’enseignerai à ma classe de TPS.

Après avoir passé trois ans, en tant que maman au foyer, à m’occuper de tout le monde et à m’oublier souvent, j’avais un peu peur de ce que pouvait signifier reprendre le travail. J’avais peur de négliger mes enfants, j’avais peur de m’oublier encore un peu plus moi, de remettre en cause tout l’équilibre que j’avais réussi à construire ces derniers mois autour de notre famille à quatre.

Mais j’en avais besoin. J’avais besoin de me sentir utile ailleurs, pour autre chose, de m’investir auprès des enfants – mais pas seulement des miens – de sortir de chez moi, d’avoir plus de discussion d’adultes, de revoir plus régulièrement du monde…

Cette possibilité de reconversion est arrivée un peu comme par magie (enfin presque, j’ai quand même donné beaucoup de mon temps aux enfants de l’école durant deux ans…). Et elle était idéale pour moi dans tout ce qu’elle me laissait envisager. 

Être maîtresse en maternelle, c’est avoir toujours le temps de profiter de mes enfants le soir, le week-end et durant toutes les vacances scolaires – ce que ne me permettait pas mon précédent emploi -, c’est n’avoir pas trop de préparation pour les activités du lendemain – ce qui me dégage la soirée avec ma famille -, en plus, c’est un mi-temps qui devrait me permettre d’effectuer mes préparations entre midi et deux heures. J’aurai donc toujours l’opportunité d’avoir du temps en solo avec Little Smiling Buddha – que je ramènerai dans un premier temps à la maison avec moi à 14h, au réveil de la sieste – jusqu’au retour de sa sœur vers 16h30. Et je pourrai toujours facilement organiser des soirées mère-fille à la piscine avec Little Miss Sunshine. En parallèle, Ayi changera ses horaires de travail, elle viendra toutes les matins vers 11h et préparera le repas du soir du lundi au jeudi. Je suis donc sereine et rassurée par rapport à cet aspect.

Quand j’ai commencé à travailler à l’école, j’ai adoré l’attitude des enfants à mon égard. Ils étaient plein de curiosité et d’amour à revendre. J’avais un peu peur de ne pas savoir comment réagir à certaines situations et finalement je me suis toujours laissée guider par ma bienveillance et j’ai réussi à dénouer tous les soucis qui se sont présentés à moi. J’ai passé beaucoup de temps à observer les enfants, à tenter de trouver une réponse adéquate à ceux qui étaient « plus difficile ». J’ai réussi a bien calmer le jeu avec un petit très en colère, qui avait beaucoup de mal à gérer la présence d’un autre camarade et la frustration en générale. Lors de chacune de mes présence, nous nous sommes isolés dans le couloir ensemble, à une ou plusieurs reprises, pour souffler notre colère ensemble. J’ai pris le temps d’accueillir ses émotions, de l’écouter, de tenter de le comprendre ou de comprendre en partie d’où venait le problème. J’étais très fière de notre coopération. Et il a fini par être beaucoup plus calme et posé en ma présence. J’ai également beaucoup observé les autres maîtres et maîtresses, français, chinois et anglais. J’ai puisé chez chacun des idées, des comportements, des solutions, des organisations. Et aujourd’hui, je me sens prête.

Je me suis dores et déja attelée à la tâche de créer mon programme pour cette année scolaire à partir des thèmes globaux définis par l’école et du choix du personnage de littérature enfantine qui va nous suivre toute l’année: P’tit Loup. J’aimerai définir le plus précisément possible mes journées jusqu’à fin décembre – ce qui ne m’empêchera pas du tout de changer d’activités si les enfants en ressentent le besoin – et définir une trame assez claire pour mes activités jusqu’à la fin de l’année scolaire. J’espère ainsi me libérer un maximum de temps pour profiter avec mes enfants dans l’après-midi et le soir.

Je sais bien que cette année est une année test. Est-ce que je vais y arriver avec les enfants? Avec les parents? – et ça, ça m’inquiète beaucoup plus! Est-ce que ce que je vais faire avec les enfants correspondra à ce que la direction attend de moi? à ce que les parents attendent de moi? J’ai une idée bien précise de la manière dont il faut laisser évoluer un enfant, avec les miens c’est une chose, mais avec ceux des autres, comment cela sera-t-il perçu? La directrice me connait et le sait. Mais que penseront les parents du fait que je ne punisse pas les enfants? Que je ne les mettent pas à l’écart du groupe? Que je suis contre les menaces? Et comment moi je m’en sortirai à ma manière alors que les enfants ont pour la plupart l’habitude de ne réagir qu’à la peur de la punition, de la menace? Autant de question qui se pose encore pour moi. Au terme de cette année, la direction et moi prendront ensemble la décision de renouveler ou non l’expérience pour une année supplémentaire. Mais bizarrement, je ne suis pas très inquiète, j’y crois! Je me sens bien dans ce boulot, je m’épanouis auprès des petits et c’est LA reconversion qu’il me fallait, j’en suis sûre.

Je suis heureuse de la tournure que prend ma vie ces dernières années, et cette reconversion est encore une nouvelle étape vers une vie qui me correspond plus, une vie plus douce, plus calme, une vie où je m’écoute et j’écoute ma famille, une vie avec laquelle je suis en paix et dans laquelle je peux trouver le bonheur à chaque instant…

Vacances d’été

Ce soir, je prends l’avion seule avec les enfants. Je ne suis pas inquiète. Ils savent comment ça se passe et ils dormiront une grande partie du trajet. En plus, à deux ans, Little Smiling Buddha aura son propre siège et trois sièges à trois, c’est juste le méga luxe! Ces voyages en solo avec les enfants sont fatiguant, mais pas insurmontables.

Nous profitons de la dernière année où je ne travaille pas pour rentrer en France deux mois complets. Comme l’an dernier, Papa Lou ne viendra en France qu’une courte période (deux semaines au mois d’août). Nous avons fait le choix de rentrer à deux à Shanghai pour éviter que je n’ai l’aller-retour à effectuer seule avec les enfants. Mais pour la peine, nous serons séparés cinq semaines.

Nous allons passer une grande partie de l’été en Alsace, logeant alternativement chez Papapa et Mamama ou chez Nonna et GrandPapa. Nous avons également prévu d’aller passer une semaine en région parisienne chez Parrain, Tata et Petit O.

Cette année, je n’ai pas de grand programme. L’année dernière, nous avions envie de faire tellement de choses, nous en avons fait tellement, mais finalement nous n’avons de loin pas fait tout ce que nous avions prévu. Donc pour éviter les déceptions, je ne prévois rien. Ou plutôt si. Je me prévois deux impératifs: une soirée et une nuit en amoureux avec Papa Lou pendant ses vacances et l’organisation de mon année scolaire 2017/2018 en TPS.

J’ai donc prévu de laisser les enfants aux grands-parents tous les matins, pour m’organiser. Evidement je m’autoriserai quelques sorties sur des journées complètes. Et puis, je ne travaillerai pas le week-end, mais j’ai vraiment envie d’en faire un maximum cet été – alors que mes enfants peuvent profiter de leurs grands-parents – afin d’avoir le temps de profiter de mes enfants durant toute l’année scolaire!

J’ai pas mal de billets en attente, comme toujours. Certains devraient rapidement être publié – nos efforts pour réduire nos déchets, la place de la nature dans nos vies citadines, le choc culturel des toilettes en Chine,… – d’autres prendront un peu plus de temps, mais devraient être publié cet été – nos différents voyages de cette année (Angkor, le Sichuan,Hangzhou, Pékin, les montagnes jaunes )-, sans compter les billets plein des nouveautés de cet été que j’espère partager avec vous! N’hésitez pas à me dire si certains billets vous intéressent plus que d’autres!

Je vous souhaite à toutes et tous un bel été!

[Voyage] JiuZhaiGou avec un tour chinois

Lors de notre séjour dans le Sichuan, dans la famille d’Ayi, elle a beaucoup insisté pour que nous allions visiter un lieu absolument magnifique, mais vraiment difficile d’accès: JiuZhaiGou. D’après elle, un des plus beaux endroits du Sichuan.

Situé au nord de la province du Sichuan, entre 2000 et 4000m d’altitude, c’est une ville majoritairement tibétaine. Le parc naturel qui s’y trouve est juste sublime. Un des plus beaux de Chine.

C’est Ayi qui a organisé le voyage. Je n’avais aucune idée de comment, ni dans quelles conditions il allait se dérouler. J’ai décidé de lui faire confiance. C’est donc la veille de notre départ pour le Sichuan que j’ai appris que JiuZhaiGou se situait à 9h de bus de Chengdu, elle-même à 2h de route de la ville natale d’Ayi, là où nous logions. Bon, je vous avoue, je n’étais pas plus inquiète que ça, les enfants ont l’habitude de voyager, et en dehors de quelques petites crises de fatigue, ça se passe toujours bien. Je connais leurs limites.

Le souci, c’est que durant ce séjour, je n’ai pas pu gérer pour ne pas atteindre – ou au moins pas trop souvent – leurs limites. Je n’ai appris que la veille de notre départ que nous devions nous lever à 3h45 du matin, alors qu’il était quasiment 20h… Il a donc fallu que nous nous adaptions tous assez rapidement. Et il faut bien avouer que ça n’a pas tous les jours été facile.

Le rythme de notre séjour dans le Sichuan n’était clairement pas adapté aux enfants. Entre les très longues attentes dans le bus, les visites aux pas de course, les stimulations de toutes parts de la part des Chinois… Les enfants sont revenus exténués.

Et pourtant, Little Smiling Buddha ne cesse de répéter « Sichuan » depuis notre retour à qui veut bien l’entendre. Little Miss Sunshine a voulu ramener nos photos de voyage à l’école pour partager son aventure à tous ses camarades. Elle était impatiente de raconter son voyage à Papa Lou également à notre retour. Ils en gardent de superbes souvenirs et moi aussi.

Nous avions déja passé deux jours dans la famille d’Ayi, quand nous sommes partis pour JiuZhaiGou. J’ai appris vers 20h, alors que nous étions invité à aller passer une soirée au karaoké avec une partie de la famille d’Ayi, que nous devions nous lever à 3h45 pour prendre la voiture en direction de Chengdu, où un bus nous attendait à 7h pour partir pour JiuZhaiGou. J’ai donc décliné l’invitation (bien qu’on me conseillait d’y aller parce que ça nous permettrait de ne pas nous coucher et de dormir le lendemain dans le bus!!!)

C’est dans l’urgence que j’ai dû préparer les affaires pour ces trois jours, car Ayi refusait que j’emmène ma valise (et je ne comprend toujours pas pourquoi!). Je me suis retrouvée avec trois sacs, que nous avons finalement dû mettre dans la valise d’Ayi le lendemain matin. Le moment du coucher aura donc été un moment de stress réel  pour tous les trois – je n’avais le droit de rien oublier pour ces trois jours, le reste de nos affaires partant avec notre valise chez la petite soeur d’Ayi le soir même – Little Smiling Buddha pleurait de fatigue et je ne pouvais pas m’occuper de lui puisqu’il fallait que je me concentre sur mes bagages, Little Miss Sunshine me réclamait son lait à corps et à cris en refusant qu’un Chinois ne s’approche à moins d’un mètre d’elle et Ayi et trois de ses copines papotaient et allaient chacune de son conseil sur ma manière de gérer mes bagages. J’ai fini par mettre celle qui s’est mise à fumer dans notre chambre à la porte. Il ne faut pas non plus exagérer…

Moins de dix minutes après leur départ avec notre « excédent » de bagages, nous étions au lit. J’ai expliqué aux enfants ce qui nous attendait le lendemain. Je me suis excusée mille fois des déboires de cette soirée. Et après une bonne séance de câlins à trois, nous nous sommes tous endormis pour quelques heures.

Contrairement à ce que je pensais, le réveil à 3h45 n’a pas été trop difficile. Il faut dire que Little Miss Sunshine est très difficile à réveiller, quelle que soit l’heure, et que finalement ça n’a pas été pire que d’habitude, peut être même plus facile… Nous avons rassemblé nos dernières affaires, et nous sommes descendu rendre nos clefs à la réception de l’hôtel. La réceptionniste dormait couchée sur deux chaises, avec une couette sur elle et des oreillers. Une autre partie du personnel dormait sur les canapés de l’entrée avec de grosses couvertures et des couettes. La porte de l’hôtel était grande ouverte.

Pour le voyage à JiuZhaiGou, JiaJia, une des meilleures amies d’Ayi nous a accompagnés. Une voiture avec un chauffeur nous attendait devant l’hôtel. Nous nous sommes installés dans la voiture et nous nous sommes tous aussitôt rendormis. Nous avons mis deux bonnes heures à rejoindre Chengdu. Là, il y avait une dizaine de bus et des tonnes de Chinois avec leurs bagages qui attendaient pour partir vers JiuZhaiGou. Les gens attendaient debout au milieu de la route avec leurs bagages. Les voitures et les bus klaxonnaient pour passer. Et quelques vendeurs ambulants avaient dores et déja saisi l’opportunité de vendre leurs produits et s’étaient installés tout le long de la route. Ayi et JiaJia sont partis acheter aux vendeurs ambulants de quoi nous offrir un petit-déjeuner: du doujiang (sorte de lait de soja chaud), des youtiao (sorte de beignets ni salé, ni sucré) et des baozi (sorte de pain cuit à la vapeur et fourrés à la viande).

A 7h30, notre guide, qui ne parlait pas trois mots d’anglais, est venu nous chercher pour nous faire monter dans le bus. Dans le bus, nous avons pris notre petit-déjeuner, et puis nous avons goûter aux joies des voyages organisés, à savoir le guide qui parle de tout et n’importe quoi dans son micro à l’avant du bus pendant des heures alors que tu ne rêves que de te rendormir…

Little Miss Sunshine s’est rapidement rendormi. Little Smiling Buddha était bel et bien réveillé et avait apparemment envie de profiter de tous les Chinois présents dans le bus. Une femme étrangère, seule, avec deux enfants en bas âge aux cheveux clairs, dans un bus de Chinois, vous pouvez bien vous imaginer qu’on a fait sensation

Je ne savais rien de notre trajet. Je sais que les Chinois ne peuvent pas passer deux heures sans manger et aller aux toilettes, je savais donc que les arrêts allaient être réguliers, mais je ne savais pas du tout comment ça allait se passer. A peine une heure après notre départ, le guide nous proposait un premier arrêt à la base des pandas de DuJiangYan. Little Smiling Buddha venait de s’endormir quelques minutes plus tôt, Little Miss Sunshine dormait toujours et nous avions déja visité plusieurs bases de panda au mois d’octobre quand nous avions visité le Sichuan avec Nonna et GrandPapa. La visite n’était pas incluse dans le forfait, il fallait donc payer l’entrée en supplément, et j’ai décidé de ne pas y aller. Malheureusement, le guide n’a pas du tout compris que des étrangers viennent dans le Sichuan, avec des enfants, et ne veulent pas aller voir les pandas. J’ai eu beau lui expliquer que nous avions déja visité le Sichuan et plusieurs bases de panda quelques mois plus tôt, il n’a pas voulu comprendre. Entre temps, Little Miss Sunshine s’est réveillée et nous sommes finalement partis visiter le parc sous la pluie.

Nous avons eu 40 minutes pour visiter le parc. Nous aurions facilement pu y passer une journée ou au moins une demi-journée. Nous avons couru comme tous les autres chinois du groupe d’un enclos à l’autre en espérant photographier le plus facilement possible un panda, luttant avec les parapluies autour de nous… Little Miss Sunshine a été ravie de revoir des pandas, Little Smiling Buddha a fini par se réveiller et s’est révélé très efficace dans la « chasse » aux pandas. Et moi, je me demandais toujours ce qui m’avait pris de sortir de ce bus et pourquoi je n’avais pas tout simplement dit « non » à notre guide. Fatigués, trempés, nous avons repris place dans le bus pour la suite de l’aventure…

Quelques heures plus tard, nous nous sommes arrêtés en plein milieu de nul part, dans la montagne, devant la baraque d’un petit vendeur, pour une pause pipi. J’ai cru comprendre qu’il s’agissait du lieu de l’épi-centre du grand tremblement de terre de 2008 – à moins que ce soit l’endroit où les dégats ont été les plus important. En fait, il ne restait rien. On voyait de nombreux bâtiments très abîmés et puis la montagne, à nu, qui semblait s’être déchirée en son milieu…

A midi, nous nous sommes arrêté dans une espèce de restaurant d’aire d’autoroute où nous avons tous eu le même repas. Un espèce de fast-food à la Chinoise. Aussitôt assis, aussitôt servi et à peine le temps de terminer les plats qu’il fallait déja remonter dans le bus…

Vers 16h, nous avons fait notre dernière halte au bord de la route. C’est là que nous avons croisé des yacks blancs. Je n’en avais jamais vu auparavant. Les pauvres étaient attachés à un anneau dans leur nez et leur propriétaire les promenaient le long de la route pour que les touristes (chinois) les caressent et se prennent en photo avec eux moyennant rémunération… C’est là que nous avons acheté un kilo de marron chaud pour patienter jusqu’au repas du soir. Les enfants et moi nous sommes régalés!

La dernière partie du trajet a été difficile. Nous avons tous eu, dans différentes proportions quand même, le mal des montagnes. Nous avions largement dépassé les 2000m d’altitude et entre les routes tortueuses, la tempête de neige, le chauffeur de bus qui dépassait des semi-remorques dans les virages sans aucune visibilité, nous avons été servi! J’ai cru mourir dix fois. Mon coeur s’arrêtait de battre et je priais intérieurement à chaque fois que le chauffeur de bus décidait de dépasser un semi-remorque alors qu’il n’y avait de la place sur la route que pour deux gros engins. A un moment, une voiture qui venait dans l’autre sens, (et qui était sur sa voie!) s’est même glissé entre nous et le semi-remorque que nous dépassions. Au bout d’un moment, pour ma santé cardiaque et mentale, j’ai arrêté de regarder dehors… Je pense que tous les Chinois dans le bus ont vomi. Nous trois, nous avons été épargné. Même si nous nous sentions vaseux et que nous avions un sacré mal de tête.

Nous sommes arrivés à JiuZhaiGou vers 19h. Le bus nous a déposé devant un restaurant à thème tibétain. J’avais un mal de tête carabiné. Nous avons dû nous aligné dans la cour, les animateurs du restaurant chantaient et nous ont mis des écharpes oranges autour du cou. Les enfants étaient fatigués. Ils n’avaient besoin que d’une chose, de calme. Et c’était largement loupé! Après les chants de bienvenus nous avons dû nous prêter au jeu des photos. Tour à tour, nous devions posé à deux à côté d’un Chinois déguisé en panda.

Puis nous avons pu rentrer dans le restaurant. A l’intérieur, les personnes de notre bus (oui parce qu’il y avait des dizaines de bus dehors qui arrivaient et repartaient!) ont pu s’assoir autour de trois tables. Pas une de plus. Evidement, nous n’en savions rien. Tout le monde s’est bousculé pour s’assoir. Je me suis retrouvée seule debout avec les enfants sans place où m’assoir. Ayi m’a dit de m’assoir à une table à côté. Et là, la serveuse est venue en hurlant (littéralement! Je ne me suis jamais fait hurler dessus d’une telle manière de toute ma vie!) me dire qu’il fallait que je m’assois à une des tables prévues pour le bus. Mais nous étions trois et il restait une place. Elle m’a rétorqué qu’on était pas dans un restaurant pour les étrangers et que je devais me plier aux règles chinoises. Les enfants n’ont pas de places assises. Oui et je les mets où mes enfants? J’ai hurlé aussi en Chinois. Elle m’a mis hors de moi. J’avais envie de vomir sur la table et de quitter ce restaurant. Et le tout dans un brouhaha assourdissant de quatre bus de Chinois entrain de manger.

Mais je n’ai pas bougé de ma table avec les enfants. Finalement ils ont installé d’autres gens avec nous et allumés le feu de la fondue tibétaine qu’ils nous proposaient. Ayi et JiaJia nous ont rejoint. Le repas était vraiment sans plus. La viande de yack n’était vraiment pas à mon goût. J’en avais pourtant déja mangé lors de notre précédent séjour dans le Sichuan et j’avais beaucoup aimé. Mais je pense qu’entre le mal des montagnes, l’accueil et le bruit.. j’en étais largement arrivé à saturation…

Vous l’aurez certainement deviné… Qui dit restaurant à thème, dit…spectacle! Heureusement, Little Miss Sunshine n’en était pas au même niveau de saturation que moi. Et quand le spectacle a commencé, qu’ils se sont mis à danser, elle – qui adore danser – s’est vite joint à eux… pour le plus grand plaisir des Chinois et de leur appareil photo! Mais bon, je dois bien avoué que sa bonne humeur m’a redonné envie de sourire. Elle était tellement belle, tellement elle, à danser sans se soucier de rien…

C’est le coeur et l’esprit plus léger, mais pas sans mal de tête, que j’ai finalement quitté le restaurant. Nous avons repris le bus pour enfin aller à l’hôtel. Là-bas, Ayi nous avait réservé une chambre avec deux lits. Little Miss Sunshine avait donc son lit, Little Smiling Buddha et moi le nôtre. Comme à notre habitude. Et cette bonne nuit de sommeil nous a fait du bien. Même si elle a été courte. Au lit vers 22h, le réveil était à 5h30 pour quitter l’hôtel à 6h. Avec un tour chinois, ça ne rigole pas sur le lever!

 

C’est donc bien tôt, après un petit déjeuner bien chinois, que nous sommes partis à pied pour explorer la réserve naturelle de JiuZhaiGou. Il ne faisait pas très chaud, peut-être quelques degrés. Mais nous avions un magnifique ciel bleu au-dessus de nos têtes qui laissait présager d’une belle journée. Comme toujours dans les réserves naturelles chinoises, il s’agit d’acheter un billet, de prendre un bus (ou un mini-bus) qui nous emmène à quelques pas du premier lieu à visiter. JiuZhaiGou ne déroge pas à la règle. Sauf qu’à JiuZhaiGou, la vallée est en Y, il y a donc deux endroits à visiter. En une journée avec deux enfants, nous n’avons eu le temps que de faire la partie gauche. Nous n’avons donc rien vu de la partie droite.

Dans cette vallée, les lacs se succèdent, plus beaux les uns que les autres. Entre ceux où la montagne se reflète, ceux aux mille-couleurs, les cascades et les ruisseaux, on en prend vraiment plein les yeux. Je pense que c’est une des plus belles montagnes que j’ai vu. Le bus nous a emmené tout en haut de la vallée et nous l’avons donc doucement redescendu à pied tout au long de la journée.

Le matin, en arrivant tout en haut de la vallée, il restait encore de la neige. Il avait certainement dû neiger durant la nuit. Mais elle a bien vite disparu avec l’arrivée du soleil. Petite précision pour comprendre la suite: nous ne nous déplacions pas en groupe ce jour-là – le guide ne nous a pas accompagné, nous avions rendez-vous à 16h à un endroit précis avec tout le groupe.

Les couleurs des différents lacs sont juste époustouflantes. Je n’aurai jamais pensé qu’un lac puisse se teindre de ces magnifiques couleurs… Et partout, les eaux sont magnifiquement limpides. On voit le fond, même quand il est à plusieurs mètres de profondeur.

Autour du lac aux mille-couleur, Ayi a voulu que nous nous prêtions au jeu des déguisements et des photos comme le font la plupart des Chinois. Les enfants, surtout Little Miss Sunshine, étaient ravis de se prêter à l’expérience. Ils ont donc été déguisé par une jeune chinoise – moyennant rémunération – et pris en photo par une autre – moyennant également rémunération. Mais on pouvait également simplement photographier avec nos appareils personnels.

Little Miss Sunshine a changé trois fois de tenues et de coiffes. Et puis elle a demandé à refaire des photos avec le costume qu’elle avait préféré. J’ai adoré la voir aussi à l’aise devant l’objectif, alors que ça fait maintenant près de trois ans – depuis notre arrivée en Chine – qu’elle refuse quasi-systématiquement de se faire photographier.

Little Smiling Buddha aussi a été ravi de se prêter à l’expérience, jusqu’à ce que la jeune femme lui mette un chapeau sur la tête et lui demande de poser… Il s’est mis à hurler. Il était inconsolable. Pas moyen de faire une seule photo. Je l’ai donc changé et je lui ai donné la tétée pour le calmer…

Nous nous sommes promener autour de ce beau lac. Nous avons pris notre temps. Pour laisser les enfants apprécier la promenade et pour faire des photos…  J’ai apprécié qu’Ayi et JiaJia nous laisse aller à notre rythme et qu’on ait pas à courir la vallée juste pour prendre trois photos et repartir à chaque nouvel endroit. Papa Lou m’a beaucoup manqué lors de ce voyage. J’aurai vraiment aimé qu’il soit avec nous pour profiter de ces magnifiques paysages.

Finalement, le temps est passé vite cette première matinée. Et vers 11h, – heure de déjeuner des Chinois – nous avons sorti notre pique-nique. L’avant-veille Ayi avait acheter de la viande séchée de canard, de lapin et de boeuf aux piments dans sa ville natale. Et je me suis vraiment régalée. Il y avait aussi des cacahuètes entières, des pommes, des bananes, des mandarines. Des chips qu’ils avaient spécialement achetés pour les enfants. Nous avons pris notre temps, nous avons papoté, nous avons bien mangé. J’ai vraiment apprécié cette première matinée…

Puis nous avons repris la marche vers le lac miroir et la cascade des perles. La promenade a été très agréable. Little Smiling Buddha s’est endormi dans le Boba assez rapidement.

Le soleil a vraiment réchauffé l’atmosphère. Et c’est en petit t-shirt à manche longue que nous avons terminé la journée…

Tout le long de la promenade, il y avait de l’eau, des rivières, des cascades plus ou moins grandes… C’était magnifique et le bruit de l’eau très ressourçant.

Et finalement, comme la vallée est très grande, et que nous avons pris notre temps, le gros du flux des Chinois étaient partis et nous nous sommes retrouvés relativement seul.

Contrairement à d’autres parcs naturels chinois, la marche était vraiment très facile. Même pour Little Miss Sunshine. Pas de grosses montées, d’escalades ou d’énormes dénivellés. C’était vraiment agréable.

Ayi nous a juré que l’été, la vallée de JiuZhaiGou est encore plus belle, quand elle se pare de la belle couleur verte des feuilles des arbres et de fleurs. Elle nous a assuré que nous étions encore trop tôt dans la saison pour apprécier toute la beauté de la vallée. Et pourtant, je l’ai trouvé absolument splendide.

Evidemment, nous avons fait de nombreuses pauses avec les enfants. Pour les laisser jouer, leur donner quelque chose à grignoter ou à boire, laisser Little Smiling Buddha se dégourdir les jambes, offrir l’opportunité à Little Miss Sunshine de dessiner ce qu’elle voyait…

Et puis, il fallait aussi du temps pour laisser les adultes s’amuser… 😉

Nous sommes redescendu de la vallée pour 16h. Nous avions rendez-vous avec notre guide sur un parking. Comme d’habitude, je n’avais aucune idée de la suite du programme. Bien fatiguée, je pensais naïvement que nous allions juste dîner et nous coucher (les Chinois dînent tôt et se couchent relativement tôt). Mais non, c’était pour nous donner nos billets pour un spectacle que nous avions rendez-vous à cet endroit.

Little Miss Sunshine qui aime beaucoup la danse, apprécie toujours ce type de spectacle. Little Smiling Buddha aime beaucoup ça aussi. Je n’avais donc aucun souci à me faire quand au fait qu’ils seraient attentif ou non durant le spectacle.

En fait, dans chaque lieu touristique en Chine, on trouve ce type de spectacle. On y retrouve les danses traditionnelles de la minorité majoritaire de l’endroit, ainsi que quelques traditions du lieu. Et moi, je suis toujours impressionnée par le nombre de danseurs que ce type de spectacle emploie. Il y en a facilement une cinquantaine dans les plus petits…

Après le spectacle, il a été l’heure de rentrer à l’hôtel pour dîner. La nourriture n’était vraiment pas bonne. Et pourtant je ne suis pas particulièrement exigeante. Je me doutais de ce que nous allions recevoir, mais là, ce n’était vraiment pas bon. Et c’est ce qui me désole dans ce type de voyage. Quand je voyage, j’aime goûter les spécialités, me régaler autant avec les yeux (pour les paysages) qu’avec mes papilles, et durant ce séjour à JiuZhaiGou, ça m’a cruellement manqué – sauf lors du pique-nique du midi!

Et puis, il a été l’heure d’aller se coucher. Enfin.Il était 22h passé. La journée avait été bien remplie. Nous étions bien fatigué. Et le lendemain, le réveil était encore prévu à 5h du matin pour un départ à 5h30. Il serait alors déja temps de redescendre la montagne et de reprendre la route vers Chengdu.

Le lendemain, après un petit déjeuner rapide et le rangement de nos valises, nous sommes allés prendre le bus. Pour commencer le voyage, il nous a emmené au point culminant de la montagne. Autant vous dire que les effets du mal de montagne se sont à nouveau rapidement fait sentir.

Mais arrivé à destination, j’ai tout de suite repérée un bar à oxygène. J’y ai emmené Little Miss Sunshine qui se plaignait déja d’un violent mal de tête. Et ça lui a fait beaucoup de bien. Little Smiling Buddha ne donnait aucun signe de gêne et moi je me sentais encore relativement bien à part un léger vertige. Nous n’avons donc pas utilisé le bar à oxygène.

Mais Ayi n’était vraiment pas bien durant notre trajet en bus. Alors quand je lui ai proposé de tester, elle n’a pas hésité à profiter du bar à oxygène.

A cet endroit, il y avait un peu plus loin à pied, une grande cascade que le guide nous avait conseillé d’aller voir. J’y suis finalement allée en laissant les enfants à Ayi. Little Miss Sunshine refusait de marcher. Mais comme nous n’étions pas encore à la saison de la fonte des glaces, la cascade ne laissait finalement passer qu’un mince filet d’eau. Rien de bien impressionnant. A mon retour, par contre, j’ai été ravie de constater que grâce à l’oxygène, le mal de tête de Little Miss avait complètement disparu et qu’elle jouait avec entrain sur le parking des bus avec Little Smiling Buddha.

Et puis, nous sommes remontés dans le bus. Les enfants se sont rapidement endormis – nous n’avions pas fait d’excès de sommeil ces derniers temps! Et j’ai profité des paysages. Comme il faisait beau, les paysages étaient magnifiques.

Nous aurons passé la journée dans le bus. Nous nous sommes arrêtés dans la montagne pour déjeuner. Cette fois-ci, le repas était déja bien meilleur, même si c’était également un restaurant au bord de la route. C’est là également qu’Ayi a acheté un kilo de poivre du Sichuan frais. Il sentait délicieusement bon. Les valises ont été bien parfumées et même une fois dans l’armoire de ma cuisine, c’est toute la cuisine qui sentait bon le poivre du Sichuan! On a l’habitude du poivre du Sichuan. Il y a un kilo qui arrive en provenance directe de la famille d’Ayi dans le Sichuan tous les deux mois, mais celui-ci était vraiment délicieusement parfumé.

Vers 18h, nous sommes arrivés à Chengdu. Le temps de remercier et de dire au revoir à notre guide et nous sommes remontés dans une voiture qui nous attendait pour rentrer à MianZhu, la ville natale d’Ayi à 2h de route de là.

Nous sommes arrivés un peu avant 20h. La petite soeur d’Ayi, sa fille et sa petite fille nous attendait pour aller dîner au restaurant. Encore une fois, nous ne sommes pas allés nous coucher très tôt… Heureusement, nous avions largement eu l’occasion de nous reposer dans le bus. Mais il n’empêche que nous étions bien fatigués. C’est donc heureux, que nous sommes finalement allés nous coucher un peu après 22h!

Petit bilan de cette aventure: 

Je pense que de toute ma vie, ce voyage avec les enfants aura été le plus aventureux que j’ai vécu! Notamment parce que j’ai l’habitude de voyager avec Papa Lou qui organise nos voyages en fonction de nos enfants ET de nos envies et qui fait toujours en sorte d’habillement combiné les deux. J’ai donc l’habitude d’essayer de prévenir les enfants de notre programme avant notre départ, mais aussi le matin de chaque jour et même au fur et à mesure de la journée. Là, c’était impossible! Je ne pouvais même pas vraiment parer aux éventuelles urgences. Durant ce voyage, je n’ai rien pu contrôler, ni le rythme, ni les pauses, ni l’heure du coucher, ni l’heure du réveil. En plus, les horaires trop matinaux n’étaient clairement pas adapté à mes enfants! Mais malgré les quelques déboires que nous avons vécu – et notamment la difficulté du voyage en bus à l’aller -, c’est la beauté des paysages et les moments heureux à nous amuser comme des petits fous que nous retenons de cette épuisante aventure. Et puis comme à chaque voyage en solo avec les enfants j’en apprends un peu plus sur moi, sur mes capacités à lâcher prise, à gérer les urgences, à gérer les problèmes de langue (dois-je préciser que personne ne parlait plus de trois mots d’anglais autour de nous? et que nous ne pouvions communiquer qu’en Chinois?), à redoubler d’inventivité pour faire avancer Little Miss Sunshine qui ne veut plus marcher, à ne pas m’énerver ou au moins à m’excuser auprès des enfants le cas échéant. Un peu comme lors d’une expatriation, c’est une expérience qui nous sort de notre zone de confort, de nos rituels et de nos habitudes… Et quelle fierté on a quand on se rend compte que finalement on a réussi! 

Nous sommes dores et déja invité dans le Sichuan l’année prochaine! Nous ne retournerons pas à JiuZhaiGou – ça c’est sûr! c’est quand même l’autre bout du monde! – mais je suis sûre que nous vivrons d’autres belles et épuisantes aventures avec Ayi! 

[Week-end] Les Huang Shan

Ce soir, nous nous offrons un dernier week-end prolongé en vadrouille avant notre retour en France pour les vacances. Nous prenons donc le train pour un week-end de quatre jours dans les montagnes jaunes. Ce week-end, nous l’avions déjà prévu l’an dernier à la même époque alors que mes parents étaient en Chine. Malheureusement, j’ai fait une grosse intoxication alimentaire (la seule à ce jour!) deux jours avant de partir et j’étais tellement faible qu’il nous a été impossible de partir. Nous avons donc dû tout annuler. Mais ce n’était que partie remise! 

Nous quittons donc Shanghai ce soir. Nous prendrons un train rapide qui nous emmènera dans les montagnes jaunes en quelques 4h. Nous passerons une première nuit à l’hôtel avant de commencer à découvrir ces fameuses montagnes.

Nous allons passé deux jours dans les HuangShan à proprement parler avant d’aller visiter les villages traditionnels de cette région paysanne et les plantations de thé les deux jours suivant. Nous prendrons le train de nuit lundi soir pour arriver mardi matin tôt à Shanghai. Little Miss Sunshine et moi partirons directement pour l’école, tandis que Papa Lou ramènera Little Smiling Buddha et les valises à la maison avant de partir travailler.

C’est un voyage qui nous tenait vraiment à cœur! N’hésitez pas à nous rejoindre sur Instagram pour profiter de nos photos en direct ou presque!

Quand la famille nous rend visite…

Voilà un peu plus de quatre mois, depuis notre retour à Shanghai après les fêtes de Noël, que nous n’avions pas eu la chance de recroiser des membres de notre famille. C’est donc avec un très grand plaisir que, depuis hier soir, nous accueillons Parrain, Tata et Petit O à Shanghai pour un peu plus de deux semaines.

Ce voyage est le premier en Chine pour eux. Et pourtant, nous l’avions prévu de longue date. Dès notre départ à Shanghai, nous parlions de leur passage par chez nous. Mais la vie a fait que ce n’est finalement que près de 3 ans après notre départ qu’ils nous rendent enfin visite.

Nous avions donc à coeur de leur faire découvrir ce pays que nous affectionnons tant. Nous allons profiter des jours de semaine pour leur faire découvrir Shanghai et ses contrastes, et le week-end nous avons dores et déja prévu de les emmener visiter la Chine.

Dans un premier temps, le week-end de Pâques, nous commencerons par prendre le train pour Hangzhou, pour visiter cette jolie ville d’eau au coeur de la saison de la cueillette des thés de printemps, chose que nous voulons faire depuis plusieurs années, mais que nous n’avions toujours pas expérimenté… Nous y passerons trois jours, entre visite de la ville et des plantations de thés alentour.

Le second week-end, nous reprendrons le train, pour un week-end de quatre jours cette fois-ci en direction de Pékin. Nous avions adoré notre précédent séjour à Pékin en juin dernier. Ce sera donc un réel plaisir de leur faire découvrir cette ville et de remonter sur la Grande Muraille de Chine qui avait tant impressionné toute la famille…

Entre temps, nous fêterons également Pâques en famille et surtout nous profiterons au maximum du bonheur de voir les trois cousins évoluer ensemble…

Séjour chez l’habitant dans le Sichuan

Depuis hier soir, à l’école de Little Miss Sunshine, ce sont les vacances françaises. Elle n’ira donc pas en classe durant une semaine, par choix, puisqu’un service minimum est maintenu par l’école à l’aide des professeurs chinois.

Ce sont ces vacances du mois de mars que nous avions choisi avec Ayi il y a longtemps déja – ça remonte au mois de septembre, si je me souviens bien, juste avant notre séjour dans le Sichuan avec Nonna et GrandPapa. Quand Ayi et sa famille ont su que nous avions envie de visiter le Sichuan, ils nous ont aussitôt invité. Malheureusement, Papa Lou ayant beaucoup de travail ici à Shanghai et partant d’ailleurs plusieurs jours en déplacement à Pékin durant notre absence, c’est seule avec les enfants que j’effectuerai ce voyage.

L’organisation a été périlleuse. Ayi veut tout nous montrer et tout nous faire découvrir de sa région, et absolument toute sa famille et ses amis veulent nous rencontrer. Nous avons dû jongler pour combler et Ayi et sa famille. Finalement, nous allons normalement passer trois jours dans sa ville natale où habitent la majeur partie de sa famille et ses amis et trois jours dans le parc naturel de JiuZhaiGou, réputé pour être un des plus beaux endroits de Chine.

Je ne sais pas trop à quoi m’attendre. J’ai l’impression que le programme évolue de jour en jour entre les envies d’Ayi et de sa famille. Nous allons donc passé une semaine à vivre à la Chinoise, avec uniquement des Chinois – même le tour réservé à JiuZhaiGou par Ayi est un tour pour les Chinois. Moi qui ai besoin de tout planifier, organiser, qui veut savoir où je vais et quand, qui aime anticiper, il va falloir que je lâche du leste durant cette semaine!

J’espère que cette expérience plaira aux enfants – j’angoisse deja de la réaction de Little Miss Sunshine face aux milliers de photos qu’ils vont vouloir prendre d’elle – et à moi aussi. Je ne pars pas totalement confiante, j’avoue. Entre la crise d’asthme de Little Smiling Buddha il y a quelques jours à peine, la difficulté que j’ai à communiquer avec Little Miss Sunshine ces derniers temps, le fait que Papa Lou ne se joigne pas à nous et ma fatigue, je croise les doigts pour que tout se passe au mieux. Et pourquoi pas que cette semaine à trois ne règle finalement nos soucis à Little Miss Sunshine et moi…

Si vous voulez des nouvelles fraîches, c’est sur le compte Instagram du blog que ça se passera.

À très vite pour le récit de cette expérience hors du commun!

[Expatriation] [Choc culturel] Passer une visite médicale en Chine

Depuis que nous sommes en Chine, j’ai eu l’occasion de passer deux visites médicales. La première, juste après mon arrivée, était celle nécessaire pour l’obtention d’un permis de résidence. La deuxième, que je viens de passer il y a quelques jours, était celle nécessaire avant mon embauche par mon nouvel employeur.

Rien de nouveau sous le soleil, mais les Chinois sont quelque peu nombreux. Et s’il y a bien quelque chose que les Chinois craignent par-dessus tout, ce sont les maladies qui se propagent. Tout est donc fait pour que les Chinois soient le moins malade possible. Et d’ailleurs la Médecine Traditionnelle Chinoise est une médecine qui est avant tout destinée à prévenir les maladies. Quand ils sont malades, les arrêts de travail ou même les fermetures d’école pleuvent. Pour une grippe, c’est trois semaines d’arrêt avec interdiction de sortir de chez soi. Pour six enfants avec une maladie infantile comme pied-main-bouche ou quelque chose d’aussi banal que des poux dans une école, c’est toute l’école qui risque la fermeture (une classe peut être fermée si deux enfants ont la même maladie contagieuse ou des poux). Bref, on ne rigole pas avec la contagion.

Vous pouvez donc bien vous douter que les visites médicales sont assez complètes en règle générale.

Pour la première, j’y étais allée seule. Je prenais d’ailleurs le taxi seule à Shanghai pour la première fois. C’était quelque trois jours après mon arrivée. Un samedi matin. La visite médicale avait lieu dans un hôpital spécialisé. Tous les étrangers qui demandent un permis de résidence y passent. En arrivant, après quelques questions d’ordre administrative, on m’a envoyé vers un numéro de salle. Là-bas, je découvre des vestiaires. On me dit de me mettre en culotte et d’enfiler un peignoir mis à disposition pour l’occasion. Nous sommes nombreuses dans les vestiaires et chacune attend qu’une cabine (avec une porte qui se ferme d’ailleurs à clef, un luxe! Je l’apprendrais plus tard, mais c’est spécial pour les étrangers ça!) En ressortant, en peignoir, on m’envoie vers une autre salle, devant laquelle hommes et femmes en peignoir et chaussons prêtés pour l’occasion attendent déjà. C’est une salle d’examens. Chaque examen a lieu dans une salle différente, et on passe les uns après les autres, à la queue leu leu, la porte grande ouverte, le suivant déjà debout dans la salle et souvent au moins deux ou trois personnes qui passent le même examen côte à côte. À chaque fois que l’on termine un examen, on nous donne un autre numéro de salle. Les médecins et infirmières ne parlent pas. Ils nous examinent machinalement. En fait, en voyant faire le précédent, on sait ce qu’il va falloir faire… j’ai l’impression d’être totalement déshumanisé, cette désagréable impression de n’être qu’un numéro. Et finalement, c’est exactement ce que je suis. Ni homme, ni femme, juste un numéro à examiner.

Les examens sont très rapide. Prises de sang, radio des poumons, auscultation générale, électrocardiogramme, … tout y passe de salle en salle. Et toujours la même attente. Le même schéma.

Papa Lou ayant passé cet examen quelques semaines avant moi m’avait prévenu. Heureusement. Pour un premier contact avec la Chine, il m’a plutôt déstabilisé. Cette impression de déshumanisation, cette impression de devoir faire comme tout le monde, de n’avoir aucun libre arbitre, aucune considération de la part des médecins et infirmières qui ne nous ont jamais ou presque adressé la parole. Et en même temps, cette efficacité dans la gestion du nombre. Nous étions des centaines. Les examens se faisaient à la chaîne, avec une rapidité hallucinante. Ca a été mon premier choc culturel.

Je ne m’attendais pas à revivre une visite médicale en Chine. Je prend toujours grand soin d’accompagner les enfants quand ils doivent faire une visite dans un hôpital chinois ou qu’un médecin chinois vient à l’école pour les vérifications annuelles. J’ai trop peur de les traumatiser, je ne veux pas qu’il ressentent cette impression de n’être qu’un numéro parmi d’autres…

Il s’avère donc que pour se protéger en Chine, l’employeur demande une visite médicale très poussée à celui qu’il emploie. Les examens pratiqués sont à la discrétion de l’employeur, mais demeurent assez standardisés. Il faut vérifier que la personne est apte à travailler, mais surtout qu’elle n’a pas de maladies qui pourrait être transmises à d’autres. Si quoi que ce soit est découvert tout est mis en œuvre, avec l’aide de l’employeur, pour remédier au « problème ». On m’a raconté qu’un jour c’est ainsi qu’un employé a découvert qu’il était atteint de la syphilis lors d’un de ces contrôles et que l’employeur avait été obligé de lui « offrir » trois semaines de traitement dans un centre spécialisé.

Je ne pensais pas remettre les pieds dans un hôpital chinois de si tôt, mais finalement, pour nos dernières années en Chine, j’y aurai le droit tous les ans. Et cette nouvelle expérience ne m’a pas franchement donné envie d’y retourner tous les ans…

C’est avec une grande partie de mes collègues féminines chinoises et étrangères que j’y suis allée. Nous étions plusieurs étrangers pour qui une visite médicale dans le cadre d’un emploi était une première. Mais les blagues et autres allusions des collègues masculins la veille ne nous avait pas rassurées. On se demandait un peu à quelle sauce on allait être mangé.

Nous étions 15 femmes. 4 étrangères et 11 chinoises. Le plus long a été à notre arrivée de faire enregistrer nos noms d’étrangères dans la base de données. Je pense qu’ils y ont bien passé 10 à 15 minutes. Les Chinois ne savent absolument pas faire la différence entre un nom et un prénom (pourtant ils ont la même chose) et je ne vous raconte pas quand il y a deux noms de famille ou plusieurs prénoms sur votre passeport…

Ensuite, nous avons eu droit, dans la file d’attente, à la prise de notre tension avec un appareil électronique. On nous a ensuite donné deux étiquettes avec nos noms et on nous a envoyé vers un autre numéro de salle. Devant la-dite salle, on nous a donné un tube à essai avec un long coton-tige. C’est là qu’on croit comprendre à quel type d’examen on va avoir droit…

Il y a plusieurs femmes qui attendent devant deux portes. Les infirmières nous dispatchent entre les deux portes. Les portes ne sont pas complètement fermées. Dès qu’une femme sort, la suivante entre. C’est à mon tour, j’entre. C’est effectivement un examen gynécologique auquel nous allons avoir droit. Mon premier réflexe, fermer la porte derrière moi. Le médecin me tend une feuille de plastique nouée au milieu. C’est là que je lève les yeux et que je me rend compte qu’en fait nous sommes deux dans la salle, une de mes collègues est juste à côté avec un autre médecin. Les deux portes menaient dans la même salle… Le médecin grommelle. Je suppose que je suis trop lente à son goût. Je lui demande à quoi sert le plastique qu’elle vient de me tendre. Elle me montre qu’il faut que je le pose sous mes fesses pour protéger le siège d’examen. Sans même m’adresser la parole, alors que je viens de lui parler en Chinois. Bref, je ne prend pas le temps d’enlever mes habits, je laisse mon pantalon sur mes chevilles et je m’exécute rapidement, histoire de sortir de là au plus vite. Durant le temps que j’ai passé dans la salle d’examen, qui a duré au plus deux minutes, la porte s’est ouverte au moins trois fois… Je me rhabille en quatrième vitesse, le médecin me râle dessus pour que je jette mon fameux plastique dans la poubelle en sortant, et me rend le tube à essai avec le coton-tige. En sortant, je remarque que la femme suivante ne ferme pas la porte. On m’envoie vers une autre salle.

La salle suivante est en fait le laboratoire où déposer le prélèvement. On m’envoie encore vers une autre salle. J’y retrouve mes collègues étrangères. Deux qui sont entrain de se faire piquer pour prélever leur sang, une autre qui attend comme moi dans la salle. On blague sur l’examen gynécologique qu’on vient de vivre, histoire de détendre l’atmosphère. Une des collègues que l’on vient de piquer crie « Aïe! ». On vient d’en parler, elle a pourtant l’habitude de donner son sang. J’apprendrai plus tard que l’infirmière ne trouvait pas sa veine et farfouillait dans son bras avec l’aiguille. A mon tour. L’infirmière me réclame la deuxième étiquette qu’elle colle sur un tube à essai pour le prélèvement. Elle me pique. Puis me renvoie vers le laboratoire pour déposer mes prélèvements. Et encore vers une autre salle. On est de nouveau ensemble avec mes collègues. Toutes dans la même salle pour l’examen de palpation du médecin. Tour à tour, on se couche sur la table d’examen le temps que le médecin nous tripatouille le ventre. On nous informe que c’était le dernier examen. On se retrouve toutes les quatre dans la grande salle où tout à commencer. On est toutes soulagé que ce soit terminé. Finalement, ce type d’expérience, ça rapproche!

Niveau efficacité par contre, rien à redire. 15 personnes: 30 minutes. Entre notre arrivée et notre départ. Dont facilement 10 minutes de perdues pour écrire nos noms d’étrangers…

Je tiens à souligner que l’expérience n’a pas été traumatisante non plus. Je ne suis pas pudique (heureusement!) et je me doutais de ce qui nous attendait, même si personne ne nous en avait informé. Je commence à connaître un peu le système chinois. Il n’en demeure pas moins que ce ne sont pas des expériences agréables. Et que ma première envie quand je me suis retrouvée dans la salle d’examen gynécologique a été de prendre mes jambes à mon cou et ensuite un sentiment de révolte en me disant que ce n’était quand même pas normal de nous imposer ça. Et quasiment en parallèle un immense sentiment d’impuissance. De toute façon, si je veux l’emploi, pas d’autres alternative… Quand je pense que j’ai toujours refusé de faire pipi dans un pot lors de mes visites à la médecine du travail en France…

Tiens, si j’y pense, je vous parlerai une fois des toilettes en Chine… Sans porte, avec des murets bas… Si,si…

L’expatriation est une merveilleuse aventure, où l’on doit chaque jour repousser un peu ses limites, mais c’est vrai qu’on se passerai bien de certaines expériences!