Je n’ai jamais eu d’attente particulière en ce qui concerne la relation entre Little Miss Sunshine et Little Smiling Buddha. Je suis l’aînée et j’ai un petit frère de quatre ans plus jeune. Nous avons toujours eu une bonne relation tous les deux et nous n’avons pas eu trop à souffrir de cette relation (peut être mon jeune frère a-t-il eu à souffrir un peu plus de comparaisons). Mais j’ai eu le cas autour de moi de fratrie qui se déchirait ou de soeurs qui se détestaient. Je ne pensais pas qu’une petite fille de 3 ans et demi et un nourrisson pouvait nouer des liens, surtout pas aussi fort. Que peut-il y avoir de réellement intéressant pour une enfant de même pas 4 ans à un nourrisson qui ne fait que dormir, manger ou pleurer. Il est pourtant évident que je souhaite que mes enfants aient une belle relation.
Première rencontre. On m’avait dit que mon aînée allait me paraître tellement grande face à mon nouveau-né. Mais je ne l’ai pas vu différente de d’habitude quand elle est arrivée. Elle était émue, elle avait besoin de moi après deux jours sans sa maman. Elle avait besoin de savoir que j’étais toujours là, que rien n’avait changé dans notre relation. Je l’ai sentie vulnérable, apeurée, pleine de questions face à son nouveau statut. Et moi aussi j’avais besoin d’être rassuré. Alors nous avons commencé par de longs câlins, avant de lui présenter son frère sereinement quelques dizaine de minutes plus tard.
Répondre à ses besoins le plus rapidement possible, malgré la présence de son frère a été une priorité pour moi les premières semaines. Je voulais qu’elle sache que rien ne changeait, que j’étais toujours là pour elle. Cela n’a rien de facile ou d’évident avec un nouveau-né, mais j’ai réussi a toujours trouvé une solution, une alternative, lorsque j’étais trop occupé pour faire ce qu’elle me demandait. Je continue à prendre du temps avec elle, régulièrement. Nous nous octroyons régulièrement des moments juste toutes les deux, ou nous parlons de nous, de nos attentes l’une envers l’autre, sans jamais mentionner son frère. Ses moments sont nos moments à toutes les deux, nous ne faisons intervenir personne d’autres.
Malgré cela, dans les deux-trois semaines qui ont suivi notre retour à la maison, j’avais du mal à être positive avec Little Miss Sunshine. Je passais une grande partie de la journée à lui dire « attention! » ou « doucement! » ou tout simplement « non! ». Je n’arrivais plus être bienveillante quand elle s’approchait de son frère. Je ne pouvais m’empêcher d’intervenir au point de la frustrer. Je le savais, je le sentais, mais je n’ai pas réussi faire autrement. Et puis j’ai lu quelque part qu’il s’agissait d’une réaction tout à fait naturelle, qu’à la naissance d’un second bébé, on se focalise sur ce nouveau bébé et on chasse instinctivement le premier né. C’est le plus souvent la norme dans le règne animal. Le tout est d’en prendre conscience. Et dès que j’en ai pris conscience, j’ai su lâcher prise.
Inspirée par ma lecture de Frères et soeurs sans rivalité juste avant mon accouchement, j’ai décidé de leur faire confiance. C’est à eux deux, frère et soeur, de construire leur relation. Je n’ai pas à m’en mêler si je ne veux pas créer de déséquilibre dans leur relation. J’ai décidé de prendre Little Miss Sunshine à part, de lui expliquer qu’elle devait prêter attention à son frère, qu’il était particulièrement fragile et vulnérable, qu’il avait besoin d’attention, de douceur et d’amour, que je savais qu’elle saurait bien s’en occuper et que je lui faisais confiance. Et depuis, je n’interviens plus qu’en cas de réel danger.
Je ne dis plus rien. Et ils ont déja tissé une magnifique relation. Il faut voir le regard de Little Smiling Buddha quand il voit entrer sa soeur dans son champs de vision. « Maman, regarde, il a des étoiles dans les yeux! » comme elle me dit. Et je suis fière de voir l’empathie et la bienveillance dans les gestes et les paroles de Little Miss Sunshine.
Bien sûr, parfois elle ne veut plus de son frère, comme elle le dit. Je lui réponds simplement que je conçois tout à fait que ce soit difficile pour elle, qu’elle a le droit de ne pas l’aimer à ce moment précis, que ce n’est pas tous les jours faciles dans une fratrie. Je l’écoute et la rassure sur mes propres sentiments à son égard. Elle repart jouer et quelques minutes plus tard revient rassurée. Je veux qu’elle sache qu’elle a le droit de s’exprimer, qu’elle a le droit de ressentir ce qu’elle ressent, que je suis là pour l’accompagner. Parfois, nous avons besoin de remettre les choses à plat. Parfois, elle se sent un peu frustré et c’est bien normal, alors nous essayons de trouver des solutions toutes les deux. Et pour le moment, ça fonctionne très bien.
En parallèle, je la laisse participer au maximum aux soins que je prodigue à son frère. Elle m’aide à changer les couches – elle a d’ailleurs un tabouret à côté de la table à langer pour être au bon niveau pour m’aider -, à l’habiller, à choisir ses vêtements, à essuyer sa bouche lorsqu’un peu de lait ressort,… Elle a pris goût à ces soins et m’aide avec plaisir. En même temps, cela la responsabilise quelque peu.
Little Smiling Buddha a eu quatre mois. Et on ne cesse de me demander si Little Miss Sunshine est jalouse. Comme si c’était un passage obligé et en même temps inadmissible. Pour moi, Little Miss Sunshine n’est pas jalouse. Elle a simplement le comportement d’un enfant qui voit sa vie bouleversée, et encore grâce à notre écoute et à notre patience, elle gère vraiment très bien ce passage. Alors je réponds simplement que non, elle n’est pas jalouse.
Je suis vraiment fière de la manière dont cette nouvelle relation s’est mise en place. Je suis fière de Little Smiling Buddha et de Little Miss Sunshine. Je suis fière de la manière dont nous avons su accueillir ses émotions et ses craintes. Et tout cela me conforte vraiment dans notre manière de faire grandir nos enfants. La bienveillance porte ses fruits! Et nos enfants ont pour le moment chacun trouvé leur place dans notre nouvelle vie à quatre…
Et chez vous, comment s’est passé l’arrivée du petit frère ou de la petite soeur?