Quand Papa Lou m’a dit il y a un peu plus d’un an, qu’un de ces amis des HuangShan – les montagnes jaunes -, Laolu, à qui il achète régulièrement du thé, nous invitait chez lui pour venir voir les plantations et la fabrication du thé, j’ai été enchanté.
Mais la réalité est qu’avec les enfants, c’est bien compliqué à organiser. Nous avons tourné le problème de diverses manières, mais je ne me voyais pas laisser les enfants plusieurs jours à Ayi – même s’ils l’adorent et que je lui fais confiance, je sais que ça aurait été trop difficile pour eux. Et impossible de passer une journée dans les champs de théiers, avec le risque qu’il y ait des serpents ou qu’ils tombent en montagne sans réelle surveillance. Nous avions donc mis cette proposition dans un coin de nos têtes.
Mais cette année, je me suis dit qu’il fallait qu’on trouve une solution. Cette année, vous l’aurez certainement compris, car j’en ai déjà parlé ici, j’ai fait le choix de réaliser mes rêves et d’arrêter d’attendre, surtout quand l’opportunité se présente ainsi. Alors on a décidé de faire différemment. Je partirai en semaine, quelques jours, et Papa Lou prendrait soin des enfants. Et puis Papa Lou partira un week-end de trois jours et c’est moi qui m’occuperais des enfants. Nous aurions aimé partager ce moment, mais c’est également une belle aventure que de le vivre seul et de partager ensuite avec l’autre.
J’ai donc quitté la maison et embrassé fort mes trois amours un dimanche d’avril en fin d’après-midi. C’est le première fois de ma vie que je voyageais totalement seule. Pas par peur de voyager seule, mais plutôt par manque d’opportunité. J’ai pris un taxi et je me suis rendue à la gare de Shanghai Hongqiao. Et puis j’ai pris le train pour HuangShan Nord. Trois heures plus tard, j’arrivais à la gare.
J’ai tout d’abord été surprise du temps que j’avais eu dans le train pour dîner tranquillement et lire – c’est ça de toujours voyager avec les enfants. J’ai aussi été agréablement surprise par mon calme, alors que je ne savais toujours pas vraiment qui allait venir me chercher à la gare. Laolu avait apriori tout organisé, mais ne m’avait donné aucun détail. Et si vous me connaissez un peu, vous savez à quel point j’aime être organisée et parer à toutes les éventualités.
Arrivée à la gare, j’ai eu un coup de téléphone d’un chauffeur qui était là pour me chercher et qui était persuadé que nous étions deux. Finalement, je suis montée dans la voiture où attendaient déjà trois autres personnes et nous sommes partis…
Un peu plus d’une heure plus tard, le chauffeur me déposait dans une rue sombre, avec ma valise, en me disant d’appeler Laolu. Je dois dire que je n’en menais pas large à ce moment-là, car j’aurai été bien incapable de lui dire où je me trouvais. Et que c’est à ce moment que j’ai commencé à stresser un peu. Heureusement, en lui disant juste que j’étais arrivée, il s’avérait que le chauffeur m’avait déposé juste en face de sa boutique…
Il m’a invité à prendre un thé, avant de m’accompagner à l’hôtel juste à côté. Là-bas, ils n’avaient jamais vu de passeport et ne pouvaient pas prendre d’étrangers – il faut un système d’enregistrement à la police pour tous les étrangers, ce qui est loin d’être le cas de tous les hôtels en Chine, même dans les grandes villes et même dans les lieux touristiques. Mais avec un joli sourire, l’insistance de mon hôte et en déposant sa carte d’identité en assurance, j’ai reçu une chambre pour la nuit.
Comme souvent en Chine, les draps étaient lavés de frais, mais le reste de la chambre n’avait pas été nettoyé depuis un moment. Le lit était confortable et c’est tout ce qu’il me fallait. Laolu m’a dit qu’il m’appellerait le lendemain matin et qu’on monterait au village après avoir pris le petit-déjeuner ensemble. Je lui ai demandé des précisions sur l’heure, il m’a dit entre 7 et 8h.
J’ai encore lu un peu et je me suis rapidement endormie. Le lendemain, à 5h40, j’étais réveillé. J’ai parfois l’impression d’avoir un réveil dans la tête. Impossible de me rendormir. J’ai donc contacté Papa Lou et les enfants qui se préparaient à partir pour l’école.
Et puis vers 8h, Laolu m’a enfin contacté pour me dire de venir à la boutique, que nous allions prendre le petit-déjeuner ensemble. Je les ai rejoint à la boutique, une de ses filles, la plus grande, étant malade, elle a passé la journée avec nous. Il est allé acheter une soupe de wonton – sorte de ravioli chinois – que nous avons mangé dans un sachet plastique. En Chine, on s’embarrasse rarement de détail dans la nourriture à emporter: le sachet plastique convient à tout et pas sûr que ce soit du plastique alimentaire…
Après ce rapide petit-déjeuner, nous avons rempli nos tasses à emporter de thé, et nous avons pris la route.
Pour joindre le village, il nous aura fallu environ une heure trente, hors pause, sur des petites routes de montagnes pas plus larges que la voiture, et qui se terminent par une piste en terre. Rien que de joindre ce village, un peu au bout du monde, c’était déjà l’aventure.
Sur le chemin, on voit partout des champs de théiers, des petits villages reculés dont la seule occupation est le thé et la montagne, magnifique.
Nous avons fait une pause à mi-chemin pour saluer des cueilleuses qu’ils connaissaient et prendre quelques photos. Laolu et sa femme travaillent principalement sur les réseaux sociaux chinois pour vendre leur thé, même si ils ont également une boutique physique. Ils prennent donc régulièrement des photos et s’enquièrent régulièrement de l’avancée des récoltes.
Nous sommes là, dans la région de production du célèbre thé vert Tai Ping Hou Kui. Un thé à très grande feuille, large et marquée d’un fin dessin quadrillé, reconnaissable entre tous. Et voilà donc les bourgeons et jeunes pousses verts tendres qui sont récoltés.
Et puis nous avons repris la route vers le village. A la fin du trajet, on se retrouve pour deux kilomètres environ sur une simple piste de terre pour accéder au village. Difficile de croiser une autre voiture dans ces conditions.
Arrivés au village, on m’a présenté toute la famille. Le père et la mère, chez qui je vais loger. La grand-mère, toujours à rire et à essayer de me parler dans son patois du haut de ses 85 ans. Le frère qui habite dans une maison un peu plus haut. Mais également les cueilleuses et quelques voisins curieux de voir arriver une étrangère. Ce n’est pas la première fois, Papa Lou y est déja passé il y a deux ans au cours de l’été et mon amie Manuela y a également passé quelques heures par l’intermédiaire de Papa Lou l’année dernière. Ils accueillent ponctuellement des étrangers, mais surtout des Chinois, qui veulent voir comment leur thé est produit. Ils sont très fiers de leur savoir-faire et de la qualité du thé qu’ils proposent. Et ils ont bien raison.
Le village est tout petit, il compte une quinzaine de maisons. Tous sont producteurs de thé, ici.
Arrivés en fin de matinée, les cueilleuses étaient déja de retour de la cueillette et étaient en plein façonnage des feuilles de thé. C’est donc avec grand plaisir que j’ai passé la journée à les observer, puis à participer aux différentes étapes du façonnage.
Les feuilles de thé ainsi obtenues sont juste parfaites et magnifiques. Un thé d’une qualité rare.
Vers midi, nous avons déjeuné tous ensemble. Et puis quelques trente minutes plus tard, nous avons repris le façonnage des feuilles. C’est un travail minutieux. Pas particulièrement difficile, mais répétitif et fatiguant.
Un peu avant de partir, Laolu et sa femme m’ont emmené dans les champs de théiers pour faire quelques photos pour les réseaux sociaux.
Vers 16h, ils sont repartis vers la ville, me laissant au village. Les cueilleuses et moi avons reçu un petit goûter à grignoter tout en continuant notre travail.
Vers 18h30, nous avons dîné tous ensemble. Et puis nous avons repris le façonnage des feuilles. Il faut que toutes les feuilles récoltées le jour-même soient traités dans la journée. Nous avons travaillé jusqu’à 23h.
Et puis ça a été l’heure de se laver et d’aller se coucher. J’ai voulu aller aux toilettes -qui sont communes à tout le village et qui ne sont en fait qu’un trou -, et c’est là que j’ai remarqué que ni le village, ni les toilettes n’étaient éclairés. A mon retour, mes hôtes m’ont apporté un pot de chambre pour la nuit. J’avoue que j’ai été assez amusée par la situation, et surtout je me suis dit que j’espérais bien ne pas en avoir besoin. Ils ont insisté pour que je me lave en me proposant deux bassines, une pour le visage et une pour les pieds, m’a-t-on précisé. C’est donc au milieu de la cuisine que j’ai dû faire une rapide toilette. Et puis, je suis allée me coucher.
J’avais la chance d’avoir une chambre pour moi et un grand lit deux personnes pour moi toute seule. Les cueilleuses, logés également sur place, dormaient à deux dans un grand lit. Je demande à quelle heure elles se lèvent le lendemain et on me dit, départ à 6h. Je mets donc mon réveil à 5h30 – ça ne me change finalement pas de d’habitude – et je m’endors rapidement exténuée et heureuse de cette première journée.
Le lendemain, ce sont les voix des cueilleuses qui se préparaient qui m’ont réveillé un peu avant que mon réveil ne sonne. Je me suis rapidement préparée et je suis descendue. On m’a tendu un bol de soupe de nouilles au chou et des baguettes. Dehors, il pleuvait. Je me suis assise à l’entrée de la maison et j’ai regardé tomber la pluie en mangeant.
Une trentaine de minutes plus tard, alors que tout le monde était prêt à partir, le patron nous a annoncé que nous n’irons pas à la cueillette. Il pleuvait et les bourgeons pouvaient attendre. Il a proposé à tout le monde de retourner se coucher. J’ai décidé de m’installer dehors, à l’abri de la pluie et de lire un peu.
J’ai été assez surprise de constater qu’ils ne partaient pas à la cueillette à cause de la pluie. Je pensais qu’ils sortaient par tous les temps. Et je me demandais déja comment j’allais me protéger de cette pluie battante. Les cueilleuses sont repartis se coucher.
Vers 11h, le soleil était de retour. Mais il était trop tard pour partir à la cueillette. Je décidai donc de faire une promenade dans le village et dans les montagnes alentours. Il y avait de magnifiques oiseaux, des vols entiers de faisans gris bleu qui passaient au-dessus du village. Mais je n’ai pas réussi à les photographier, j’ai juste pu apprécier leur vol.
Les cueilleuses se sont levés pour déjeuner. Nous avons déjeuné tous ensemble et elles sont retournées se coucher. En effet, il n’y avait pas eu de cueillette le matin et donc pas de feuilles à façonner l’après-midi. Mon hôte m’a dit qu’il allait partir dans les champs de théiers pour vérifier la taille des bourgeons et voir quelle parcelle nous pourrons récolté le lendemain. Je lui ai demandé si je pouvais l’accompagner, il a été ravi.
Nous avons grimpé à flanc de montagnes, sur plusieurs parcelles. Nous avons croisé d’autres cueilleuses, qui étaient en pleine cueillette, et je me suis joint à elle pour un moment. Elles ont toutes fait l’effort de parler le Mandarin, tant bien que mal. Elles étaient ravis de pouvoir discuter avec moi et m’ont posé plein de questions. Elles étaient étonnés de me voir voyager seule. Elles m’ont trouvé courageuse. Elles m’ont demandé si j’avais des enfants, et ont été encore plus étonnés de savoir que oui. Elles me donnaient tout juste 25 ans. Elles m’ont demandé où sont les enfants, si mes parents les gardaient. Je leur ai répondu que non, que mes parents étaient en France et que c’est mon mari qui s’occupent d’eux. Elles m’ont demandé qui leur fait à manger et elles ne voulaient pas croire que c’est mon mari qui s’en charge. J’ai eu ces quelques mêmes questions de la part de quasiment tout le monde durant ces quelques jours…
Puis j’ai rejoint mon hôte qui était dans un champ en face. Il m’a expliqué que ce champ n’était pas encore prêt à être récolté, mais que certaines pousses avaient déja la bonne taille, donc nous devions les récolter en avance. Nous avons passé une bonne heure dans ce champs à cueillir les jeunes pousses.
J’arrivais très bien à communiquer en Mandarin avec mon hôte. Mais parfois, il me manquait simplement le vocabulaire, alors il prenait un bâton et m’écrivait le caractère au sol, en le recopiant sur Pleco je trouvais sa signification exacte. Mes hôtes ont vraiment été adorables et aux petits soins pour moi. Au passage, cette application est un indispensable si vous venez en Chine et le meilleur dictionnaire de Chinois que je connaisse.
Quand nous sommes redescendu de la montagne, je suis repartie en vadrouille dans le village. Nous n’avions pas assez de feuilles pour lancer le façonnage, mon hôte m’a donc précisé que nous les traiterions le lendemain seulement. J’ai rencontré des voisins, certains qui n’ont que peu osé communiquer avec moi – certainement un peu par timidité et un peu par peur de l’étranger -, mais certains qui ont vraiment pris plaisir à me parler, à me poser des questions et à m’expliquer leur métier et leur savoir-faire. C’est un vrai bonheur d’en apprendre autant de la bouche même de ceux qui font le thé que nous buvons chaque jour.
C’est ainsi que j’ai pris connaissance des différents grades de Tai Ping Hou Kui que l’on trouve sur le marché, de la partie manuelle et de la partie mécanisée utilisés pour chaque grade et donc la qualité et le prix de chaque grade. C’était vraiment très intéressant.
A 16h, mon hôtesse est venue me chercher pour me donner une banane et une mandarine pour le goûter. Les cueilleuses dormaient toujours pour la plupart. Une d’entre elles en a profité pour laver son linge à la main. Une autre s’est levée peu après pour se laver les cheveux avec une bassine au milieu de la cuisine.
Et puis, j’ai fini ma journée chez des voisins qui traitaient encore du Tai Ping Hou Kui à la main, à les observer, à écouter leur conversation. Je suis vraiment pleine de gratitude pour ces moments qu’ils m’ont tous offert.
Vers 18h-18h30, une camionnette vendant des fruits, des légumes, de la viande, des oeufs et du tofu arrive dans le village à grand renfort de musique et de « Machia » – comprendre « mai cai » dans leur patois, à savoir vente d’alimentation. C’est ce moment que la plupart des producteurs choisissent pour terminer cette deuxième partie de la journée. Les cueilleuses stoppent leurs travaux. Tout le monde se rassemble autour de la camionnette pour acheter de quoi préparer le dîner et le petit-déjeuner du lendemain. Ils passent commande de choses spécifiques qu’ils aimeraient le lendemain. Ce vendeur, c’est leur seul lien avec la ville une grande partie de la semaine. Il vient tous les jours de l’année depuis huit ans. Et un autre venait certainement auparavant. Certains jours, une autre camionnette vient le matin, vers 11h. Mais ce n’est pas aussi régulier que celle de 18h. Enfin, les enfants partis vivre à la ville pour vendre le thé fabriqué au village viennent le week-end et ramènent d’autres produits que ceux disponibles au quotidien.
Nous avons dîner tous ensemble, nous avons un peu discuté et nous sommes tous allés nous coucher. Il n’y avait plus de pluie annoncé le lendemain, le patron nous a donc dit que nous partirions dès 6h du matin à la cueillette. Ce soir-là, pour me laver sommairement avec mes bassines, j’ai découvert qu’ils avaient une sorte de buanderie où je suis allée me réfugier.
Le lendemain, j’avais mis mon réveil à 5h30, mais j’ai été réveillé dès 5h par le bruit des cueilleuses qui se préparaient. Je suis descendue assez rapidement pour prendre le petit-déjeuner. Mon hôtesse avait préparé du Zhou – une sorte de soupe de riz que les Chinois adorent manger au petit-déjeuner et que je trouve absolument insipide – avec des pickles au piment et un pain vapeur pour chacun.
Un peu avant 6h, j’ai contacté Papa Lou et les enfants pour leur souhaiter une bonne journée avant qu’ils ne partent pour le travail et pour l’école. Et puis nous sommes partis. Nous nous sommes divisé en deux groupes. Un premier groupe de quatre cueilleuses est parti avec l’ouvrier. Je suis partie avec le patron et quatre autres cueilleuses.
Les paysages étaient magnifiques en montagne. La brume matinale s’accrochait encore au sommet des arbres, les oiseaux commençaient tout juste à pépier. Au fur et à mesure que le soleil se faisait plus chaud, les insectes ont commencé à nous tourner autour. Surtout des papillons de toutes les couleurs et des sortes de bourdons. Le paysage autour de la parcelle que nous avons récolté était vraiment splendide. Je me suis sentie vraiment bien à cet endroit, à cueillir les feuilles de thé. J’étais juste là, ici et maintenant. Concentré sur mon geste et les bruits de la nature, les rires et les conversations lointaines des autres cueilleuses. J’ai passé trois magnifiques heures dans ce champs.
Au bout de deux heures environ, le patron est redescendu au village, nous laissant avec quelques consignes, pour aller allumer les feux et tout préparer pour notre retour. Nous avons terminé notre cueillette et nous sommes aussi redescendu. Sur la descente, à plusieurs endroits, les cueilleuses m’ont montré des pousses de bambous qu’elles ont récolté pour que je les ramène à Shanghai et les fasse goûter à ma famille. Je suis donc revenu les bras chargé de pousses de bambou! Ayi s’est d’ailleurs fait un plaisir de nous les préparer le jour de mon retour: une soupe de poulet au bambou et du poulet à la sauce brune, au bambou et au piment.
Une fois redescendu, nous nous sommes mis au façonnage des feuilles de thé que j’avais récolté la veille avec le patron. C’est un travail minutieux et fatiguant, mais qui n’est pas particulièrement pénible.
Vers 11h, le deuxième groupe de cueilleuses est arrivé. Elles se sont assises avec nous pour se mettre au façonnage des feuilles de thé. A midi, la patronne est venue nous chercher pour déjeuner. Elle avait tout préparé, et nous avons juste eu à nous servir un bol de riz chacun. Trente minutes plus tard, nous reprenions le façonnage. A 16h, nous avons reçu un petit goûter à manger tout en travaillant. A 18h, le vendeur ambulant est arrivé: la deuxième partie de la journée prenait fin. Ca marquait aussi la fin de mon séjour à la montagne.
La patronne a invité le vendeur à dîner avec nous, en échange de quoi, il a accepté de me redescendre à la ville jusqu’à la boutique de nos amis. Nous avons dîné et puis vers 19h, j’ai dit merci et au revoir à tout le monde. Je venais de passer trois jours absolument magique, merveilleux, hors du temps et tellement riche. Je suis profondément reconnaissante à ces gens de m’avoir ainsi accueilli à bras ouverts, plein de bienveillance et avide de partager leur vie avec moi, une étrangère. Ils m’ont appris la signification profonde du mot « hospitalité ».
Pour ma part, je suis donc redescendue à la ville pour une dernière nuit à l’hôtel, avant de reprendre le train le lendemain pour Shanghai et retrouver mes trois amours qui m’ont beaucoup manqué. Le vendeur ambulant m’a fait quelques confessions sur le chemin du retour. Il n’aime pas rouler de nuit dans ses montagnes, sur ses chemins dangereux, et je le comprends. Les cueilleuses et mes hôtes ont repris leur travail après le dîner. Ils ont certainement travaillé jusque tard dans la nuit pour terminer de façonner toutes les feuilles récoltés.
C’est une aventure que je garderai toute ma vie gravée dans mon coeur. Une belle aventure humaine!