Je vous avais déja raconté l’histoire de mon allaitement avec Little Miss Sunshine. Laissez-moi vous raconter le début de l’histoire de mon allaitement avec Petit Poisson.
Tout a commencé quelques jours avant le solstice d’été de l’an 2015. Avec Papa Lou, nous étions plus que convaincu de la nécessité de l’allaitement. Je savais suite à mon expérience avec Little Miss Sunshine que tout pouvait ne pas se passer comme sur des roulettes. J’ai cherché et trouvé une consultante en lactation à contacter en cas de problèmes à Shanghai dès le début de ma grossesse. Cette fois-ci, nous ne nous sommes pas offert d’alternatives. Impossible de donner du lait maternisé à mon bébé à Shanghai. Il y a eu trop de scandale autour du lait et du lait infantile en Chine et il y a bien trop de contre-façon sur le marché pour que je puisse faire confiance. Il fallait que j’allaite. Ca peut paraître contradictoire, mais en même temps, je ne me suis pas mis la pression. Malgré tout, j’étais sereine. J’avais envie de croire en moi et en mon bébé.
Quelques jours avant le solstice d’été 2015, peu après midi, on m’a donc posé Petit Poisson dans les bras pour la première fois. Et puis la gynécologue, la sage-femme, les infirmières sont sortis et nous ont laissé seuls savourer ce moment à trois. Je n’avais pas vraiment idée du moment idéal pour proposer le sein pour la première fois à mon bébé. Devais-je attendre quelques minutes seulement, ou plutôt quelques heures? J’ai posé Petit Poisson sur mon ventre dans l’espoir qu’il m’indique lui-même le bon moment en tentant de grimper vers mon sein. Et puis ce moment est arrivé. Il a commencé à s’agiter, à chercher avec sa bouche. Je ne sais plus combien de temps cela à pris. Peut être une demi-heure, peut être plus.
Nos premières tentatives ont été hésitantes, maladroites. Nous étions tous les deux bien fatigués par l’accouchement. Et puis quelques minutes plus tard, comme par magie, j’ai senti que Petit Poisson avait réussi. Il tétait. Il avait réussi à téter tout seul. Et nous n’avions eu besoin de personne pour nous aider. Il a perdu très peu de poids. Il avait reprit son poids de naissance dès la fin du deuxième jour. J’ai eu ma montée de lait dans la foulée, dès le lendemain de sa naissance.
En Chine, les femmes allaitent plus volontiers qu’en France. Et quand elles allaitent, elles allaitent plus longtemps, en moyenne un an. Pourtant, elles reprennent également le travail environ trois mois après la naissance. Mais du temps leur est donné dans la plupart des entreprises pour tirer leur lait (une heure par jour). Par contre, elles ne donnent pas directement le sein. Elles tirent leur lait et, dès le début de la vie de bébé, c’est quelqu’un d’autre, souvent la maman ou la belle-maman de la jeune accouchée qui s’occupe du bébé. Il faut dire que la jeune maman a quasi-interdiction de sortir de son lit durant quarante jours. Elles en passent en moyenne dix à l’hôpital après la naissance – où les infirmières s’occupent totalement du bébé (couche, biberon de lait, bain,…) puis trente à la maison entourée de leur maman ou belle-maman pour s’occuper du bébé ainsi que d’une « gouvernante » pour faire tourner le ménage.
J’ai retrouvé avec beaucoup de plaisir cette petite sensation de picotement à chaque tétée. Je me suis souvenue de cette symbiose avec bébé: au moment même où je sens la montée de lait arriver, bébé se met à réclamer ou inversement. Je trouve que ça a quelque chose de magique. Avec Little Miss Sunshine, j’ai essayé tant bien que mal de pratiquer un allaitement à la demande qui n’a jamais été totalement abouti. Bizarrement, je n’arrivais pas à nous faire totalement confiance, je ne savais pas repérer les bons moments pour lui proposer le sein, j’étais obnubilé par « un rythme » qu’il me semblait elle devait adopté, j’étais parasité par les conseils contradictoires des médecins et du personnel de la PMI (« à son âge, elle n’a plus besoin de téter que toutes les quatre heures, sous peine de lui provoquer des problèmes de digestion » m’a-t-on assuré à ses trois mois, me déstabilisant encore un peu).
Cette fois-ci, j’ai demandé à la pédiatre de répéter ce qu’elle venait de dire quand elle m’a dit de surtout donner le sein à mon bébé à la demande. Je pensais avoir mal compris! Comme quoi, le personnel médical n’est vraiment pas formé de la même manière et aux mêmes choses suivant les pays. Et avec Petit Poisson, tout roule! Je suis sereine. Je nous fais confiance. Je repère facilement quand il a besoin de téter. Que ce soit deux fois dans la même heure ou une fois toutes les trois heures. Je lui donne. Je lui fait totalement confiance. Et contrairement à mon première allaitement, où j’ai mis beaucoup de temps à apprécier ces moments, je profite délicieusement de ces moments depuis le premier jour. Malgré les contractions que cela me provoque les premières semaines, malgré l’irritation des tétons et la douleur au moment où il commence à téter dans les premiers temps.
Ce nouvel allaitement débute donc complètement différemment du premier. La clef pour moi, c’est le lâcher-prise. La confiance en son bébé. Il sait ce dont il a besoin quand il en a besoin, il suffit de réussir à décoder et de se faire confiance.
Papa Lou et moi sommes dores et déja convaincu que nous nous orientons vers un allaitement long, très long…
Et vous, comment avez-vous vécu l’allaitement si vous l’avez pratiqué?