[Réflexion] La notion de propriété à l’international

Depuis que nous organisons notre déménagement international, il y a une chose qui me saute aux yeux. Tant qu’on reste bien tranquille dans son pays, que ce pays protège la propriété individuelle, on ne s’en rend pas forcément compte, mais à plus grande échelle, la propriété, c’est vraiment quelque chose de relatif.

Laissez-moi vous expliquer ce que j’entends par là. Dans un déménagement international, on n’a pas le droit de tout emmener. Il est donc nécessaire de confier un certain nombre de choses à un parent ou un garde-meuble. Tout ce qui concerne par exemple l’électronique doit être assorti de sa facture et de son numéro de lot. Quand on ne pense pas forcément à partir à l’international, on n’a plus forcément les factures d’objets tel qu’un appareil photo , un ordinateur ou un téléphone de trois, quatre ou cinq ans dont la garantie est depuis longtemps passée. Le déménageur ne prendra pas la responsabilité de ses appareils. Soit vous les emporter dans vos propres valises, à vos risques et périls lors du passage en douane, soit vous choisissez de les laisser en France…

Parlons des livres. Les livres, c’est une de mes grandes passions. Véritables bibliophiles, notre bibliothèque à tous les trois comptent plus de mille ouvrages. Nous avions chacun fait un grand tri entre ce que nous choisissions d’emmener à Shanghai, ce que nous stockions chez nos parents et ce que nous donnions. Mais huit jours avant le déménagement, nous avons appris que la douane chinoise limitait a cinquante le nombre de livres pour une entrée sur leur territoire. Nous avons essayé de négocier avec notre déménageur qui nous a bien fait comprendre qu’avec une autorisation et une grosse surtaxe nous pouvions peut être emmener plus de livres. Trois choix s’offrait donc à nous: payer cette surtaxe, mais compte tenu des délais je pense que ça aurait de toute façon été trop tard pour avoir une autorisation, laisser tous nos livres en France – nous avions été raisonnable nous ne voulions emporter qu’un peu moins de deux cent livres, et nous contenter des cinquante livres autorisés ou ajouter quelques livres à nos propres bagages déjà bien lourds et payer encore une fois une surtaxe à l’aéroport pour le poids de la valise. Dans tous les cas, si nous voulions emporter nos livres, il fallait payer. Payer quelque chose que nous avions déjà payé et pour laquelle nous avons déjà payé son lot de taxe en France. D’où ma réflexion, en fait la notion de propriété d’un objet acheté dans un pays avec les taxes de ce même pays ne garantie absolument pas de pouvoir l’emporter où bon nous semble. Et ce malgré la mondialisation…

Avant même le départ, partir vivre dans un autre pays, c’est déjà accepter de ne pas emporter ce que l’on veut. C’est accepter une autre vision des choses. C’est accepter qu’on y ait pas les mêmes droits que dans notre pays d’origine…

Pour moi, la pilule a été difficile à avaler pour mes livres. Je me suis sentie dépossédé. D’autant que dans le mail du correspondant local de notre déménageur, il n’y allait pas par quatre chemins: cinquante livres pas plus, aucun livre traitant de politique, d’histoire politique ou de sujets tabous sous peine de destruction par les douanes. Je voyais déjà mes livres partir au milieu d’un feu de joie. Je peux même dire que ça m’a choqué dans un premier temps. Une fois le coup de l’émotion passé, je me suis bien rendue compte que c’était justement le début de cette aventure que nous cherchions, vivre autrement, dans un autre pays, avec d’autres lois, d’autres devoirs, et une vision des choses et de la vie complètement différente…

Le début de l’aventure, avant même le départ, s’avère déjà riche en enseignement. Le choc des cultures risque d’être plus important que je ne me l’imaginais!

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