Aujourd’hui, c’est la journée de la Non-violence éducative en France. A cette occasion, j’avais envie de vous expliquer comment j’en suis arrivée à bannir la violence éducative.
Contrairement à Papa Lou, qui est vraiment profondément non-violent, rien ne laissait présager que je me pose un jour ces questions. Si on m’avait posé la question alors que j’étais déjà enceinte de Little Miss Sunshine, j’aurai répondu la banale affirmation de la majorité des français: « Des fessés, j’en ai eu aussi. Ça n’a jamais tué personne! ».
Et puis, j’ai eu ce tout petit bébé contre moi. Et c’est là que j’ai vraiment commencé à me poser des questions. Je me suis naturellement orienté vers le maternage proximal, sans connaître ni le mot, ni sa définition à l’époque. Il y a notamment eu une affaire qui m’a marqué, un bébé de six mois mort sous les coups de sa mère alors que Little Miss Sunshine avait le même âge. Il me semblait de plus en plus inconcevable de lever la main sur un tout-petit.
Quand Little Miss Sunshine a grandit, qu’elle a commencé à expérimenter le monde autour d’elle – faire des bêtises diraient certains – je me suis vraiment remise en question. Pas question pour moi de lever la main sur ma fille! Mais comment faire pour conserver une autorité, sans cette technique éprouvée depuis des générations? C’est là que j’ai découvert à travers quelques recherches sur internet des blogs d’autres mamans qui avaient pris la même direction que nous, des auteurs comme Isabelle Filliozat, Jesper Jull ou Catherine Dumonteil-Kremer.
C’est aussi à cette occasion que j’ai découvert qu’il existait des études sur l’impact de la fessée sur les enfants. Je me suis souvenue de quelques fessées que j’avais moi-même reçue enfant, de ce sentiment d’injustice, de l’humiliation que j’avais ressentie. Mais aussi de cette envie de ne plus me faire avoir la prochaine fois. La fessée semble efficace, puisqu’elle stoppe le geste de l’enfant du fait de la peur, mais il s’agit de la peur du parent… Voulons-nous vraiment que nos enfants aient peur de nous? Et puis au bout de quelques fois, l’enfant se dit qu’il ne faut pas se faire reprendre dans cette situation.
Je peux tout à fait comprendre que l’on craque. La fatigue, le stress, l’exaspération face à un comportement récurrent, et j’en passe. Personnellement, le travail sur moi a été long et difficile. C’est un travail de tous les jours. Il n’y a aucun répit. Je n’ai jusqu’à aujourd’hui jamais eu envie de taper ma fille. Quand je sens l’exaspération monter, j’ai besoin de m’isoler – aux toilettes, dans ma chambre – pour souffler, respirer.
Nous n’avons jamais levé la main sur Little Miss Sunshine. Ni pour une fessée, ni pour une simple tape sur la main. Mais je sais que rien n’est gagné. Je me connais. Je ne suis pas viscéralement non-violente, comme peu l’être mon mari. Je reste vigilante. C’est un combat de tous les jours.
Ce qui m’a confronté dans notre choix, c’est la lecture d’études mettant en lien les fessées et l’humiliation que l’enfant ressent et le manque d’estime de soi, de confiance en soi, une fois adulte. J’en ai longtemps souffert du manque d’estime de moi, du manque de confiance en moi. Je ne veux pas que ça arrive à ma fille. J’ai aussi été marqué par le lien qui est fait dans certaines études entre fessée et comportements addictifs – alcool, drogue,… – ou accès de violence et dépression,… C’est ce qui me pousse à persévérer sur ce chemin chaque jour.
C’est pour toutes ses raisons, que je suis pour la promulgation d’une loi interdisant la fessée en France. Pour que tous les parents sachent que la fessée est néfaste pour leurs enfants, pour qu’on arrête de banaliser cet acte de violence. Cette loi devrait permettre d’accompagner les parents, de les informer sur les conséquences de la fessée et de les guider vers d’autres alternatives, comme cela a déja été le cas en Suède depuis la fin des années 70. Pour qu’il n’y ait plus en France, pays des droits de l’Homme, deux enfants par jour qui meurent sous les coups de ses parents…
Je veux y croire!