[Recette] Thé glacé

Depuis de longues années, chaque été, c’est le même rituel: je prépare du thé glacé chaque matin ou presque – parfois je prépare plutôt des eaux de fruits – pour nous rafraichir tout au long de la journée.

Vivre en Chine et sous sa chaleur humide dès le mois de mai et jusqu’en novembre à encore accentué cette habitude. Ca m’a aussi permis de tester d’autres recettes, d’autres manière d’infuser en observant la manière de faire des Chinois. Bon, le thé glacé n’est pas une de leur habitude ancestrale, la médecine traditionnelle a plutôt tendance à se méfier de tout ce qui est glacé. Mais il n’empêche qu’ils ont une certaine habitude de faire du thé glacé.

Je vous livre donc, après des années de tâtonnements et d’hésitations entre plusieurs types d’infusion, la manière que je préfère pour préparer mon thé glacé.

Pour le matériel, j’ai trouvé la carafe idéale chez Ikea il y a quelques années. Elle est d’ailleurs toujours en vente sur leur site, c’est la carafe d’un litre avec bouchon en liège Ikea +365. J’en ai deux pour ne jamais être à cours, mais je pense qu’à terme nous en achèterons une troisième. Ensuite, il faut un filtre. J’utilise un filtre chinois pour le thé fabriqué à partir d’une courge spécifique séchée.

Pour le thé, vous pouvez utiliser ce dont vous avez envie. Un thé vert, un thé noir ou un Pu Er, un wulong ou un thé blanc… L’astuce vient de son infusion. Pour obtenir un thé vraiment très doux, ni amer, ni astringent et que l’on peut boire toute la journée, il va falloir pratiquer une infusion à froid. 

Ingrédients:

  • 10g de feuilles de thé
  • 1 litre d’eau fraîche 
  • un fruit coupé en morceaux (facultatif)
  • une herbe ou une fleur (facultatif)

On va donc mettre les feuilles de thé dans la carafe avant de verser dessus l’eau fraîche.

Si vous voulez ajouter une herbe ou une fleur à votre thé glacé, c’est le moment de le faire. On peut y ajouter de la menthe, des pétales de rose, de la lavande, de la verveine ou de la sauge.

Ensuite, on place sa bouteille au réfrigérateur pour au moins deux heures, mais on peut également le laisser toute la nuit et il aura d’autant plus de goût. On peut goûter l’infusion à différent stade pour qu’elle colle exactement à son goût.

Quand on estime que l’infusion est prête, on va filtrer le thé vers la seconde carafe.

On va pouvoir déguster l’infusion telle quelle ou y ajouter un fruit. Dans un thé noir, nous aimons beaucoup mettre quelques tranches de citron, de citron vert ou quelques calamansi coupés en deux. Nul besoin de presser le jus des agrumes, il suffit d’y déposer les tranches de fruits et en quelques heures, le mélange est parfait. On peut également y mettre des morceaux de pêches, de melon ou de pastèque. On peut également y mettre des fruits séchés comme des baies de goji ou des morceaux d’ananas ou de mangue séchés sans sucre. Ca va particulièrement bien avec un thé vert. Ca donnera un thé délicieusement et naturellement fruité. 

Pour ne rien gâcher, on remet les feuilles de thé dans la première carafe, on y ajoute 5g de feuilles de thé, un litre d’eau fraîche et c’est reparti pour un tour dans le réfrigérateur. Quand l’infusion sera prête, on filtre à nouveau dans la seconde carafe dans laquelle on peut laisser les fruits. On peut conserver les fruits pour deux infusions (et donc deux jours) si le thé est resté au réfrigérateur. On a ainsi du thé glacé en continu…

On en consomme aussi bien au petit-déjeuner qu’au goûter ou à l’apéro. C’est frais et désaltérant. Idéal à l’époque des grosses chaleurs.

Pourquoi privilégier une infusion à froid? Tout simplement parce que c’est l’infusion la plus douce qui soit. Le thé ne développera ni amertume, ni astringence et il n’y aura nul besoin d’y ajouter un sucre quelconque.

Et vous, avez-vous l’habitude de préparer vos boissons vous-même? Quelles sont vos recettes chouchous? 

Week-end Dans les montagnes WuYi

Au moment où ces quelques lignes se publieront, nous nous réveillerons au pied des montagnes WuYi. Comme je l’expliquais hier, nous avons bien l’intention de profiter jusqu’au bout et de savourer les derniers moments que nous passons en Chine.

WuYiShan est un endroit que nous aimons beaucoup et qui en plus n’est pas très loin de Shanghai. Nous y avons voyagé plusieurs fois durant ces cinq ans en Chine, que ce soit en famille ou Papa Lou seul. Vous pouvez en avoir un aperçu: là-bas, là-bas, là-bas, là-bas ou encore là-bas. Et nous avons donc décidé sur un coup de tête d’y retourner une dernière fois avant de partir.

Nous avons donc quitté Shanghai hier après-midi en train. Je suis d’ailleurs allée récupérer Little Smiling Buddha à l’école plus tôt pour pouvoir prendre tranquillement notre train.  Nous sommes arrivés tard dans la soirée et nous sommes directement allés à notre hôtel. Nous allons pouvoir profiter de trois journées complètes dans les montagnes. Nous rendrons également visite à quelques producteurs de thé que nous connaissons là-bas pour leur dire aurevoir… Et puis nous rentrons à Shanghai lundi soir en avion.

Mardi matin, le réveil à 5h40 sera dur pour tout le monde, mais nous aurons eu du temps pour nous, du temps à quatre pour profiter, pour explorer encore un peu cette Chine que nous aimons tant… 

[Expatriation] Quand rien ne va comme on espère…

Je vous ai récemment parlé de notre déception lorsqu’on nous a annoncé que nous ne pouvions pas rester en Chine quelques années de plus comme nous le souhaitions. Je vous invite d’ailleurs à aller lire cet article pour comprendre la suite, si vous étiez passé à côté de l’information…

Nous attendions depuis plus d’un mois une confirmation qui tardait à venir pour une nouvelle destination d’expatriation. Mon instinct me disait depuis un moment que les chances s’amenuisaient au fil du temps qui passait. Et puis un soir, Papa Lou est rentré en m’annonçant que nous allions avoir la proposition d’emploi détaillée pour cette nouvelle expatriation au courant de la soirée ou de la nuit (décalage horaire oblige). Nous étions tous emballé à cette idée puisque ne restait plus qu’à savoir de quoi était exactement faite cette proposition avant d’accepter. Notre attente allait prendre fin. Et en plus, dans le sens que nous espérions…

Sauf que le lendemain, Papa Lou m’a réveillé à l’aube. Il venait d’avoir un mail. Mais pas le mail que nous attendions. Un mail qui lui disait que finalement la proposition n’arriverait pas, car quelqu’un tout là en-haut dans sa boite avait finalement refusé pour des raisons de budget… Nous avons eu l’impression que tout s’écroulait autour de nous. Le jour d’avant encore, je n’y croyais presque plus, mais après l’annonce de la veille, ce revirement de situation était totalement incompréhensible pour nous. 

Le week-end a été difficile. Nous avons peu dormi. Nous avons eu l’impression d’être pris pour des pions que l’on peut avancer ou reculer au gré des envies de certains. Nous étions vraiment sous le choc. Nous n’avions plus aucune piste et personne n’avait pris soin de nous en fournir une avant de lancer cette bombe…

Nous n’avons rien dit aux enfants car nous ne savions même pas quoi leur dire: que nous savions où nous n’irions pas, mais toujours pas où nous irons effectivement? Nous leur avons juste expliqué que nous étions très angoissé face à la situation et que nous avions besoin d’un peu de calme et de sérénité pour tenir le coup jusqu’aux prochaines nouvelles. Dans un cas comme celui-ci, la situation est évidement difficile pour tout le monde. Et le stress et l’angoisse transparaissent pour tous. Evidemment les enfants ont été d’autant plus demandeurs qu’ils sentaient notre désarroi. Mais nous avons réussi à passer au travers. D’autres projets nous attendaient pour la semaine suivante et c’est donc à cela que nous nous sommes raccroché. 

Le lundi soir (merci le décalage horaire), Papa Lou a enfin réussi a contacter quelqu’un pour avoir des réponses à nos questions. Il ne nous restait qu’un choix possible: le retour à Paris. La pilule a eu du mal à passer. D’autant que nous attendons toujours les détails de cette offre de retour près de dix jours après l’annonce. 

Nous nous sommes laissés quelques jours pour digérer la nouvelle avant d’en parler. Rien ne sert de ruminer ou de se plaindre, maintenant la priorité est à la remise à jour de nos priorités face à la situation. Elles demeurent les mêmes: notre famille et le temps de qualité que l’on peut passer tous les quatre. 

Nous avons envie de croire que si cette nouvelle aventure ne s’est pas concrétisée, c’est que quelque chose nous attend ailleurs. Nous avons décidé de nous laisser une année pour trouver une solution pour repartir. C’est une période qui sera propice à une grosse remise en question, à de nouveaux projets, à de nouveaux choix de vie, à un recentrage sur nous, nos familles et nos amis. 

Nous avons informé les enfants de la nouvelle quand nous avons su que nous rentrions à Paris. Ils sont déçus eux aussi, mais ils ont décidé d’en retenir le meilleur: nous serons plus proche de la famille et ils veulent en profiter le plus possible. 

Pour les détails, nous n’en savons toujours pas plus. Quand partira notre déménagement? Quand quitterons-nous exactement la Chine? Combien de temps resterons-nous en Alsace avant de partir à la recherche d’un logement dans la région parisienne? Papa Lou aura-t-il des vacances? Quand sera la meilleure période pour chercher un nouveau logement dans la région parisienne? Et puis de tout ça dépend l’inscription des enfants dans une nouvelle école… Bref, les désillusions s’enchaînent. 

L’expatriation n’est pas un long fleuve tranquille. Et notre retour en France ne le sera certainement pas non plus. Nous nous attendons tous à vivre une période pas facile, mais nous sommes tous prêt à retirer tout le positif que ce passage en France nous permettra de prendre, avant un nouveau départ… 

Mais en attendant, nous vivons encore à fond nos dernières semaines en Chine… 

[Voyage] Être cueilleuse de thé en Chine

J’ai eu envie de faire cet article suite à mon incroyable expérience au coeur d’un village de producteur de thé au fin fond des montagnes jaunes pour remettre en place certaines images que l’on peut avoir de la production et de la cueillette de thé. J’ai moi-même été très agréablement surprise par beaucoup de chose que j’ai vécu et je pense que c’est important que je le partage ici.

Mais pour commencer, je voudrais amener quelques précisions sur ce qui va suivre dans l’article. Je vais parler des cueilleuses en Chine, et plus précisément des cueilleuses qui cueillent des feuilles de thé destinées à des thés de belles qualités. J’ai essentiellement vécu le rythme de vie des cueilleuses lorsque le façonnage du thé demande une partie importante du travail. Mais j’ai vu de mes propres yeux, les rythmes dans d’autres familles du village quand les cueillettes étaient plus basiques et le façonnage moins chronophage, et mon mari l’a vécu lui aussi sur la fin de la récolte. Je ne parle donc pas des cueilleuses en Inde, ni des cueilleuses qui travaillent pour de grandes exploitations – ce qui est tout de même très minoritaire en Chine. Pour rappel, j’ai moi-même partagé le travail et le rythme des cueilleuses pendant trois jours.

Pour la plupart des thés, – mais pas tous -,  la période de la cueillette dure environ un mois au printemps. La période s’ouvre aux alentours de la fête de QingMing – la fête des morts qui a lieu vers le 4 ou 5 avril chaque année. C’est durant ce mois que tout le revenu de la famille du producteur de thé va se jouer. Des cueilleuses sont donc recrutés pour aider au travail. Les cueilleuses sont généralement des femmes entre 30 et 60 ans. Elles reviennent d’une année sur l’autre au même endroit quand elles apprécient le patron, mais elles peuvent aussi changer de patron. Et il semblerait que ce ne soit pas si facile pour les producteurs de thé de trouver des cueilleuses qui leur restent fidèles.

Les cueilleuses, qui viennent souvent d’une autre ville, voire d’une autre région de Chine, sont logées et nourries sur place. Les maisons chinoises comportent souvent deux étages, le deuxième étage est le plus souvent réservées aux cueilleuses ou aux invités.

Chaque matin, le réveil a lieu vers 5h. Les cueilleuses se préparent en faisant une rapide toilette sur le balcon du haut avec des bassines d’eau. Puis elles descendent prendre le petit-déjeuner préparé par la maîtresse de maison. A 6h dernier délai, les cueilleuses partent vers les champs de théiers. Elles prennent une hotte et un chapeau pour se protéger du soleil. Elles sont le plus souvent précédées par le patron qui les mène dans les bons champs, là où il a repéré les bourgeons prêts à être cueilli.

La cueillette dure plus ou moins longtemps, mais au plus tard à 11h du matin, les cueilleuses redescendent avec leur récolte. Entre temps, le patron est redescendu avec les premières hottes pleines et a allumé les feux qui vont lui permettre de chauffer et sécher les feuilles de thé plus tard.

La cueillette n’est pas un travail particulièrement fatiguant ou difficile en soi.

Mais il faut tout de même prendre en compte la chaleur – on est au printemps donc dans les montagnes l’air est encore frais le matin, mais la température peut vite atteindre une trentaine de degrés vers 9h30 ou 10h du matin -, l’inclinaison des champs qui rend l’avancée ou le passage d’une ligne de théiers à l’autre difficile et la position pour attraper les bourgeons qui parfois peut fatiguer le dos. Le plus souvent, elles ont leur hotte sur le dos, mais elles peuvent également la poser dans un endroit sûr – là où le terrain lui permet de tenir sans tomber!

Quand les cueilleuses redescendent de la cueillette, les feuilles sont pesées – pour avoir une idée de la quantité globale cueillie et donc à traiter dans la journée. On les dépose sur des claies en attendant de les façonner. Le patron était d’ailleurs très fier de m’expliquer que c’est lui qui avait fabriqué les étagères et les claies de ses propres mains.

Il est alors temps de se mettre au façonnage des feuilles de thé. Les cueilleuses prennent quelques minutes pour elles, le temps de se laver les mains, passer aux toilettes, ou remplir leur gourde d’eau chaude et s’installent devant la machine qui va les aider à rouler toutes les feuilles de thé pour façonner le TaiPingHouKui.

Tout au long de la journée, quand les cueilleuses ont besoin d’une pause – pour boire, aller aux toilettes, se laver les mains,… -, elles peuvent évidemment la prendre. 

A midi, la maîtresse de maison vient chercher tout le monde pour le déjeuner. On termine une panière de feuilles et on arrête la machine. On nettoie tous les tapis avec une éponge et de l’eau et on laisse sécher le temps du repas.

Chaque cueilleuse prend un bol de riz et se sert sur la table commune dans les différents plats préparés par la maîtresse de maison. Pour une douzaine de personnes, il y a environ six plats sur la table. Toujours une soupe, et un plat de viande. Souvent des oeufs et du tofu. Et puis au moins deux légumes.

Environ trente minutes plus tard, le travail reprend. Le façonnage va ainsi durer jusqu’à épuisement de toutes les feuilles de thé récoltées dans la journée. A 16h, la maîtresse de maison apporte un goûter aux cueilleuses – des douceurs sucrées chinoises industrielles achetées ou reçues durant la période du Nouvel An Chinois – qu’elles mangent tout en travaillant. A 18h – 18h30, le travail s’arrête le temps de dîner.

C’est le même rituel qu’à midi et des plats plus ou moins équivalent. Une trentaine de minutes plus tard, le travail reprend, c’est la troisième partie de la journée. Journée qui se terminera plus ou moins tard en fonction de la quantité de feuilles récoltées. Au plus tôt, le travail se termine vers 21h, mais la plupart du temps il se termine vers 23h. Les jours de grosses récoltes vers 2h du matin. Après le travail, les cueilleuses nettoient encore la machine et font une rapide toilette avec des bassines d’eau sur le balcon du deuxième étage avant de s’endormir rapidement pour se réveiller le lendemain vers 5h pour une nouvelle journée.

Le façonnage est un travail minutieux et fatiguant. Il s’agit sans discontinuer, de chauffer légèrement les feuilles de thé fraîches dans une espèce de wok à hélices: c’est le travail du patron.

Puis chaque feuilles est passée dans le trou d’une machine qui va l’enrouler et la faire ressortir de l’autre côté. Le rythme est donc donné par la machine. Mais le patron va l’accélérer ou la ralentir en fonction du moment de la journée, quand les cueilleuses sont plus ou moins efficaces.

Là, il faut les déposer une à une sur une plaque grillagée. Ces deux étapes sont réalisées par les cueilleuses.

Ensuite les plaques sont passées sous une masse, une sorte de rouleau à pâtisserie en pierre très lourd, avant d’être mis à sécher toujours sur les plaques dans une sorte de four où des braises maintiennent une chaleur proche de 100°C. C’est le travail de l’ouvrier. A chaque fois qu’il met une plaque à sécher, il en ressort une pour sortir les feuilles sèches délicatement et les rassembler sur une autre plaque.

Plus tard, la patronne vient les récupérer pour les mettre en boite.

C’est un travail intense, répétitif, fatiguant de part la position que l’on doit adopter au-dessus de la machine, mais qui n’est pas particulièrement pénible. C’est également un travail très long puisqu’en dehors de la cueillette – qui dure de 3 à 5h -, ils vont passer environ 10h à façonner les feuilles de thé.

Les jours de pluie, sauf si la taille des bourgeons rend la cueillette urgente, les cueilleuses ne travaillent pas. Elles se retrouvent alors à ne rien faire de la journée – ou plutôt à dormir, laver leur vêtement et leurs cheveux.

Quand le façonnage est moins chronophage, la cueillette est plus longue. Mais les cueilleuses redescendent tout de même des champs vers 11h-11h30. La plupart du temps, elles y remontent l’après-midi – et là je trouve que c’est le moment le plus difficile car le soleil est haut dans le ciel, chaud et l’ombre rare – de 13h à 16h au moins, parfois jusqu’à 18h en fonction de l’urgence de la cueillette. Leur journée se termine alors à ce moment-là.

Lorsque le façonnage demande moins de soin ou est plus mécanisé, une seule personne ou deux maximum, suffisent souvent à façonner les feuilles. Cette personne est la plupart du temps le patron ou un membre de sa famille. C’est donc à lui que va incomber le travail de façonnage jusqu’à épuisement des feuilles de la journée.

Les cueilleuses ne sont pas payées à la quantité de feuilles qu’elles récoltent. Elles sont payées un certain montant par jour de travail. Ensuite, des heures supplémentaires sont appliquées pour le travail tard dans la soirée ou la nuit. Elles ont chacune un jour de repos dans la semaine, qu’elles passent le plus souvent à dormir, laver leur linge et leurs cheveux. Pour leur travail, les cueilleuses sont payées environ 300RMB par jour. Parfois un peu moins dans les endroits de Chine où il y a plus de monde pour cueillir. Si on ramène ce salaire à notre vie en France, les cueilleuses seraient payés SMIC+25%, sans compter qu’elles sont nourries et logées durant toute la période. C’est donc correct pour un travail qui ne demande aucune qualification, mais qui ne compte tout de même pas ses heures.

J’aimerai pour clore cet article souligner l’importance de la qualité de thé que vous allez acheter, pour le travail et le savoir-faire que vous allez encourager, mais aussi pour le goût du thé tout simplement. L’industrie du sachet exploite les terres, les humains et les théiers jusqu’à la trame pour nous vendre de la poussière à prix d’or (réfléchissons au prix d’un sachet par rapport à la quantité de thé contenu, sans parler même de sa qualité gustative et sanitaire) Aller dans une maison de thé pour acheter du thé en feuilles est déja un plus. Acheter des thés qui ne sont pas vendus en masse – comme peuvent l’être les thés parfumés des grandes maisons de thé ou les thés en sachet – sera une garantie d’une certaine qualité, mais aussi d’un certain respect pour ceux qui le produisent

Et vous, avez-vous l’habitude de consommer du thé? Comment imaginiez-vous le travail des cueilleuses? 

[A l’école] Son premier voyage scolaire

Little Miss Sunshine a presque 8 ans. Elle est actuellement en CE1. Et elle vient de vivre son premier voyage scolaire.

C’est au début de l’année scolaire que nous avons appris que Little Miss Sunshine allait participer à son premier voyage scolaire. Je dois dire que je n’étais pas particulièrement enthousiaste. J’avais encore en souvenir,  le stress qu’elle avait vécu pendant plusieurs jours avant d’aller dormir chez une copine, alors que c’est elle qui l’avait décidé et choisi, quelques mois auparavant. Elle n’était pas encore tout à fait prête.

Au mois de mars, lors d’une réunion entre parents et professeur, nous avons donc été mis au courant des détails de ce voyage scolaire. Les enfants des deux classes de CE1 partiraient ensemble pour trois jours et deux nuits dans une ferme pédagogique à deux heures de bus de Shanghai, à Qidong. Je me demandai un peu comment allait réagir Little Miss Susnhine, si elle allait être contente de la nouvelle, ou plutôt se refermer sur elle-même comme elle le fait parfois à l’annonce de quelque chose qui lui semble trop difficile.

J’ai été assez étonné par les réactions des parents qui se demandaient surtout comment allait faire leur enfant pour manger seul, se changer seul, prendre sa douche seul, ne pas perdre ses affaires… Les maîtresses les ont rassuré en expliquant que c’était également le but de l’exercice, de sortir du cadre familial pour faire des expériences seul et remarquer la difficulté qu’il peut y avoir à s’occuper de soi plus ou moins seul. Je ne me suis pas du tout posé ce type de questions, je sais que de ce côté-là, Little Miss Sunshine est totalement autonome et sait demander de l’aide si elle en a besoin.

J’avais pour ma part plutôt besoin d’être rassuré et de savoir ce qui était prévu si quelque chose devait arriver – accident, chute, maladie – et sur l’encadrement de ce voyage. J’avais envie de savoir si les maîtresses allaient pouvoir communiquer avec nous ou non. Je n’ai pas eu beaucoup de réponses. Il y aurait trois maîtresses du Lycée français avec eux et du personnel de la ferme pédagogique. Les enfants seraient divisé en groupe pour pratiquer les activités et se retrouveraient pour les repas et les soirées. Et les maîtresses enverraient quelques photos de la journée sur un groupe dédié au voyage scolaire chaque soir.

Quand nous avons annoncé cette nouvelle à Little Miss Sunshine, elle a été partagé entre l’excitation de passer une temps rien qu’avec ses copains et copines et l’angoisse de passer deux nuits loin de sa famille. Mais il y avait déja eu pas mal d’évolution depuis la dernière fois et j’ai bien compris qu’elle était prête.

Quelques semaines plus tard, nous avons dû signer un papier de décharge en cas d’accident. On nous demandait de donner « tout pouvoir de décision » aux maîtresses durant le voyage. Nous n’avons pas voulu signer ce papier qui nous semblait abusif et nous avons demandé à ce que la première chose qui soit effectué soit d’appeler les parents pour fixer ensemble la marche à suivre en cas d’accident, sauf en cas de danger vital. Nous avons envoyé notre requête à plusieurs personnes responsables du Lycée Français, mais personne ne nous a jamais répondu, laissant la maîtresse et nous avec nos doutes. La maîtresse était d’accord avec nous, mais sur le papier ce n’est pas ce qui était écrit. Finalement, personne ne nous a demandé de re-signer un papier et comme nous en avions longuement discuté avec la maîtresse, nous étions rassuré sur le fait qu’elle nous contacterait en cas de problème avant d’autoriser une intervention médicale.  J’ai trouvé la réaction du personnel du Lycée français particulièrement non professionnel. Nous avons depuis eu un autre petit problème et encore une fois c’est la maîtresse qui a été mise en première ligne alors que ce n’était pas de son ressort. Malgré les mails, la direction ne répond jamais.

Et puis est venu le moment est venu de préparer sa valise.  Little Miss Sunshine était prête. Elle était très excitée à l’idée de passer tout ce temps avec ses amis. La seule chose qu’elle m’a demandé est de lui imprimer une photo de famille, nous lui avons tous mis un petit mot à côté et elle l’a glissé dans son sac avec son doudou.

Nous avons préparé ses affaires d’après la liste fourni par l’école ensemble, nous avons collé des étiquettes avec son nom sur toutes ses affaires, je lui ai donné quelques petites astuces pour éviter de perdre ses affaires et puis je lui ai dit de se faire confiance. Elle a l’habitude de voyager, elle nous voit gérer les valises et nos affaires en voyage très régulièrement, je sais qu’elle aura les bons réflexes.

Et puis est venu le jour du départ. Lundi matin, à 6h40, Little Miss Sunshine est montée dans le bus qui l’emmenait à l’école, avant de les emmener à Qidong, à la ferme. Elle était heureuse et j’étais très fière d’elle.

Nous avons reçu des nouvelles des maîtresses à la fin de la matinée pour nous dire que les enfants étaient bien arrivés. Nous avons également reçu quelques photos.

Le premier jour, les enfants ont fait de l’escalade, du tir à l’arc et différents jeux collectifs. Ils ont pris possession de leur chambre – ils étaient deux ou trois enfants par chambre – et ont passé une belle soirée.

Le deuxième jour, ils sont partis faire du bateau sur les canaux autour de la ferme, ils ont fait des activités de motricité sur des structures géantes, ils ont vu un spectacle avec des motos qui roulaient dans une boule géante – spectacle typique du cirque chinois -, ils ont cueilli des fleurs, ils ont préparé un cadeau surprise pour la Fête des Mères, ils ont préparé des raviolis chinois eux-même pour le déjeuner, ils ont planté des courges et des cactus, ils ont nourris les poules et enfin, ils ont fait des sablés pour le goûter. Ils ont passé une soirée autour d’un feu de camp à chanter et danser et manger des marshmallow grillés.

Le dernier jour, ils sont partis au bord de la mer. Ils ont fait un concours de châteaux de sable et ont pris le bateau avant de déjeuner et de reprendre le bus pour revenir à Shanghai.

Pour ma part, comme souvent, j’ai très bien vécu son absence. Je ne suis pas du tout une maman inquiète, à partir du moment où je sais que mes enfants sont prêts. J’avais été rassuré par ses réactions avant de partir, et j’ai confiance en ses capacités d’adaptation. Je savais qu’elle n’aurait aucun mal à gérer ses affaires – elle a l’habitude de voyager – et sa personne – elle est très autonome.

Little Miss Sunshine est rentrée hier soir, ravie et en forme de son super voyage. Elle était heureuse et fière d’elle. Elle m’a avoué que nous lui avions manqué surtout le premier soir et qu’elle avait eu un peu de mal à s’endormir. Nous avons vidé son sac ensemble et tout était encore mieux rangé et organisé que lorsque nous avions préparé le sac. Je suis vraiment très fière d’elle! 

C’est une grande chance pour elle d’avoir pu faire ce premier voyage scolaire en Chine. Elle a des tonnes de souvenirs et elle les gardera toute sa vie.

Et vous, à quel âge vos enfants ont-ils fait leur premier voyage scolaire? Comment est-ce que ça s’est passé pour vous et pour eux? 

[Expatriation] Le choix de l’école

Quand on a des enfants et que l’on fait le choix de partir en expatriation, aussitôt passé le plaisir de découvrir le pays qui va bientôt nous accueillir, vient le temps de se poser la question de l’école pour les enfants.

Evidement, les réflexions ne sont pas les mêmes quand les enfants sont jeunes ou quand ils entrent au collège ou au lycée et je n’aurai pas la prétention de vous parler de cette situation-là. Mais j’avais envie de vous partager mes réflexions et mes observations quant au choix d’une école maternelle ou d’une école primaire.

Quatre options s’offrent habituellement à vous quand il s’agit d’école, dans n’importe quel pays ou presque:

  • le choix de mettre votre enfant dans une école locale, où l’enfant n’apprendra que la langue locale.
  • le choix d’une école internationale où l’enfant apprendra généralement l’anglais, tout en ayant quelques heures ou plus en fonction des écoles, dans la langue locale
  • le choix de l’école française où votre enfant apprendra donc uniquement le français et parfois quelques heures d’anglais ou de la langue locale
  • le choix de l’école à la maison, que je nommerai dorénavant instruction en famille (ou IEF).

Deux types de réactions prévalent en général chez les parents: soit la peur de voir son enfant perdre son français, soit la folle envie de voir son enfant parler couramment la langue de son nouveau pays. Mais après l’euphorie des premiers jours suivant l’annonce, il va falloir faire un vrai choix. Et en fonction de votre choix de parents, l’impact des différentes langues sur votre enfant ne sera pas le même.

  • Commençons par le choix de l’école française.

Nous avons une chance énorme en tant que Français, puisque nous avons le réseau d’école à l’étranger le plus développé au monde. Il est donc relativement simple de trouver une école française dans les principales grandes villes du monde où l’on est amené à partir vivre en expatriation.

Habituellement, dans les écoles françaises, les enfants ont des enseignants issus de l’Education Nationale – ce n’est pas forcément le cas partout et pour tous les professeurs – suivent le cursus français de l’Education Nationale, mais sont amenés dès les premières années à l’école maternelle ou à l’école primaire à avoir quelques heures avec un enseignant local ou avec un enseignant anglophone (souvent plus ou moins 2h par semaine).

En mettant votre enfant dans le système français, vous avez l’assurance qu’il ne perdra pas son français. Par contre, il y a peu de chance qu’avec deux heures dans la langue locale par semaine votre enfant l’apprenne vraiment. Il va principalement côtoyer de petits français ou francophones à l’école, et sa langue de jeu sera donc exclusivement le français. Evidement, tout dépendra de l’intérêt que l’enfant trouvera à la langue locale – s’il a une nounou qui ne parle que cette langue, de la langue de ses petits amis sur votre lieu de résidence, des activités extra-scolaires qu’il sera amené ou non à pratiquer dans une langue ou dans l’autre… Mais rien n’est moins sûr…

Beaucoup de parents sont également rassurés par le fait que mettant leur enfant dans le système français, ils pourront facilement être réintégré dans une école en France, et c’est d’ailleurs sur cette corde sensible que jouent souvent les écoles françaises. Mais de retour en France, aucune école ne sera à même de refuser votre enfant. Dans le pire des cas, elle pourrait exiger un test de niveau pour adapter sa classe à son niveau. C’est donc un faux problème ou une fausse solution. 

  • Continuons avec l’école locale. 

C’est un choix qui peut ne pas exister ou s’avérer très difficile dans certains pays. En Chine par exemple, je n’ai jamais entendu d’expatriés qui ont effectivement mis leur enfant dans le système local. Evidement, tout dépendra également de l’éducation et des valeurs apportées dans l’école locale. Ce choix demande une réelle recherche sur l’école locale avant de se prononcer, sans compter la visite de plusieurs écoles. Dans d’autres pays, notamment les pays anglophones, c’est un choix qui peut sembler complètement naturel.

En mettant son enfant dans un système local, on s’assure que son enfant se débrouillera rapidement avec la langue de son nouveau pays – puisque l’immersion est totale – et qu’il parlera couramment la langue de son nouveau pays en quelques années. En plus d’être baigné dans la langue, l’enfant sera également baigné dans la culture locale, ce qui est une richesse énorme. Autre avantage, les écoles locales sont souvent gratuites ou peu chères en comparaison avec les autres écoles.

Parlons des inconvénients. Le français passe en deuxième plan. Il faut donc veiller à conserver le français comme langue de communication à la maison, si on veut éviter que l’enfant oublie sa langue maternelle. Autre difficulté, malgré tout ce que l’on entend sur l’apprentissage des langues par les enfants, il faut garder en tête que la difficulté est la même pour eux que pour nous. Être parachuté dans une culture avec des codes inconnus, et devoir trouver des solutions pour communiquer sans se comprendre peut être très difficile à vivre pour certains enfants. Que votre enfant ait 18 mois, 3 ans, 6 ans ou 8 ans, il ne saura pas se faire comprendre dans les premiers temps, et ça peut être très frustrant. Il est important d’essayer de mettre en place un moyen de communication entre vous et les enseignants (si vous ne parlez pas leur langue), mais également entre l’enfant et les enseignants. On peut par exemple prévoir un petit cahier avec quelques signes que l’enfant peut utiliser dans un premier temps pour les besoins les plus basiques (j’ai faim, j’ai soif, changer la couche/aller aux toilettes,…). Et surtout ne pas négliger les signes qui montreraient que l’enfant est mal à l’aise ou dépassé par la situation. Il est vraiment important quel que soit leur âge, que les enfants soient écoutés et accompagnés dans les changements liés à l’expatriation.  

  • Poursuivons avec l’école internationale

L’école internationale peut regrouper de nombreux types d’écoles. Il y a les grandes anglaises ou américaines qui vont proposer des cursus avec une immersion plus ou moins grandes dans la langue locale. Il y a de petites écoles plus locales qui vont proposer des cursus internationaux souvent bilingue ou trilingue. Il faut vraiment se renseigner et visiter les écoles. Dans tous les cas, ce sera certainement la solution où l’enfant sera le plus confronté à la langue du pays, si on excepte le choix de l’école locale.

L’avantage évident sera que l’enfant sera dans un cursus bilingue. Il y a souvent des enfants locaux dans ce type d’école et les enfants auront donc le choix de la langue de jeux en fonction de leurs copains à la récréation.

Attention tout de même si vous mettez votre enfant dans un cursus anglophone et langue locale alors que vous parlez français à la maison, n’oubliez pas que l’enfant va choisir ses langues de prédilection en fonction des avantages qu’il en tire. Ce choix ne se fait pas de manière réfléchi par l’enfant, il lui est dicté par la situation. Il y a un risque, petit mais qui existe et dont on ne parle pas assez à mon sens, que l’enfant se limite à quelques mots utiles dans une langue et n’y trouvant pas d’autres intérêts, s’arrête à ses quelques mots (que ce soit l’anglais ou la langue locale). Et comme toujours, il ne faut pas négliger les signes qui montreraient que l’enfant est mal à l’aise ou dépassé par la situation. Apprendre une nouvelle langue est déja un défi. En apprendre deux est d’autant plus déstabilisant. 

A noter également que ce sont souvent des écoles qui sont la plupart du temps très chères et qui méritent largement d’être prise en charge par l’entreprise si vous partez avec un contrat d’expatriation. C’est donc un choix à négocier avec son entreprise.

  • Enfin le choix de l’Instruction en famille (IEF)

Plusieurs raisons peuvent nous pousser à faire ce choix: l’absence d’école française dans son lieu d’accueil, le prix des écoles françaises et internationales, le choix d’offrir une autre voix d’épanouissement à son enfant, des difficultés particulières d’un enfant et la méconnaissance ou l’absence de prise en charge efficace dans le pays d’accueil.

Et c’est LA seule solution qui s’offre à tous, dans tous les cas, dans tous les pays, quelle que soit la situation. Que l’on choisisse alors de faire du formel ou de l’informel, de passer par le CNED ou de faire confiance à son enfant pour ses apprentissages, on peut aujourd’hui trouver de nombreuses ressources et partages d’expérience de parents dans ces différents cas sur Internet et c’est une chance énorme.

Les gros avantages sont que l’on peut vraiment vivre, découvrir et apprendre au rythme de l’enfant, qu’on peut profiter de nombreux lieux touristiques ou culturels à des heures où l’on est tranquille, que l’on peut facilement s’immerger dans la vie locale en se promenant sur les marchés, dans les parcs, en observant et posant mille questions aux locaux, dans la mesure où l’on parle leur langue.

La difficulté serait dans ce cas, l’intégration à la vie locale par le biais de la langue – surtout si on vit dans un pays non anglophone ou dont nous, parents, ne parlons pas la langue. Il faudra alors trouver des solutions autres pour que l’enfant apprenne la langue du pays: cours de langue, activités dans la langue du pays, jeux avec les petits voisins locaux, groupe d’enfants et de parents en homeschooling pour des activités communes… On trouve de plus en plus de solutions, dans tous les pays grâce à Internet.

Enfin, quel que soit le choix de l’école, il me semble important de garder à l’esprit ces trois points:

  • Un enfant va apprendre une langue en fonction de son intérêt à utiliser cette langue. Ce n’est pas parce que vous allez mettre votre enfant dans une école bilingue qu’il va automatiquement devenir fluent dans cette langue. Tout dépendra de son intérêt et du contexte. J’ai vu des enfants immergés dans le Chinois à l’école, ne pas vraiment l’apprendre car les copains étaient majoritairement francophones, quelques mots suffisaient donc pour se débrouiller au quotidien, malgré l’immersion. Même cas pour des enfants chinois avec l’Anglais ou le Français, ils se débrouillent avec quelques mots, mais ne trouvent pas d’intérêt à apprendre une autre langue. L’expérience de Little Miss Sunshine, qui a fait un long blocage avec le Chinois après notre arrivée est aussi à garder en tête. Malgré un accompagnement, un bonheur certain de vivre une magnifique expérience, la difficulté de la langue et le choc culturel peut amener un blocage plus ou moins long pour n’importe quel enfant.
  • Il est également très important pour les parents de garder une cohérence dans l’apprentissage des langues. Oui un enfant de moins de 6/7 ans est capable d’apprendre autant de langues qu’il veut ou plutôt dont il a l’utilité. Mais il n’empêche qu’il aura besoin de temps pour les apprendre et il aura besoin d’une vraie constance dans l’apprentissage. Je m’explique. Si vous choisissez  une langue d’apprentissage à l’école pour votre enfant, et qu’aucun des deux parents ne lui parlent cette langue, il est important que l’enfant puisse poursuivre son apprentissage sur un temps long, au moins deux ou trois année scolaire d’après mon expérience et mes observations pour qu’il l’apprenne vraiment et s’y sente à l’aise. L’enfant va mettre du temps à pouvoir communiquer dans cette langue. Il va y mettre beaucoup d’énergie et aura les mêmes difficultés de communication et d’incompréhension que nous.  Même si l’apprentissage reste plus simple pour un enfant que pour un adulte. Il est donc important d’éviter les complications dans son apprentissage. J’ai vu des parents indécis mettre leur enfant un an en cursus français/chinois et puis changer pour le cursus anglais/chinois, parce que le niveau de l’enfant en Français n’augmentait pas aussi rapidement qu’ils le souhaitaient. Les enfants ont besoin de temps. Plus ou moins selon les enfants, mais il est tout à fait normal d’avoir une longue phase d’observation, d’écoute, sans beaucoup de retour dans un premier temps. Il faut laisser du temps à l’enfant pour se familiariser à sa nouvelle langue, se l’approprier. Une fois que l’enfant se débrouille vraiment dans une nouvelle langue, il garde le goût de cet apprentissage. Aujourd’hui, nos deux enfants parlent couramment le Chinois. On peut même dire qu’à 4 ans pour Little Smiling Buddha, le Chinois est sa deuxième langue maternelle. Quand a Little Miss Sunshine après  un début pas forcément facile, elle a le niveau d’un enfant chinois qui entre en école primaire. Elle apprend à lire et écrire le Chinois depuis deux ans maintenant et connaît environ 250 caractères. Et depuis quelques mois, tous les deux sont de plus en plus demandeurs pour apprendre une nouvelle langue qu’ils entendent régulièrement: l’anglais.
  • Un des grands faciliteurs d’apprentissage de la langue locale par votre enfant est l’apprentissage de cette même langue par vous, les parents. Rien de tel que l’imitation! Et quand l’enfant voit que c’est difficile pour les parents aussi, mais qu’ils font l’effort d’essayer, de se tromper, et de communiquer, il est naturellement rassuré par rapport à sa propre situation. C’est une solution qui marche notamment très bien en cas de blocage de la part d’un enfant.

Le choix de l’école est un choix complexe qui va dépendre de beaucoup de critères, les nôtres en tant que parent mais également – et il ne faut pas se leurrer – les places disponibles ou les tarifs des écoles sur place. Quel que soit le choix final, l’enfant gardera une certaine « facilité » avec les langues. Il aura eu la chance d’être confronté sur une longue période – au moins un an – à une autre, voire plusieurs autres, langues que la sienne. Il aura vécu dans une autre culture et compris par sa propre expérience à quoi servent les différentes langues, qu’il peut être difficile de communiquer dans une autre langue ou qu’au contraire on trouve parfois des solutions pour communiquer malgré la différence de langage. C’est un apprentissage extrêmement enrichissant à l’âge où la communication se met en place.

Le choix de l’école est un choix important en tant que parent. L’apprentissage de nouvelles langues aussi. Mais il faut veiller à ne pas mettre trop de pression ou à ne pas faire subir trop d’attentes à nos enfants. Nous savons la complexité de l’apprentissage d’une nouvelle langue. Eux ne font que la découvrir, la sentir du bout des doigts. Ils n’y trouvent pas le même intérêt que nous, mais si ils en trouvent un, ils sont rapidement capable de se débrouiller bien mieux que nous 😉

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Et pour les curieux, d’autres articles parlant de nos propres expériences:

[Expatriation] Vers une nouvelle aventure?

En quittant la France pour la Chine, en 2014, nous partions  pour cinq ans.

En 2019, nous voilà au bout de ce contrat. Ceux qui nous suivent régulièrement le savent, mais nous avions très envie de prolonger cette aventure chinoise quelques années encore. L’idée était vraiment de permettre à Little Smiling Buddha de finir sa maternelle bilingue en Chine ou de clore l’aventure de l’école élémentaire et de la section internationale chinois pour Little Miss Sunshine.

Nous avions eu une première alerte l’été dernier, durant notre séjour en amoureux en Ecosse. De mauvaises nouvelles étaient tombés et en quelques heures, c’est toute notre vie en Chine qui a été remise en question. On avait même craint de devoir quitter la Chine quasiment sur le champ. Et puis finalement, on a eu de la chance, l’année est passée. Et on nous a même donné à espérer que les problèmes avaient été résolus et que nous pourrions rester.

Mais dans les premiers jours du mois de mars, Papa Lou est rentré du travail en nous annonçant qu’il y avait très peu de chance que nous puissions rester en Chine. Grosse déception! On a mis quelques jours à réaliser que l’aventure s’arrêtait là. Et puis Papa Lou est tombé très malade, il a été une semaine à la maison et nous avons dû attendre pour voir comment les choses allaient évoluer.

Une fois le choc passé, nous avons réussi à en discuter objectivement. Il était temps pour nous deux de remettre nos priorités et nos plans pour l’avenir à jour:

      • Nous ne sommes pas prêts pour rentrer en France. Pour tout un tas de raison, mais surtout parce que rentrer en France signifierait un retour à Paris et qu’il n’est actuellement pas envisageable pour nous retourner vivre dans cette ville stressante et stressée. Les mouvements pendulaires entre la grande banlieue et Paris ne nous font pas rêver non plus et nous y perdrions de notre idéal de vie de famille. Notre priorité absolue est et restera notre vie de famille.

C’est difficile de parler de ce genre de choses dans un tel contexte. On a un peu l’impression de chipoter, de se compliquer la vie. Mais c’est primordial et ça fait énormément de bien. Quel bonheur de se sentir à nouveau plus proche, plus en phase, plus sûr de soi, de son couple et de notre famille après une telle remise en question. A mon sens, fixer ses priorités et ses objectifs de vie est vraiment une étape importante de l’expatriation.

Une semaine après l’annonce et après en avoir clairement discuté ensemble, voilà dans l’ordre de nos préférences les options qu’il nous restait:

  1. Un dernier espoir de rester en Chine. Nous avons d’ailleurs confirmé l’inscription des enfants dans leurs écoles respectives à Shanghai 
  2. Une nouvelle expatriation dans le réseau de l’entreprise de Papa Lou. Mais nous avions peu d’espoir compte tenu des délais très courts.
  3. Un retour à Paris temporaire, le temps de trouver une nouvelle expatriation vers un autre pays.

En parallèle, Papa Lou a contacté les différentes personnes qui pouvaient l’aider dans le réseau de son entreprise pour lui trouver un nouveau poste. Une quinzaine de jours après, et suite à ses discussions, deux nouvelles portes se sont ouvertes. Nous étions vraiment heureux de ces nouvelles.

Mais depuis début avril, les choses avancent vraiment tout doucement. Une destination ressort. Mais l’attente est longue. Nous espérons une confirmation rapide. Nous craignons toujours la même nouvelle que nous avions déja eu aux portes de l’expatriation il y a 5 ans et demi maintenant… 

Tout ce que nous savons donc deux mois après l’annonce de la fin de notre expatriation en Chine est que nous quitterons effectivement la Chine dans 8 semaines environ. Nous n’avons toujours pas de confirmation qui nous dirait que nous quitterons la France pour une nouvelle expatriation dans un autre pays à la fin de l’été. Nous ne savons toujours pas comment va se passer l’été, ni où. Nous ne savons pas où envoyer notre conteneur.  Nous ne savons pas où nous devons inscrire les enfants pour la rentrée de septembre.

Vous pouvez l’imaginer, mais la situation n’est pas simple. Nous espérons fort que nos nouveaux projets d’expatriation se concrétisent. En attendant, nous vivons au jour le jour. Nous profitons de ce que la Chine a encore à nous offrir, sans penser au lendemain. Mais parfois, au détour d’une conversation anodine, le stress revient à la charge.

L’expatriation est loin d’être une situation facile, calme et reposante. Nous sommes constamment mis hors de notre zone de confort. Et c’est très enrichissant, même si c’est également fatiguant. Je me découvre plus calme et patiente que je ne l’aurai pensé. Moins stressé. Plus dans l’instant présent. Moi qui ai toujours eu besoin de tout prévoir, savoir, organiser…

Quant aux enfants, ils sont au courant de la situation depuis le début. Ils font partis de nos projets et ils ont le droit de savoir – même si nous n’entrons pas dans les détails. Ils savaient que nous avions de grands risques de quitter la Chine. Ils savent où nous avons des chances d’aller après la Chine. Ils savent que rien n’est joué et que les plans peuvent encore être modifié. Mais au quotidien, sauf si ils ont des questions, nous n’en parlons pas. Nous en parlons très peu devant eu. Nous essayons plutôt de nous contacter par téléphone en journée quand ils sont à l’école pour en parler quand quelque chose de nouveau survient. Et nous leur faisons part, à froid, des dernières avancées quand elles sont susceptible de leurs parler. Ces nouveaux projets à venir doivent rester une joie pour toute la famille, quel qu’ils soient finalement, et nous ne voulons pas qu’ils voient de trop près la partie stressante, même si c’est, en partie, inévitable.

Alors nous croisons très fort les doigts et nous espérons très rapidement avoir d’autres nouvelles à vous annoncer! 

Et vous, comment se sont passés les entre-deux expatriations? Des conseils? 

[Expatriation] [Choc culturel] Les toilettes en Chine

Voici un article que je veux écrire depuis longtemps et que je ne me suis jamais pris le temps d’écrire… et pourtant ce n’est pas faute de ne rien avoir à dire.

Little Miss Sunshine a beaucoup ri quand je lui ai parlé de cet article, elle m’a même dit que les gens qui lisent mon blog allaient me prendre pour une folle. Et pourtant, je trouve que les toilettes montrent bien un grand nombre de différences culturelles entre la Chine et la France – ou d’ailleurs tout l’Occident.

Alors tout d’abord, sachez que les toilettes dont je vais vous parler, ce sont 90% des toilettes que vous trouverez en Chine. Évidement, si vous êtes dans un lieu plus occidentalisé, vous aurez peut-être des toilettes qui ressemblent plus à ceux dont vous avez l’habitude, mais il n’empêche que certaines différences perdurent

Les toilettes traditionnelles en Chine, c’est un trou entre deux murets bas. Un simple trou dans le béton ou dans un plancher de bois et en-dessous tout s’amoncelle en tas. Je vous laisse imaginer l’odeur sous la chaleur humide de l’été en Chine…

C’est ce type de toilettes que l’on trouve encore beaucoup sur les lieux touristiques, au milieu de la forêt ou dans la montagne. C’est également les seuls toilettes qu’il y avait dans le village de producteurs de thé au fin fond des montagnes jaunes. 

Une des spécificités de la Chine – que je n’ai vu nul part ailleurs pour le moment – c’est le fait que la porte des toilettes soit optionnelle. On le comprend facilement quand on sait que les murets entre les toilettes ou même des toilettes elles-mêmes sont souvent des murets bas. Et on comprend aisément également que le rapport au corps n’est pas le même dans la culture chinoise que dans la culture judéo-chrétienne. 

Mais la plupart du temps, il y a au moins une porte à l’entrée de la « salle » de toilettes et ensuite plusieurs toilettes séparés par des murets bas. Les hommes et les femmes sont toujours bien séparés. 

L’habitude est donc restée de se rhabiller devant la porte. J’avais été très surprise à Pékin, quand dans les toilettes de la place Tian An Men, qui ont pourtant des portes, les femmes sortaient pour se rhabiller au milieu de la « salle » de toilettes. La plupart du temps, la porte ne se ferme donc pas, et rarement à clé. 

Pour la petite histoire, à l’époque où Ayi venait d’arriver chez nous, je me suis retrouvée nez à nez avec elle assise sur les toilettes plus d’une fois. Elle laissait la porte de la salle de bain grande ouverte alors qu’elle était aux toilettes. Aujourd’hui, elle a compris que nous fermons la porte des toilettes, mais ça a été un sacré choc culturel pour moi. 

J’ai rencontré, notamment à Shanghai, des toilettes avec une rivière d’eau qui passe au milieu et juste des murets bas, sans porte, au-dessus. L’eau coule en continu, donc pas besoin de tirer la chasse d’eau. Une dame ou un monsieur pipi ajoute de temps en temps un peu d’eau pour tout évacuer…

Autre spécificité chinoise que vous retrouverez dans TOUS les toilettes: il n’y a pas de papier. Jamais. Il faudra donc toujours vous armez d’un paquet de mouchoirs en papier durant vos promenades en Chine. Parfois, quand il y a une dame pipi, elle en vend pour 1 kuai ou moins. 

Enfin, on ne jette jamais le papier dans les toilettes, mais dans la corbeille ou le carton qui est a côté. Les toilettes en Chine sont très régulièrement bouchés, c’est vraiment une horreur. Ne vous avisez pas de mettre un morceau de papier dans vos toilettes à l’hôtel, il sera bouché et vous devrez faire intervenir quelqu’un. Je pense qu’ils n’utilisent tout simplement pas la même taille de tuyau que nous.  

Les toilettes publiques sont globalement sales en Chine, parce qu’énormément de monde y passent, mais pas dégoutants, comme ils peuvent souvent l’être en France malheureusement. Il y a régulièrement quelqu’un qui passe ou est là pour nettoyer, même si le nettoyage reste superficiel. Finalement, on n’a besoin de toucher à rien donc c’est bien plus pratique que nos toilettes à l’occidental. Ce qui me gêne le plus, c’est qu’il n’y a pas toujours d’eau pour se laver les mains.

Autre spécificité chinoise: que je n’ai longtemps pas compris, notamment pour avoir vu des panneaux l’interdisant au Japon – mais je n’avais pas encore rencontré de Chinoises – quand les femmes chinoises qui ont donc l’habitude de n’avoir que des toilettes traditionnelles chinoises se retrouvent face à des toilettes occidentales, elles grimpent dessus avec leurs chaussures pour s’accroupir au-dessus des toilettes...

Deuxième petite histoire: mes deux enfants sont devenus continents en Chine. Par certains aspects, ça a été plus simple. Les Chinois pratiquent ce que nous appelons l’hygiène naturelle infantile traditionnellement. Les bébés ne portent donc pas de couches. Et quand les parents / grands-parents / ayi savent que le bébé a besoin de faire ses besoins, ils le tiennent juste au-dessus d’une poubelle ou au bord de la route dans le caniveau. Du coup, je n’avais pas d’état d’âme pour les petites urgences. C’est ainsi que l’on a rapidement appris comment et où placer le pantalon des filles pour éviter de tout arroser.  Ca a été moins évident pour les toilettes traditionnelles chinoises: écarter les jambes avec le pantalon et s’accroupir pour une enfant de trois ans, c’est vraiment galère. Pour les garçons, il n’y a pas à dire cette étape est bien plus simple! 

Et vous, des expériences de toilettes insolites durant vos voyages? votre expatriation? 

Objectifs 2019 – Bilan d’avril

C’est l’heure de faire un bilan de mes objectifs sur le mois passé. Si jamais vous avez loupé l’article sur mes objectifs 2019, je vous invite à lire cet article d’abord.

Premier objectif: faire baisser notre consommation globale.  Le mois d’avril a débuté avec un gros achat de ma part: une table de massage. Mais j’espère bien que cet achat sera utilisé sur le long terme. Je n’ai pas l’intention d’en racheter une avant de nombreuses années mais celle-ci me semblait tout à fait indispensable pour pratiquer le massage tuina sur mes trois amours et éviter de me casser le dos. La table de massage permet de m’installer vraiment comme je le souhaite et au mieux pour mon dos, pendant les massages. J’ai également craqué sur un petit coffret de figurines d’animaux – dont les enfants raffolent et qu’ils utilisent depuis des années – quand Little Smiling Buddha me l’a demandé au Muséeum d’Histoire Naturelle de Shanghai et un coffret pour faire grandir des cristaux pour Little Miss Sunshine. Durant notre séjour au Japon, nous avons également acheté une figurine de samouraï à Little Smilng Buddha et une nouvelle kokeshi porte-clef pour Little Miss Sunshine. Papa Lou m’a également offert une nouvelle yukata en coton. Le reste n’était que de l’alimentaire. Pas un mois O achat donc, mais nous sommes restés relativement raisonnables.

En ce qui concerne le linge, nous avons vécu un mois un peu chaotique. Little Miss Sunshine a eu la gastro début du mois, nous sommes partis en vadrouille et en décalé, ce qui m’a obligé à faire des machines rapprochées à chacun de nos retours pour avoir de quoi emmener à chaque nouveau départ. Mais finalement, contrairement à ce que je pensais, nous ne nous en sortons vraiment pas trop mal: 16 machines et le sèche-linge n’a tourné que deux fois. Sachant que je n’ai pas fait particulièrement attention sachant que nous avions déja plusieurs machines « de trop » au début du mois, je trouve qu’on s’en sort bien. Et ça me confirme le fait que nous sommes tout à fait capable désormais – hors petits accidents de parcours – de limiter le nombre de machines que nous faisons tourner.

Deuxième objectif: continuer la rédaction de mon livre sur notre expatriation. Je pense que c’est l’objectif que j’ai le moins tenu ce mois-ci. J’ai été très productive au début du mois – près de 8 000 mots en une semaine – mais j’ai complètement lâché ensuite.

Entre Little Miss Sunshine a la maison pour cause de gastro, nos différents voyages et finalement les vacances des enfants, je n’ai plus du tout eu le temps d’écrire. Il me faut vraiment le calme complet pour pouvoir me concentrer et c’est trop compliqué à trouver quand tout le monde est à la maison. Je reste sur les mêmes objectifs pour le mois prochains: trois séances d’écriture par semaine et 10 000 mots par mois (qui sont largement dépassable si je m’y mets vraiment!)

Troisième objectif: une sortie quotidienne de trente minutes par jour avec les enfants pour leur permettre de jouer librement, sans intervention d’un adulte. Le bilan n’est toujours pas et de loin à la hauteur de mes attentes. Dès que nous sommes en vacances, nous sortons plus, que ce soit avec des jeux libres ou non, mais dès que le rythme de l’école reprend le dessus, on est coincé. Et comme le temps est pluvieux, pollué et frais, personne n’a envie de passer plus de temps dehors. Seul point positif, à chaque fois que nous étions à l’extérieur, nous y étions pour au moins une heure ou deux.

J’espère encore ce mois-ci que le beau temps nous permettra de sortir plus souvent au mois de mai! Deux sorties par semaine hors week-end seraient déja pas mal…

Quatrième objectif: lire plus et plus régulièrement. Les vacances me permettant toujours de lire plus, c’est certainement l’objectif que j’ai le mieux rempli ce mois-ci! J’ai très régulièrement lu entre 30 minutes et 1 heure, et c’est déja pas mal pour moi.

L’objectif pour le mois prochain serait de lire  au moins quatre fois par semaine durant une demi-heure… 

Dernier objectif: parler couramment Chinois, apprendre à le lire et à l’écrire. Je vous le disais le mois dernier, mais je vous parkerai bientôt d’une nouvelle inattendue qui est venue bouleverser notre mois de mars. Je n’ai toujours pas pris de décision face à cet objectif que je m’étais fixé en début d’année, je continue donc à me focaliser sur l’oral pour le moment. 

J’ai vraiment bien travaillé cet objectif le temps où j’étais en immersion totale. Je suis fière de mes progrès. L’objectif sera re-fixé en fonction des derniers évènements au courant du mois de mai… 

En ce qui concerne le dernier objectif non quantifiable de travailler sur ma confiance en moi, le mois d’avril à encore été un mois très riche.

Au milieu du mois, c’est avec énormément de plaisir que je suis retournée à l’école et que j’ai pris la charge de la moitié de la classe de Little Smiling Buddha (8 enfants de PS et TPS) pour passer une magnifique journée sur le thème de Pâques et du Printemps avec eux. J’ai pris énormément de plaisir à être à nouveau au contact des jeunes enfants, c’est quelque chose qui me manque au quotidien, c’est sûr.

J’ai repoussé mes limites en voyageant seule pour la première fois de ma vie, je suis partie quatre jours en immersion totale dans la langue chinoise, au fin fond des montagnes, dans des conditions digne du XIXème siècle par pas mal d’aspect, et j’ai adoré!

A la fin du mois, j’ai rencontré une maman fraîchement arrivée à Shanghai (coucou si tu passes par là!), avec ses trois enfants, qui m’a contacté à travers ce blog, et ça a été un plaisir de partager du temps avec elle et ses enfants et d’essayer de lui fournir des pistes et des conseils pour leur nouvelle vie en Chine.

Pour terminer, je me suis ré-inscris à deux formations de poterie, l’une pour perfectionner ce que j’ai déja appris, l’autre pour apprendre à utiliser un tour électrique.

Le mois de mai s’annonce également riche! 

[Voyage] Trois jours dans un village de producteurs de thé au cœur des montagnes jaunes

Quand Papa Lou m’a dit il y a un peu plus d’un an, qu’un de ces amis des HuangShan – les montagnes jaunes -, Laolu, à qui il achète régulièrement du thé, nous invitait chez lui pour venir voir les plantations et la fabrication du thé, j’ai été enchanté.

Mais la réalité est qu’avec les enfants, c’est bien compliqué à organiser. Nous avons tourné le problème de diverses manières, mais je ne me voyais pas laisser les enfants plusieurs jours à Ayi – même s’ils l’adorent et que je lui fais confiance, je sais que ça aurait été trop difficile pour eux. Et impossible de passer une journée dans les champs de théiers, avec le risque qu’il y ait des serpents ou qu’ils tombent en montagne sans réelle surveillance. Nous avions donc mis cette proposition dans un coin de nos têtes.

Mais cette année, je me suis dit qu’il fallait qu’on trouve une solution. Cette année, vous l’aurez certainement compris, car j’en ai déjà parlé ici, j’ai fait le choix de réaliser mes rêves et d’arrêter d’attendre, surtout quand l’opportunité se présente ainsi. Alors on a décidé de faire différemment. Je partirai en semaine, quelques jours, et Papa Lou prendrait soin des enfants. Et puis Papa Lou partira un week-end de trois jours et c’est moi qui m’occuperais des enfants. Nous aurions aimé partager ce moment, mais c’est également une belle aventure que de le vivre seul et de partager ensuite avec l’autre.

J’ai donc quitté la maison et embrassé fort mes trois amours un dimanche d’avril en fin d’après-midi. C’est le première fois de ma vie que je voyageais totalement seule. Pas par peur de voyager seule, mais plutôt par manque d’opportunité. J’ai pris un taxi et je me suis rendue à la gare de Shanghai Hongqiao. Et puis j’ai pris le train pour HuangShan Nord. Trois heures plus tard, j’arrivais à la gare.

J’ai tout d’abord été surprise du temps que j’avais eu dans le train pour dîner tranquillement et lire – c’est ça de toujours voyager avec les enfants. J’ai aussi été agréablement surprise par mon calme, alors que je ne savais toujours pas vraiment qui allait venir me chercher à la gare. Laolu avait apriori tout organisé, mais ne m’avait donné aucun détail. Et si vous me connaissez un peu, vous savez à quel point j’aime être organisée et parer à toutes les éventualités.

Arrivée à la gare, j’ai eu un coup de téléphone d’un chauffeur qui était là pour me chercher et qui était persuadé que nous étions deux. Finalement, je suis montée dans la voiture où attendaient déjà trois autres personnes et nous sommes partis…

Un peu plus d’une heure plus tard, le chauffeur me déposait dans une rue sombre, avec ma valise, en me disant d’appeler Laolu. Je dois dire que je n’en menais pas large à ce moment-là, car j’aurai été bien incapable de lui dire où je me trouvais. Et que c’est à ce moment que j’ai commencé à stresser un peu. Heureusement, en lui disant juste que j’étais arrivée, il s’avérait que le chauffeur m’avait déposé juste en face de sa boutique…

Il m’a invité à prendre un thé, avant de m’accompagner à l’hôtel juste à côté. Là-bas, ils n’avaient jamais vu de passeport et ne pouvaient pas prendre d’étrangers –  il faut un système d’enregistrement à la police pour tous les étrangers, ce qui est loin d’être le cas de tous les hôtels en Chine, même dans les grandes villes et même dans les lieux touristiques. Mais avec un joli sourire, l’insistance de mon hôte et en déposant sa carte d’identité en assurance, j’ai reçu une chambre pour la nuit.

Comme souvent en Chine, les draps étaient lavés de frais, mais le reste de la chambre n’avait pas été nettoyé depuis un moment. Le lit était confortable et c’est tout ce qu’il me fallait. Laolu m’a dit qu’il m’appellerait le lendemain matin et qu’on monterait au village après avoir pris le petit-déjeuner ensemble. Je lui ai demandé des précisions sur l’heure, il m’a dit entre 7 et 8h.

J’ai encore lu un peu et je me suis rapidement endormie. Le lendemain, à 5h40, j’étais réveillé. J’ai parfois l’impression d’avoir un réveil dans la tête. Impossible de me rendormir. J’ai donc contacté Papa Lou et les enfants qui se préparaient à partir pour l’école.

Et puis vers 8h, Laolu m’a enfin contacté pour me dire de venir à la boutique, que nous allions prendre le petit-déjeuner ensemble. Je les ai rejoint à la boutique, une de ses filles, la plus grande, étant malade, elle a passé la journée avec nous. Il est allé acheter une soupe de wonton – sorte de ravioli chinois – que nous avons mangé dans un sachet plastique. En Chine, on s’embarrasse rarement de détail dans la nourriture à emporter: le sachet plastique convient à tout et pas sûr que ce soit du plastique alimentaire…

Après ce rapide petit-déjeuner, nous avons rempli nos tasses à emporter de thé, et nous avons pris la route.

Pour joindre le village, il nous aura fallu environ une heure trente, hors pause, sur des petites routes de montagnes pas plus larges que la voiture, et qui se terminent par une piste en terre. Rien que de joindre ce village, un peu au bout du monde, c’était déjà l’aventure.

Sur le chemin, on voit partout des champs de théiers, des petits villages reculés dont la seule occupation est le thé et la montagne, magnifique.

Nous avons fait une pause à mi-chemin pour saluer des cueilleuses qu’ils connaissaient et prendre quelques photos. Laolu et sa femme travaillent principalement sur les réseaux sociaux chinois pour vendre leur thé, même si ils ont également une boutique physique. Ils prennent donc régulièrement des photos et s’enquièrent régulièrement de l’avancée des récoltes.

Nous sommes là, dans la région de production du célèbre thé vert Tai Ping Hou Kui. Un thé à très grande feuille, large et marquée d’un fin dessin quadrillé, reconnaissable entre tous. Et voilà donc les bourgeons et jeunes pousses verts tendres qui sont récoltés.

Et puis nous avons repris la route vers le village. A la fin du trajet, on se retrouve pour deux kilomètres environ sur une simple piste de terre pour accéder au village. Difficile de croiser une autre voiture dans ces conditions.

Arrivés au village, on m’a présenté toute la famille. Le père et la mère, chez qui je vais loger. La grand-mère, toujours à rire et à essayer de me parler dans son patois du haut de ses 85 ans. Le frère qui habite dans une maison un peu plus haut. Mais également les cueilleuses et quelques voisins curieux de voir arriver une étrangère. Ce n’est pas la première fois, Papa Lou y est déja passé il y a deux ans au cours de l’été et mon amie Manuela y a également passé quelques heures par l’intermédiaire de Papa Lou l’année dernière. Ils accueillent ponctuellement des étrangers, mais surtout des Chinois, qui veulent voir comment leur thé est produit. Ils sont très fiers de leur savoir-faire et de la qualité du thé qu’ils proposent. Et ils ont bien raison. 

Le village est tout petit, il compte une quinzaine de maisons. Tous sont producteurs de thé, ici.

Arrivés en fin de matinée, les cueilleuses étaient déja de retour de la cueillette et étaient en plein façonnage des feuilles de thé. C’est donc avec grand plaisir que j’ai passé la journée à les observer, puis à participer aux différentes étapes du façonnage.

Les feuilles de thé ainsi obtenues sont juste parfaites et magnifiques. Un thé d’une qualité rare. 

Vers midi, nous avons déjeuné tous ensemble. Et puis quelques trente minutes plus tard, nous avons repris le façonnage des feuilles. C’est un travail minutieux. Pas particulièrement difficile, mais répétitif et fatiguant. 

Un peu avant de partir, Laolu et sa femme m’ont emmené dans les champs de théiers pour faire quelques photos pour les réseaux sociaux.

Vers 16h, ils sont repartis vers la ville, me laissant au village. Les cueilleuses et moi avons reçu un petit goûter à grignoter tout en continuant notre travail.

Vers 18h30, nous avons dîné tous ensemble. Et puis nous avons repris le façonnage des feuilles. Il faut que toutes les feuilles récoltées le jour-même soient traités dans la journée. Nous avons travaillé jusqu’à 23h. 

Et puis ça a été l’heure de se laver et d’aller se coucher. J’ai voulu aller aux toilettes -qui sont communes à tout le village et qui ne sont en fait qu’un trou -, et c’est là que j’ai remarqué que ni le village, ni les toilettes n’étaient éclairés. A mon retour, mes hôtes m’ont apporté un pot de chambre pour la nuit. J’avoue que j’ai été assez amusée par la situation, et surtout je me suis dit que j’espérais bien ne pas en avoir besoin. Ils ont insisté pour que je me lave en me proposant deux bassines, une pour le visage et une pour les pieds, m’a-t-on précisé. C’est donc au milieu de la cuisine que j’ai dû faire une rapide toilette. Et puis, je suis allée me coucher.

J’avais la chance d’avoir une chambre pour moi et un grand lit deux personnes pour moi toute seule. Les cueilleuses, logés également sur place, dormaient à deux dans un grand lit. Je demande à quelle heure elles se lèvent le lendemain et on me dit, départ à 6h. Je mets donc mon réveil à 5h30 – ça ne me change finalement pas de d’habitude – et je m’endors rapidement exténuée et heureuse de cette première journée.

Le lendemain, ce sont les voix des cueilleuses qui se préparaient qui m’ont réveillé un peu avant que mon réveil ne sonne. Je me suis rapidement préparée et je suis descendue. On m’a tendu un bol de soupe de nouilles au chou et des baguettes. Dehors, il pleuvait. Je me suis assise à l’entrée de la maison et j’ai regardé tomber la pluie en mangeant.

Une trentaine de minutes plus tard, alors que tout le monde était prêt à partir, le patron nous a annoncé que nous n’irons pas à la cueillette. Il pleuvait et les bourgeons pouvaient attendre. Il a proposé à tout le monde de retourner se coucher. J’ai décidé de m’installer dehors, à l’abri de la pluie et de lire un peu.

J’ai été assez surprise de constater qu’ils ne partaient pas à la cueillette à cause de la pluie. Je pensais qu’ils sortaient par tous les temps. Et je me demandais déja comment j’allais me protéger de cette pluie battante. Les cueilleuses sont repartis se coucher.

Vers 11h, le soleil était de retour. Mais il était trop tard pour partir à la cueillette. Je décidai donc de faire une promenade dans le village et dans les montagnes alentours. Il y avait de magnifiques oiseaux, des vols entiers de faisans gris bleu qui passaient au-dessus du village. Mais je n’ai pas réussi à les photographier, j’ai juste pu apprécier leur vol.

Les cueilleuses se sont levés pour déjeuner. Nous avons déjeuné tous ensemble et elles sont retournées se coucher. En effet, il n’y avait pas eu de cueillette le matin et donc pas de feuilles à façonner l’après-midi. Mon hôte m’a dit qu’il allait partir dans les champs de théiers pour vérifier la taille des bourgeons et voir quelle parcelle nous pourrons récolté le lendemain. Je lui ai demandé si je pouvais l’accompagner, il a été ravi.

Nous avons grimpé à flanc de montagnes, sur plusieurs parcelles. Nous avons croisé d’autres cueilleuses, qui étaient en pleine cueillette, et je me suis joint à elle pour un moment. Elles ont toutes fait l’effort de parler le Mandarin, tant bien que mal. Elles étaient ravis de pouvoir discuter avec moi et m’ont posé plein de questions. Elles étaient étonnés de me voir voyager seule. Elles m’ont trouvé courageuse.  Elles m’ont demandé si j’avais des enfants, et ont été encore plus étonnés de savoir que oui. Elles me donnaient tout juste 25 ans. Elles m’ont demandé où sont les enfants, si mes parents les gardaient. Je leur ai répondu que non, que mes parents étaient en France et que c’est mon mari qui s’occupent d’eux. Elles m’ont demandé qui leur fait à manger et elles ne voulaient pas croire que c’est mon mari qui s’en charge. J’ai eu ces quelques mêmes questions de la part de quasiment tout le monde durant ces quelques jours…

Puis j’ai rejoint mon hôte qui était dans un champ en face. Il m’a expliqué que ce champ n’était pas encore prêt à être récolté, mais que certaines pousses avaient déja la bonne taille, donc nous devions les récolter en avance. Nous avons passé une bonne heure dans ce champs à cueillir les jeunes pousses.

J’arrivais très bien à communiquer en Mandarin avec mon hôte. Mais parfois, il me manquait simplement le vocabulaire, alors il prenait un bâton et m’écrivait le caractère au sol, en le recopiant sur Pleco je trouvais sa signification exacte. Mes hôtes ont vraiment été adorables et aux petits soins pour moi. Au passage, cette application est un indispensable si vous venez en Chine et le meilleur dictionnaire de Chinois que je connaisse.

Quand nous sommes redescendu de la montagne, je suis repartie en vadrouille dans le village. Nous n’avions pas assez de feuilles pour lancer le façonnage, mon hôte m’a donc précisé que nous les traiterions le lendemain seulement. J’ai rencontré des voisins, certains qui n’ont que peu osé communiquer avec moi – certainement un peu par timidité et un peu par peur de l’étranger -, mais certains qui ont vraiment pris plaisir à me parler, à me poser des questions et à m’expliquer leur métier et leur savoir-faire. C’est un vrai bonheur d’en apprendre autant de la bouche même de ceux qui font le thé que nous buvons chaque jour.

C’est ainsi que j’ai pris connaissance des différents grades de Tai Ping Hou Kui que l’on trouve sur le marché, de la partie manuelle et de la partie mécanisée utilisés pour chaque grade et donc la qualité et le prix de chaque grade. C’était vraiment très intéressant.

A 16h, mon hôtesse est venue me chercher pour me donner une banane et une mandarine pour le goûter. Les cueilleuses dormaient toujours pour la plupart. Une d’entre elles en a profité pour laver son linge à la main. Une autre s’est levée peu après pour se laver les cheveux avec une bassine au milieu de la cuisine.

Et puis, j’ai fini ma journée chez des voisins qui traitaient encore du Tai Ping Hou Kui à la main, à les observer, à écouter leur conversation. Je suis vraiment pleine de gratitude pour ces moments qu’ils m’ont tous offert.

Vers 18h-18h30, une camionnette vendant des fruits, des légumes, de la viande, des oeufs et du tofu arrive dans le village à grand renfort de musique et de « Machia » – comprendre « mai cai » dans leur patois, à savoir vente d’alimentation. C’est ce moment que la plupart des producteurs choisissent pour terminer cette deuxième partie de la journée. Les cueilleuses stoppent leurs travaux. Tout le monde se rassemble autour de la camionnette pour acheter de quoi préparer le dîner et le petit-déjeuner du lendemain. Ils passent commande de choses spécifiques qu’ils aimeraient le lendemain. Ce vendeur, c’est leur seul lien avec la ville une grande partie de la semaine. Il vient tous les jours de l’année depuis huit ans. Et un autre venait certainement auparavant. Certains jours, une autre camionnette vient le matin, vers 11h. Mais ce n’est pas aussi régulier que celle de 18h. Enfin, les enfants partis vivre à la ville pour vendre le thé fabriqué au village viennent le week-end et ramènent d’autres produits que ceux disponibles au quotidien.

Nous avons dîner tous ensemble, nous avons un peu discuté et nous sommes tous allés nous coucher. Il n’y avait plus de pluie annoncé le lendemain, le patron nous a donc dit que nous partirions dès 6h du matin à la cueillette. Ce soir-là, pour me laver sommairement avec mes bassines, j’ai découvert qu’ils avaient une sorte de buanderie où je suis allée me réfugier.

Le lendemain, j’avais mis mon réveil à 5h30, mais j’ai été réveillé dès 5h par le bruit des cueilleuses qui se préparaient. Je suis descendue assez rapidement pour prendre le petit-déjeuner. Mon hôtesse avait préparé du Zhou – une sorte de soupe de riz que les Chinois adorent manger au petit-déjeuner et que je trouve absolument insipide – avec des pickles au piment et un pain vapeur pour chacun.

Un peu avant 6h, j’ai contacté Papa Lou et les enfants pour leur souhaiter une bonne journée avant qu’ils ne partent pour le travail et pour l’école. Et puis nous sommes partis. Nous nous sommes divisé en deux groupes. Un premier groupe de quatre cueilleuses est parti avec l’ouvrier. Je suis partie avec le patron et quatre autres cueilleuses.

Les paysages étaient magnifiques en montagne. La brume matinale s’accrochait encore au sommet des arbres, les oiseaux commençaient tout juste à pépier. Au fur et à mesure que le soleil se faisait plus chaud, les insectes ont commencé à nous tourner autour. Surtout des papillons de toutes les couleurs et des sortes de bourdons. Le paysage autour de la parcelle que nous avons récolté était vraiment splendide. Je me suis sentie vraiment bien à cet endroit, à cueillir les feuilles de thé. J’étais juste là, ici et maintenant. Concentré sur mon geste et les bruits de la nature, les rires et les conversations lointaines des autres cueilleuses. J’ai passé trois magnifiques heures dans ce champs.

Au bout de deux heures environ, le patron est redescendu au village, nous laissant avec quelques consignes, pour aller allumer les feux et tout préparer pour notre retour. Nous avons terminé notre cueillette et nous sommes aussi redescendu. Sur la descente, à plusieurs endroits, les cueilleuses m’ont montré des pousses de bambous qu’elles ont récolté pour que je les ramène à Shanghai et les fasse goûter à ma famille. Je suis donc revenu les bras chargé de pousses de bambou! Ayi s’est d’ailleurs fait un plaisir de nous les préparer le jour de mon retour: une soupe de poulet au bambou et du poulet à la sauce brune, au bambou et au piment.

Une fois redescendu, nous nous sommes mis au façonnage des feuilles de thé que j’avais récolté la veille avec le patron. C’est un travail minutieux et fatiguant, mais qui n’est pas particulièrement pénible.

Vers 11h, le deuxième groupe de cueilleuses est arrivé. Elles se sont assises avec nous pour se mettre au façonnage des feuilles de thé. A midi, la patronne est venue nous chercher pour déjeuner. Elle avait tout préparé, et nous avons juste eu à nous servir un bol de riz chacun. Trente minutes plus tard, nous reprenions le façonnage. A 16h, nous avons reçu un petit goûter à manger tout en travaillant. A 18h, le vendeur ambulant est arrivé: la deuxième partie de la journée prenait fin. Ca marquait aussi la fin de mon séjour à la montagne.

La patronne a invité le vendeur à dîner avec nous, en échange de quoi, il a accepté de me redescendre à la ville jusqu’à la boutique de nos amis. Nous avons dîné et puis vers 19h, j’ai dit merci et au revoir à tout le monde. Je venais de passer trois jours absolument magique, merveilleux, hors du temps et tellement riche. Je suis profondément reconnaissante à ces gens de m’avoir ainsi accueilli à bras ouverts, plein de bienveillance et avide de partager leur vie avec moi, une étrangère. Ils m’ont appris la signification profonde du mot « hospitalité ».

Pour ma part, je suis donc redescendue à la ville pour une dernière nuit à l’hôtel, avant de reprendre le train le lendemain pour Shanghai et retrouver mes trois amours qui m’ont beaucoup manqué. Le vendeur ambulant m’a fait quelques confessions sur le chemin du retour. Il n’aime pas rouler de nuit dans ses montagnes, sur ses chemins dangereux, et je le comprends. Les cueilleuses et mes hôtes ont repris leur travail après le dîner. Ils ont certainement travaillé jusque tard dans la nuit pour terminer de façonner toutes les feuilles récoltés.

C’est une aventure que je garderai toute ma vie gravée dans mon coeur. Une belle aventure humaine!