Notre première soirée pyjama en famille 

Samedi soir dernier, Papa Lou était invité au mariage de sa secrétaire chinoise. Une première pour nous! Nous ne savions pas vraiment si il était le seul invité ou si nous pouvions nous joindre à lui. Et puis le lieu de mariage était assez distant de chez nous – une heure de taxi – et à un horaire pas franchement idéal en soirée avec les enfants – 17h16 (oui, oui ça porte bonheur en Chine!) -, alors on a décidé de le laisser partir seul, non pas sans lui avoir demandé un reportage photo évidemment!

Et avec les enfants, nous nous sommes organisé notre première soirée pyjama en famille!

Tout a commencé avec le choix du repas. Little Miss Sunshine voulait des pâtes. Nous en avions mangé la veille. Et puis finalement, j’ai opté pour la préparation de quelque chose que je n’avais encore jamais préparé jusque là: un plat de macaroni au fromage.  Pour l’apéro, le choix a été vite fait: des chips! Et pour le dessert, il y avait déja notre gâteau test en prévision de l’anniversaire de Little Miss Sunshine (vous avez pu le voir passer sur Instagram si vous nous suivez là-bas aussi!) et évidement, on s’est dit que c’était le jour de s’acheter un paquet de bonbons!

La soirée a donc débuté par notre passage au supermarché du bout de la rue pour acheter le nécessaire. En rentrant, j’ai proposé à Little Miss Sunshine de réaliser notre couronne de l’Avent. Je lui ai donné les quatre bougies, un plateau et des décorations de toute sorte. C’est elle qui a tout préparé.

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Pendant ce temps, avec Little Smiling Buddha, j’ai préparé les bacs sensoriel de Noël. L’an dernier, le bac de décoration de Noël avait eu un sacré succès, j’ai donc renouvelé l’idée cette année, mais je vous en parlerai dans un prochain article.

Ensuite, je les ai laissé découvrir leur nouveau bac de Noël, le temps pour moi de préparer le repas. Une fois le plat de macaronis au four, et toutes les décorations remises dans les bacs, nous avons pris l’apéro. Puis, nous avons dîné à la table du salon.

Et le plat de macaronis au fromage a été apprécié. Juste avant le dessert, nous avons décidé d’installer notre « campement » pour notre soirée pyjama. Tout le monde a mis son pyjama, nous avons rangé les derniers jouets qui trainaient et nous avons installé nos lits pour la nuit.

Nous avons pris les matelas des enfants et j’y ai ajouté un matelas supplémentaire. Nous avons ramené les couettes et les coussins. Même Little Smiling Buddha s’est fait un réel plaisir de nous aider. Et notre petit nid était particulièrement chaleureux! 

Enfin, pour terminer la soirée, nous avons mis un dessin animé. Little Miss Sunshine a choisi Mulan 2. Et nous avons passé une très belle soirée.

Papa Lou n’est pas rentré tard. Vers 22h, il était à la maison. Et il a été ravi de nous rejoindre dans le salon sous la couette! Nous avons donc passé la nuit dans le salon, tous les quatre… Ca nous a rappelé un passé pas si lointain où nous dormions encore chaque nuit tous ensemble!                 

Et le lendemain, tout le monde a fait une belle grasse matinée. C’est vers 8h45 que nous nous sommes réveillés. Un vrai plaisir!

Les enfants ont adoré se réveiller à côté de nous et jouer ensemble dès le réveil. Little Miss Sunshine m’a réclamé une nouvelle soirée pyjama et Papa Lou m’a dit que nous devrions faire ça plus souvent!

Alors on retient cette chouette idée!

Et vous, avez-vous déja organisé une soirée pyjama en famille? 

[Parentalité] Dormir avec ses enfants

Cododo. Ce mot comprend deux réalités proches et tout de même différentes. Deux définitions en quelque sorte. Le cododo ça peut aussi bien vouloir dire, dormir avec son bébé, dans le même lit. Mais aussi dormir avec son bébé, dans la même chambre.

Nous pratiquons le cododo avec Little Miss Sunshine et Little Smiling Buddha. Dans les deux sens du terme. Nous avons pratiquée le cododo avec Little Miss Sunshine et le pratiquons toujours. Nous avons pratiqué le cododo avec Little Smiling Buddha et le pratiquons toujours. Dans les deux sens du terme, pour les deux enfants.

A la naissance de Little Miss Sunshine, je n’avais aucune connaissance du cododo. Et puis la deuxième nuit à l’hôpital, pendant une tétée qui s’éternisait, alors que j’étais dans ma quatrième nuit sans fermer l’œil (les contractions, l’accouchement, un nouveau-né, tout ça…), je me suis légèrement assoupie avec bébé au sein. C’est ce moment qu’a choisi une infirmière (ou une sage-femme, ou une puéricultrice, je ne sais plus) pour faire irruption dans ma chambre (il devait être vers les 4h du matin, je ne comprend pas ce besoin de vérifier la tension et je ne sais quoi d’autres à cette heure! Mais c’est un autre sujet) et me hurler dessus qu’on ne dormait pas avec son bébé. Que c’est dangereux. Qu’est-ce que je cherchais? A l’étouffer? Il pouvait tomber du lit! Je pouvais l’écraser de tout mon poids! Est-ce que j’étais bien consciente du mal que je pouvais lui faire? Un bébé, ça dort dans son lit. Un point c’est tout. Et puis elle allait me fournir une plaquette pour m’expliquer! (Ça me rappelle qu’elle ne me l’a jamais donné sa plaquette et tant mieux) Entre temps, Little Miss Sunshine ne dormait plus. Et moi non plus d’ailleurs. Elle avait vraiment hurlé l’infirmière, je vous le disais. J’étais atteré. Je n’osais plus bouger. Je ne sais même plus si elle a pratiqué les examens qu’elle avait à faire. Je me vois encore figée, glacée par ses paroles. Morte de peur. Morte de culpabilité. Morte de honte.

Little Miss Sunshine a été, et est toujours, une très petite dormeuse. Oui. Ca existe les nouveaux-nés qui dorment 30mn par ci, 30mn par là, 1h ou 2h consécutive la nuit quand tout va bien… Le temps de lâcher prise pour moi. D’être sûre qu’elle dorme, pour qu’elle soit de nouveau réveillé… J’étais épuisée. Traumatisée par les paroles si violentes de cette infirmière en pleine nuit. De retour à la maison, la nuit, à chaque réveil de Little Miss Sunshine, chaque tétée, je me forçais à me lever. J’allais dans le salon. Je m’asseyais sur le canapé. J’allumais la télé pour être sûre de ne pas m’endormir pour fixer quelque chose, et ne pas m’endormir avec mon bébé au sein. Moi, la mauvaise mère qui avait failli écraser son bébé son deuxième jour de vie. Ses paroles résonnaient toujours en moi, nuit après nuit. Trois semaines. J’ai tenu trois semaines à ce rythme. Je n’étais plus que l’ombre de moi-même.

Une nuit, assise sur mon canapé, devant une énième émission hypnotisante, je me suis assoupie. Malgré tout mes efforts. Je me couvrais d’ailleurs un minimum -en plein hiver- pour être sûre d’avoir froid et de me tenir éveillée… Je me suis assoupie. Quelques secondes, quelques minutes, je n’en ai aucune idée. Et puis je me suis réveillée en sursaut. J’ai eu peur. Très peur. J’aurai pu lâcher mon bébé. Il aurait pu tomber du canapé. Je n’arrivais même pas à rester éveillé pour nourrir mon tout-petit! J’étais à bout! J’ai pleuré longuement.

Après une longue discussion avec Papa Lou, nous avons convenu qu’il était bien moins risqué d’allaiter Little Miss Sunshine couchée dans notre lit, avec son petit lit à barreaux contre le nôtre pour éviter qu’elle ne tombe et que si je m’assoupissait, ce ne serait que pour quelques minutes, et je la remettrais aussitôt dans son petit lit. Et que nous allions garder tout ça pour nous. Que ça ne regardait que nous. Et c’est ce que nous avons fait. Et de jours en jours, de semaines en semaines, de mois en mois, nous avons enfin pris confiance en nos capacités de parents. Nous avons compris qu’on n’écrase pas un enfant en dormant avec lui. Nous avons remarqué que nous étions tous les trois bien moins exténué, même les mauvaises nuits. Et Little Miss Sunshine passait une partie de la nuit dans son lit, et puis une autre partie dans le nôtre. Parfois plus dans l’un que dans l’autre. Parfois plusieurs fois dans l’un et plusieurs fois dans l’autre. Notre cohabitation a duré 16 mois. Jusqu’à ce qu’elle fasse ses nuits. Jusqu’à ce qu’elle n’ait plus besoin de moi la nuit par ce qu’elle ne se réveillait plus et s’endormait seule. Elle et son petit lit on alors intégré la pièce juste à côté de notre chambre, la porte toujours ouverte entre les deux pièces. Et nous n’avons jamais parlé à personne (ou si peu) de notre expérience de cododo. Ce n’est qu’à 2 ans et demi qu’elle a véritablement eu sa chambre. Elle y a dormi sans aucun soucis durant 5 mois. Elle s’y endormait. Ne se réveillait que rarement. Et venait rarement nous rejoindre avant le matin. Finalement, elle a eu 3 ans. Et puis elle a eu peur de la nuit. Et puis des monstres. Et puis des ombres. On a accompagné. On a expliqué. On a donné des astuces pour les combatte ces monstres. Pour se rassurer par elle-même. On a combattu avec elle. Rien n’y a fait. On s’est battu, un peu. On a perdu notre bienveillance, un peu. On a eu honte, beaucoup. On s’est excusé. On a négocié. Ca a duré une grosse semaine. Et puis on a lâché prise. On a installé un matelas d’appoint au sol dans notre chambre. On a tout de suite vu la différence. Les endormissement étaient plus doux et les réveils moins fréquents. On s’est de nouveau inquiété pour la naissance de Little Smiling Buddha. Comment allions-nous faire? Et puis elle est restée. Et tout c’est bien passé. Nous dormons tous les quatre. Elle a 4 ans (presque et demi) et elle dort toujours avec nous. Elle n’a plus peur de la nuit. Elle n’a plus peur des monstres (enfin, quand même un petit peu, parfois) mais elle n’est pas encore prête. Alors on lui fait confiance…

A la naissance de Little Smiling Buddha la question ne s’est même pas posé. Il allait dormir avec nous. J’allais le prendre dans le lit pour l’allaiter. Et puis il dormirait là où il dormirait. Dans son lit. Dans notre lit. Après tout, quelle importance? Il a dormi dans notre lit. Beaucoup. Il a dormi dans son petit lit, collé au nôtre. Un peu. Et puis il a fait ses nuits. Et puis il ne les a plus fait. Mais qu’importe. Il a gigoté beaucoup. Et puis je me suis rendue compte que je le gênais à dormir avec lui. Alors j’ai essayé de le remettre plus régulièrement dans son petit lit. Et puis il s’est cogné la tête dans les barreaux. Et puis on s’est dit qu’il serait temps de trouver une autre solution. Il avait 8 mois. On a installé un deuxième matelas au sol. A côté de celui de Little Miss Sunshine. Et la transition a été douce. Little Miss Sunshine et Little Smiling Buddha se cherchent instinctives  la nuit. Ils vont l’un vers l’autre dans leur sommeil. Et c’est beau à voir. Et émouvant.

Finalement, l’Homme n’est pas fait pour dormir seul. A l’époque des hommes de cro-magnons et compagnie, la nuit était pleine de dangers, on se regroupait. Aujourd’hui encore, je n’aime pas dormir seule quand Papa Lou est absent. Et c’est pareil pour lui. Je me vois mal imposer à mes enfants de dormir seul. C’est d’ailleurs une phrase de Little Miss Sunshine qui m’avait fait me remettre en question: « Mais pourquoi Papa et toi vous dormez ensemble et moi je suis TOUTE SEULE? » C’est elle qui m’a ouvert les yeux.

Aujourd’hui j’aime me réveiller la nuit et en un seul coup d’oeil savoir que toute la famille dort bien, est apaisée. J’aime entendre leurs respirations calmes et reposantes. J’aime cet esprit de « meute » que ce cododo implique.

Alors bien sûr ce n’est pas rose tous les jours. Il y a des jours où je donnerai tout pour que Little Miss Sunshine réintègre sa chambre. Il y a des jours où Papa Lou perd patience et insiste pour qu’elle regagne sa chambre. Il y a des jours où j’ai vraiment l’impression de faire du camping en continu. Il y a ses nuits où après un énième réveil, je grogne que j’aimerai dormir alors même que tout le monde dort autour de moi ou presque… Mais finalement, il y a toujours ces moments qui nous crient qu’on a fait le bon choix. Ces moments d’harmonie, le matin au réveil quand on voit leur sourire et qu’on se sent relativement reposé malgré plusieurs réveils nocturnes. Papa Lou et moi, et même Little Miss Sunshine, savons que ces moments sont précieux. Et qu’ils sont provisoires, à plus ou moins longues échelles. Je ne sais pas combien de temps nous allons encore dormir à quatre. 2 mois? 6 mois? 1 an? Plus? Moins? Seul l’avenir nous le dira. Mais j’ai confiance en mes enfants, quand ils seront prêt, ils sauront nous le dire. Et en attendant, je savoure les instants de bonheur familial que cela nous procure…

[Education bienveillante] Le temps des monstres et l’angoisse de séparation

Depuis une dizaine de jours, alors que nous étions encore en Alsace, Little Miss Sunshine s’est mise à refuser de dormir dans son lit. Impossible de la coucher vers 21h comme nous en avions l’habitude. Soit elle finissait par s’endormir sur le canapé et nous la couchions dans son lit ainsi endormie, soit elle finissait par dormir dans notre lit après une « bataille » aussi fatigante qu’inefficace à 23h.

Je n’ai pas eu les ressources nécessaires pour trouver une solution bienveillante entre la fatigue et la famille où chacun y va de son commentaire et de son conseil, impossible de réfléchir clairement et de prendre du recul sur la situation. J’avais le faible espoir que la situation s’arrangerait d’elle-même avec notre retour à Shanghai, ce qui a par le passé déja été le cas. Mais au fond de moi, je savais qu’on était passé dans une autre phase, que Little Miss Sunshine grandit et que de nouveaux défis se présentent à nous.

De retour à Shanghai, le problème ne s’est pas arrangé tout seul. Il a bien fallu que je me penche sérieusement sur la question. En prenant un minimum de recul sur la situation, j’ai bien compris que Little Miss Sunshine a vécu beaucoup de fortes émotions ces derniers temps. Sa première rentrée scolaire mi-octobre, prendre le bus seule depuis début décembre, le stress de voir régulièrement partir Papa Lou en déplacement, l’annonce de l’arrivée d’un petit frère, le retour en Alsace pour les fêtes de fin d’année, le changement de chambre et de lit réguliers en Alsace. Sans compter la difficulté de récupérer suite au décalage horaire…

Premièrement, j’ai essayé et réussi à nouer le dialogue avec Little Miss Sunshine. Elle m’a parlé d’un monstre qu’elle a vu dans sa chambre chez Papapa et Mamama – et dont elle m’avait parlé au moment même de l’événement. Un événement qui l’a plus marqué que ce que j’avais pensé au départ, même si j’avais tout de suite pris le problème au sérieux. Je n’ai malheureusement pas réussi à savoir s’il s’agissait d’un cauchemar ou de la peur d’une ombre dans la chambre. De manière plus générale, j’ai également essayé de la faire parler des moments importants qu’elle a passé ces derniers temps. Elle m’a parlé de ses grands-parents qui sont loin, de son futur petit frère, de Paris qui lui manque, …

Ensuite, nous avons choisi de lui proposer une petite lumière dans sa chambre, une veilleuse. Nous sommes allés ensemble acheter une petite veilleuse que Little Miss Sunshine a choisi elle-même. En parallèle, nous avons choisi une nouvelle tétine lumineuse pour la nuit et nous avons ressorti un petit éléphant lumineux que j’avais déja quand j’étais petite. Comme elle m’a parlé de la peur du noir, je pensais pouvoir la soulager un peu de cette manière.

Puis, nous avons décidé de dédramatiser la situation en créant une « chasse aux monstres ». Nous avons commencé par lui ré-expliqué que les monstres n’existent que dans les dessins animés et les histoires, que le monstre qu’elle avait cru voir n’était que le fruit de son imagination. Nous avons donc organisé une chasse aux monstres qui devait à l’origine se limiter à la chambre de Little Miss Sunshine, mais qui c’est finalement étendu à tout l’appartement à la demande de cette dernière. Je lui demandais simplement « Où te cacherais-tu si tu étais un monstre? » Et elle me nommait un endroit avant de courir vérifier qu’aucun monstre ne s’y trouvait. De temps à autre, j’ajoutais « Alors moi, si j’étais un monstre, je me cacherai ici ou là » et nous partions vérifier toutes les deux. Ce jeu a duré une bonne vingtaine de minutes, dans la joie et la bonne humeur. A la fin, nous avons conclu qu’il n’y avait effectivement pas de monstres dans la maison.

J’ai également ressorti les deux livres qui m’inspirent et m’aident le plus Au coeur des émotions de l’enfant et J’ai tout essayé d’Isabelle Filliozat. J’ai relu les parties traitant des peurs en général et de la peur des monstres en particulier. Ca m’a permis de relativiser, de me rappeler que tous les parents ou presque sont confrontés à cette peur des monstres.

Enfin, nous avons essayé de remettre en place un rituel du coucher qui avait été mis à mal depuis le début de ma grossesse et la fatigue intense que j’éprouvais tous les soirs. Notre rituel commence avec le repas du soir. Suit un premier moment calme durant lequel nous regardons un dessin animé court ou nous faisons un jeu. Puis nous mettons une couche, un pyjama et Little Miss Sunshine prend son lait sur le canapé. Enfin, nous prenons le chemin de sa chambre pour un second moment calme, elle choisit une ou deux histoires à lire, nous nous installons tous dans son lit et nous lisons les histoires. Après un dernier câlin et un dernier bisou, nous quittons la chambre et éteignons la lumière. Ce rituel a vraiment bien fonctionné jusqu’au mois d’octobre. Depuis, c’est Papa Lou qui a pris le relais seul – m’ôtant de fait du rituel parce que je dormais déja la plupart du temps – ou alors elle allait carrément se coucher seule parce que je dormais déja…Une petite fille très raisonnable en somme. Nous tentons donc de remettre ce rituel en place en y ajoutant l’allumage de la veilleuse et un dernier moment calme ou je me couche avec elle quelques minutes, le temps pour elle de se rassurer et de commencer à s’endormir, avant de quitter la pièce sur la pointe des pieds.

Little Miss Sunshine connait très bien nos limites en ce qui concerne le co-dodo. Chacun son lit, mais si elle a besoin de nous, si elle a un souci, elle sait qu’elle peut venir nous rejoindre à n’importe quel moment la nuit. Le souci est juste qu’elle est en pleine phase d’angoisse de séparation. Le bébé à venir, l’absence régulière de Papa Lou, le fait que nous nous soyons un peu effacé au profit des grands-parents durant ses quinze jours, on fait naître cette angoisse. En parallèle, Little Miss Sunshine est également en pleine recherche de nos limites.

Le premier soir a été difficile. Le début du rituel s’est très bien passé. Nous avons expliqué et ré-expliqué plusieurs fois au courant de la journée le déroulement de notre soirée et le rituel du coucher. Elle a approuvé à plusieurs reprises de dormir dans son lit suite à la chasse aux monstres et à l’allumage d’une veilleuse ce qui était déja une grande avancée en soi. Là où ça s’est compliqué, c’est au moment de mettre le pyjama et de prendre le lait. Refus catégorique. Elle nous a clairement dit que c’est parce qu’elle ne voulait pas se coucher seule dans son lit. Nous avons longuement négocié, nous l’avons laissé choisir le moment, elle a même fini par accepter de mettre son pyjama, prendre son lait et a choisi deux histoires. Mais il a été impossible de la faire entrer dans sa chambre. Les négociations, l’attente, rien n’y a fait. Finalement, Papa Lou l’a porté jusque dans son lit et c’est là que le bras de fer a commencé. Pleurs, cris, coups, hurlement, colère, elle nous a tout fait. Je n’ai pas réussi à gérer ses émotions. J’ai dû sortir de la pièce. Papa Lou a très bien réagi. Il s’est assis devant la porte fermée, dans la chambre avec elle et l’a laissé crier, hurler et tenter de le déloger en lui répétant qu’il l’aimait jusqu’à ce qu’elle finisse par se calmer. Ca a pris une bonne quinzaine de minutes. Elle a fini par se calmer. Elle m’a alors réclamé. Je lui ai demandé de se mettre au lit et lui ai promis de lui lire ses deux histoires dès qu’elle y serait. Et ça a marché! Nous avons lu les deux histoires, fait beaucoup de câlins, elle a accepté que l’on éteigne la lumière et que je reste quelques minutes à côté d’elle. Elle s’est endormie en un temps record. J’ai quitté la chambre sur la pointe des pieds… Rien n’était gagné, mais c’est un début. Elle est finalement venu nous rejoindre en pleurs dans notre lit 2h plus tard.

Le jour suivant, nous n’avons jamais réussi à la mettre dans son lit. Encore une fois, au moment de lire l’histoire tout s’est compliqué. Cris, hurlements, coups… Impossible de la faire entrer dans sa chambre. Je me suis finalement enfermée dans sa chambre avec elle, assise devant la porte pour la bloquer et j’ai essayé de lui parler. Elle semblait terrorisée. Elle a réellement peur du noir et des monstres. Elle a fini par s’apaiser dans mes bras, mais j’ai réussi à lui faire dire pas mal de choses. La veilleuse ne lui suffit pas. Elle m’a réclamé une lampe de poche – découverte chez GrandPapa – en me promettant de dormir dans son lit le jour où elle en aurait une. Je ne pense pas que ce sera une solution miracle, mais comme c’est elle qui l’apporte, je l’ai acheté dès le lendemain. Malheureusement, elle a encore passé la nuit dans notre lit…

Le troisième jour, elle a repris l’école. Elle est donc rentrée bien fatigué de sa journée. Je lui a tout de suite montré sa nouvelle lampe de poche qu’elle s’est empressée d’essayer. Nous avons joué toutes les deux. J’ai essayé de mettre en scène une situation équivalente à la nôtre chaque soir alors qu’elle jouait à Papa et Maman avec ses peluches. Je lui ai demandé où dort son bébé, si il reste tout le temps avec elle et le Papa dans le lit, comment ils font quand ils ont envie d’être juste tous les deux, si son bébé accepte de dormir dans son lit… Elle a très bien répondu à chacune des questions. Pour la dernière, elle m’a dit que le bébé avait un peu peur du noir, qu’il venait souvent les rejoindre et que c’est le Papa qui lui explique qu’il faut dormir dans son lit car elle est trop fatiguée… Mais encore une fois, après son lait, il a été impossible de la mettre dans son lit. En désespoir de cause, j’ai tenté une nouvelle alternative. Une alternative qui nous permet d’être seul Papa Lou et moi dans notre lit, mais pas dans notre chambre. Nous avons installé un lit de fortune avec des matelas à même le sol à Little Miss Sunshine. Elle a été ravie. Mais au moment d’éteindre la lumière vers 21h30, elle ne voulait toujours pas rester seule dans la chambre. Même avec la lampe de chevet allumée, la porte ouverte et sa lampe de poche. Elle a veillé jusqu’à 23h. Mais a fini par rester dans la chambre après une dizaine d’aller-retour vers le salon. Inutile de vous dire la difficulté du réveil le lendemain à 7h…

Je dois bien avouer que je suis un peu désemparée face à cette situation. Je crois que j’ai essayé tout ce que je pouvais et que rien n’y fait. J’ai fini par croire qu’il faut que nous lâchions prise et que nous la laissions dormir avec nous quelques temps. Le temps qu’elle se rassure, qu’elle se sente à nouveau en sécurité. Mais j’ai peur que ça n’empire que les choses, qu’elle ne veuille plus du tout aller dans son lit et que le bébé arrive. J’ai peur aussi de ne pas lui rendre service en ne l’aidant pas à vaincre sa peur, en la surprotégeant. Et puis c’est clairement un besoin pour Papa Lou et moi de nous retrouver à deux dans notre lit, pour avoir un minimum d’intimité avant l’arrivée du nouveau bébé.

Si vous êtes passé par là, si vous avez des conseils, des idées, je suis preneuse…

Notre allaitement

Tout a commencé le dernier jour de l’an 2011. En fin de matinée, on me mettait Little Miss Sunshine au sein pour la première fois.

Ma décision était mûrement réfléchie, mais pas inébranlable. Nous avions fait le choix, Papa Lou et moi d’allaiter Little Miss Sunshine. Dans la mesure où ça marcherait. Je savais que la mise en place d’un allaitement pouvait ne pas être idillyque. Je ne voulais pas me forcer si ça ne me convenait pas.

Cette première tétée a été laborieuse. Très fatiguée par sa naissance, Little Miss Sunshine s’endormait instantanément et n’arrivait pas à garder la bouche ouverte pour téter. La sage-femme m’a rassurée.

Les tétées suivantes ont été toutes aussi épuisantes pour elle et pour moi. Elle n’arrivait pas à garder le sein en bouche. Elle s’endormait tout le temps. La première nuit a été particulièrement difficile. Little Miss Sunshine a passé sa nuit à hurler de faim et moi, impuissante, à appeler les infirmières pour me la mettre au sein. Peine perdue. Vers 4h du matin, une aide-soignante m’a dit d’essayer les bouts de sein, que ça pourrait m’aider dans un premier temps. Je n’y aurais jamais pensé. J’ai envoyé un message à Papa Lou pour qu’il m’en trouve avant de venir nous rejoindre à l’hôpital. A 7h, on m’apportait des biberons de compléments pour Little Miss Sunshine. C’est quand j’ai vu ses biberons sur la table de nuit à côté de moi que j’ai eu le déclic. J’ai été instantanément convaincu qu’il fallait que j’allaite. Il fallait qu’on y arrive toutes les deux et on allait se battre.

Vers 8h, Papa Lou est venu me rejoindre avec des bouts de sein en silicone. On a essayé et ça a tout de suite fonctionné. Little Miss Sunshine s’endormait toujours, mais elle arrivait enfin à garder mon sein en bouche plus d’une minute et à téter. Cette aide-soignante, sans le savoir, a sauvé mon allaitement. Je n’ai pas pu l’en remercier. La fatigue et le stress m’ont totalement fait oublier son visage. Mais je ne l’oublierai pas.

Little Miss Sunshine était un tout petit bébé. On ne m’a pas lâché avec l’allaitement à l’hôpital. Je devais noter les heures, les durées. Alors j’ai menti. J’ai rempli des lignes factices. J’ai répondu ce qu’on voulait entendre. J’ai décidé de nous faire confiance. Et tout c’est bien passé. Little miss Sunshine a repris son poids de naissance et à continuer à grandir à son rythme.

De mon séjour à l’hôpital, je n’en garde pas un très bon souvenir. Je me sentais seule, nulle et complètement déboussolée. Je n’avais qu’une hâte: sortir avec Little Miss Sunshine et retrouver notre chez-nous et Papa Lou. Je suis sortie au bout de trois jours qui m’ont semblé interminable.

Avec les bouts de sein, notre allaitement a été lancé. Une fois passée le questionnement du « quand faut-il que j’arrête les bouts de sein? » – encore une fois j’ai décidé de nous faire confiance -, tout s’est mieux passé. Ce n’est qu’au bout de deux mois que nous les avons arrêté. Quand Little Miss Sunshine a été prête.

Les trois premiers mois, je n’ai pas réussi à réellement apprécier ces moments. J’aimais l’avoir au sein et j’éprouvais une immense fierté de la nourrir moi-même mais la fatigue m’empêchait d’apprécier ces moments.

Le quatrième mois a été difficile. Elle se braquait et hurlait dès qu’elle était quelques minutes au sein. Je devais m’y reprendre à plusieurs fois. Les tétées s’éternisaient. Se rapprochaient dans le temps. Désespérée j’ai pris rendez-vous chez un pédiatre qui n’a rien trouvé de plus intelligent que de me dire que je devais passer au biberon, que mon bébé n’était pas assez gros pour son âge, que j’étais une mauvaise mère à m’obstiner. Je lui ai tenu tête, fièrement, je n’y ai plus jamais remis les pieds. Mais je suis rentré chez moi en pleurs et pleine de doutes. J’ai pris rendez-vous à la PMI le lendemain. Ils ont su me rassurer. Me dire de continuer d’allaiter. De ne pas me décourager. Little Miss Sunshine avait 4 mois et 2 semaines. Elles m’ont conseillé de tenter la diversification pour me rassurer. Little miss Sunshine était prête. Elle m’a épatée. On m’avait dit de commencer par une ou deux cuillères de purée de carottes. Elle en a mangé six pour son premier repas. Et m’en demandais plus. Je n’ai pas osé lui en donne plus. Mais la diversification était lancée. Jusqu’à ses un an j’ai toujours privilégié l’allaitement, en lui proposant le sein au début du repas.

Quand j’ai repris le travail, Little Miss Sunshine avait presque dix mois. L’allaitement était bien en place, j’ai décidé de ne pas tirer mon lait. Nous avons choisi Papa Lou et moi de passer à deux tétées par jour, matin et soir, sans compter celles de la nuit (une à deux jusqu’à ses un an). Nous avons remplacé les tétées par un laitage le midi et au goûter chez la nounou. Et le weekend c’était tétées à volonté.

Malheureusement, la fatigue du travail et des nuits entrecoupées m’ont épuisées. J’ai senti au tournant de ses un an que j’avais de moins en moins de lait. Je n’étais plus sûre que Little Miss Sunshine ait assez. D’un commun accord, nous avons décidé d’introduire un biberon de lait frais entier de vache, le soir après la tétée quand je sentais que c’était nécessaire. La tétée du matin restait suffisante. Nous avons poursuivi sur ce chemin plusieurs mois.

Quatre mois plus tard, lors de notre voyage au Japon, nous avons même eu un regain de tétées. La première nuit que nous avons dormi tous les trois dans le même lit, Little miss Sunshine en a profité. Elle n’a pas quitté mon sein. Et deux semaines plus tard, après une belle démonstration d’indépendance dans un restaurant où elle nous a fait un bisou à chacun avant de nous dire « Bye bye! » et de se diriger droit vers la porte, elle m’a fait comprendre qu’elle ne voulait plus le sein. Le lendemain s’était pareil. Je n’ai cessé de lui proposer durant des mois. Aujourd’hui encore, je lui en parle, lui propose, mais il faut que je me fasse une raison, elle a décidé que c’était fini. Notre allaitement s’est donc terminé au Japon après 15 mois d’allaitement.

Si j’en parle si tardivement, c’est que j’ai eu beaucoup de mal à accepté cette fin qui m’a semblé prématuré. J’ai toujours eu espoir qu’elle y revienne un jour. Neuf mois plus tard, il faut que je me fasse une raison…

C’est entre six et quinze mois que je me suis vraiment régalée avec l’allaitement. C’était du bonheur à toutes les tétées. C’était ma bouffée d’air frais, notre moment pour nous reconnecter après le travail, le moyen assuré de me vider la tête. L’aspect pratique a été un des points forts: le lait est toujours à température, rien à transporter, pas besoin de se réveiller la nuit, on attrape bébé et on le met au sein. Si j’avais du préparer un biberon à chaque fois que je l’ai mise au sein la nuit, je crois que je serai morte de fatigue. Le co-dodo nous a sauvé!

J’ai eu la chance de ne pas souffrir de crevasses comme d’autres mamans allaitantes. Je me demande si c’est le fait d’avoir utilisé des bouts de seins qui m’ont permis d’y échapper ou si ça n’a aucun rapport. Mais notre allaitement n’a de loin pas été idyllique. J’en garde pourtant de magnifiques souvenirs. L’allaitement m’a appris à faire confiance à mon bébé!

Pour le prochain c’est sûr, je l’allaiterais. Et je nous ferai confiance!