[Education bienveillante] Se découvrir grande soeur

Je n’ai jamais eu d’attente particulière en ce qui concerne la relation entre Little Miss Sunshine et Little Smiling Buddha. Je suis l’aînée et j’ai un petit frère de quatre ans plus jeune. Nous avons toujours eu une bonne relation tous les deux et nous n’avons pas eu trop à souffrir de cette relation (peut être mon jeune frère a-t-il eu à souffrir un peu plus de comparaisons). Mais j’ai eu le cas autour de moi de fratrie qui se déchirait ou de soeurs qui se détestaient. Je ne pensais pas qu’une petite fille de 3 ans et demi et un nourrisson pouvait nouer des liens, surtout pas aussi fort. Que peut-il y avoir de réellement intéressant pour une enfant de même pas 4 ans à un nourrisson qui ne fait que dormir, manger ou pleurer. Il est pourtant évident que je souhaite que mes enfants aient une belle relation.

Première rencontre. On m’avait dit que mon aînée allait me paraître tellement grande face à mon nouveau-né. Mais je ne l’ai pas vu différente de d’habitude quand elle est arrivée. Elle était émue, elle avait besoin de moi après deux jours sans sa maman. Elle avait besoin de savoir que j’étais toujours là, que rien n’avait changé dans notre relation. Je l’ai sentie vulnérable, apeurée, pleine de questions face à son nouveau statut. Et moi aussi j’avais besoin d’être rassuré. Alors nous avons commencé par de longs câlins, avant de lui présenter son frère sereinement quelques dizaine de minutes plus tard.

Répondre à ses besoins le plus rapidement possible, malgré la présence de son frère a été une priorité pour moi les premières semaines. Je voulais qu’elle sache que rien ne changeait, que j’étais toujours là pour elle. Cela n’a rien de facile ou d’évident avec un nouveau-né, mais j’ai réussi a toujours trouvé une solution, une alternative, lorsque j’étais trop occupé pour faire ce qu’elle me demandait. Je continue à prendre du temps avec elle, régulièrement. Nous nous octroyons régulièrement des moments juste toutes les deux, ou nous parlons de nous, de nos attentes l’une envers l’autre, sans jamais mentionner son frère. Ses moments sont nos moments à toutes les deux, nous ne faisons intervenir personne d’autres.

Malgré cela, dans les deux-trois semaines qui ont suivi notre retour à la maison, j’avais du mal à être positive avec Little Miss Sunshine. Je passais une grande partie de la journée à lui dire « attention! » ou « doucement! » ou tout simplement « non! ». Je n’arrivais plus être bienveillante quand elle s’approchait de son frère. Je ne pouvais m’empêcher d’intervenir au point de la frustrer. Je le savais, je le sentais, mais je n’ai pas réussi faire autrement. Et puis j’ai lu quelque part qu’il s’agissait d’une réaction tout à fait naturelle, qu’à la naissance d’un second bébé, on se focalise sur ce nouveau bébé et on chasse instinctivement le premier né. C’est le plus souvent la norme dans le règne animal. Le tout est d’en prendre conscience. Et dès que j’en ai pris conscience, j’ai su lâcher prise.

Inspirée par ma lecture de Frères et soeurs sans rivalité juste avant mon accouchement, j’ai décidé de leur faire confiance. C’est à eux deux, frère et soeur, de construire leur relation. Je n’ai pas à m’en mêler si je ne veux pas créer de déséquilibre dans leur relation. J’ai décidé de prendre Little Miss Sunshine à part, de lui expliquer qu’elle devait prêter attention à son frère, qu’il était particulièrement fragile et vulnérable, qu’il avait besoin d’attention, de douceur et d’amour, que je savais qu’elle saurait bien s’en occuper et que je lui faisais confiance. Et depuis, je n’interviens plus qu’en cas de réel danger.

Je ne dis plus rien. Et ils ont déja tissé une magnifique relation. Il faut voir le regard de Little Smiling Buddha quand il voit entrer sa soeur dans son champs de vision. « Maman, regarde, il a des étoiles dans les yeux! » comme elle me dit. Et je suis fière de voir l’empathie et la bienveillance dans les gestes et les paroles de Little Miss Sunshine.

Bien sûr, parfois elle ne veut plus de son frère, comme elle le dit. Je lui réponds simplement que je conçois tout à fait que ce soit difficile pour elle, qu’elle a le droit de ne pas l’aimer à ce moment précis, que ce n’est pas tous les jours faciles dans une fratrie. Je l’écoute et la rassure sur mes propres sentiments à son égard. Elle repart jouer et quelques minutes plus tard revient rassurée. Je veux qu’elle sache qu’elle a le droit de s’exprimer, qu’elle a le droit de ressentir ce qu’elle ressent, que je suis là pour l’accompagner. Parfois, nous avons besoin de remettre les choses à plat. Parfois, elle se sent un peu frustré et c’est bien normal, alors nous essayons de trouver des solutions toutes les deux. Et pour le moment, ça fonctionne très bien.

En parallèle, je la laisse participer au maximum aux soins que je prodigue à son frère. Elle m’aide à changer les couches – elle a d’ailleurs un tabouret à côté de la table à langer pour être au bon niveau pour m’aider -, à l’habiller, à choisir ses vêtements, à essuyer sa bouche lorsqu’un peu de lait ressort,… Elle a pris goût à ces soins et m’aide avec plaisir. En même temps, cela la responsabilise quelque peu.

Little Smiling Buddha a eu quatre mois. Et on ne cesse de me demander si Little Miss Sunshine est jalouse. Comme si c’était un passage obligé et en même temps inadmissible. Pour moi, Little Miss Sunshine n’est pas jalouse. Elle a simplement le comportement d’un enfant qui voit sa vie bouleversée, et encore grâce à notre écoute et à notre patience, elle gère vraiment très bien ce passage. Alors je réponds simplement que non, elle n’est pas jalouse.

Je suis vraiment fière de la manière dont cette nouvelle relation s’est mise en place. Je suis fière de Little Smiling Buddha et de Little Miss Sunshine. Je suis fière de la manière dont nous avons su accueillir ses émotions et ses craintes. Et tout cela me conforte vraiment dans notre manière de faire grandir nos enfants. La bienveillance porte ses fruits! Et nos enfants ont pour le moment chacun trouvé leur place dans notre nouvelle vie à quatre…

Et chez vous, comment s’est passé l’arrivée du petit frère ou de la petite soeur? 

[Comptine] Quand je suis énervé

Il y a quelques mois, j’ai découvert cette comptine sur un blog que j’apprécie énormément Ensemble Naturellement. Apprendre la communication non-violente aux enfants à l’école dès le plus jeune âge pour les aider à gérer leur colère et à sortir des situations de conflits avec leurs camarades, je trouve ça vraiment très intéressant.

Little Miss Sunshine est encore un peu petite, mais elle était à côté de moi le jour où j’ai écouté la comptine pour la première fois et elle a voulu la ré-écouter plusieurs fois de suite. Alors j’en ai profité, je lui ai expliqué un peu les grands principes de la communication non-violente au travers de la comptine. Et elle a retenu plus de choses que je ne l’imaginais.

Ce matin, au réveil, elle m’a réclamé la « comptine où je suis énervé ». Après quelques secondes de réflexion, je me suis souvenue de la comptine de l’Université de la paix. Et ce matin, à la place de chanter notre traditionnel « Il en faut peu pour être heureux », nous avons donc récité cette comptine. Vous trouverez les paroles en téléchargement libre sur le blog Ensemble Naturellement. La gestuelle de la comptine permet finalement d’intéresser des enfants même assez jeunes comme Little Miss Sunshine.

https://youtu.be/EMrI96-jSpA

C’est une énorme richesse que d’apprendre à exprimer sainement sa colère, sans la réprimer en étant enfant. En tant qu’adulte, je dois bien dire que j’ai encore beaucoup de travail à ce niveau. Je n’ai jamais appris à parler de mes ressentis, de mes sentiments, de ne pas m’en prendre à celui qui est en face de moi. Je suis loin d’être colérique ou de me mettre facilement en colère, mais c’est quelque chose que j’aimerai vraiment réussir à améliorer. Alors j’ai bien l’intention de le travailler en même temps que Little Miss Sunshine. Nous apprendrons ensemble, et quoi de plus enrichissant pour toutes les deux? 

Comme Ensemble Naturellement, j’espère avoir le réflexe de l’utiliser pour désamorcer la prochaine colère, la mienne ou celle de Little Miss Sunshine. Et ce matin, en partant à l’école, Little Miss Sunshine m’a dit vouloir raconter et expliquer la comptine à ses copines. Je serai curieuse de savoir si elle va faire des émules… Mais quoi qu’il en soit, je suis fière d’elle 😉

Et vous, qu’est-ce que vous en pensez? 

[Parentalité] Y’a-t-il un écart d’âge idéal entre deux enfants?

Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu avoir une grande famille. Pas énorme, mais grande quand même. J’ai toujours rêvé d’avoir trois ou quatre enfants autour de moi. Dans ma famille, nous sommes deux enfants. Moi et mon frère de quatre ans plus jeune. Papa Lou quant à lui est enfant unique. Et il était hors de question pour lui de reproduire ce schéma. Nous en avions déja parlé avant d’avoir des enfants, pour nous il était important qu’ils aient des âges proches – c’est-à-dire 1 à 2 ans d’écart maximum – pour une question de complicité essentiellement.

Lorsque Little Miss Sunshine est née, elle n’avait pas trois mois, j’étais à peine remise psychologiquement de mon accouchement que nous parlions déja du deuxième. Et pourtant, elle n’a pas fait une seule nuit complète avant ses 1 an. La fatigue, les questionnement multiples face à ce premier enfant ne nous ont pas découragés. Et pourtant, nous attendions notre prochain départ en expatriation et nous savions que raisonnablement il fallait attendre ce départ pour prévoir vraiment ce deuxième bébé.

Et puis le temps a passé. Little Miss Sunshine a eu un an. Puis deux. Nos plans étaient bousculés. J’ai eu une période où je me suis sentie vraiment mal en comprenant que nos enfants auraient plus d’écart que ce que nous avions pensé. Je voyais nos rêves s’envoler. J’ai mis du temps à m’y faire. Mais en parallèle, je profitais de nouveau à fond de Little Miss Sunshine, puisque j’étais enfin Maman au Foyer.

Aujourd’hui, avec le recul, je pense que Little Miss Sunshine à l’âge idéal pour avoir un petit frère. Elle a l’âge de comprendre ce qui se passe, de profiter de ma grossesse avec moi, de parler de notre future vie à quatre avec Papa Lou et moi, de poser des questions. Je commence à avoir beaucoup de mal à la porter – 15kg et un joli ventre rond n’aident pas. Je me dis que je l’ai porté autant que j’ai pu. Il y a trois mois encore, je la portais des heures si nécessaire dans son Boba. Et je suis tellement heureuse d’avoir pu la porter autant qu’elle le souhaitait, autant qu’elle en a eu besoin, jusqu’à ce qu’elle soit en âge de marcher totalement seule. Et depuis ma grossesse, nous avons un nouveau rituel quand nous nous promenons. Elle sait que si elle est fatiguée, si elle a besoin d’un câlin, on cherche un banc, ou une pierre, ou un tronc d’arbre, ou tout se qui nous permet de nous assoir toutes les deux et de faire un câlin. Elle n’a plus jamais demandé à être porté. Sauf par Papa Lou. Je suis heureuse de n’avoir eu qu’elle pour lui offrir tout ce dont elle avait besoin: portage, câlin, nuits sans sommeil, écoute, jeux, … et de ne pas avoir eu d’autre bébé à m’occuper.

Maintenant qu’elle est plus autonome, qu’elle part tous les matins à l’école avec son sac en bandoulière, je pourrais donner, sans me poser de questions, tout ce dont notre futur petit garçon aura besoin pour grandir sereinement

Finalement, l’écart d’âge idéal entre deux enfants, c’est un peu celui qui nous convient, celui qui fait que nous sommes en accord et en paix avec nous même.

Et pour vous, quel est l’écart d’âge idéal entre deux enfants?  

[Education bienveillante] Accueillir les émotions et gérer les pleurs

Très récemment, j’ai à nouveau pu mettre en oeuvre quelque chose que j’arrive plutôt bien à gérer depuis quelques temps, l’accueil des émotions et la gestion des pleurs de Little Miss Sunshine. Voir un enfant pleurer à chaudes larmes, surtout son enfant, c’est quelque chose qui m’était encore très difficile il n’y a pas si longtemps. Je n’avais qu’une hâte, que les pleurs cessent, que la joie de vivre apparaisse à nouveau sur son visage. A force de travail sur moi, depuis quelques mois, j’arrive à ne pas me sentir remise en question et trop directement touchée par ses pleurs. Je n’ai jamais nié ou amoindrit ses émotions, et je me suis toujours battu contre mon irrépressible envie de dire « Chut, mon ange! » ou « Ne pleure pas/Ne pleure plus, Maman est là!! », mais je lui ai certainement fait ressentir, malgré mes tentatives d’accueil de ses émotions que j’étais trop touchée par ses pleurs.

Un vendredi soir du mois de janvier, à l’heure de récupérer Little Miss Sunshine au bus, l’Ayi me tend un sac d’école qui n’est pas le sien. Je le remarque tout de suite – tous les enfants de l’école ont le même sac, mais j’ai mis le nom de Little Miss Sunshine à un endroit que je repère facilement – et là, ma petite fille souriante s’écroule en pleurant et en hurlant en comprenant qu’elle n’aura pas son sac ce soir, ni ce week-end d’ailleurs. Rien de catastrophique dans l’absolu puisqu’elle n’a pas un doudou qui lui est indispensable et inter-change ses tétines très facilement, mais c’est la première fois qu’on ne récupère pas son sac. Je crois que sous le coup de l’émotion, Little Miss Sunshine n’a pas compris ce qui se passait avec son sac. Elle avait perdu un de ses repères et en parallèle avait dû avoir une journée peut-être un peu plus difficile ou plus fatigante, et puis on était fin de semaine aussi.

J’ai juste pris Little Miss Sunshine dans mes bras, je l’ai embrassé et serré contre moi. Puis j’ai essayé de baragouiner quelques mots de Chinois qui devait signifier que je récupérerais lundi soir et dit « Au revoir! ». J’ai  tenu Little Miss Sunshine contre moi, toujours en pleurs, en lui disant de temps à autre « Pleure mon Coeur, ça fait du bien. » et nous sommes rentrées chez nous. Nous nous sommes installées l’une contre l’autre sur le canapé et j’ai attendu que ses pleurs passent. Ca a duré un bon moment. Un quart d’heure, peut être même vingt minutes. A intervalles réguliers, Little Miss Sunshine se levait du canapé et partait ouvrir la porte d’entrée et crier dans le couloir qu’elle voulait son sac. Je lui disais juste « Je comprends que tu sois triste. Ayi est désolée mais elle a oublié ton sac. Tu le retrouveras lundi matin à l’école. » J’avais droit à une crise de larmes à chaque fois lus intense. Puis nous nous blottissions à nouveau sur le canapé. Jusqu’à la prochaine escapade vers la porte…

Et d’un moment à l’autre, elle s’est calmée. Elle m’a demandé sa tétine. Je lui ai dit que nous allions en choisir une nouvelle pour ce week-end. Je pensais qu’elle allait se remettre à pleurer, mais non, elle m’a suivi. Elle a encore reniflé quelques fois et c’était fini. Cinq minutes plus tard, nous étions en pleine partie de domino, comme si rien ne s’était passé.

Little Miss Sunshine avait réussi à décharger son stress, son angoisse, ses frustrations de la journée, peut être même d’une partie de la semaine. J’ai accueilli ses émotions, et nous avons pu repartir sur de bonnes bases. Ce soir-là, elle m’a même consciencieusement aidé à préparer le repas du soir, ce qui n’était pas arrivée depuis près d’une semaine…

Ces « crises de larmes » me semblaient difficile à gérer il n’y a pas si longtemps. Aujourd’hui, je les vois vraiment comme un acte d’amour. Little Miss Sunshine a besoin de décharger son trop-plein d’émotions et c’est moi qu’elle choisit parce qu’elle se sent en totale sécurité et qu’elle sait que je l’aime de manière inconditionnelle. Une fois la « crise » passée, et elle ne dure jamais très longtemps – de 10 à 20 minutes environ – nous pouvons toutes les deux reprendre le cours de nos activités beaucoup plus sereinement… Et je dois bien avouer, que certains jours, quand je la sens tendue, nerveuse, j’attend impatiemment le moment de la crise pour qu’elle puisse se décharger et que tout aille de nouveau mieux…

Et vous, comment gérez-vous les décharges d’émotions de vos enfants? Arrivez-vous à ne pas vous sentir anéanti par leurs pleurs? 

Etre parent … n’est pas un jeu d’enfant!

Grâce aux Supers-parents, Camille et Olivier, une conférence inédite d’Isabelle Filliozat, intitulé « Etre parents… n’est pas un jeu d’enfant! » était disponible sur le site de Parentalité Consciente durant une grande partie du mois de janvier.

A titre indicatif, la conférence est à voir ou à télécharger gratuitement à cette adresse jusqu’à aujourd’hui inclus.

J’apprécie énormément les livres d’Isabelle Filliozat. D’ailleurs J’ai tout essayé! et Au coeur des émotions de l’enfant sont un peu devenu mes référents depuis que je les ai lu. J’aurai beaucoup aimé pouvoir participer à une des conférences de l’auteur, mais notre expatriation en Chine ne nous en a pas donné l’occasion. C’est donc avec un immense plaisir que j’ai visionné cette vidéo d’une heure quarante-cinq.

Je ne vais pas vous en faire un récit détaillé, mais j’aimerai noter ici quelques unes des principales idées que je veux retenir de cette conférence.

  • Il faut se concentrer sur les besoins de l’enfant et interpréter le comportement comme un message que l’enfant essaie de nous faire passer. Un comportement inapproprié est un besoin non assouvi ou une émotion refoulée.
  • Lorsque l’on donne un ordre à un enfant, par exemple « Vas chercher ton cartable! », le cerveau de l’enfant donne l’ordre à ses jambes de courir jusqu’à sa chambre, mais une fois dans sa chambre, comme il n’a pas fait fonctionner son cerveau pré-frontal, il lui est impossible de se souvenir ce qu’il est venu y faire. Il suffit de faire fonctionner son cerveau pré-frontal pour régler le problème, en lui demandant par exemple ce qu’il lui faut pour aller à l’école.
  • Il faut neuf mois à un petit humain pour s’attacher pleinement à sa figure d’attachement principale: c’est sa source de sécurité. Les enfants qui ont un très fort attachement avec leur figure principale d’attachement développent des compétences émotionnelles, sociales et intellectuelles supérieurs aux autres enfants. L’attachement est le besoin principal de l’être humain, il prime même sur le besoin de se nourrir.
  • L’enfant se nourrit de sa figure d’attachement. Si cette personne travaille ou est absente de la maison en journée, inconsciemment l’enfant aura besoin de s’hyper-nourrir quand sa figure d’attachement revient. C’est pour ça, par exemple que l’endormissement d’un enfant peut être problématique avec sa figure d’attachement: son réservoir n’est pas plein, l’enfant reste réveillé. Mais le cas inverse existe aussi, il s’endort spontanément avec sa figure d’attachement, mais avec aucune autre personne de son entourage, car il se sent en totale sécurité avec la première.
  • Un enfant ne confie ses difficultés qu’à sa figure d’attachement principale. Un mammifère a besoin de sécurité pour se laisser aller. Ce qui explique par exemple que lorsque l’on va chercher son tout-petit à la crèche, on nous dit qu’il a été sage comme un ange toute la journée et qu’à peine on quitte la crèche, le petit se met à hurler, à pleurnicher, à réclamer… Il décharge les émotions accumulées au cours de sa journée: c’est un geste d’amour!
  • En jouant simplement avec un enfant, on peut remplir son réservoir affectif, même si on n’est pas sa figure d’attachement principale. Par le jeu, on lui exprime qu’on est là pour lui. L’enfant se sent alors en confiance et les jeux peuvent se terminer dans les cris et les pleurs puisqu’il va alors pouvoir décharger son stress de la journée.
  • On se demande souvent s’il faut punir ou laisser faire comme s’il n’y avait que ses deux choix. Mais quand il y a blocage, le blocage vient des deux: de l’adulte et de l’enfant. Pour ne pas en arriver à une situation de blocage, il faut écouter les émotions et les besoins de l’enfant. Ce qui est compliqué, c’est que les enfants ne disent pas forcément ce qui se passent réellement. Par exemple, un enfant rentre de l’école et chaque soir, juste avant le repas, il réclame de faire du roller. La mère refuse car c’est l’heure de manger. Mais en fait, l’enfant a besoin de relâcher les tensions avant de passer à table, mais ne sait pas l’exprimer. Une solution alternative serait par exemple de lui proposer une séance sur le trampoline. Une demande exagérée, une émotion disproportionnée cache souvent un besoin non assouvi. Il faut trouver une solution ensemble.
  • Les émotions réprimées ne sont pas psychologiques, elles sont physiologiques. Elles se passent dans tout le corps. L’amygdale lâchent des hormones qui se propagent à travers tout le corps, c’est seulement après que notre cerveau va pouvoir se mettre en marche et tempérer les émotions, dans la mesure où il a la maturité nécessaire.
  • Trois réactions naturelles en cas de stress: l’attaque, la fuite et le figement. La plupart du temps, en cas de stress, les enfants se figent, comme une souris morte et gardent tout le stress en eux. Lorsqu’ils se défigent enfin, ils vont avoir besoin d’agresser pour se libérer du stress. Si la figure d’attachement est assez forte, c’est vers elle qu’il va déverser son agressivité: c’est une preuve d’amour! Si ce n’est pas le cas, il déversera alors son agressivité sur ses petits camarades, sa petite soeur, ses petits cousins…
  • La seule solution quand ça ne va pas, c’est le câlin. Faire un câlin permet de faire se propager de l’ocytocine dans le corps. L’amour n’est pas une récompense, c’est un carburant. 
  • Quand un parent n’a pas eu l’attachement dont il avait besoin dans son enfance, son amygdale est hypersensible dans son cerveau. Les capteurs d’ocytocine diminuent. Face à un enfant qui pleure, le cerveau de l’adulte va l’interpréter comme un danger et va libérer de l’adrénaline à la place de libérer de l’ocytocine. Ce parent aura besoin de guérir de son histoire et de beaucoup de câlins de la part de son entourage pour retrouver progressivement un niveau d’ocytocine correct.
  • On sait aujourd’hui que si un enfant est maltraité, cela provoque des mutations génétiques. La violence s’inscrit dans ses gênes pour trois générations!
  • Avec le besoin d’attachement, l’autre grand besoin est celui du libre arbitre. L’être humain a besoin de pouvoir faire par lui même. Il est par exemple vain de faire de grandes phrases d’explication à un adolescent. Un seul mot suffit, cela lui laisse le choix de la réflexion et du libre arbitre.

Voilà les points principaux que j’ai envie de retenir de cette conférence.

Et vous, avez-vous déja particpez ou aimeriez-vous participer à une telle conférence? 

[Education bienveillante] Le temps des monstres et l’angoisse de séparation

Depuis une dizaine de jours, alors que nous étions encore en Alsace, Little Miss Sunshine s’est mise à refuser de dormir dans son lit. Impossible de la coucher vers 21h comme nous en avions l’habitude. Soit elle finissait par s’endormir sur le canapé et nous la couchions dans son lit ainsi endormie, soit elle finissait par dormir dans notre lit après une « bataille » aussi fatigante qu’inefficace à 23h.

Je n’ai pas eu les ressources nécessaires pour trouver une solution bienveillante entre la fatigue et la famille où chacun y va de son commentaire et de son conseil, impossible de réfléchir clairement et de prendre du recul sur la situation. J’avais le faible espoir que la situation s’arrangerait d’elle-même avec notre retour à Shanghai, ce qui a par le passé déja été le cas. Mais au fond de moi, je savais qu’on était passé dans une autre phase, que Little Miss Sunshine grandit et que de nouveaux défis se présentent à nous.

De retour à Shanghai, le problème ne s’est pas arrangé tout seul. Il a bien fallu que je me penche sérieusement sur la question. En prenant un minimum de recul sur la situation, j’ai bien compris que Little Miss Sunshine a vécu beaucoup de fortes émotions ces derniers temps. Sa première rentrée scolaire mi-octobre, prendre le bus seule depuis début décembre, le stress de voir régulièrement partir Papa Lou en déplacement, l’annonce de l’arrivée d’un petit frère, le retour en Alsace pour les fêtes de fin d’année, le changement de chambre et de lit réguliers en Alsace. Sans compter la difficulté de récupérer suite au décalage horaire…

Premièrement, j’ai essayé et réussi à nouer le dialogue avec Little Miss Sunshine. Elle m’a parlé d’un monstre qu’elle a vu dans sa chambre chez Papapa et Mamama – et dont elle m’avait parlé au moment même de l’événement. Un événement qui l’a plus marqué que ce que j’avais pensé au départ, même si j’avais tout de suite pris le problème au sérieux. Je n’ai malheureusement pas réussi à savoir s’il s’agissait d’un cauchemar ou de la peur d’une ombre dans la chambre. De manière plus générale, j’ai également essayé de la faire parler des moments importants qu’elle a passé ces derniers temps. Elle m’a parlé de ses grands-parents qui sont loin, de son futur petit frère, de Paris qui lui manque, …

Ensuite, nous avons choisi de lui proposer une petite lumière dans sa chambre, une veilleuse. Nous sommes allés ensemble acheter une petite veilleuse que Little Miss Sunshine a choisi elle-même. En parallèle, nous avons choisi une nouvelle tétine lumineuse pour la nuit et nous avons ressorti un petit éléphant lumineux que j’avais déja quand j’étais petite. Comme elle m’a parlé de la peur du noir, je pensais pouvoir la soulager un peu de cette manière.

Puis, nous avons décidé de dédramatiser la situation en créant une « chasse aux monstres ». Nous avons commencé par lui ré-expliqué que les monstres n’existent que dans les dessins animés et les histoires, que le monstre qu’elle avait cru voir n’était que le fruit de son imagination. Nous avons donc organisé une chasse aux monstres qui devait à l’origine se limiter à la chambre de Little Miss Sunshine, mais qui c’est finalement étendu à tout l’appartement à la demande de cette dernière. Je lui demandais simplement « Où te cacherais-tu si tu étais un monstre? » Et elle me nommait un endroit avant de courir vérifier qu’aucun monstre ne s’y trouvait. De temps à autre, j’ajoutais « Alors moi, si j’étais un monstre, je me cacherai ici ou là » et nous partions vérifier toutes les deux. Ce jeu a duré une bonne vingtaine de minutes, dans la joie et la bonne humeur. A la fin, nous avons conclu qu’il n’y avait effectivement pas de monstres dans la maison.

J’ai également ressorti les deux livres qui m’inspirent et m’aident le plus Au coeur des émotions de l’enfant et J’ai tout essayé d’Isabelle Filliozat. J’ai relu les parties traitant des peurs en général et de la peur des monstres en particulier. Ca m’a permis de relativiser, de me rappeler que tous les parents ou presque sont confrontés à cette peur des monstres.

Enfin, nous avons essayé de remettre en place un rituel du coucher qui avait été mis à mal depuis le début de ma grossesse et la fatigue intense que j’éprouvais tous les soirs. Notre rituel commence avec le repas du soir. Suit un premier moment calme durant lequel nous regardons un dessin animé court ou nous faisons un jeu. Puis nous mettons une couche, un pyjama et Little Miss Sunshine prend son lait sur le canapé. Enfin, nous prenons le chemin de sa chambre pour un second moment calme, elle choisit une ou deux histoires à lire, nous nous installons tous dans son lit et nous lisons les histoires. Après un dernier câlin et un dernier bisou, nous quittons la chambre et éteignons la lumière. Ce rituel a vraiment bien fonctionné jusqu’au mois d’octobre. Depuis, c’est Papa Lou qui a pris le relais seul – m’ôtant de fait du rituel parce que je dormais déja la plupart du temps – ou alors elle allait carrément se coucher seule parce que je dormais déja…Une petite fille très raisonnable en somme. Nous tentons donc de remettre ce rituel en place en y ajoutant l’allumage de la veilleuse et un dernier moment calme ou je me couche avec elle quelques minutes, le temps pour elle de se rassurer et de commencer à s’endormir, avant de quitter la pièce sur la pointe des pieds.

Little Miss Sunshine connait très bien nos limites en ce qui concerne le co-dodo. Chacun son lit, mais si elle a besoin de nous, si elle a un souci, elle sait qu’elle peut venir nous rejoindre à n’importe quel moment la nuit. Le souci est juste qu’elle est en pleine phase d’angoisse de séparation. Le bébé à venir, l’absence régulière de Papa Lou, le fait que nous nous soyons un peu effacé au profit des grands-parents durant ses quinze jours, on fait naître cette angoisse. En parallèle, Little Miss Sunshine est également en pleine recherche de nos limites.

Le premier soir a été difficile. Le début du rituel s’est très bien passé. Nous avons expliqué et ré-expliqué plusieurs fois au courant de la journée le déroulement de notre soirée et le rituel du coucher. Elle a approuvé à plusieurs reprises de dormir dans son lit suite à la chasse aux monstres et à l’allumage d’une veilleuse ce qui était déja une grande avancée en soi. Là où ça s’est compliqué, c’est au moment de mettre le pyjama et de prendre le lait. Refus catégorique. Elle nous a clairement dit que c’est parce qu’elle ne voulait pas se coucher seule dans son lit. Nous avons longuement négocié, nous l’avons laissé choisir le moment, elle a même fini par accepter de mettre son pyjama, prendre son lait et a choisi deux histoires. Mais il a été impossible de la faire entrer dans sa chambre. Les négociations, l’attente, rien n’y a fait. Finalement, Papa Lou l’a porté jusque dans son lit et c’est là que le bras de fer a commencé. Pleurs, cris, coups, hurlement, colère, elle nous a tout fait. Je n’ai pas réussi à gérer ses émotions. J’ai dû sortir de la pièce. Papa Lou a très bien réagi. Il s’est assis devant la porte fermée, dans la chambre avec elle et l’a laissé crier, hurler et tenter de le déloger en lui répétant qu’il l’aimait jusqu’à ce qu’elle finisse par se calmer. Ca a pris une bonne quinzaine de minutes. Elle a fini par se calmer. Elle m’a alors réclamé. Je lui ai demandé de se mettre au lit et lui ai promis de lui lire ses deux histoires dès qu’elle y serait. Et ça a marché! Nous avons lu les deux histoires, fait beaucoup de câlins, elle a accepté que l’on éteigne la lumière et que je reste quelques minutes à côté d’elle. Elle s’est endormie en un temps record. J’ai quitté la chambre sur la pointe des pieds… Rien n’était gagné, mais c’est un début. Elle est finalement venu nous rejoindre en pleurs dans notre lit 2h plus tard.

Le jour suivant, nous n’avons jamais réussi à la mettre dans son lit. Encore une fois, au moment de lire l’histoire tout s’est compliqué. Cris, hurlements, coups… Impossible de la faire entrer dans sa chambre. Je me suis finalement enfermée dans sa chambre avec elle, assise devant la porte pour la bloquer et j’ai essayé de lui parler. Elle semblait terrorisée. Elle a réellement peur du noir et des monstres. Elle a fini par s’apaiser dans mes bras, mais j’ai réussi à lui faire dire pas mal de choses. La veilleuse ne lui suffit pas. Elle m’a réclamé une lampe de poche – découverte chez GrandPapa – en me promettant de dormir dans son lit le jour où elle en aurait une. Je ne pense pas que ce sera une solution miracle, mais comme c’est elle qui l’apporte, je l’ai acheté dès le lendemain. Malheureusement, elle a encore passé la nuit dans notre lit…

Le troisième jour, elle a repris l’école. Elle est donc rentrée bien fatigué de sa journée. Je lui a tout de suite montré sa nouvelle lampe de poche qu’elle s’est empressée d’essayer. Nous avons joué toutes les deux. J’ai essayé de mettre en scène une situation équivalente à la nôtre chaque soir alors qu’elle jouait à Papa et Maman avec ses peluches. Je lui ai demandé où dort son bébé, si il reste tout le temps avec elle et le Papa dans le lit, comment ils font quand ils ont envie d’être juste tous les deux, si son bébé accepte de dormir dans son lit… Elle a très bien répondu à chacune des questions. Pour la dernière, elle m’a dit que le bébé avait un peu peur du noir, qu’il venait souvent les rejoindre et que c’est le Papa qui lui explique qu’il faut dormir dans son lit car elle est trop fatiguée… Mais encore une fois, après son lait, il a été impossible de la mettre dans son lit. En désespoir de cause, j’ai tenté une nouvelle alternative. Une alternative qui nous permet d’être seul Papa Lou et moi dans notre lit, mais pas dans notre chambre. Nous avons installé un lit de fortune avec des matelas à même le sol à Little Miss Sunshine. Elle a été ravie. Mais au moment d’éteindre la lumière vers 21h30, elle ne voulait toujours pas rester seule dans la chambre. Même avec la lampe de chevet allumée, la porte ouverte et sa lampe de poche. Elle a veillé jusqu’à 23h. Mais a fini par rester dans la chambre après une dizaine d’aller-retour vers le salon. Inutile de vous dire la difficulté du réveil le lendemain à 7h…

Je dois bien avouer que je suis un peu désemparée face à cette situation. Je crois que j’ai essayé tout ce que je pouvais et que rien n’y fait. J’ai fini par croire qu’il faut que nous lâchions prise et que nous la laissions dormir avec nous quelques temps. Le temps qu’elle se rassure, qu’elle se sente à nouveau en sécurité. Mais j’ai peur que ça n’empire que les choses, qu’elle ne veuille plus du tout aller dans son lit et que le bébé arrive. J’ai peur aussi de ne pas lui rendre service en ne l’aidant pas à vaincre sa peur, en la surprotégeant. Et puis c’est clairement un besoin pour Papa Lou et moi de nous retrouver à deux dans notre lit, pour avoir un minimum d’intimité avant l’arrivée du nouveau bébé.

Si vous êtes passé par là, si vous avez des conseils, des idées, je suis preneuse…

[Bienveillance éducative] Les principes éducatifs à l’épreuve de l’expatriation

Je ne reviendrai pas dans cet article, sur ce qui se passe chez nous au quotidien, sur la manière dont nous avons mis en place bienveillance, écoute active et non-violence et sur la manière dont nous essayons au mieux de l’appliquer chaque jour. Mais confrontés à un contexte nouveau, face à notre expatriation, surtout dans les premiers temps, quand on est encore totalement face à l’inconnu, on est malheureusement obligé de faire des aménagements, de tâtonner, de faire des erreurs,  de se remettre en questions sur notre manière de réagir à l’extérieur. Laissez-moi vous conter un des principal questionnement qui m’a obnubilé durant plusieurs semaines suite à notre arrivée en Chine.

Je ne vous apprend certainement rien, mais en Chine, les blonds et les châtains clairs ne courent pas vraiment les rues. Alors quand on arrive en Chine avec une jolie blonde de deux ans et demi, d’un coup tous les regards se tournent vers nous. Tant que ce ne sont que les regards, ça passe encore. Mais très vite, ce sont les appareils photos et les mains de tous les passants aussi.

Moi qui ait éduqué Little Miss Sunshine dans le respect de son corps, ça m’a beaucoup pesé. Je vous explique. Depuis toute petite, elle sait que son corps lui appartient, que personne ne peut la toucher, l’embrasser, la prendre dans les bras si tel n’est pas son désir. Il est important qu’un enfant sache que son corps appartient à lui seul et que personne ne peut en disposer selon son bon vouloir. Cela implique par exemple que nous avons très tôt mis en place, le principe du « bisou de loin », avec la main, lorsque Little Miss Sunshine n’avait pas envie d’embrasser nos amis, ses grands-parents ou ses arrières-grands-parents. Pas toujours facile de le faire comprendre autour de nous, surtout dans la famille. Mais un enfant n’est pas un jouet. Et ce n’est pas parce qu’on aime la douceur de la peau des bébés qu’on doit s’autoriser à les toucher contre leur gré, sans leur avis. Autre exemple, je me suis longtemps battus avec les passants dans la rue à Paris, souvent des personnes âgés d’ailleurs, qui voulaient toucher les pieds, les mains, les joues de Little Miss Sunshine. Je trouvais ça tellement déplacé, sans compter du problème d’hygiène qui se pose également à chaque fois. De ce point de vue, le seul endroit où Little Miss Sunshine a toujours été en sécurité, c’est contre moi, sur le ventre, dans l’écharpe ou le porte-bébé physiologique.

A Shanghai, c’est différent. Déja il y a le problème de communication. Et puis le problème de culture – ça porte bonheur de toucher un/une blonde! Et puis, nous voilà à vouloir vivre dans un pays de culture totalement différente de la nôtre, et pour moi, c’est à nous de nous adapter aux moeurs chinoises et pas l’inverse. Little Miss Sunshine est vite devenue agressive face à tous ces Chinois qui voulaient la toucher et/ou la photographier. Mon pire souvenir est une promenade sur le Bund, où nous nous sommes retrouvées entouré de dix-neuf personnes avec des téléphones portables qui nous filmaient ou nous photographiaient tout en nous bloquant le passage pour qu’on ne puisse pas aller plus loin… Dans un premier temps, la seule alternative que j’ai pu offrir à Little Miss Sunshine était mes bras. Elle enfouissait alors la tête contre mes seins pour que les photos cessent, mais les gens venaient alors souvent vers nous pour la toucher et nous devions littéralement nous enfuir… J’ai été très étonnée que Little Miss Sunshine, qui ne connaît pas la violence, se soit mis à répondre par des tapes de la main ou du pied aux gens qui s’approchaient trop près d’elle. C’est là que j’ai compris qu’elle le vivait vraiment comme une agression. Et qu’elle avait raison…

Soucieuse de lui dire clairement ce qui se passait, je lui ai expliqué clairement que les Chinois aimaient voir sa peau claire et ses cheveux blonds parce que c’était rare en Chine, qu’ils étaient très maladroit dans leur manière faire, mais que nous ne pouvions pas comparer puisque nous n’avons pas la même culture, que j’étais là pour elle, qu’il ne fallait pas qu’elle se laisse faire et que mes bras étaient toujours ouverts. Grâce à la répétition de cette explication, nous avons réussi à combattre l’incompréhension, mais nous n’avons de loin pas réglé le problème.

Quelques semaines, après notre arrivée, une Maman m’a donné un bon conseil pour éviter les photos. L’enfant doit mettre sa main sur sa bouche et son nez, mais pas sur ses yeux – comme Little Miss Sunshine avait commencé spontanément à le faire pour se cacher – pour que ça n’entrave en rien sa liberté de mouvement. Et ça marche! Après de rapides explications, Little Miss Sunshine a tout de suite adopté ce geste simple. Et les Chinois comprennent. Pour ceux qui la touche, j’ai demandé à Little Miss Sunshine de prendre leur main et de l’enlever avant de venir se réfugier chez moi. Elle avait tendance à taper. Et ce simple geste – qu’elle a tout de même parfois du mal à pratiquer sans violence, mais je la comprend! – l’a beaucoup aidé. Les gens n’osent pas recommencer en général.

Et puis sa compréhension du Chinois a aussi quelque peu apaisé sa relation avec ces-derniers. Cette situation a été quelque peu stressante pour moi et pour Little Miss Sunshine. Elle aura duré quelques semaines, m’aura valu quelques réveils nocturnes et beaucoup de triturage de méninges, mais je suis ravie de la manière dont nos sorties se passent aujourd’hui. Nous avons trouvé des solutions simples et efficaces, en accord avec nos idéaux

[Livre] J’ai tout essayé!

Cet ouvrage d’Isabelle Filliozat est le second que je lis de l’auteur. J’avais eu une réelle révélation avec Au coeur des émotions de l’enfant. Et J’ai tout essayé! est devenu un vrai référent pour moi. Je l’ai lu d’un trait au courant du mois de janvier et depuis, je m’y réfère régulièrement, j’en relis des passages pour me le re-mémorer, pour dédramatiser une situation ou tout simplement me rassurer sur la « normalité » de certaines réactions de Little Miss Sunshine.

Je pense que c’est LE livre à lire en premier lorsque l’on commence à s’intéresser à l’éducation bienveillante. Il est simple, concis, très bien fait, bourré d’exemples et de bonnes idées à mettre en place. Il traite de la période de 1 à 5 ans, mais un ouvrage sorti il y a peu prend la relève avec la période de 6 à 11 ans.

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Le livre est divisé en douze parties. Une première partie plutôt généraliste, huit chapitres par âge et trois chapitres plus ciblés. Je trouve les exemples illustrés vraiment très parlant et ils illustrent vraiment bien le texte, les encarts amènent à réfléchir à sa manière de faire et donnent de nouvelles pistes.

La première partie est assez généraliste et remet les choses en place quand aux caprices, aux crises, au besoin d’amour, à la responsabilité des parents dans le comportement de l’enfant et au niveau de développement de son cerveau.

Les parties suivantes sont classées par âge de l’enfant: de 12 à 18 mois, de 18 à 24 mois, de 24 à 30 mois, de 2 ans et demi à 3 ans, 3 ans, 3 ans et demi à 4 ans, 4 ans, 4 ans et demi à 5 ans. Ils donnent à chaque fois les réactions relativement communes des enfants à l’âge défini et apporte des pistes de réactions et de réflexion pour chaque situation. Bien sûr, chaque enfant est unique et tous ne passent pas par toutes les étapes, les devancent un peu ou les précèdent, mais l’ouvrage est vraiment très bien fait.

Les trois derniers chapitres sont plus ciblés. Ils traitent de la manière de poser des limites efficacement dans la bienveillance, de la manière de réagir aux disputes d’enfants mais aussi des mensonges ou du rangement de la chambre.

L’idéal pour moi est de lire l’ouvrage d’une traite, qu’on soit concerné ou pas par la tranche d’âge traitée. Cela permet vraiment de voir l’évolution de l’enfant et d’avoir une vision globale. Ensuite, personnellement je suis souvent revenu sur les parties traitant de l’âge de Little Miss Sunshine – englobant l’âge qu’elle venait de passer et celui qu’elle n’a pas encore car comme je le disais plus haut, chaque enfant est unique et à son rythme propre.

Je vous conseille vraiment très vivement sa lecture si vous vous intéressez un minimum à l’éducation bienveillante ou si vous avez envie de découvrir une autre manière de penser l’éducation.

Et vous, des lectures coups de coeur concernant l’éducation bienveillante? 

J’ai tout essayé! Isabelle Filliozat, Marabout Poche, 5,99€.

[Education non violente] Poser des limites sans violence

J’en parlais là-bas il n’y a pas longtemps, je suis totalement contre la violence éducative ordinaire. Je pousse même l’idée plus loin, je ne parle pas que de violences physiques (des tapes, claques, fessées,…) mais aussi de violences psychologique ou verbales. Je pense là, entre autre, à certaines phrases assassinent que l’on entend régulièrement du genre « tu es nul! » quand l’enfant n’y arrive pas, « tu es méchant! » quand une interaction avec un autre enfant s’est mal passé, « tu pues! » quand la couche est pleine, j’en passe et des meilleures…

Quand je me suis mise à réfléchir à la manière dont je voulais aider ma fille à grandir, il m’a semblé impensable de reproduire le schéma éducatif que l’on a presque tous connu et où les violences ordinaires sont largement utilisées. Je voulais trouver une manière de poser des limites sans avoir à utiliser quelque violence que ce soit. Mais je n’avais aucune idée de ce que je pouvais faire pour y arriver. Avec un tout-petit qui touche à tout et découvre le monde sans aucune notion de compréhension du danger, on se sent vite démuni et on se retrouve facilement à crier « non! » toutes les trois minutes sans aucune efficacité!

Les deux livres qui m’ont vraiment permis de développer mes propres trucs et astuces pour poser des limites à Little Miss Sunshine sont « J’ai tout essayé! » et « Au coeur des émotions de l’enfant » d’Isabelle Filliozat. Depuis, les règles à la maison sont simples.

Il y en a un petit nombre qui sont non-négociables. Quoiqu’il arrive, c’est non et ça reste non! Par exemple, on ne tape pas – que se soit les adultes, les autres enfants ou les animaux -, on ne joue pas avec des objets qui peuvent blesser – ciseaux, couteau,… – on ne touche pas aux produits dangereux – produits d’entretien, médicaments,… –  on ne touche pas aux prises électriques, on donne la main pour traverser la route, … Bref, ce qui est interdit c’est tout ce qui pourrait blesser Little Miss Sunshine ou de blesser les autres.

C’est un travail de longue haleine que de mettre en place ces interdits. C’est dès qu’elle a commencé à se déplacer par ses propres moyens, que nous avons sécurisé les espaces et que nous lui en avons parlé. La clef réside dans la répétition, la communication, j’en suis sûre. Mais il est également important de sécuriser l’espace pour éviter les tentations dangereuses. En étant toujours égaux à nous même sur ces interdits, nous créons une routine et nous assurons la compréhension de Little Miss Sunshine.

Ensuite, nous avons établie des règles de vie en famille et en communauté. Ce sont des règles qui évoluent avec le temps, avec son âge, avec nos contraintes de vie. Il s’agit de règles aussi simple que de dire « bonjour », « merci » ou « aurevoir », mais aussi de règles de partage, de bienséance à table, d’entre-aide,.. Bref de règles pour bien vivre en communauté. Suivant son âge et ses capacités, ces règles ont évolué et évolueront encore. Comme les règles immuables, il s’agit d’un travail quotidien. Je crois que la clef est la communication et l’explication. Je prend également soin de lui expliquer que la plupart de ces règles sont établies par la bienséance, les conventions sociales, qu’il peut y avoir une certaine souplesse à la maison mais qu’à l’extérieur il n’y a pas de négociation possible. Je pense notamment au fait de se promener nu. Little Miss Sunshine, comme beaucoup d’enfant à son âge, découvre son corps et la joie de ne plus avoir de couche sur les fesses, alors c’est parfois difficile de lui mettre une culotte.

Enfin, il y a des règles qui sont plus souples. Ce sont des règles qui dépendent de nos limites à chacun. Elles peuvent être différentes selon que Little Miss Sunshine est avec moi ou avec Papa Lou. Elles peuvent aussi dépendre de notre niveau de stress, de fatigue,… Là encore, c’est le dialogue qui prime. Si ce matin, le fait que Little Miss Sunshine sautait sur le canapé en criant ne m’a posé aucun problème et que j’en ai même rit, ce soir avec un mal de tête carabiné je ne rêve que d’une chose de silence. Je tente donc de parler à Little Miss Sunshine, de lui expliquer ma douleur, qu’elle n’y est pour rien, mais que j’ai mal à la tête et que j’ai besoin de silence. La plupart du temps, elle fini par parler normalement ou chuchoter. En cas de besoin réel de sa part de crier – quand je sens que ça ne passera pas sans crier – je lui propose un jeu où nous allons crier toutes les deux quelques minutes avant de faire enfin le silence. Et ça marche!

Par le dialogue, le jeu, nous avons réussi à mettre en place des limites, des cadres dans la vie de Little Miss Sunshine pour l’aider à grandir. Sans crier, sans violence, sans soumission de sa part, nous nous écoutons les uns les autres et essayons de respecter ses limites à elle également.

J’essaierai de vous parler régulièrement des astuces que nous avons mis en place et qui on eu son petit effet sur Little Miss Sunshine si ça vous intéresse.

N’hésitez pas à partager vos propres expériences dans les commentaires!

[Education non violente] Ma non-violence éducative

Aujourd’hui, c’est la journée de la Non-violence éducative en France. A cette occasion, j’avais envie de vous expliquer comment j’en suis arrivée à bannir la violence éducative.

Contrairement à Papa Lou, qui est vraiment profondément non-violent, rien ne laissait présager que je me pose un jour ces questions. Si on m’avait posé la question alors que j’étais déjà enceinte de Little Miss Sunshine, j’aurai répondu la banale affirmation de la majorité des français: « Des fessés, j’en ai eu aussi. Ça n’a jamais tué personne! ».

Et puis, j’ai eu ce tout petit bébé contre moi. Et c’est là que j’ai vraiment commencé à me poser des questions. Je me suis naturellement orienté vers le maternage proximal, sans connaître ni le mot, ni sa définition à l’époque.  Il y a notamment eu une affaire qui m’a marqué, un bébé de six mois mort sous les coups de sa mère alors que Little Miss Sunshine avait le même âge. Il me semblait de plus en plus inconcevable de lever la main sur un tout-petit.

Quand Little Miss Sunshine a grandit, qu’elle a commencé à expérimenter le monde autour d’elle – faire des bêtises diraient certains – je me suis vraiment remise en question. Pas question pour moi de lever la main sur ma fille! Mais comment faire pour conserver une autorité, sans cette technique éprouvée depuis des générations? C’est là que j’ai découvert à travers quelques recherches sur internet des blogs d’autres mamans qui avaient pris la même direction que nous, des auteurs comme Isabelle Filliozat, Jesper Jull ou Catherine Dumonteil-Kremer.

C’est aussi à cette occasion que j’ai découvert qu’il existait des études sur l’impact de la fessée sur les enfants. Je me suis souvenue de quelques fessées que j’avais moi-même reçue enfant, de ce sentiment d’injustice, de l’humiliation que j’avais ressentie. Mais aussi de cette envie de ne plus me faire avoir la prochaine fois. La fessée semble efficace, puisqu’elle stoppe le geste de l’enfant du fait de la peur, mais il s’agit de la peur du parent… Voulons-nous vraiment que nos enfants aient peur de nous? Et puis au bout de quelques fois, l’enfant se dit qu’il ne faut pas se faire reprendre dans cette situation.

Je peux tout à fait comprendre que l’on craque. La fatigue, le stress, l’exaspération face à un comportement récurrent, et j’en passe. Personnellement, le travail sur moi a été long et difficile. C’est un travail de tous les jours. Il n’y a aucun répit. Je n’ai jusqu’à aujourd’hui jamais eu envie de taper ma fille. Quand je sens l’exaspération monter, j’ai besoin de m’isoler – aux toilettes, dans ma chambre – pour souffler, respirer.

Nous n’avons jamais levé la main sur Little Miss Sunshine. Ni pour une fessée, ni pour une simple tape sur la main. Mais je sais que rien n’est gagné. Je me connais. Je ne suis pas viscéralement non-violente, comme peu l’être mon mari. Je reste vigilante. C’est un combat de tous les jours.

Ce qui m’a confronté dans notre choix, c’est la lecture d’études mettant en lien les fessées et l’humiliation que l’enfant ressent et le manque d’estime de soi, de confiance en soi, une fois adulte. J’en ai longtemps souffert du manque d’estime de moi, du manque de confiance en moi. Je ne veux pas que ça arrive à ma fille. J’ai aussi été marqué par le lien qui est fait dans certaines études entre fessée et comportements addictifs – alcool, drogue,… – ou accès de violence et dépression,… C’est ce qui me pousse à persévérer sur ce chemin chaque jour.

C’est pour toutes ses raisons, que je suis pour la promulgation d’une loi interdisant la fessée en France. Pour que tous les parents sachent que la fessée est néfaste pour leurs enfants, pour qu’on arrête de banaliser cet acte de violence. Cette loi devrait permettre d’accompagner les parents, de les informer sur les conséquences de la fessée et de les guider vers d’autres alternatives, comme cela a déja été le cas en Suède depuis la fin des années 70. Pour qu’il n’y ait plus en France, pays des droits de l’Homme, deux enfants par jour qui meurent sous les coups de ses parents…

Je veux y croire!