[Education bienveillante] Accueillir les émotions et gérer les pleurs

Très récemment, j’ai à nouveau pu mettre en oeuvre quelque chose que j’arrive plutôt bien à gérer depuis quelques temps, l’accueil des émotions et la gestion des pleurs de Little Miss Sunshine. Voir un enfant pleurer à chaudes larmes, surtout son enfant, c’est quelque chose qui m’était encore très difficile il n’y a pas si longtemps. Je n’avais qu’une hâte, que les pleurs cessent, que la joie de vivre apparaisse à nouveau sur son visage. A force de travail sur moi, depuis quelques mois, j’arrive à ne pas me sentir remise en question et trop directement touchée par ses pleurs. Je n’ai jamais nié ou amoindrit ses émotions, et je me suis toujours battu contre mon irrépressible envie de dire « Chut, mon ange! » ou « Ne pleure pas/Ne pleure plus, Maman est là!! », mais je lui ai certainement fait ressentir, malgré mes tentatives d’accueil de ses émotions que j’étais trop touchée par ses pleurs.

Un vendredi soir du mois de janvier, à l’heure de récupérer Little Miss Sunshine au bus, l’Ayi me tend un sac d’école qui n’est pas le sien. Je le remarque tout de suite – tous les enfants de l’école ont le même sac, mais j’ai mis le nom de Little Miss Sunshine à un endroit que je repère facilement – et là, ma petite fille souriante s’écroule en pleurant et en hurlant en comprenant qu’elle n’aura pas son sac ce soir, ni ce week-end d’ailleurs. Rien de catastrophique dans l’absolu puisqu’elle n’a pas un doudou qui lui est indispensable et inter-change ses tétines très facilement, mais c’est la première fois qu’on ne récupère pas son sac. Je crois que sous le coup de l’émotion, Little Miss Sunshine n’a pas compris ce qui se passait avec son sac. Elle avait perdu un de ses repères et en parallèle avait dû avoir une journée peut-être un peu plus difficile ou plus fatigante, et puis on était fin de semaine aussi.

J’ai juste pris Little Miss Sunshine dans mes bras, je l’ai embrassé et serré contre moi. Puis j’ai essayé de baragouiner quelques mots de Chinois qui devait signifier que je récupérerais lundi soir et dit « Au revoir! ». J’ai  tenu Little Miss Sunshine contre moi, toujours en pleurs, en lui disant de temps à autre « Pleure mon Coeur, ça fait du bien. » et nous sommes rentrées chez nous. Nous nous sommes installées l’une contre l’autre sur le canapé et j’ai attendu que ses pleurs passent. Ca a duré un bon moment. Un quart d’heure, peut être même vingt minutes. A intervalles réguliers, Little Miss Sunshine se levait du canapé et partait ouvrir la porte d’entrée et crier dans le couloir qu’elle voulait son sac. Je lui disais juste « Je comprends que tu sois triste. Ayi est désolée mais elle a oublié ton sac. Tu le retrouveras lundi matin à l’école. » J’avais droit à une crise de larmes à chaque fois lus intense. Puis nous nous blottissions à nouveau sur le canapé. Jusqu’à la prochaine escapade vers la porte…

Et d’un moment à l’autre, elle s’est calmée. Elle m’a demandé sa tétine. Je lui ai dit que nous allions en choisir une nouvelle pour ce week-end. Je pensais qu’elle allait se remettre à pleurer, mais non, elle m’a suivi. Elle a encore reniflé quelques fois et c’était fini. Cinq minutes plus tard, nous étions en pleine partie de domino, comme si rien ne s’était passé.

Little Miss Sunshine avait réussi à décharger son stress, son angoisse, ses frustrations de la journée, peut être même d’une partie de la semaine. J’ai accueilli ses émotions, et nous avons pu repartir sur de bonnes bases. Ce soir-là, elle m’a même consciencieusement aidé à préparer le repas du soir, ce qui n’était pas arrivée depuis près d’une semaine…

Ces « crises de larmes » me semblaient difficile à gérer il n’y a pas si longtemps. Aujourd’hui, je les vois vraiment comme un acte d’amour. Little Miss Sunshine a besoin de décharger son trop-plein d’émotions et c’est moi qu’elle choisit parce qu’elle se sent en totale sécurité et qu’elle sait que je l’aime de manière inconditionnelle. Une fois la « crise » passée, et elle ne dure jamais très longtemps – de 10 à 20 minutes environ – nous pouvons toutes les deux reprendre le cours de nos activités beaucoup plus sereinement… Et je dois bien avouer, que certains jours, quand je la sens tendue, nerveuse, j’attend impatiemment le moment de la crise pour qu’elle puisse se décharger et que tout aille de nouveau mieux…

Et vous, comment gérez-vous les décharges d’émotions de vos enfants? Arrivez-vous à ne pas vous sentir anéanti par leurs pleurs? 

Etre parent … n’est pas un jeu d’enfant!

Grâce aux Supers-parents, Camille et Olivier, une conférence inédite d’Isabelle Filliozat, intitulé « Etre parents… n’est pas un jeu d’enfant! » était disponible sur le site de Parentalité Consciente durant une grande partie du mois de janvier.

A titre indicatif, la conférence est à voir ou à télécharger gratuitement à cette adresse jusqu’à aujourd’hui inclus.

J’apprécie énormément les livres d’Isabelle Filliozat. D’ailleurs J’ai tout essayé! et Au coeur des émotions de l’enfant sont un peu devenu mes référents depuis que je les ai lu. J’aurai beaucoup aimé pouvoir participer à une des conférences de l’auteur, mais notre expatriation en Chine ne nous en a pas donné l’occasion. C’est donc avec un immense plaisir que j’ai visionné cette vidéo d’une heure quarante-cinq.

Je ne vais pas vous en faire un récit détaillé, mais j’aimerai noter ici quelques unes des principales idées que je veux retenir de cette conférence.

  • Il faut se concentrer sur les besoins de l’enfant et interpréter le comportement comme un message que l’enfant essaie de nous faire passer. Un comportement inapproprié est un besoin non assouvi ou une émotion refoulée.
  • Lorsque l’on donne un ordre à un enfant, par exemple « Vas chercher ton cartable! », le cerveau de l’enfant donne l’ordre à ses jambes de courir jusqu’à sa chambre, mais une fois dans sa chambre, comme il n’a pas fait fonctionner son cerveau pré-frontal, il lui est impossible de se souvenir ce qu’il est venu y faire. Il suffit de faire fonctionner son cerveau pré-frontal pour régler le problème, en lui demandant par exemple ce qu’il lui faut pour aller à l’école.
  • Il faut neuf mois à un petit humain pour s’attacher pleinement à sa figure d’attachement principale: c’est sa source de sécurité. Les enfants qui ont un très fort attachement avec leur figure principale d’attachement développent des compétences émotionnelles, sociales et intellectuelles supérieurs aux autres enfants. L’attachement est le besoin principal de l’être humain, il prime même sur le besoin de se nourrir.
  • L’enfant se nourrit de sa figure d’attachement. Si cette personne travaille ou est absente de la maison en journée, inconsciemment l’enfant aura besoin de s’hyper-nourrir quand sa figure d’attachement revient. C’est pour ça, par exemple que l’endormissement d’un enfant peut être problématique avec sa figure d’attachement: son réservoir n’est pas plein, l’enfant reste réveillé. Mais le cas inverse existe aussi, il s’endort spontanément avec sa figure d’attachement, mais avec aucune autre personne de son entourage, car il se sent en totale sécurité avec la première.
  • Un enfant ne confie ses difficultés qu’à sa figure d’attachement principale. Un mammifère a besoin de sécurité pour se laisser aller. Ce qui explique par exemple que lorsque l’on va chercher son tout-petit à la crèche, on nous dit qu’il a été sage comme un ange toute la journée et qu’à peine on quitte la crèche, le petit se met à hurler, à pleurnicher, à réclamer… Il décharge les émotions accumulées au cours de sa journée: c’est un geste d’amour!
  • En jouant simplement avec un enfant, on peut remplir son réservoir affectif, même si on n’est pas sa figure d’attachement principale. Par le jeu, on lui exprime qu’on est là pour lui. L’enfant se sent alors en confiance et les jeux peuvent se terminer dans les cris et les pleurs puisqu’il va alors pouvoir décharger son stress de la journée.
  • On se demande souvent s’il faut punir ou laisser faire comme s’il n’y avait que ses deux choix. Mais quand il y a blocage, le blocage vient des deux: de l’adulte et de l’enfant. Pour ne pas en arriver à une situation de blocage, il faut écouter les émotions et les besoins de l’enfant. Ce qui est compliqué, c’est que les enfants ne disent pas forcément ce qui se passent réellement. Par exemple, un enfant rentre de l’école et chaque soir, juste avant le repas, il réclame de faire du roller. La mère refuse car c’est l’heure de manger. Mais en fait, l’enfant a besoin de relâcher les tensions avant de passer à table, mais ne sait pas l’exprimer. Une solution alternative serait par exemple de lui proposer une séance sur le trampoline. Une demande exagérée, une émotion disproportionnée cache souvent un besoin non assouvi. Il faut trouver une solution ensemble.
  • Les émotions réprimées ne sont pas psychologiques, elles sont physiologiques. Elles se passent dans tout le corps. L’amygdale lâchent des hormones qui se propagent à travers tout le corps, c’est seulement après que notre cerveau va pouvoir se mettre en marche et tempérer les émotions, dans la mesure où il a la maturité nécessaire.
  • Trois réactions naturelles en cas de stress: l’attaque, la fuite et le figement. La plupart du temps, en cas de stress, les enfants se figent, comme une souris morte et gardent tout le stress en eux. Lorsqu’ils se défigent enfin, ils vont avoir besoin d’agresser pour se libérer du stress. Si la figure d’attachement est assez forte, c’est vers elle qu’il va déverser son agressivité: c’est une preuve d’amour! Si ce n’est pas le cas, il déversera alors son agressivité sur ses petits camarades, sa petite soeur, ses petits cousins…
  • La seule solution quand ça ne va pas, c’est le câlin. Faire un câlin permet de faire se propager de l’ocytocine dans le corps. L’amour n’est pas une récompense, c’est un carburant. 
  • Quand un parent n’a pas eu l’attachement dont il avait besoin dans son enfance, son amygdale est hypersensible dans son cerveau. Les capteurs d’ocytocine diminuent. Face à un enfant qui pleure, le cerveau de l’adulte va l’interpréter comme un danger et va libérer de l’adrénaline à la place de libérer de l’ocytocine. Ce parent aura besoin de guérir de son histoire et de beaucoup de câlins de la part de son entourage pour retrouver progressivement un niveau d’ocytocine correct.
  • On sait aujourd’hui que si un enfant est maltraité, cela provoque des mutations génétiques. La violence s’inscrit dans ses gênes pour trois générations!
  • Avec le besoin d’attachement, l’autre grand besoin est celui du libre arbitre. L’être humain a besoin de pouvoir faire par lui même. Il est par exemple vain de faire de grandes phrases d’explication à un adolescent. Un seul mot suffit, cela lui laisse le choix de la réflexion et du libre arbitre.

Voilà les points principaux que j’ai envie de retenir de cette conférence.

Et vous, avez-vous déja particpez ou aimeriez-vous participer à une telle conférence? 

[Education bienveillante] Mettre des mots sur ses émotions

Je l’ai remarqué depuis peu, mais j’ai beaucoup de mal à nommer mes émotions. La plupart du temps quand « je ne me sens pas bien », les seules choses qui me viennent à l’esprit sont « je suis stressée » ou « je suis fatiguée ». Je n’arrive souvent pas à identifier la source exacte de mon mal-être. Il m’est souvent impossible de me dire « je suis déçue » ou « je suis triste » ou encore « je suis en colère ».

Ainsi, j’ai mis des mois à reconnaitre que je ne pouvais plus continuer comme je le faisais au boulot, il y a un an. Quand un problème se pose, j’ai plutôt tendance à l’occulter, à me dire que ça ira mieux demain.

Je ne veux pas de ça pour ma fille. Je veux qu’elle puisse identifier ses émotions, les comprendre et réagir en conséquence. Je ne veux pas qu’elle occulte cette partie d’elle, comme je le fais trop souvent.

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Alors, j’ai décidé d’apprendre avec elle. Il y a quelques semaines, nous avons mis en place des cartes des émotions, dénichées sur le très joli blog des bougribouillons, sur la porte du réfrigérateur, et nous nous y référons toutes les deux le plus souvent possible. Little Miss Sunshine a vite pris le pli. Régulièrement, elle se poste devant le réfrigérateur et me dit:  » Maman, je suis rassurée !  » ou « Maman, je suis contente ! » en me montrant la carte correspondante.

Nous avons vécu des moments très chargés en émotion ses dernières semaines et ça n’est pas fini. Les larmes ont coulées à plusieurs reprises. L’occasion, une fois que j’avais repris mon souffle, de mettre des mots sur mes propres émotions, de les expliquer aussi a Little Miss Sunshine, et de ne pas laisser planer de doutes dans sa petite tête d’enfant.

Avoir un enfant, c’est aussi apprendre sur soi. Je suis heureuse d’apprendre et de grandir à ses côtés. C’est en famille que nous continuons de grandir… Et nous avons tant à apprendre encore…