Etre parent … n’est pas un jeu d’enfant!

Grâce aux Supers-parents, Camille et Olivier, une conférence inédite d’Isabelle Filliozat, intitulé « Etre parents… n’est pas un jeu d’enfant! » était disponible sur le site de Parentalité Consciente durant une grande partie du mois de janvier.

A titre indicatif, la conférence est à voir ou à télécharger gratuitement à cette adresse jusqu’à aujourd’hui inclus.

J’apprécie énormément les livres d’Isabelle Filliozat. D’ailleurs J’ai tout essayé! et Au coeur des émotions de l’enfant sont un peu devenu mes référents depuis que je les ai lu. J’aurai beaucoup aimé pouvoir participer à une des conférences de l’auteur, mais notre expatriation en Chine ne nous en a pas donné l’occasion. C’est donc avec un immense plaisir que j’ai visionné cette vidéo d’une heure quarante-cinq.

Je ne vais pas vous en faire un récit détaillé, mais j’aimerai noter ici quelques unes des principales idées que je veux retenir de cette conférence.

  • Il faut se concentrer sur les besoins de l’enfant et interpréter le comportement comme un message que l’enfant essaie de nous faire passer. Un comportement inapproprié est un besoin non assouvi ou une émotion refoulée.
  • Lorsque l’on donne un ordre à un enfant, par exemple « Vas chercher ton cartable! », le cerveau de l’enfant donne l’ordre à ses jambes de courir jusqu’à sa chambre, mais une fois dans sa chambre, comme il n’a pas fait fonctionner son cerveau pré-frontal, il lui est impossible de se souvenir ce qu’il est venu y faire. Il suffit de faire fonctionner son cerveau pré-frontal pour régler le problème, en lui demandant par exemple ce qu’il lui faut pour aller à l’école.
  • Il faut neuf mois à un petit humain pour s’attacher pleinement à sa figure d’attachement principale: c’est sa source de sécurité. Les enfants qui ont un très fort attachement avec leur figure principale d’attachement développent des compétences émotionnelles, sociales et intellectuelles supérieurs aux autres enfants. L’attachement est le besoin principal de l’être humain, il prime même sur le besoin de se nourrir.
  • L’enfant se nourrit de sa figure d’attachement. Si cette personne travaille ou est absente de la maison en journée, inconsciemment l’enfant aura besoin de s’hyper-nourrir quand sa figure d’attachement revient. C’est pour ça, par exemple que l’endormissement d’un enfant peut être problématique avec sa figure d’attachement: son réservoir n’est pas plein, l’enfant reste réveillé. Mais le cas inverse existe aussi, il s’endort spontanément avec sa figure d’attachement, mais avec aucune autre personne de son entourage, car il se sent en totale sécurité avec la première.
  • Un enfant ne confie ses difficultés qu’à sa figure d’attachement principale. Un mammifère a besoin de sécurité pour se laisser aller. Ce qui explique par exemple que lorsque l’on va chercher son tout-petit à la crèche, on nous dit qu’il a été sage comme un ange toute la journée et qu’à peine on quitte la crèche, le petit se met à hurler, à pleurnicher, à réclamer… Il décharge les émotions accumulées au cours de sa journée: c’est un geste d’amour!
  • En jouant simplement avec un enfant, on peut remplir son réservoir affectif, même si on n’est pas sa figure d’attachement principale. Par le jeu, on lui exprime qu’on est là pour lui. L’enfant se sent alors en confiance et les jeux peuvent se terminer dans les cris et les pleurs puisqu’il va alors pouvoir décharger son stress de la journée.
  • On se demande souvent s’il faut punir ou laisser faire comme s’il n’y avait que ses deux choix. Mais quand il y a blocage, le blocage vient des deux: de l’adulte et de l’enfant. Pour ne pas en arriver à une situation de blocage, il faut écouter les émotions et les besoins de l’enfant. Ce qui est compliqué, c’est que les enfants ne disent pas forcément ce qui se passent réellement. Par exemple, un enfant rentre de l’école et chaque soir, juste avant le repas, il réclame de faire du roller. La mère refuse car c’est l’heure de manger. Mais en fait, l’enfant a besoin de relâcher les tensions avant de passer à table, mais ne sait pas l’exprimer. Une solution alternative serait par exemple de lui proposer une séance sur le trampoline. Une demande exagérée, une émotion disproportionnée cache souvent un besoin non assouvi. Il faut trouver une solution ensemble.
  • Les émotions réprimées ne sont pas psychologiques, elles sont physiologiques. Elles se passent dans tout le corps. L’amygdale lâchent des hormones qui se propagent à travers tout le corps, c’est seulement après que notre cerveau va pouvoir se mettre en marche et tempérer les émotions, dans la mesure où il a la maturité nécessaire.
  • Trois réactions naturelles en cas de stress: l’attaque, la fuite et le figement. La plupart du temps, en cas de stress, les enfants se figent, comme une souris morte et gardent tout le stress en eux. Lorsqu’ils se défigent enfin, ils vont avoir besoin d’agresser pour se libérer du stress. Si la figure d’attachement est assez forte, c’est vers elle qu’il va déverser son agressivité: c’est une preuve d’amour! Si ce n’est pas le cas, il déversera alors son agressivité sur ses petits camarades, sa petite soeur, ses petits cousins…
  • La seule solution quand ça ne va pas, c’est le câlin. Faire un câlin permet de faire se propager de l’ocytocine dans le corps. L’amour n’est pas une récompense, c’est un carburant. 
  • Quand un parent n’a pas eu l’attachement dont il avait besoin dans son enfance, son amygdale est hypersensible dans son cerveau. Les capteurs d’ocytocine diminuent. Face à un enfant qui pleure, le cerveau de l’adulte va l’interpréter comme un danger et va libérer de l’adrénaline à la place de libérer de l’ocytocine. Ce parent aura besoin de guérir de son histoire et de beaucoup de câlins de la part de son entourage pour retrouver progressivement un niveau d’ocytocine correct.
  • On sait aujourd’hui que si un enfant est maltraité, cela provoque des mutations génétiques. La violence s’inscrit dans ses gênes pour trois générations!
  • Avec le besoin d’attachement, l’autre grand besoin est celui du libre arbitre. L’être humain a besoin de pouvoir faire par lui même. Il est par exemple vain de faire de grandes phrases d’explication à un adolescent. Un seul mot suffit, cela lui laisse le choix de la réflexion et du libre arbitre.

Voilà les points principaux que j’ai envie de retenir de cette conférence.

Et vous, avez-vous déja particpez ou aimeriez-vous participer à une telle conférence? 

[Education non violente] Poser des limites sans violence

J’en parlais là-bas il n’y a pas longtemps, je suis totalement contre la violence éducative ordinaire. Je pousse même l’idée plus loin, je ne parle pas que de violences physiques (des tapes, claques, fessées,…) mais aussi de violences psychologique ou verbales. Je pense là, entre autre, à certaines phrases assassinent que l’on entend régulièrement du genre « tu es nul! » quand l’enfant n’y arrive pas, « tu es méchant! » quand une interaction avec un autre enfant s’est mal passé, « tu pues! » quand la couche est pleine, j’en passe et des meilleures…

Quand je me suis mise à réfléchir à la manière dont je voulais aider ma fille à grandir, il m’a semblé impensable de reproduire le schéma éducatif que l’on a presque tous connu et où les violences ordinaires sont largement utilisées. Je voulais trouver une manière de poser des limites sans avoir à utiliser quelque violence que ce soit. Mais je n’avais aucune idée de ce que je pouvais faire pour y arriver. Avec un tout-petit qui touche à tout et découvre le monde sans aucune notion de compréhension du danger, on se sent vite démuni et on se retrouve facilement à crier « non! » toutes les trois minutes sans aucune efficacité!

Les deux livres qui m’ont vraiment permis de développer mes propres trucs et astuces pour poser des limites à Little Miss Sunshine sont « J’ai tout essayé! » et « Au coeur des émotions de l’enfant » d’Isabelle Filliozat. Depuis, les règles à la maison sont simples.

Il y en a un petit nombre qui sont non-négociables. Quoiqu’il arrive, c’est non et ça reste non! Par exemple, on ne tape pas – que se soit les adultes, les autres enfants ou les animaux -, on ne joue pas avec des objets qui peuvent blesser – ciseaux, couteau,… – on ne touche pas aux produits dangereux – produits d’entretien, médicaments,… –  on ne touche pas aux prises électriques, on donne la main pour traverser la route, … Bref, ce qui est interdit c’est tout ce qui pourrait blesser Little Miss Sunshine ou de blesser les autres.

C’est un travail de longue haleine que de mettre en place ces interdits. C’est dès qu’elle a commencé à se déplacer par ses propres moyens, que nous avons sécurisé les espaces et que nous lui en avons parlé. La clef réside dans la répétition, la communication, j’en suis sûre. Mais il est également important de sécuriser l’espace pour éviter les tentations dangereuses. En étant toujours égaux à nous même sur ces interdits, nous créons une routine et nous assurons la compréhension de Little Miss Sunshine.

Ensuite, nous avons établie des règles de vie en famille et en communauté. Ce sont des règles qui évoluent avec le temps, avec son âge, avec nos contraintes de vie. Il s’agit de règles aussi simple que de dire « bonjour », « merci » ou « aurevoir », mais aussi de règles de partage, de bienséance à table, d’entre-aide,.. Bref de règles pour bien vivre en communauté. Suivant son âge et ses capacités, ces règles ont évolué et évolueront encore. Comme les règles immuables, il s’agit d’un travail quotidien. Je crois que la clef est la communication et l’explication. Je prend également soin de lui expliquer que la plupart de ces règles sont établies par la bienséance, les conventions sociales, qu’il peut y avoir une certaine souplesse à la maison mais qu’à l’extérieur il n’y a pas de négociation possible. Je pense notamment au fait de se promener nu. Little Miss Sunshine, comme beaucoup d’enfant à son âge, découvre son corps et la joie de ne plus avoir de couche sur les fesses, alors c’est parfois difficile de lui mettre une culotte.

Enfin, il y a des règles qui sont plus souples. Ce sont des règles qui dépendent de nos limites à chacun. Elles peuvent être différentes selon que Little Miss Sunshine est avec moi ou avec Papa Lou. Elles peuvent aussi dépendre de notre niveau de stress, de fatigue,… Là encore, c’est le dialogue qui prime. Si ce matin, le fait que Little Miss Sunshine sautait sur le canapé en criant ne m’a posé aucun problème et que j’en ai même rit, ce soir avec un mal de tête carabiné je ne rêve que d’une chose de silence. Je tente donc de parler à Little Miss Sunshine, de lui expliquer ma douleur, qu’elle n’y est pour rien, mais que j’ai mal à la tête et que j’ai besoin de silence. La plupart du temps, elle fini par parler normalement ou chuchoter. En cas de besoin réel de sa part de crier – quand je sens que ça ne passera pas sans crier – je lui propose un jeu où nous allons crier toutes les deux quelques minutes avant de faire enfin le silence. Et ça marche!

Par le dialogue, le jeu, nous avons réussi à mettre en place des limites, des cadres dans la vie de Little Miss Sunshine pour l’aider à grandir. Sans crier, sans violence, sans soumission de sa part, nous nous écoutons les uns les autres et essayons de respecter ses limites à elle également.

J’essaierai de vous parler régulièrement des astuces que nous avons mis en place et qui on eu son petit effet sur Little Miss Sunshine si ça vous intéresse.

N’hésitez pas à partager vos propres expériences dans les commentaires!