[Expatriation] Avoir une gouvernante à la maison – Bilan des 1 an

Cela fait déja un peu plus d’un an, qu’Ayi partage notre vie, s’occupe de nous et nous aide au quotidien. Je parlais d’elle dans un article quelque trois semaines après son arrivée si vous voulez savoir comment ça se passait alors… Aujourd’hui, j’ai envie de faire un bilan de cette expérience si particulière. Un an après son arrivée, et depuis la naissance de Little Smiling Buddha.

Je dois bien me l’avouer avec le recul, mais j’étais plutôt angoissée par l’arrivée de quelqu’un d’inconnu dans notre famille, d’une culture qu’on ne maitrisait alors que très peu, et qui parlait une langue que je commençais alors tout juste à découvrir. Sans parler du fait que j’avais peur que l’on se « marche dessus » dans l’appartement, de ne plus avoir d’intimité, d’être observé en permanence. Je me suis rassurée comme je pouvais en me disant que c’était son boulot, qu’elle avait l’habitude et qu’elle devait être assez discrète pour qu’on l’oubli plus ou moins quand elle était là.

Les premiers jours ont été difficile pour toutes les deux. Elle était très stressée de ne pas pouvoir communiquer avec moi et de ne pas savoir ce que j’attendais d’elle. Personnellement, je ne savais pas vraiment ce que j’attendais d’elle, rien qu’en me faisant la vaisselle, le repas de midi et le repassage des chemises de Papa Lou, j’avais déja une tonne de temps de libéré pour moi dont je ne savais pas quoi faire! Puis une routine c’est mise en place, d’elle-même.

IMG_0044

La communication a été vraiment difficile le premier mois. Il faut dire que je ne parlais alors pas Chinois et que je ne comprenais que quelques mots. Et puis au fil du temps, avec la routine, on a toutes les deux su mieux communiquer, le plus souvent dans le quasi-silence, ou à demi-mots, encore qu’Ayi est une grande bavarde et que ça ne la gênait pas de papoter toute seule, à me raconter sa vie et celle du quartier tout entier alors que je ne comprenais absolument rien… Mais la confiance s’est tout de suite installée entre nous deux. Je savais que je pouvais compter sur elle. Elle essayait par tous les moyens de comprendre ce que j’essayais de lui demander. Elle essayait de faire comme nous – et non pas à la Chinoise – et ne s’est jamais plaint des dizaines de chocs culturels qu’elle avait par jour à vivre chez nous. Et puis surtout, elle est tout de suite entrée en relation avec Little Miss Sunshine – qui faisait alors un réel blocage avec le Chinois – au travers de chansons notamment, et j’ai vu, petit à petit, ma fille commencer à communiquer dans cette langue qu’elle rejetait jusqu’alors, et surtout chanter avec plaisir en Chinois…

Ayi nous est d’une grande aide pour parler chinois. C’est elle qui m’apprend finalement le plus de vocabulaire. C’est grâce à elle que je comprend aussi bien le Chinois aujourd’hui. Il ne me reste plus qu’à continuer à faire des efforts pour parler… Depuis peu, je lui ai même demandé de me corriger quand je raconte des âneries pour me forcer à progresser. Pour Little Miss Sunshine, c’est pareil. Au travers des chansons et de la lecture d’histoires en Chinois – qu’elle ramène de l’école ou que nous lui avons acheté – elle approfondi sa compréhension et son vocabulaire.

Aujourd’hui, on a notre rythme dans les tâches que l’on effectue toutes les deux. Je sais qu’elle déteste nettoyer les vitres, je ne lui demande que rarement et me débrouille pour le faire moi-même quand elle n’est pas là. Elle adore faire à manger, donc de temps à autre je lui demande de faire un repas de plus qu’à l’habitude. Elle a une technique de rangement plutôt particulière – je prends ce qui traîne et je le mets dans le premier tiroir/armoire/panier qui me tombe sous la main – et je m’organise donc pour ranger avant son arrivée. Elle n’a pas l’habitude d’utiliser une machine à laver et ne connait que très peu le sèche-linge, c’est donc moi qui me charge des lessives. Et ces arrangements nous conviennent bien à toutes les deux…

Les lundis, mercredis et vendredi, Ayi arrive à 10h. Avant son arrivée, j’ai déja rangé l’appartement et fait tourner une machine. A son arrivée, elle se charge de la vaisselle, de la préparation du repas et commence à nettoyer la pièce principale. Après le repas, je couche Little Smiling Buddha et me pose sur le canapé pour me reposer, bloguer ou faire ce que j’ai à faire à ce moment-là. Pendant ce temps, Ayi nettoie la cuisine, la chambre de Little Miss Sunshine, la pièce principale, le bureau et la salle de bain. Quand Little Smiling Buddha se réveille, il crapahute jusqu’au retour de sa soeur à 16h ou alors on sort ensemble pour aller jouer dans le parc avec ses petits copains chinois. Ayi se charge alors de faire les lits, nettoyer la chambre et la salle de bain parentale. Au retour de Little Miss Sunshine, on prend le goûter puis on dispose d’environ 1h pour faire des activités ou sortir dans le parc. Pendant ce temps Ayi termine sa journée en repassant nos vêtements. Vers 17h30, elle prend le relais et se charge des enfants pour une bonne demi-heure, le temps pour moi de préparer le repas du soir. Elle dîne chez nous vers 18h15 et nous quitte. Papa Lou rentre vers 18h30 – 19h, juste à l’heure pour que l’on dîne ensemble en famille.

IMG_0062

Les mardis et jeudis, l’organisation est un peu différente. Ayi arrive à 11h. Comme les autres jours, le rangement et la lessive sont faits. Elle prépare le repas de midi. Nous déjeunons et le mardi juste après le coucher de Little Smiling Buddha, je file à l’école pour m’occuper de la bibliothèque. Ayi se charge de Little Smiling Buddha toute l’après-midi. Elle fait un rapide nettoyage superficiel tant qu’il dort, un peu de repassage si elle a le temps, mais surtout elle sort avec Little Smiling Buddha quand il est réveillé. Je ne rentre qu’à 18h le mardi avec Little Miss Sunshine. Ayi prépare à ce moment à manger alors que je donne le bain aux enfants. Nous dînons tous ensemble avec Ayi vers 19h. Elle nous quitte vers 19h30. Le jeudi, l’après-midi reste le même que les autres jours de la semaine. J’ai donc plus de temps au retour de l’école de Little Miss Sunshine, on en profite donc pour faire des activités et prendre le bain.

Mais Ayi peut également m’aider pour les sorties avec les deux enfants – on peut aller faire du manège avec Little Miss Sunshine  puisqu’en Chine, il faut accompagner les petits sur les manèges – pendant qu’Ayi s’amuse avec Little Smiling Buddha, je peux facilement passer une journée au zoo avec les deux enfants quand elle nous accompagne, ou même aller à la piscine avec les deux en même temps! C’est très pratique lorsque Little Miss Sunshine est en vacances…

Plus exceptionnellement, si Papa Lou est en déplacement et que j’ai des contraintes horaires qui ne me permettent pas d’être assez disponible, je peux lui demander de rester vivre quelques jours à la maison avec nous – comme c’est arrivé pendant que je faisais ma formation de médecine traditionnelle chinoise. Enfin, elle peut rester après ses heures de travail le temps pour nous deux d’aller dîner au restaurant en tête à tête. C’est arrivé une seule fois depuis un an, mais nous pensons que nous allons mettre en place une soirée par mois en tête à tête avec Papa Lou à partir du mois de septembre. Avoir quelqu’un de confiance auquel confier ses enfants est un luxe!

Ayi nous permet également d’entrer dans le monde chinois. Maintenant que j’arrive assez facilement à communiquer avec elle, elle m’explique beaucoup de choses sur la culture chinoise. Je peux lui poser des questions. Et nous sommes maintenant toutes les deux capables de débattre des différences culturelles entre les Français et les Chinois. C’est une expérience particulièrement riche pour moi! Sans parler du fait que grâce à sa délicieuse cuisine, nous découvrons également avec le plus grand plaisir la gastronomie chinoise. Et puis plus récemment, quand elle a vu que je m’intéressais à la Médecine Traditionnelle Chinoise, elle s’est fait un plaisir de m’expliquer certains de leur « remède de grand-mère » pour les petits bobos du quotidien!

Vous l’aurez compris, Ayi me permet de mettre un pied dans la culture chinoise et de profiter de temps de qualité avec mes enfants. Du temps durant lequel je n’ai pas besoin de penser au déjeuner, au dîner ou à la vaisselle. Et c’est un luxe immense dont je mesure bien l’ampleur!

Mais avoir quelqu’un à la maison toute la journée, tous les jours de la semaine, ce n’est pas non plus que du positif! Avec la technique de rangement biscornu d’Ayi, je me retrouve à devoir régulièrement chercher des choses pendant des heures! Moi qui ai toujours eu un bordel organisé, je ne retrouve plus rien si ce n’est pas moi qui range… De plus, comme elle met simplement les choses dans les armoires sans se soucier de ce que c’est, je me retrouve avec des armoires surchargé d’un côté, vide de l’autre et plus du tout organisé. Je suis contrainte de ranger mes armoires toutes les deux-trois semaines si je veux m’y retrouver! Alors que c’est quelque chose que je faisais auparavant deux fois par an… J’ai installé des petites étiquettes avec des dessins et des mots en chinois, ça l’a fait sourire, elle a essayé de s’y tenir une semaine et puis c’était reparti le bordel. Je vais tenter des photos, mais je suis quasiment persuadé que je vais me retrouver avec le même souci dans une semaine 😉

Un autre inconvénient, c’est que parfois, lorsque je suis en pleine période chargée, avec le retour de Little Miss Sunshine de l’école par exemple, la proposition d’activités pour Little Miss Sunshine, et que c’est l’horaire où Little Smiling Buddha commence à être grincheux car la fatigue s’installe, elle se met à me parler sans arrêt, de tout de rien ou de choses sérieuses parfois – je vous le disais plus haut, elle adore parler. Et je n’arrive pas à me concentrer sur plusieurs choses, surtout quand on me parle en Chinois et j’ai alors du mal à profiter pleinement de mon moment avec Little Miss Sunshine, alors même qu’ Ayi me parle et que Little Smiling Buddha pleurniche sur mon dos… C’est pareil quand je prépare les valises pour des vacances, elle ne peut s’empêcher de me parler sans arrêt, de me demander à chaque chose que je prends en main ce que c’est et je n’arrive plus à me concentrer sur ce que je fais 😉 Bref…

Finalement, rien n’est jamais parfait. Alors c’est avec les yeux de l’indulgence et avec en tête tout le travail qu’elle abat et le temps qu’elle me permet de passer avec mes enfants que je la regarde. J’apprécie grandement son aide. Et je l’apprécie encore plus après qu’elle ait passé dix jours dans sa famille loin de nous récemment…

C’est une expérience hors du commun que je suis absolument ravie de vivre! 

2 réponses sur “[Expatriation] Avoir une gouvernante à la maison – Bilan des 1 an”

  1. Chapeau… Réussir à cohabiter avec quelqu’un qui ne parle pas ta langue et qui plus est, est incompréhensible pour les non-initiés, bravo !
    L’avantage que je vois, c’est surtout que c’est quelqu’un qui ne « vit pas chez toi », en ce sens qu’elle rentre chez elle le soir.
    Ici, à Singapour, se pose la question de la « helper » ou de la « maid »… Je n’arrive pour l’instant pas à franchir le pas car c’est quelqu’un qui vit chez toi en permanence.
    Après, je pense qu’il n’y a pas mieux pour parler local et découvrir la culture !

    1. La cohabitation n’est pas forcément facile effectivement, surtout avec le problème de la langue et les différences de culture. Je ne sais pas si je pourrai vivre h24 avec elle. J’aime notre intimité le soir, même si elle est toute relative avec deux enfants en bas-âge!
      Les premiers mois, alors que Little Miss Sunshine était à l’école et que j’étais juste enceinte, je n’ai pas ressenti le besoin d’avoir de l’aide pour mon ménage. Mais la grossesse avançant, j’ai eu plus de mal à tout cumulé et c’est avec plaisir que j’ai vu arriver Ayi dans notre vie. Je pense que tout est une question de moment. Si tu as le besoin et l’envie d’avoir quelqu’un qui t’aide chez toi, le moment sera toujours venu de chercher quelqu’un…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *